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Molière - Le Divertissement royal, mêlé de Comédie, de Musique, et d'Entrée de Ballet - 1670



Le Divertissement royal, mêlé de Comédie, de Musique, et d'Entrée de Ballet

LE DIVERTISSEMENT ROYAL


AVANT-PROPOS
Le ROI qui ne veut que des choses extraordinaires dans tout ce qu’il entreprend, s’est proposé de donner à sa Cour un Divertissement qui fût composé de tous ceux que le Théâtre peut fournir ; et pour embrasser cette vaste Idée, et enchaîner ensemble tant de choses diverses, SA MAJESTÉ a choisi pour sujet deux Princes Rivaux, qui dans le champêtre séjour de la Vallée de Tempé, où l’on doit célébrer la Fête des Jeux Pythiens, régalent à l’envi une jeune Princesse et sa Mère, de toutes les galanteries dont ils se peuvent aviser.
PREMIER INTERMÈDE
Le Théâtre s’ouvre à l’agréable bruit de quantité d’Instruments, et d’abord il offre aux yeux une vaste Mer, bordée de chaque côté de quatre grands Rochers, dont le sommet porte chacun un Fleuve, accoudé sur les marques de ces sortes de Déités. Au pied de ces Rochers sont douze Tritons de chaque côté, et dans le milieu de la Mer quatre Amours montés sur des Dauphins, et derrière eux le Dieu Éole élevé au dessus des Ondes sur un petit nuage. Éole commande aux Vents de se retirer, et tandis que les Amours, les Tritons, et les Fleuves lui répondent, la Mer se calme, et du milieu des Ondes on voit s’élever une Île. Huit Pêcheurs sortent du fond de la Mer avec des nacres de Perles, et des branches de Corail, et après une Danse agréable vont se placer chacun sur un Rocher au dessous d’un Fleuve. Le Chœur de la Musique annonce la venue de Neptune, et tandis que ce Dieu danse avec sa suite, les Pêcheurs, les Tritons, et les Fleuves accompagnent ses pas de gestes différents, et de bruits de conques de Perles. Tout ce Spectacle est une Magnifique Galanterie, dont l’un des Princes régale sur la Mer la promenade des Princesses.
• NEPTUNE. LE ROI.
• Six Dieux Marins. M. le Grand, le Marquis de Villeroy, le Marquis de Rassent, M. Beauchamp, les Sieurs Favier, et la Pierre.
• Huit Fleuves. MM. Beaumont, Fernon l’aîné, Noblet, Serignan, David, Aurat, Devellois, et Gillet.
• Douze Tritons. MM. le Gros, Hedouin, Don, Gingan l’aîné, Gingan le cadet, Fernon le cadet, Rebel, Langez, Deschamps, Morel, et deux Pages de la Musique de la Chapelle.
• Quatre Amours. Quatre Pages de la Musique de la Chambre.
• Éole. M. Estival.
• Huit Pêcheurs. MM. Jouan, Chicanneau, Pezan l’aîné, Magny, Joubert, Mayeux, la Montagne, et Lestang.
récit d'éole
Vents, qui troublez les plus beaux jours,
Rentrez dans vos grottes profondes ;
Et laissez régner sur les ondes
Les Zéphires et les Amours.
un triton
Quels beaux yeux ont percé nos demeures humides ?
Venez venez Tritons, cachez-vous Néréides.
tous les tritons
Allons tous au devant de ces Divinités,
Et rendons par nos chants hommage à leurs beautés.
un amour
Ah que ces Princesses sont belles !
un autre amour
Quels sont les cœurs qui ne s’y rendraient pas ?
un autre amour
La plus belle des immortelles,
Notre Mère, a bien moins d’appas.
chœur
Allons tous au-devant de ces Divinités,
Et rendons par nos chants hommage à leurs beautés.
Un Triton
Quel noble spectacle s’avance !
Neptune le grand Dieu, Neptune avec sa Cour
Vient honorer ce beau jour
De son Auguste présence.
chœur
Redoublons nos Concerts,
Et faisons retentir dans le vague des Airs
Notre réjouissance.
POUR LE ROI, représentant NEPTUNE.
Le Ciel entre les Dieux les plus considérés
Me donne pour partage un rang considérable,
Et me faisant régner sur les flots azurés
Rend à tout l’Univers mon pouvoir redoutable.
Il n’est aucune terre à me bien regarder
Qui ne doive trembler que je ne m’y répande ;
Point d’États qu’à l’instant je ne pusse inonder
Des flots impétueux que mon pouvoir commande.
Rien n’en peut arrêter le fier débordement,
Et d’une triple digue à leur force opposée
On les verrait forcer le ferme empêchement,
Et se faire en tous lieux une ouverture aisée.
Mais je sais retenir la fureur de ces flots
Par la sage équité du pouvoir que j’exerce,
Et laisser en tous lieux au gré des Matelots
La douce liberté d’un paisible commerce.
On trouve des Écueils parfois dans mes États,
On voit quelques Vaisseaux y périr par l’orage :
Mais contre ma puissance on n’en murmure pas,
Et chez moi la Vertu ne fait jamais naufrage.
Pour Monsieur le Grand.
L’Empire où nous vivons est fertile en trésors,
Tous les mortels en foule accourent sur ses bords,
Et pour faire bientôt une haute fortune,
Il ne faut rien qu’avoir la faveur de Neptune.
Pour le Marquis de Villeroy.
Sur la foi de ce Dieu de l’Empire flottant
On peut bien s’embarquer avec toute assurance ;
Les flots ont de l’inconstance ;
Mais le Neptune est constant.
Pour le Marquis de Rassent.
Voguez sur cette Mer d’un zèle inébranlable,
C’est le moyen d’avoir Neptune favorable.
LE PREMIER ACTE de la Comédie
Qui se passe dans l’agréable solitude de la Vallée de Tempé.
SECOND INTERMÈDE
La confidente de la jeune Princesse lui produit trois Danseurs, sous le nom de Pantomimes ; c’est-à-dire qui expriment par leurs gestes toutes sortes de choses. La Princesse les voit danser, et les reçoit à son service.
• Trois Pantomimes. MM. Beauchamp, Saint-André, et Favier.
LE SECOND ACTE de la Comédie
TROISIÈME INTERMÈDE
Le Théâtre est une Forêt, où la Princesse est invitée d’aller, une Nymphe lui en fait les honneurs en chantant, et pour la divertir on lui joue une petite Comédie en Musique, dont voici le sujet : Un Berger se plaint à deux Bergers ses amis des froideurs de celle qu’il aime, les deux amis le consolent ; et comme la Bergère aimée arrive, tous trois se retirent pour l’observer, après quelque plainte amoureuse elle se repose sur un gazon, et s’abandonne aux douceurs du sommeil ; l’Amant fait approcher ses amis pour contempler les grâces de sa Bergère, et invite toutes choses à contribuer à son repos ; La Bergère en s’éveillant, voit son Berger à ses pieds, se plaint de sa poursuite : Mais considérant sa constance elle lui accorde sa demande, et content d’en être aimée en présence des deux Bergers amis : Deux Satyres arrivant se plaignent de son changement, et étant touchés de cette disgrâce, cherchent leur consolation dans le vin.
LES PERSONNAGES DE LA PASTORALE
• La Nymphe de la Vallée de Tempé. Mlle Des-Fronteaux.
• Tircis. M. Gaye.
• Lycaste. M. Langez.
• Ménandre. M. Fernon le cadet.
• Caliste. Mlle Hilaire.
• Deux Satyres. MM. Estival, et Morel.

PROLOGUE
la nymphe de tempé
Venez grande Princesse avec tous vos appas,
Venez prêter vos yeux aux innocents ébats
Que notre désert vous présente ;
Ne cherchez point l’éclat des Fêtes de la Cour,
On ne sent ici que l’amour,
Ce n’est que d’amour qu’on y chante.
SCÈNE PREMIÈRE
tircis
Vous chantez sous ces feuillages,
Doux rossignols pleins d’amour,
Et de vos tendres ramages
Vous réveillez tour à tour
Les échos de ces bocages :
Hélas ! petits oiseaux, hélas !
Si vous aviez mes maux vous ne chanteriez pas.
SCÈNE DEUXIÈME
LICASTE, MÉNANDRE, TIRCIS.
licaste
Hé quoi toujours languissant, sombre, et triste ?
ménandre
Hé quoi toujours aux pleurs abandonné ?
tircis
Toujours adorant Caliste,
Et toujours infortuné.
licaste
Dompte, dompte, Berger, l’ennui qui te possède.
tircis
Eh le moyen, hélas !
ménandre
Fais, fais-toi quelque effort.
tircis
Eh, le moyen, hélas ! quand le mal est trop fort ?
licaste
Ce mal trouvera son remède.
tircis
Je ne guérirai qu’à ma mort.
licaste, et ménandre
Ah Tircis !
tircis
Ah Berger !
licaste, et ménandre
Prends sur toi plus d’empire.
tircis
Rien ne me peut plus secourir.
licaste, et ménandre
C’est trop, c’est trop céder.
tircis
C’est trop, c’est trop souffrir.
licaste, et ménandre
Quelle faiblesse !
tircis
Quel martyre !
licaste, et ménandre
Il faut prendre courage.
tircis
Il faut plutôt mourir.
licaste
Il n’est point de Bergère
Si froide, et si sévère,
Dont la pressante ardeur
D’un cœur qui persévère
Ne vainque la froideur.
ménandre
Il est dans les affaires
Des amoureux mystères,
Certains petits moments
Qui changent les plus fières,
Et font d’heureux Amants.
tircis
Je la vois, la cruelle,
Qui porte ici ses pas,
Gardon d’être vu d’elle,
L’Ingrate, hélas !
N’y viendrait pas.
SCENE TROISIÈME
caliste
Ah que sur notre cœur
La sévère Loi de l’honneur
Prend un cruel empire !
Je ne fais voir que rigueurs pour Tircis,
Et cependant sensible à ses cuisants soucis,
De sa langueur en secret je soupire,
Et voudrais bien soulager son martyre,
C’est à vous seuls que je dis,
Arbres, n’allez pas le redire.
Puisque le Ciel a voulu nous former
Avec un cœur qu’Amour peut enflammer,
Quelle rigueur impitoyable
Contre des traits si doux nous force à nous armer,
Et pourquoi sans être blâmable
Ne peut-on pas aimer
Ce que l’on trouve aimable.
Hélas ! que vous êtes heureux
Innocents Animaux de vivre sans contrainte,
Et de pouvoir suivre sans crainte
Les doux emportements de vos cœurs amoureux :
Hélas ! petits oiseaux que vous êtes heureux
De ne sentir nulle contrainte,
Et de pouvoir suivre sans crainte
Les doux emportements de vos cœurs amoureux.
Mais le sommeil sur ma paupière
Verse de ses Pavots l’agréable fraîcheur,
Donnons-nous à lui toute entière,
Nous n’avons point de Loi sévère
Qui défende à nos sens d’en goûter la douceur.
SCÈNE QUATRIÈME
TIRCIS, LICASTE, MÉNANDRE.
tircis
Vers ma belle ennemie
Portons sans bruit nos pas,
Et ne réveillons pas
Sa rigueur endormie.
tous trois
Dormez, dormez beaux yeux, adorables vainqueurs
Et goûtez le repos que vous ôtez aux cœurs,
Dormez, dormez beaux yeux.
tircis
Silence petits oiseaux,
Vents n’agitez nulle chose,
Coulez doucement ruisseaux,
C’est Caliste qui repose.
tous trois
Dormez, dormez beaux yeux, adorables vainqueurs,
Et goûtez le repos que vous ôtez aux cœurs.
Dormez, dormez beaux yeux.
caliste
Ah quelle peine extrême !
Suivre partout mes pas.
tircis
Que voulez-vous qu’on suive, hélas !
Que ce qu’on aime.
caliste
Berger que voulez-vous ?
tircis
Mourir belle Bergère,
Mourir à vos genoux,
Et finir ma misère.
Puisqu’en vain à vos pieds on me voit soupirer,
Il y faut expirer.
caliste
Ah Tircis, ôtez-vous, j’ai peur que dans ce jour
La pitié dans mon cœur n’introduise l’amour.
licaste, et ménandre, l’un après l’autre.
Soit par amour, soit pitié ;
Il sied bien d’être tendre ;
C’est par trop vous défendre
Bergère, il faut se rendre
À sa longue amitié,
Soit amour, soit pitié,
Il sied bien d’être tendre.
caliste
C’est trop, c’est trop de rigueur,
J’ai maltraité votre ardeur
Chérissant votre personne,
Vengez-vous de mon cœur
Tircis, je vous le donne.
tircis
Ô Ciel ! Berger ! Caliste ! ah je suis hors de moi !
Si l’on meurt de plaisir je dois perdre la vie.
licaste
Digne prix de ta foi.
ménandre
Ô sort digne d’envie !
SCÈNE CINQUIÈME
DEUX SATYRES, TIRCIS, LICASTE, CALISTE.
premier satyre
Quoi tu me fuis ingrate, et je te vois ici
De ce Berger à moi faire une préférence ?
deuxième satyre
Quoi mes soins n’ont rien pu sur ton indifférence,
Et pour ce Langoureux ton cœur s’est adouci ?
caliste
Le destin le veut ainsi,
Prenez, tous deux patience.
Ier. satyre
Aux aimants qu’on pousse à bout
L’amour fait verser des larmes :
Mais ce n’est pas notre goût,
Et la bouteille a des charmes
Qui nous consolent de tout.
IIe. satyre
Notre amour n’a pas toujours
Tout le bonheur qu’il désire :
Mais nous avons un secours,
Et le bon vin nous fait rire
Quand on rit de nos amours.
tous
Champêtres Divinités,
Faunes, Dryades, sortez
De vos paisibles retraites ;
Mêlez vos pas à nos sons,
Et tracez sur les herbettes
L’image de nos chansons.
En même temps six Dryades et six Faunes sortent de leurs demeures, et font ensemble une danse agréable, qui s’ouvrant tout d’un coup, laisse voir un Berger et une Bergère qui font en Musique une petite Scène d’un dépit amoureux.
DÉPIT AMOUREUX
CLIMÈNE, PHILINTE.
philinte
Quand je plaisais à tes yeux
J’étais content de ma vie,
Et ne voyais Roi ni Dieux
Dont le sort me fit envie.
climène
Lorsque tout autre personne
Me préférait ton ardeur,
J’aurais quitté la Couronne
Pour régner dessus ton cœur.
philinte
Un autre a guéri mon âme
Des deux que j’avais pour toi.
climène
Un autre a vengé ma flamme
Des faiblesses de ta foi.
philinte
Cloris qu’on vante si fort,
Même d’une ardeur fidèle,
Si ses yeux voulaient ma mort
Je mourrais content pour elle.
climène
Mirtil si digne d’envie,
Me chérit plus que le jour,
Et moi je perdrais la vie
Pour lui montrer mon amour.
philinte
Mais si d’une douce ardeur
Quelque renaissante trace
Chassait Cloris de mon cœur
Pour te remettre en sa place.
climène
Bien qu’avec pleine tendresse
Mirtil me puisse chérir,
Avec toi, je le confesse.
Je voudrais vivre et mourir.
tous deux ensemble
Ah plus que jamais aimons nous,
Et vivons et mourons en des liens si doux.
tous les acteurs
de la Comédie chantent.
Amants que vos querelles
Sont aimables et belles,
Qu’on y voit succéder
De plaisirs, de tendresse,
Querellez-vous sans cesse
Pour vous raccommoder.
Amants que vos querelles
Sont aimables et belles, etc.
Les Faunes et les Dryades recommencent leur danse, que les Bergères et Bergers Musiciens entremêlent de leurs Chansons, tandis que trois petites Dryades, et trois petits Faunes, font paraître dans l’enfoncement du Théâtre tout ce qui se passe sur le devant.
les bergers, et bergères
Jouissons, jouissons des plaisirs innocents
Dont les feux de l’Amour, savent charmer nos sens,
Des grandeurs, qui voudra se soucie,
Tous ces honneurs dont on a tant d’envie,
Ont des chagrins qui sont trop cuisants :
Jouissons, jouissons des plaisirs innocents
Dont les feux de l’Amour savent charmer nos sens.
En aimant tout nous plaît dans la vie,
Deux cœurs unis de leur sort sont contents,
Cette ardeur de plaisirs suivie,
De tous nos jours fait d’éternels printemps :
Jouissons, jouissons des plaisirs innocents
Dont les feux de l’Amour, savent charmer nos sens,
• Six Dryades. Les Sieurs Arnald, Noblet, Lestang, Favier le cadet, Foignard l’aîné, et Isaac.
• Six Faunes. MM. Beauchamp, Saint-André, Magny, Joubert, Favier l’aîné, et Mayeu.
• Un Berger Musicien. M. Blondel.
• Une Bergère Musicienne. Mlle de Saint-Christophe.
• Trois petites Dryades. Les Sieurs Bouilland, Vaignard, et Thibauld.
• Trois petits Faunes. Les Sieurs la Montagne, Daluseau, et Foignard.
LE TROISIÈME ACTE de la Comédie
QUATRIÈME INTERMÈDE
Le Théâtre représente une Grotte où les Princesses vont se promener, et dans le temps qu’elles y entrent huit Statues portant chacune un flambeau à la main, font une danse variée de plusieurs belles attitudes, où elles demeurent par intervalles.
• Huit Statues. MM. Dolivet, le Chantre, Saint-André, Magny, Lestang, Foignard l’aîné, Dolivet fils, et Foignard le cadet.
LE QUATRIÈME ACTE de la Comédie
CINQUIÈME INTERMÈDE
Quatre Pantomimes pour épreuve de leur adresse, ajustent leurs gestes et leurs pas aux inquiétudes de la jeune Princesse.
• Quatre Pantomimes. MM. Dolivet, le Chantre, Saint-André, et Magny.
LE CINQUIÈME ACTE de la Comédie
SIXIÈME INTERMÈDE,
Qui est la solennité des Jeux Pythiens.
Le Théâtre est une grande Salle en manière d’Amphithéâtre ouverte d’une grande Arcade, dans le fond au dessus de laquelle est une Tribune fermée d’une rideau, et dans l’éloignement paraît un Autel pour le Sacrifice. Six hommes presque nus portant chacun une hache sur l’épaule, comme Ministres du Sacrifice, entrent par le Portique au son des Violons, et sont suivis de deux Sacrificateurs Musiciens, et d’une Prêtresse Musicienne.
• La Prêtresse. Mlle Hilaire.
• Deux Sacrificateurs. MM. Gaye, et Langez.
la prêtresse
Chantez, peuples, chantez en mille et mille lieux
Du Dieu que nous servons les brillantes merveilles,
Parcourez la Terre et les Cieux,
Vous ne sauriez chanter rien de plus précieux,
Rien de plus doux pour les oreilles.
Une grecque
À ce Dieu plein de force, à ce Dieu plein d’appas,
Il n’est rien qui résiste.
Autre grecque
Il n’est rien ici-bas
Qui par ses bienfaits ne subsiste.
autre grecque
Toute la Terre est triste
Quand on ne la voit pas.
le chœur
Poussons à sa Mémoire
Des concerts si touchants,
Que du haut de sa gloire
Il écoute nos chants.
Les six hommes portant des haches font entre eux une danse ornée de toutes les attitudes que peuvent exprimer des gens qui étudient leur force, puis ils se retirent aux deux côtés du Théâtre pour faire place à six Voltigeurs, qui en cadence font paraître leur adresse sur des chevaux de bois, qui sont apportés par des Esclaves.
• Six hommes portant des haches. MM. Dolivet, le Chantre, Saint-André, Magny, Foignard l’aîné, et Foignard le cadet.
• Six Voltigeurs. MM. Joly, Doyat, de Launoy, Beaumont, du Gard l’aîné, et du Gard le cadet.
• Quatre Conducteurs d’Esclaves. MM. le Prêtre, et Jouan, les Sieurs Pesan l’aîné, et Joubert.
• Huit Esclaves. Les Sieurs Paysan, la Vallée, Pezan le cadet, Favre, Vaignard, Dolivet fils, Girard, et Charpentier.
Quatre femmes et quatre hommes armés à la Grecque, font ensemble une manière de jeu pour les armes.
• Quatre hommes armés à la Grecque. Les Sieurs Noblet, Chicanneau, Mayeu, et Desgranges.
• Quatre femme armées à la Grecque. Les Sieurs la Montagne, Lestang, Favier le cadet, et Arnald.
La Tribune s’ouvre, un Héros, six Trompettes et un Timbalier se mêlant à tousl es instruments, annonce avec un grand bruit la venue d’Apollon.
• Un Hérault. M. Rebel.
• Six Trompettes. Les Sieurs la Plaine, Lorange, du Clos, Beaupré, Carbonnet, et Ferrier.
• Un Timbalier. Le Sieur Daicre.
Le chœur
Ouvrons sous nos yeux
À l’éclat suprême
Qui brille en ces lieux.
Quelle grâce extrême !
Quel port glorieux !
Où voit-on des Dieux
Qui soient de même ?
Apollon au bruit des Trompettes et des Violons entre par le Portique, précédé de six Jeunes gens, qui portent des Lauriers entrelacés autour d’un bâton, et un Soleil d’or au-dessus avec la devise Royale en manière de trophée. Les six jeunes gens, pour danser avec Apollon, donnent leur trophée à tenir aux six hommes qui portent les haches, et commencent avec Apollon une danse héroïque, à laquelle se joignent en diverses manières les six hommes portant les trophées, les quatre femmes armées avec leur timbres, et les quatre hommes armés avec leurs tambours, tandis que les six Trompettes, le Timbalier, les Sacrificateurs, la Prêtresse et le Chœur de Musique accompagnent tout cela en s’y mêlant par diverses reprises ; ce qui finit la fête des jeux Pythiens et tout le divertissement.
• Apollon. Le Roi.
• Six jeunes Gens, M. le Grand, Le Marquis de Villeroy, Le Marquis de Rassent, MM. Beauchamp, Raynal, et Favier.
• Chœur de Musique. MM. le Gros, Hedouin, Estival, Don, Beaumont, Bony, Gingan l’aîné, Fernon l’aîné, Fernon le cadet, Rebel, Gingan le cadet, Deschamps, Morel, Aurat, David, Devellois, Serignan, et quatre Pages de la Musique de la Chapelle, et deux de la Chambre.
[SOLEIL]
POUR LE ROI, Représentant le SOLEIL.
JE suis la source des Clartés,
Et les Astres les plus vantés
Dont le beau Cercle m’environne,
Ne sont brillants et respectés
Que par l’éclat que je leur donne.
Du Char où je me puis asseoir
Je vois le désir de me voir
Posséder la Nature entière,
Et le Monde n’a son espoir
Qu’aux seuls bienfaits de ma lumière.
Bienheureuses de toutes parts,
Et pleines d’exquises richesses
Les Terres, où de mes regards
J’arrête les douce caresses.
Pour Monsieur le Grand.
Bien qu’auprès du Soleil tout autre éclat s’efface,
S’en éloigner pourtant n’est pas ce que l’on veut,
Et vous voyez bien quoi qu’il fasse
Que l’on s’en tient toujours le plus près que l’on peut.
Pour le Marquis de Villeroy.
De notre Maître incomparable
Vous me voyez inséparable,
Et le Zèle puissant qui m’attache à ses vœux
Le suit parmi les eaux, le suit parmi les feux.
Pour le Marquis de Rassent.
Je ne serai pas vain quand je ne croirai pas
Qu’un autre mieux que moi suive partout ses pas.
FIN


 

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