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BIBLIOBUS Littérature française

À Georgina – Charles Levesque


De loin, tu vois le monde, son faste et ses plaisirs, tu vois aussi ses peines sans les comprendre, à tes yeux tout paraît mystère, enchantement oh! ne demande pas à vieillir.

Au-dessus de ta tête se trouve l'arc-en-ciel, ta robe est si blanche et tu marches tout le jour sur un tapis de fleurs, puis quand vient le soir, tu t'endors quelquefois sur le sein de ta mère, oh! ne me demande pas à vieillir!

Semblable au lac tranquille que le vent en courroux ne ride point, que la barque du pêcheur n'a pas encore troublé, tu es calme. Oh! ne demande pas à vieillir!

Tu es pure comme l'Iris qui s'éveille matinale et parfume le champ qui l'a vu naître, tu es fraîche comme la brise vivifiante qui ranime le laurier mourant.

Demeure dans cet âge où brille l'innocence comme le premier rayon d'un beau jour, comme l'étoile du rocher qui perce la nuit profonde et la conduit au port.

Prolonge ton année. À onze ans qu'on est bonne, l'ange de Dieu nous couvre de son aile, il nous parle en secret et nous dit mille choses, plus suaves que la myrrhe, plus douces que l'amour, qui font tressaillir l'âme.Écoute sa voix céleste, elle est pleine d'harmonie, puis tu te diras à toi-même : pour être heureux ici bas, il faut être à mon âge et vivre dans le mystère.

 

L 'Aurore des Canadas, 6 juin 1846.

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021