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BIBLIOBUS Littérature française

La Revendeuse à la toilette - Arnould Frémy (1809-189.)

 

(Les Français peints par eux-mêmes : Encyclopédie morale du dix-neuvième siècle. VOLUME 1- Sous la direction de : Louis Curmer éditeur, 49, rue de Richelieu, 1840-1842.- 9 volumes.)

                                                                                      

 

Une femme passe, puis derrière elle un jeune homme provincialement gauche et timide ; cette femme est de celles qui méritent d’être audacieusement escortées et suivies, mais suivies sans réflexion d’abord, puis d’instinct et comme on suit d’un oeil distrait les élans capricieux de la demoiselle ou l’essor fantasque du papillon. Elle voltige, se cadence en marchant plus qu’elle ne marche ; sa taille souple et sinueuse tient à la fois de la guêpe et de la couleuvre ; son pied est mignonnement relié dans un brodequin en maroquin cuivré. Si vous vous approchez d’elle, vous respirez le patchouli et le musc : certes, en voilà plus qu’il n’en faut pour éblouir, exalter un jeune homme sensible et clerc d’avoué, qui n’a encore risqué près d’une femme aucune témérité en plein air ; en un mot, ce qu’on est convenu d’appeler, dans les familles de départements, un bon sujet, et dans le monde dissolu des nymphes de l’aiguille et des tapageurs de la Grande-Chaumière, un jobard.
Mais voici que tout à coup ce jeune homme métamorphose ses moeurs et amende la coupe de ses habits : il devient gant jaune, casse intrépidement l’angle de son faux col et se permet à la boutonnière l’oeillet rouge républicain. D’où viennent ces équipées subites de maintien et de costume ? C’est qu’il a rencontré sur un trottoir et suivi de toutes les fibres de son être, une de ces inconnues parfumées dont la rencontre devait équivaloir pour lui à une révolution complète de vocation et de destinée. Il la revoit et la rencontre sans cesse, elle flotte et se balance dans les brillants atomes de son cerveau, il caracole avec elle au bois de Boulogne et bâille dans sa loge au dernier ballet de l’Opéra. Tout cela est daté du poêle de l’étude et se confond même quelquefois avec la grosse d’un jugement en séparation de corps. Au bout de quelques mois de passion sans espoir, ce jeune homme dépérit et s’étiole ; il est perdu pour la procédure ; bientôt sa figure, devenue convulsive et plombée, s’encadre d’un magnifique collier moyen âge ; il sera peut-être vaudevilliste, écrivain dramatique, mais assurément son avenir d’avoué est manqué : tout cela pour avoir rencontré au détour d’une rue une impossibilité de sentiments, une inclination musquée ou vanillée ; le musc a engendré bien des gens de lettres !
Actuellement la scène change et se passe aux carreaux d’un magasin à prix fixe : les étoffes en tous genres roulent, ruissellent et bouillonnent à l’étalage, taffetas, lévantines, cachemires, mousselines brochées, crêpes roses, foulards chinés, peckinets, gros de Naples, satins jaspés, valenciennes, malines, mousselines-laine, mousselines-coton, etc... tout cela chiffré, numéroté au grand rabais, rien n’a été oublié pour allumer les imaginations féminines, dénaturer l’innocence d’un jeune coeur et implanter les désirs, les rêves, l’envie, l’ambition, ces monstres de la coquetterie aux dents de diamants qui rongent et dévorent la jeunesse et l’inexpérience d’une jolie femme.
Un cabas, des cheveux en bandeau et un solfège de Rodolphe stationnent derrière les carreaux du magasin : que ne pouvez-vous percer l’enveloppe discrète de ce jeune madras, vous verriez ce coeur naïf chatoyer, miroiter comme les étoffes qu’il reflète ; vous le verriez tour à tour chiné, jaspé, glacé, gaufré, incessamment traversé par des désirs gris de perle, des fantaisies à franges, des volants, des espérances couleur du temps, aux ailes de dentelle et d’azur. Elle soupire et mesure d’un oeil désespéré la distance sociale qui sépare son tablier de serge noire et son cabas, de ces points d’Angleterre, de ces mantilles encadrées de fourrures. Tous les matins, en se rendant au magasin ou au Conservatoire, elle est ainsi pendant un quart d’heure duchesse ou grande coquette, – à travers les vitres. Le reste de son temps est consacré à border des souliers, ou à filer des sons à la classe de M. Ponchard. Pauvre fille qui ne voit ces trésors du luxe que derrière le prisme magique des carreaux ! Elle n’a pas comme la grande dame la faculté de pouvoir tout déployer, tout bouleverser sur le comptoir, suffisamment excusée par un chasseur en drap vert et des chevaux gris-pommelé qui piaffent et font de l’écume à la porte. – Il faut être riche pour être en droit de ne rien acheter.
Que dirait cependant ce provincial au coeur vierge, qui erre sous les gouttières de ce balcon, éperdument épris d’une persienne cachée sous les toits ? que diriez-vous surtout, ô vous Olympe, Amanda, Modeste, Virginie, si quelqu’un venait vous annoncer que non pas l’année prochaine, ni dans l’avenir, ni dans un siècle, mais aujourd’hui, ce soir, si vous voulez tout ce que vous avez dévoré des yeux ce matin à travers les carreaux de Burty ou de Gagelin, tout cela vous sera donné, offert, et rien n’y manquera, pas même votre innocence : la redingote en gros de Naples, le châle garni de dentelles, la capote de crêpe blanc, l’éventail rococo, coloré d’après Watteau, le mouchoir bordé de jours, les brodequins de maroquin anglais, une toilette ravissante, accomplie, irrésistible, vous dis-je, avec laquelle vous pourrez usurper les titres d’une lady, si vous ne préférez être ce soir une des reines des quadrilles du Ranelagh ?
Et toi, jeune homme fasciné par une séduisante rencontre, crois-moi, jette Faublas par la fenêtre, et ne songe plus à soudoyer les portiers. Cette femme que tu as vue rayonner à toutes les premières représentations, ou bien se balancer nonchalamment comme une fleur matinale sous les arbres des boulevards, dont tu as espionné les moindres mouvements, enregistré les plus légers faux pas, apprends qu’elle appartient tout entière, corps et biens, à cette autre femme qui est plus que sa création, sa modiste, ou son ange gardien, puisqu’elle lui dispense ses charmes, ou du moins le moyen de les faire valoir, Metternich de la mode et de l’amour, caméléon femelle, sphinx aux mille ruses, argus aux mille regards ; c’est elle qui régit incognito le cours et le mouvement de la bourse galante ; qui y crée la hausse et la baisse, qui serpente, se glisse et s’insinue partout, puissance incalculable, banque souveraine, domination cachée mais irrésistible dans ses effets, enfin créature merveilleuse, incomparable et vraiment unique, vous l’avez nommée, reconnue, saluée sans doute ; c’est la Revendeuse à la toilette.
La plus jolie femme de la Chaussée d’Antin est étendue sur sa causeuse, elle souffre et se plaint ; elle a, comme beaucoup de femmes de ce quartier fragile et sensuel, des crispations nerveuses et presque autant de créanciers que de nerfs.
« Je n’y suis pour personne, Rosalie, vous entendez, pour personne absolument. »
Cette consigne est à peine donnée à la camériste, qu’on sonne à la porte : « Madame Alexandre. »
Le moyen d’empêcher madame Alexandre d’entrer ? Madame n’a besoin de rien, elle est parfaitement assortie, encombrée même de robes et de châles sinécuristes, qui sommeillent sous les sachets de ses armoires ; n’importe, il n’y a pas de force humaine qui puisse empêcher madame Alexandre de dénouer ses cartons, d’ouvrir ses coffres et de chamarrer les fauteuils, les meubles, le lit et les chaises, de dentelles, de fourrures, de châles, de rubans, de crêpes de toute espèce. Résistez maintenant, si vous pouvez, à ce coup d’oeil prestigieux : voyez cette mantille, voyez ce cachemire et cette garniture ! Tout cela est délicieux, d’une fraîcheur parfaite et n’a jamais été porté.
« Mais, dit la malade, debout devant sa psyché en renfonçant les bouillons de ses cheveux blond-cendré sous un chapeau en gaze transparente, c’est que je me trouve pour l’instant tout à fait sans argent...
- Eh ! qu’importe, ma toute belle, vous savez, entre nous, – un petit bon à deux mois. – Cela vous va-t-il ?... Du reste, ce chapeau vous sied à ravir. – Ne vous occupez de rien, j’ai sur moi du papier timbré. – Je baisserais un peu les anglaises. – Et puis, vous savez le vieux prince de..., qui a la goutte et des chevaux qui vont comme le vent, il vous adore. – Nous disons donc un bon à six semaines, cela m’arrangera mieux. – Mais êtes-vous jolie comme cela ! Ah ! friponne, la petite N... de l’Opéra en mourra de dépit. – Amour que vous êtes, allez ! voulez-vous signer ? »
Madame Alexandre sort de cette maison pour se rendre dans un entre-sol voisin, chez M. Alphonse gant jaune, l’un des dîneurs, l’un des débiteurs, veux-je dire, du café de Paris. Eh quoi ! dira-t-on, du pou de soie rose, de la blonde, des cachemires et des marabouts chez un habitué du café de Paris ! Patience, lecteur, écoutez cet autre colloque.
« Bonjour, Alexandre, comment te portes-tu, ma petite, ma grosse, ma bonne, ma vieille ?...
- Pas trop mal ; monsieur Alphonse. Je sors de chez une de ces dames ; elle m’a chargé de vous demander ce que vous préfériez d’une pèlerine bordée de grèbe ou de chinchilla ?
- Mon Dieu, à te dire vrai, cela m’est égal... Chinchilla ! chinchilla ! on dirait un nom de jument. Ah ! à propos... Adieu, au revoir, Alexandre, tu sauras que je n’entre absolument pour rien dans la dépense de ces dames.
- C’est bien ainsi que madame l’entend ; elle m’a seulement chargée de vous demander votre goût, vous avez le goût si excellent ! Et puis elle a appris que M. de... vous savez, ce gros blond qui joue si gros jeu, a parié que ce soir, à l’Opéra, mademoiselle Anastasie éclipserait toutes les autres femmes.
- En vérité ? l’imbécile ! combien cette garniture de chinchilla ?
- Vous savez, ce qu’il vous plaira, je n’ai pas de prix avec vous, je ne vous demande qu’un petit bon... à deux mois ou à six semaines, si cela vous arrange mieux, j’ai sur moi du papier timbré. »
Du temps de Turcaret, la Revendeuse à la toilette s’appelait madame Jacob ou madame la Ressource ; elle s’appelle aujourd’hui madame Alexandre. Son nom a changé, mais le métier proprement dit est toujours le même ; il exige un tact infini, du machiavélisme assaisonné d’aplomb, de bonhomie et de rondeur, de l’audace et de la souplesse, enfin de la haute diplomatie.
On peut blâmer sans doute la Revendeuse à la toilette, lui faire son procès au nom de la morale et de la société ; il me semble pourtant qu’il y a plusieurs manières d’envisager sa profession. Que fait-elle après tout ? Elle rend d’éminents et incontestables services à une certaine classe d’individus, qui sans elle ne trouverait nulle part ni crédit, ni fournisseurs, ni toilette, ni avances. C’est une espèce de providence à domicile qui a bien sa partie faible sans doute, mais qui a aussi son côté utile et méritoire. Elle vous endette gaiement, vous ruine de même ; quelquefois aussi elle vous sauve, vous rachète ; il n’y a guère de fortunes de femmes sans dettes et sans usure.
Ainsi, une Revendeuse à la toilette surprend une femme à la mode le matin chez elle, enveloppée dans son peignoir, et noyée dans l’affliction : pauvre femme ! Elle a vu s’envoler hier son trésor d’attachement, un sentiment de 500 francs par mois ! La Revendeuse à la toilette entre au milieu de ses jérémiades. « Séchez vos larmes, ma belle, voici de quoi briller, et restaurer aujourd’hui même votre position. Vous redoutez les échéances, le papier timbré vous fait peur, eh bien, je vous loue une toilette complète, je vous loue des plumes, du velours, des bijoux, des dentelles, pour une semaine, pour un mois ; abonnez-vous pour un semestre de coquetterie et d’atours. » Trouvez donc une créature plus arrangeante que celle-là ! C’est du génie, sur ma foi ! que de savoir compatir ainsi à 15 ou 20 pour cent aux infortunes et aux étoffes fanées d’une jolie femme. Hélas ! pourquoi tous les métiers n’ont-ils pas leur madame la Ressource ? pourquoi le peintre ou le poëte ne jouissent-ils pas des mêmes priviléges ? Mais le système même de l’usure est déplorable. On escompte une jolie figure, mais on ne prête rien sur une tête de génie : le mont Parnasse est encore à chercher son Mont-de-Piété.
Ne confondons pas cependant la Revendeuse à la toilette avec la marchande à la toilette. Cette dernière race reste perdue dans l’innombrable et banal troupeau des industries ordinaires et nomades ; elle vend, brocante, fait de la friperie en détail ; elle a ses entrées chez plusieurs femmes du monde qui satisfont, grâce à elle, leur goûts de changement ; mais c’est là du négoce subalterne : elle parle de sa conscience et de ses moeurs ; elle a, je crois, de la probité et une patente.
La Revendeuse, elle, n’a rien de tout cela, et ne dépasse guère la sphère équivoque des coquettes à prix fixe ; mais en revanche la nature équitable lui a donné ou prêté, si vous voulez, sans intérêt, du génie. Or ce génie éclate dans toutes les actions de sa vie, mais surtout dans celle de racheter ; car la Revendeuse rachète, et c’est même là une des plus importantes ramifications de son négoce, et en même temps une des plus heureuses propriétés qu’elle possède aux yeux de sa clientèle. Admirez son talent ! Elle vous présente sur son poing fermé en champignon un objet quelconque, soit un chapeau rose. A l’entendre, on s’agenouillerait devant les fleurs qui le décorent, on se pâmerait d’admiration devant les rubans, les plumes, le crêpe et la dentelle. Tout cela est d’un goût, d’une fraîcheur incomparables !
Cependant qu’il s’agisse de lui revendre ce même chapeau séance tenante ; dans le fait seul de passer des mains de la revendeuse vendante dans celles de la revendeuse achetante, ce chapeau aura vieilli d’au moins dix ans, perdu cent pour cent de sa jeunesse ; les rubans, tout à l’heure frais comme la rose, sont maintenant effroyablement fanés, éclipsés, décolorés. Qui est-ce qui oserait mettre un pareil chapeau ? A midi, on ne portait que du rose et toujours du rose, la couleur par excellence ; mais à midi un quart : « Qui est-ce qui porte du rose ? grand Dieu ! Si c’était du jaune, du lilas, du coquelicot, du gris de souris, de l’oeil de mouche effrayée, je ne dis pas, mais du rose, fi l’horreur ! c’est la nuance du croque-mort. »
Il est certain qu’il y a dans le geste, la pose et l’épithète de la véritable Revendeuse à la toilette quelque chose qui lustre, embellit et magnétise ce qu’elle vend, et en même temps déprécie et dégomme ce qu’elle rachète. Elle est incomparable sur ce point-là : elle fait de ce qu’elle touche de l’or comme Midas, et suivant la pierre de touche de son commerce. Un cachemire sort de son carton, indien, et il y rentrera pur et simple lyonnais. Quand il fera une nouvelle sortie, il redeviendra légitime et authentique enfant des plaines de Sirinagur. Singulière femme qui possède ainsi le don de distribuer une nationalité, une religion, un baptême, aux tissus nomades et aux étoffes judaïques qu’elle colporte ! Elle vend tout, rachète tout ; elle vous vendrait même la mule du pape si vous consentiez à lui en payer les intérêts.
Où loge-t-elle ? où sont situés ses magasins et ses dieux lares ? qui peut le dire ? Elle n’a guère, à proprement parler, d’autre domicile que les trottoirs et les escaliers qu’elle arpente du matin au soir avec son immense boîte en bois attachée avec une lisière ; elle loge en chambre, rarement en boutique. On lui suppose généralement de nombreuses connivences avec la police, mais il n’en est rien. La police vend quelquefois, mais ne rachète jamais. Elle jouit ainsi que les maisons à parties, d’une sorte de tolérance anonyme. Son intérieur est simple et a même un certain cachet de dissimulation. On n’y remarque que des armoires ; on devine qu’elle ne vit et n’agit qu’au dehors. Ordinairement elle est à la tête de plusieurs noms, dont elle change comme ses clientes de chapeaux.
Quant à son signalement physique, il est simple et fort répandu dans la circulation parisienne.
Représentez-vous une grosse et large commère entre quarante et cinquante ans, un nez barbouillé de tabac avec un tablier noir à poche, un tartan qui lui lèche les talons, une robe en taffetas puce, un chapeau de paille à gouttières, sensiblement incliné vers l’oreille, un carton de bois au poignet, l’autre poignet sur la hanche, un faux tour défrisé qui pleure sur une de ses paupières, une montre d’or à l’estomac, des perles en poire aux oreilles, des bagues à toutes les jointures, une bouche en coeur, des yeux louches, des dents larges comme des dominos, et des socques articulées ; – c’est elle.
Elle parle tous les patois, mais surtout ceux du midi ; elle décore en première ligne cette classe d’industriels aux bénéfices cachés, aux manoeuvres inconnues, les prêteurs sur gages, les bijoutiers ambulants, les tailleurs du Havre ou de Haïti qui troquent le vieux drap contre le drap neuf, les racheteurs de reconnaissances du Mont-de-Piété, négociants souterrains et rusés qui laissent quelquefois à leurs héritiers un million de fortune en monnaie de Monaco et en billets protestés.
Certes, si l’on voulait prendre les choses sous un certain point de vue, on pourrait adresser de grands reproches à ce genre d’industrie, coupable à la fois par son origine et les menées qu’elle emploie dans son exécution. Nous devrions peut-être rembrunir un peu le fond du tableau, pour indiquer dans le lointain certaines figures de femme avilies et perdues par le vice, avec l’indélébile cachet de la honte et du désespoir au front. Il est certain que plus d’une innocence a trébuché à ce piège de dentelles et de rubans placé sans cesse sous ses pas. Ces commerçantes sont après tout des conseillères sataniques et infatigables qui agissent impitoyablement sur les parties faibles de la nature de la femme, la vanité et le désir de briller ; elles l’enlacent, l’enveloppent dans leur irrésistible filet, et la prennent chaque jour à de nouveaux hameçons. C’est en général par cette pente de cachemires usuraires, de dentelles et de parures, qu’une femme se trouve insensiblement poussée vers ce dernier pied à terre du vice et de la tristesse, qui devrait avoir à la fois pour fondatrice et pour portière la plus considérable et la plus enrichie de toutes les Revendeuses à la toilette, je veux parler de l’hôpital.
Mais que voulez-vous ? jusqu’à nouvel ordre, les moeurs françaises glisseront et voltigeront sur l’épiderme des grandes questions ; nous avons des philosophes moraux et des socialistes, nous applaudissons à leurs justes récriminations, mais nous ne nous empressons guère de souscrire à leurs réformes. C’est pourquoi, avant d’être un grand abus, un scandale avéré, une grave immoralité sociale, la Revendeuse à la toilette n’est et ne sera longtemps encore sans doute pour le public, c’est-à-dire pour les gens qui ne lui ont jamais souscrit de billets, que ce qu’elle était du temps de Lesage et de Regnard, un personnage de comédie. FIN

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021