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BIBLIOBUS Littérature

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·  TABLEAU DES IDIOTS (Être sur le). Être pourvu d'un conseil judiciaire. Jargon des clercs de notaire. On sait que dans chaque étude se trouve à la disposition du public, un tableau ou un livre sur lequel figurent les interdits, les prodigues, tous ceux enfin qui ne jouissent pas de la plénitude de leurs droits.

·  TALA. Elève de l'Ecole normale ayant des principes religieux et pratiquant.

·  TAMBOUILLE. Delvau donne à ce mot le sens de ragoût, de fricot, ce qui est exact; tambouille s'emploie aussi chez les soldats d'Afrique qui appellent ainsi leur gamelle.

·  TAPEZ-MOI ÇA. Le tapez-moi ça, désigne dans le langage plus que familier cet objet de toilette qu'on nomme une tournure. «Voici que nous sommes toutes contraintes de porter la tournure, l'ajustement qu'on a appelé irrévérencieusement le tapez-moi ça.» (Gil Blas, octobre 1885.) On dit aujourd'hui nuage; v. Supra.

·  TAMPONNER LE COQUILLARD. (Se). Se moquer de.

·  TAMPONNER. Rudoyer. «Ah! tu me tamponnes, s'écrie-t-il, je te reconnaîtrai à la prochaine.» (Figaro, 1880.)

·  TAPE-CUL. Argot militaire. Manœuvre sans étriers.

·  TAPER (Se). Se voir refuser quelque chose; s'en passer.—Se masturber.

·  TAPEUSE. Prostituée qui, sans faire payer ses services, emprunte aux clients des sommes plus ou moins élevées qu'elle ne rend bien entendu jamais. (Réveil.)

·  TATEUR. Fausse clef.

·  TAUPINER. Assassiner.

·  TÉLÉGRAPHE (Faire le). «A cette énumération il faut ajouter le truc du télégraphe qui s'emploie 585 pour tous les jeux de cartes. Faire le télégraphe, envoyer le duss ou le sert (V. Delvau, Sert), c'est faire connaître au complice qui tient les cartes, le jeu de la victime derrière laquelle on se tient à cet effet en paraissant prendre un grand intérêt à sa partie.» (Henri IV, 1881.)

·  TENIR. Argot théâtral. Tenir l'affiche, se dit d'un auteur qui a du succès et dont les pièces reparaissent souvent sur l'affiche. «Voici maintenant dix-sept ans bien comptés qu'il (M. V. Sardou) tient l'affiche, comme on dit dans le familier langage des coulisses.» (Revue des Deux-Mondes, 1er mars 1877.)

·  TÉNOR. Argot de journaliste. Ecrivain qui rédige habituellement l'article de tête du journal.

·  TERRASSE. La partie du trottoir envahie par les tables et les chaises de MM. les cafetiers.

·  TÊTE A L'HUILE. Chef de la figuration dans un théâtre.

·  TÊTE DE PATÈRE. Variété de souteneur.

·  TÊTE DE PIPE. Idiot. La variante est: moule à chenets.

·  TIERCE. Argot de bagne. Bande d'individus.

·  TIFFES. Cheveux.

·  TOMBAGE. Critique, éreintement. Mot très familier. (V. Tomber dans le corps du Dictionnaire.) «On s'attendait à un rapport de M. M... et à un tombage du préfet et l'on s'est perdu dans des broutilles.» (Gil Blas, juillet 1886.)

·  TOMBER DANS LA DÈCHE. (V. Delvau au mot Dèche.) «Certains naïfs libidineux se laissent duper par les macettes qui ont la spécialité de fournir aux bons jeunes gens tout ce qu'il y a de mieux en fait de femmes du monde tombées dans la dèche.» (Figaro, mars 1887.)

·  TOMPIN. Tompin qui, en 1882, n'était qu'un adjectif a passé depuis au rang de substantif argotique et est devenu synonyme d'homme élégant, à la mode. Au féminin on dit, ou plutôt on a dit (car le mot n'est plus usité) tompinette. «Le vrai bel air est aujourd'hui de s'étudier à paraître simple et de laisser aux tompins et aux tompinettes les exhibitions de quatre ou cinq toilettes par jour.» (Figaro, août 1885.)

·  TOPO. Circulaire; proposition, motion. Argot des élèves de l'Ecole polytechnique.

·  TOQUARD. Argot de courses. Cheval sur lequel on a placé son argent, d'inspiration, sans savoir pourquoi. «Il y a trois manières de jouer très en usage. L'inspiration, c'est-à-dire prendre un toquard, parce qu'il porte le nom de la personne aimée, celui de votre chien ou le numéro d'un cabinet particulier...» (Vie parisienne, juin 1884.)

·  TORCHÉE. Coups. Rixe.

·  TORCHER. Faire vite et mal.—Manger. Torcher les plats. Avoir appétit.

·  TORCHON. Argot de cabotins. La toile, le rideau. 586

·  TORTILLER LE CARTON. Jouer aux cartes. «Parfois deux sociétés font alliance pour tortiller le carton. C'est l'expression consacrée par les joueurs de besigue, de piquet à quatre, ou de rams.» (Réveil, 1882.) V. Delvau: Carton.

·  TORTILLER LA VIS. Étrangler. «Je l'avais prévenu que s'il faisait un mouvement, j'allais lui tortiller la vis.» (Gazette des Tribunaux, 1864.)

·  TORTORAGE. Nourriture.

·  TOUPIE. Dame d'un jeu de cartes.

·  TOUR (La). La Préfecture de Police.

·  TOUR DE CLEF (Se donner un). Se reposer, se refaire, se mettre au vert. «Apollinaris est venu passer cinq ou six semaines à Aix-les-Bains, histoire de se redonner un tour de clef.» (Raoul Nest: Les mains dans mes poches.)

·  TOURLOUSINE (Administrer une). Battre, rouer de coups. Argot des rôdeurs. «Les inculpés reconnaissent qu'ils ont été chargés par l'inconnu de frapper M. P..., de lui administrer une tourlousine, dit Zulpha (un des inculpés).» (Autorité, janvier 1888.)

·  TOURNÉE PASTORALE. Tournée qui a lieu en bande, le soir, après un bon dîner, dans des maisons hospitalières. La tournée pastorale implique ordinairement la flanelle.

·  TOURNE-VIS. Gendarme. Argot des malfaiteurs. «Le gendarme est naturellement l'obsession du repris de justice; il le voit partout et l'a baptisé d'un nom caractéristique; le tourne-vis.» (Figaro, février 1885.)

·  TRAIN (Être dans le). Suivre les caprices de la mode; accepter toutes les innovations. Nous avions déjà dans la langue familière: être dans le mouvement, suivre le mouvement, cela ne suffit plus et, le progrès aidant, il faut être aujourd'hui dans le train!—«Je crois devoir avertir Monsieur qu'il n'est plus dans le train.—...?—Encore un progrès, Monsieur, les voyages n'ont rien à faire ici; être dans le train veut dire: suivre le progrès.» (National, décembre 1886.)

·  TRAIN JAUNE. «Elles (les femmes de mœurs faciles) commencent à persiller dans les trains de chemins de fer; il y en a même qui ne font qu'exploiter les trains jaunes qui emmènent chaque samedi de Paris, pour les ramener le lundi, les commerçants dont les femmes sont aux bains de mer.» (Figaro, 1882.)

·  TRAINARDS (Faire les). Argot des cercles, des tripots. C'est ramasser les masses, les jetons oubliés sur les tables de jeux.

·  TRANCHE (En avoir une). Être inintelligent.

·  TRANSVERSALE. Argot de joueurs. On joue la transversale, quand, à la roulette, on place son enjeu transversalement, c'est-à-dire sur la ligne qui sépare deux numéros entre eux. 587

·  TRAVAILLEUR. Voleur.

·  TRÈFLE! Argot des enfants. (V. Pouce.)

·  TRÈFLE. Argent monnayé. Argot des gavroches.

·  TREMBLEUSE. Sonnette électrique.

·  TRIMARDEUR. Voleur de grand chemin. (V. Delvau: Trimar.)

·  TRIMBALLEUR DE ROUCHIES. Souteneur.

·  TRINQUER. Ce verbe, qui, dans l'argot, a le sens propre de être battu, s'emploie aussi au figuré comme synonyme de: être malmené, être tancé. «Il faut que M. B... (qui a fortement trinqué dans cette séance) et les actionnaires résilient leurs baux.» (Intransigeant, sept. 1888.)

·  TRIPATOUILLER. Manier maladroitement quelque chose; mêler, embrouiller, rendre confus, tripoter. N'en déplaise à M. Bergerat qui a lancé ce verbe au commencement de cette année 1888, ce mot est un barbarisme, barbarisme voulu, je le veux bien, mais enfin barbarisme. Que ne se servait-il pour exprimer sa pensée, du mot touiller, inusité aujourd'hui, sauf dans le centre de la France, où il signifie crotter, salir. Touiller a ses quartiers de noblesse puisqu'au temps de Charles VII, c'est-à-dire au XVe siècle, on l'employait aux sens de salir et brouiller. Il y avait même le substantif touilleur, brouillon, qu'on trouve dans Cotgrave et qui est aujourd'hui remplacé par tripatouilleur. On a même inventé tripatouille et tripatouillage.

«Il (M. Bergerat) a accusé M. Porel, directeur du théâtre de l'Odéon, d'avoir voulu tripatouiller dans sa comédie. Notez le verbe, il est pittoresque.» (Illustration, janvier 1888.)

«C'est à vous, Caliban, à qui je veux parler.

Vous avez un défaut que je ne puis céler.

Vous créez chaque jour quelque néologisme

Qui n'est, le plus souvent, qu'un affreux barbarisme.

Ainsi tripatouillage est votre enfant nouveau;

Tripatouille est de mode. On ne sait ce qu'il vaut

Mais on s'en sert......

On dit: je tripatouille et nous tripatouillons.

Tripatouiller est donc le vocable à la mode.»

(Événement, janvier 1888.)

·  TROIS-PONT. Casquette en soie assez haute; à l'usage de MM. les voyous. «Je les (les Alphonses) rencontre encore qui rôdent en bande, les cheveux effilés, en corne de bœuf, sur les tempes obscurcies par le trois-pont.» (Huysmans: Une goguette.)

·  TROLIER. Individu, commissionnaire qui va offrir de porte en porte aux marchands de meubles le travail de l'ouvrier qui est à son compte. Dans l'argot du faubourg Saint-Antoine on appelle cet ouvrier un choutier.

·  TRONC D'ARBRE. Nervure de la feuille de tabac que l'on trouve dans le scaferlati non trié. (V. Peuplier.) 588

·  TRUC (Faire le). Argot des filles. Raccoler.

·  TRUQUEUR. Individu du troisième sexe qui vit de son... industrie.

·  TUILER. Regarder quelqu'un d'un œil soupçonneux.

·  TURBAN (Valeur à). Valeur turque. «Les valeurs à turbanrésistent difficilement.» (Presse, 1882.)

·  TUTOYER. Dérober; on dit aussi effaroucher.

·  TUYAU. Argot de sport. Renseignement. «De plus, sportwoman passionnée et renseignée admirablement. Elle possède, comme on dit, les meilleurs tuyaux.» (Gazette de Cythère, journal, 1882.)—En argot financier, avoir un tuyau signifie avoir reçu confidence d'un mouvement préparé par les banquiers, maîtres du parquet. «Rachetons, avait dit Léontin.—Pas encore, avait répondu le fils Marleroi. Ça n'est pas fini. La panique gagne les départements. J'ai un tuyau. Nous pouvons racheter plus bas encore.» (Cadol, La colonie étrangère.)

 

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