· SAC (En avoir son). Ne plus pouvoir supporter quelqu'un ou quelque chose. «Entre nous, le mari d'Emma! j'en ai mon sac!» (Cadol: La colonie étrangère.)
· SAC A CHARBON. Prêtre,—dans l'argot des voyous. «Le prêtre qui tout à l'heure leur a fait entrevoir (aux enfants) la douce figure du Jésus évangélique, ils le rencontrent; du coin d'un carrefour, ils crieront: couac, l'appelleront corbeau ou, d'un mot plus à la mode en ce moment: sac à charbon.» (Figaro, août 1884.)
· SACHET. Bas, chaussette.
· SALBINET. Argot de l'Ecole Polytechnique. «Salbinet!» crie un tambour, en ouvrant la porte d'une salle où travaillent une dizaine d'élèves. Cela veut dire: Le capitaine prie le sergent de la salle de passer au cabinet du chef de service pour y entendre une communication du commandant de l'école et la transmettre à ses camarades.
· SALÉ. Mordant, violent. «Le lendemain, M. Cassemajou écrivait à M. Ventéjoul une lettre un peu salée.» (Armand Silvestre.)
· SALER (Se faire). Contracter une maladie vénérienne.
· SALIR LE NEZ (Se). Se griser.
· SALOPER. Argot des élèves de l'école des Beaux-Arts. «La seule chose qui soit interdite, c'est de saloper. Ne vous effarouchez pas de ce mot, c'est le mot usuel, adopté. M. Dubois (le directeur de l'école) met son nom au bas d'un avis dans lequel on lit: Il est formellement interdit de saloper avant tel jour. Qu'est-ce donc que saloper? C'est entrer dans la loge les uns des autres pour y formuler son appréciation sur l'œuvre du voisin.» (Liberté, août 1883.)
· SANDWICH. Le mot date de 1884, époque à laquelle on vit à Paris, pour la première fois, de pauvres diables se promener, 580 moyennant une modique rétribution, sur les boulevards et dans les endroits les plus fréquentés avec deux grandes pancartes, fixées l'une sur la poitrine et l'autre sur le dos, pancartes sur lesquelles sont collées des réclames de maisons de commerce. Le mot est assez bien trouvé et la comparaison serait encore plus juste si les malheureux qui exercent cette industrie n'étaient haves et déguenillés et ne rappelaient qu'approximativement le gros jambon placé entre les deux tartines beurrées qu'aimait si fort le comte Sandwich. «On s'amusa d'abord des sandwiches qui déambulaient mélancoliquement, à la file indienne, enserrés dans des espèces de carapaces couvertes de réclames bariolées.» (Dix-neuvième siècle, décembre 1886.)
· SANG DE BœUF. Saladier de vin chaud. Argot du peuple. «Assise à une table graisseuse, vis-à-vis d'un homme en accroche-cœurs, elle aspire les parfums grossiers d'un saladier de vin chaud, d'un sang de bœuf, comme cela s'appelle là-bas.» (Evénement, septembre 1885.)
· SANSONNET. Gendarme. Argot des rôdeurs de barrière.
· SANTARELLE (Faire une). Argot des grecs. Lancer à son partenaire les cartes aussi haut que possible afin de pouvoir jeter un coup d'œil en dessous, ce qui permet de les voir et de jouer en conséquence.
· SATISFAIRE (Se). Aller à la selle.—Copulare. «Sa faim charnelle lui permettait d'accepter les rebuts de l'amour. Il y avait même des soirs où, sans le sou, et par conséquent sans espoir de se satisfaire...» (Huysmans: A vau-l'eau.)
· SAUMURIEN. Elève de l'Ecole de Saumur. «Tout Saumurien qui se respecte ne lit que le Figaro, l'Union et la Gazette de France.» (Nos farces à Saumur.)
· SAUVETTE. Argent.
· SAVONNER. Argot de chanteurs. Faire des ports de voix. «Mademoiselle S... a de l'habileté quoiqu'elle ait savonné certains traits.» (Liberté, 1882.)
· SCHNAPPS. Eau-de-vie.
· SCOLO. C'est ainsi que le peuple, à Paris, appelle l'enfant qui fait partie d'un bataillon scolaire. Scolo est d'un usage courant. «Vous connaissez les scolos, n'est-ce pas? C'est ainsi que l'on nomme en langage populaire, les bataillons scolaires.» (Liberté, février 1886.)
· SCORPION. «On appelle ainsi, paraît-il, à l'école de la rue des Postes, les minorés qui suivent les cours des élèves.» (Figaro, avril 1887). Il a paru, en 1887, sous ce titre: Le Scorpion, un roman de M. Marcel Prévost.
· SÉCHER. Boire. «Sa plus grande privation était de ne plus pouvoir sécher une douzaine de bocks chaque soir.» (Figaro, 1882.)
· SECOUER LE PETIT HOMME. Polluer. 581
· SECOUSSE (N'en pas f... une). Argot militaire. Paresser, ne rien faire. On dit plus communément: N'en pas f... un coup.
· SECOUER SES PUCES. Danser. «Elle s'était trémoussée dans un ballet de la Porte-Saint-Martin; maintenant, elle secouait ses puces, comme elle disait élégamment, dans tous les bastringues voisins.» (Gaulois, 1881.)
· SEMAINE. Expression empruntée au service des caporaux et des sous-officiers. Ex.: C'est à moi que tu contes cela? je ne suis pas de semaine.—Moyen expéditif de faire rompre un fâcheux. (Ginisty: Manuel du parfait réserviste.)
· SEMPERLOT. Tabac.—«Eh! Rocambole, par ici! Un cornet de semperlot.» (Humbert: Mon bagne.)
· SÉNATEUR. On appelle ainsi les malheureux qui, dans les garnis du dernier degré, ont des planches particulières au lieu de coucher à la corde. Ce sont les richards de l'hôtel. La planche coûte un sou par jour. (Voltaire, 1882.)
· SERGENT DE CROTTIN. Sous-officier à l'Ecole de Saumur. «Quant aux malheureux sous-officiers, baptisés du nom poétique de sergents de crotin...» (Nos farces à Saumur.)
· SHOOTER. Qui fait partie d'une société de tir aux pigeons. Shooting, tir aux pigeons. Encore l'anglomanie. «Aucun des shooters qui fréquentent le Gun Club n'a quitté Paris.» (Bien Public, 1882.)—«Mon devoir de chroniqueur m'oblige à signaler les épreuves internationales qui viennent d'avoir lieu dans les deux grands centres de shooting d'Outre-Manche.» (Union, 1882.)
· SIBIGEOISE. Cigarette. «Parmi eux, pas une pipe; c'est trop commun! La sibigeoise (cigarette), à la bonne heure.» (Humbert: Mon bagne.)
· SILOS. Punition infligée aux soldats des compagnies de discipline.
· SIPHON (Faire). Argot du peuple. Vomir.
· SLAZE. Ivrogne.
· SOCE. Société.
· SOIRÉE BLANCHE. Soirée où il n'y a que des intimes, où se trouve banni l'apparat des grandes réceptions. «Chaque hiver, elle donnait plusieurs grandes fêtes...; entre temps, elle conviait ses intimes à des soirées blanches.» (H. Tessier: Madame Vidocq.)
· SOIREUX, SOIRISTE. Nous avions déjà les lundistes et les salonniers, voici maintenant les soireux et les soiristes (l'un et l'autre se dit ou se disent), c'est-à-dire, dans le jargon du jour, les journalistes chargés de faire ce genre d'articles, qu'Arnold Mortier inventa dans le Figaro sous cette rubrique: La Soirée parisienne. C'est, je crois, à M. E. Bergerat que revient la paternité de ces deux nouveaux vocables. «Quelles patraquées petites femmes que vos confrères éminents, les soireux sympathiques!» 582 (France libre, janvier 1886.)
· SOIXANTE-SIX. Variété de souteneur.
· SOMMIER DE CASERNE. Fille à soldats.
· SONNETTE. Auxiliaire, femme de service, chargée, à la prison de Saint-Lazare, de se tenir à la disposition des employées et des sœurs et de répondre à leur appel. Les sonnettes vont chercher dans les cours, dans les préaux, dans les bâtiments et amènent dans les bureaux les détenues dont on a besoin pour un service quelconque.
· SOUBROCHE. Souteneur. Argot des voyous.
· SOUPER DE. Avoir assez de quelque chose. Argot militaire.
· SOURDE. Prison.
· SOURNOISE. Dans le langage spécial des employés, qu'ils appartiennent à une administration publique ou particulière, la sournoise est ce que leurs chefs et eux-mêmes appellent en style correct la feuille de présence, feuille traîtresse sur laquelle on doit plusieurs fois par jour et à des moments imprévus apposer sa signature de façon à prouver qu'on est bien à son bureau et non au café voisin. Le plus souvent par une malchance fréquente la sournoise passe quand la plupart des employés sont illégalement absents.
· SOUS-DERN. Argot des écoliers. Avant-dernier.
· STARTER. Argot de courses. Celui qui donne aux jockeys le signal au départ.
· STRAPONTIN. Petit matelas en galette, étroit et plat.
· STRAPONTIN. Ce mot, en langage très familier, désigne l'objet de toilette que les femmes appellent du nom de tournure. «Grande bataille! Entre qui? Entre les strapontinistes et les antistrapontinistes. On appelle strapontin en langue fantaisiste, l'appendice proéminent que les dames portent en ce moment au-dessous de la taille.» (Monde illustré, novembre 1885.) (V. les mots nuage et tapez-moi ça dans le Supplément.)
· SUBLIMEUR. Bon écolier.
· SUBURBAIN. Le public qui suit les courses de chevaux appelle ainsi dans son jargon particulier tout champ de courses situé dans la banlieue de Paris; celui de Saint-Ouen, par exemple. «Elle ne manquait pas une journée de courses; oh! à Longchamps et à Chantilly, tout au plus à Vincennes; elle ne se commettait pas dans les suburbains, là où l'écurie n'était pas représentée.» (Vie Parisienne, septembre 1887.)
· SUIFFARD. Argot de cercles, de tripots. Le suiffard est un grec qui fréquente des établissements borgnes, des tripots, des claque-dents. Suiffard est en quelque sorte un diminutif de graisseur (filou en argot) le suif étant fait avec de la graisse.
· SURFINE. Femme qui s'introduit 583 chez les personnes âgées et les vole sous prétexte de quêter en faveur des pauvres.
· SURMENEUSE. C'est ainsi qu'on désigne maintenant les les filles à la mode. Elles surmènent de toutes façons les heureux mortels qu'elles ont daigné distinguer. Allusion au surmenage intellectuel dont on parle tant aujourd'hui. «Une voiture emportant une de nos surmeneuses connues croise une victoria où sont deux de ses collègues.» (Charivari, nov. 1888.)
· SURNU. Surnuméraire. Argot des employés d'administration, en général.
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