· NAVARIN. «L'étalier connaît les clients, leur mesure les égards et vend aux pauvres le navarin, c'est-à-dire les rognures, les balayures de l'étal, à raison de dix sous la livre.» (L'Esclave ivre, no 3.)
· NÉGOCIANT EN VIANDE CHAUDE. Souteneur.
· NET. Dans le langage des ouvriers, atelier net, atelier que des ouvriers mettent en interdit et où ils défendent à leurs camarades d'aller travailler.
· NETTOYER UN BOCART. Piller une maison.
· NETTOYER LES LUCARNES. Dessiller les yeux. «O Mentor, vous me nettoyez les lucarnes, s'écria Idoménée.» (Les mistouf's de Télémaque.)
· NEUF DE CAMPAGNE. Argot de joueurs. Procédé peu délicat employé par le ponte vis-à-vis du banquier et que dévoile ainsi M. Carle des Perrières dans son livre: Paris qui triche. «Dans sa poche il (le ponte) a son neuf tout prêt; valet de pique, neuf de cœur; rien n'est plus simple. Lorsque la main arrive à son tour, le neuf de campagne est extrait de sa poche pour passer dans sa main gauche; le banquier donne les cartes; le ponte s'en empare comme c'est son droit et sous prétexte d'empêcher ses voisins de voir son point, parce que, dit-il, cela lui porte la guigne, il fait disparaître les deux cartes qu'on vient de lui donner dans ses deux mains rapprochées; il substitue son valet de pique et son neuf de cœur aux deux cartes qu'il a reçues et abat sur le tapis un magnifique neuf de campagne...» (V. Minerve.)
· NID A POUSSIÈRE. Nombril.
· NINGLE. Fille publique. «Les souteneurs... se réjouissent de voir les jours diminuer et par conséquent les nuits augmenter, double avantage pour les fils de 563 Neptune et leurs ningles.» (Estafette, 1882.)
· NOCER EN PÈRE PENARD. S'amuser tout seul. Faire un bon dîner ou une orgie seul. L'expression est usitée surtout dans le quartier Saint-Antoine.
· NOIRE-FONTAINE. Encrier. Argot des élèves de l'École de Saint-Cyr.
· NOIX (Être dans la). Avoir de la chance, être heureux. Un boucher aurait lancé cette expression, d'ailleurs peu usitée, que cela ne serait point surprenant. Le gîte à la noix n'est-il pas un des meilleurs morceaux du bœuf et ne recommandez-vous pas à votre cuisinière de vous choisir un morceau dans la noix? Être dans la noix a donc tout d'abord et naturellement signifié ce qui est bon, puis a dévié peu à peu de ce sens pour prendre celui que nous indiquons. «Quinze cent louis de bénéfice! Très pur! Vous êtes dans la noix, dites, alors? Donnez-moi un cheval. Soyez assez blêche pour me prendre dix louis du gagnant?» (Vie parisienne, juin 1884).
· NOUNE. Argot du bagne. Receleur qui suit le voleur à la tire et reçoit la camelotte à mesure que son associé opère. (V. Humbert: Mon bagne.)
· NOURRIR. En argot de Bourse, «nourrir des titres c'est les conserver de liquidation en liquidation en les faisant reporter. On paye les différences, les reports, les courtages, on nourrit. A force de nourrir, on arrive même quelquefois à en mourir de faim.—X... nourrit deux cents Lombards depuis le mois de juin et Y... cinq mille Italiens—il ne faut pas prendre l'expression au pied de la lettre». (Don Quichotte, 1884.)
· NOURRISSEUR. Voleur qui dévalise les appartements dont les maîtres sont en voyage. La banlieue de Paris est pendant l'hiver infestée de nourrisseurs qui déménagent les villas.
· NOURRISSON. Argot des employés de la Banque de France qui désignent ainsi le négociant gêné qui ne demande que du temps pour rétablir son crédit et auquel un banquier a prêté de l'argent.
· NOVEMBRE 33 (Un). Officier à cheval sur tous les règlements militaires dont la loi fondamentale est celle du 2 novembre 1833; et aussi, en terme de pension, un ragoût qui contient toute espèce de choses, sans doute parce que le règlement de 1833 prévoyait tous les cas du métier militaire. (Merlin: La langue verte du troupier.)
· NUAGE. C'est, croyons-nous, le mot le plus récent usité dans le langage populaire pour désigner la tournure, cet objet de toilette que portent les femmes autour de leurs reins de façon à faire bouffer la robe. Pourquoi nuage? me demanderez-vous. Les irrévérencieux vous répondront: Parce qu'il cache la lune.
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