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- John Strobbins, le détective-cambrioleur - José Moselli (1882 – 1941)
- Le radium du professeur Gordon - José Moselli (1882 – 1941)
Le radium du professeur Gordon - José Moselli (1882 – 1941)
Ce jour-là, une assistance de choix se pressait dans la salle d’honneur du National Institute of Biology, de Washington : sept milliardaires, trois anciens ministres, deux lords anglais, ainsi qu’une pléiade de savants illustres s’y entassaient en compagnie de nombreux sénateurs et millionnaires de moindre importance : le savant professeur Isaac Allan Gordon devait, au cours d’une conférence, énoncer ses dernières découvertes sur le radium.
Allan Gordon, un des plus grands chimistes des deux mondes, était célèbre par ses découvertes. C’est dire que la séance promettait d’être intéressante.
Une salve de hourras et d’applaudissements le salua dès son apparition.
Le savant, glabre et sévère, attendit un instant que les acclamations eussent pris fin, posa tranquillement son chapeau près de lui et sortit de sa poche un mince étui d’or qu’il plaça sur la chaise.
— Ladies and gentlemen, dit-il d’une voix glaciale, je vais avoir l’honneur de vous parler des différentes applications dont, grâce à moi, le radium est susceptible…
« Auparavant, je vais vous faire voir quelques parcelles de ce précieux métal que beaucoup d’entre vous ignorent : cette minuscule boîte d’or en contient six grammes ; c’est la plus grande quantité qui ait jamais été réunie !…
« Il y en a pour plus de cent cinquante mille dollars !…
« Vous pouvez vous approcher !…
Une dizaine de personnes : trois hommes et sept femmes, profitèrent de cette invitation et s’approchèrent de la chaire.
Curieusement, ils se penchèrent sur la minuscule boîte d’or ; elle était ouverte et contenait quelques fragments d’une matière grisâtre…
Il y eut quelques exclamations d’étonnement : ce n’était que cela !
Mais, peu à peu, la curiosité s’emparait du reste de l’assistance et, autour de la précieuse boîte, le nombre de ceux qui voulaient voir augmentait.
Samuel Clapham, le roi du cuir, s’approcha du professeur Allan Gordon et dit :
— Alors, vraiment, cette petite chose-là vaut cent cinquante mille dollars ? C’est donc si rare ?
Le savant entreprit aussitôt d’expliquer à son riche interlocuteur, les causes de la cherté du précieux métal.
Mais il avait à peine commencé sa démonstration, qu’une dame, énervée de ne rien voir, s’écria :
— Où est-il ce radium ?… je voudrais bien l’apercevoir moi aussi…
Allan Gordon baissa les yeux vers le groupe de curieux massé autour de sa chaire. Ceux-ci discutaient paisiblement sur les mérites du mystérieux métal. Le savant s’écria :
— Gentlemen, faites donc passer la boîte à cette dame…
Les curieux se regardèrent. Il y eut un instant de silence, et vingt voix dirent :
— Je ne l’ai pas !
— Moi, non plus !
Légèrement agacé, Allan Gordon répéta en haussant la voix :
— Gentlemen, remettez le radium ici : il ne doit pas bouger de mon bureau !
Mais personne ne bougea et tout le monde se regarda…
Allan Gordon commença à concevoir de l’inquiétude :
— Gentlemen, dit-il, c’est une mauvaise plaisanterie !… Que celui qui détient le radium me le rende… Je ne suis pas venu ici pour m’amuser !
De nouveau, ses interlocuteurs se regardèrent : évidemment, ils étaient sincères. Mais où était la précieuse boîte ?
— Il faut que ce radium se retrouve, gentlemen ! fit Allan Gordon qui avait pâli : il appartient au sénateur Cornélius Vandersnack qui l’a mis à ma disposition pour mes expériences !
Qu’importait à l’assistance ! Hommes et femmes, en proie à la plus grande stupéfaction, se demandaient quel pouvait bien être le voleur. Mais personne ne bougeait.
Après avoir laissé passer quelques minutes, Allan Gordon s’écria :
— Ladies and gentlemen, je vous demande pardon ; mais je vais appeler la police : il faut que le radium se retrouve !
Et, sur ces paroles, l’illustre savant fit signe à un des appariteurs postés aux portes du Hall et lui ordonna d’aller quérir quatre détectives ; puis, tandis que l’homme obéissait, Allan Gordon, redevenu impassible, s’assit et se croisa les bras sans s’occuper de l’agitation de l’assistance.
Bientôt, par une des portes du Hall, les quatre détectives firent leur apparition.
En quelques mots, le savant les mit au courant des circonstances dans lesquelles avait disparu la boîte de radium. Les détectives, ayant fait garder les portes du Hall, commencèrent immédiatement leurs recherches. Les moindres recoins de l’immense vaisseau furent visités. Mais en vain.
Une conclusion s’imposait : la boîte de radium avait été volée !
Mais, par qui ? La situation sociale des membres de l’assistance les mettait au-dessus de tout soupçon. Pourtant ?
Le cas était grave et angoissant ! Un des détectives sortit du Hall et s’en fut au prochain téléphone demander des instructions au chef de la Sûreté de Washington. Celui-ci, n’osant prendre sur lui de faire fouiller les invités d’Allan Gordon, en référa à l’attorney général qui, après réflexion, lui donna l’ordre de « faire le nécessaire ».
Faire le nécessaire ?… Tout allait bien !
Dix minutes plus tard, trois femmes attachées à la police arrivaient au National Institute of Biology.
Malgré leurs protestations indignées, malgré leurs menaces, hommes et femmes, milliardaires, lords, savants et sénateurs, durent se soumettre l’un après l’autre à une fouille humiliante et soigneuse.
Cette fouille, d’ailleurs, fut vaine et, la rage au cœur, le professeur Allan Gordon dut faire des excuses qui ne furent pas acceptées.
À nouveau, le Hall fut exploré jusque dans ses moindres recoins. On ne trouva rien.
Et Allan Gordon dut se résigner à ne plus jamais revoir ses six grammes de radium.
Le lendemain de ce jour fatal pour lui, le professeur Allan Gordon, jaune et vieilli par la rage éprouvée, reposait mélancoliquement dans un fauteuil de salon, lorsque son valet de chambre lui fit passer une carte portant ces mots :
MARK BROOKS
Ingénieur.
Nerveusement, Gordon froissa l’élégant bristol et grogna :
— Dites à ce gentleman que je n’ai pas changé d’avis ! Inutile d’insister !
Le domestique s’inclina et sortit. Il revint quelques instants plus tard, et dit :
— Ce gentleman désire faire à monsieur une communication de la plus haute importance ! Il m’a dit d’insister…
— C’est bien, faites-le entrer !
… Par la porte entr’ouverte, quelques instants après, Mark Brooks parut. C’était un élégant jeune homme paraissant la trentaine. Il salua avec aisance et dit :
— Sommes-nous bien à l’abri des oreilles indiscrètes, mister Gordon ?
— Oui !… Vous n’avez qu’à tirer le verrou de la porte par où vous êtes entré : c’est la seule issue de la pièce !
— Bien merci !
Et Mark Brooks, souriant, alla effectuer l’opération indiquée. Puis, bien que son hôte ne l’en ait pas prié, il tira une chaise à lui et s’assit.
Allan Gordon grogna :
— Qu’avez-vous à me dire de si intéressant ? Si c’est pour la même chose qu’hier, inutile : je ne me déplace jamais, surtout pour aller à la Nouvelle-Orléans ! Je vous écoute !
— Merci… Mais je vous demande de m’écouter avec patience : j’ai, en effet, quelque chose de la plus haute importance à vous communiquer. Il s’agit d’un marché entre nous…
— Mais…
— Vous m’avez dit que vous m’écoutiez… Donc !… Hier matin, je vins vous voir pour vous prier de partir aussitôt pour la Nouvelle-Orléans afin d’y donner vos soins à miss Charlotte Gladden, ma fiancée, qui est gravement malade à la suite de la morsure d’un serpent…
— Je regrette…
— Je sais… Vous seul, grâce à votre science des poisons, vous pouvez la sauver : cela m’a été dit partout… Sinon, cette malheureuse jeune fille est condamnée a une mort lente et atroce…
— À mon âge, les déplacements sont pénibles, je vous l’ai dit : n’insistez pas ! fit Allan Gordon d’une voix glaciale.
— Je n’insiste pas, je vais même vous parler d’autre chose : par exemple, des six grammes de radium qui vous ont été dérobés hier par un de mes amis !
— Hein ! Que dites-vous, monsieur ?
— Oh ! vous m’avez parfaitement compris : je dis que c’est un de mes amis qui vous a dérobé hier la boîte de radium ; c’est clair, je suppose !
— Je vais vous faire arrêter, monsieur !
— Et après ? Je ne suis pas responsable de mes amis, peut-être ? Ce serait trop facile !
— Je commence à comprendre…
— Vous êtes un homme fort !… Alors, pas besoin d’explication : vous partez dans une heure pour la Nouvelle-Orléans ! Il y a un train à dix heures quinze, très confortable, et une fois ma fiancée sauvée, je vous fais parvenir votre radium… plus une somme de dix mille dollars pour votre dérangement. Sinon…
— Sinon…
— Vous suivrez de très près, miss Charlotte Gladden dans un monde meilleur où elle n’aura plus besoin de vos soins, ni vous de radium !
Allan Gordon lança un rapide regard autour de lui. En deux secondes, sa résolution fut prise : feindre d’accepter et, aussitôt dehors, arrêter Mark Brooks !
— C’est bien, monsieur, dit-il, je suis à votre disposition ; le temps de me mettre en habits de voyage, et je suis à vous !
— Faites donc, je vous en prie ! lit Mark Brooks.
Et, tirant de sa poche un étui d’or serti de pierres précieuses, il y prit une cigarette qu’il alluma d’un geste élégant.
— Ah ! j’oubliais, dit-il à Allan Gordon au moment où celui-ci se dirigeait vers la porte : n’essayez pas de me faire arrêter : cela vous coûterait fort cher…
Le professeur Allan Gordon était un homme positif : il eut un haussement d’épaules dédaigneux, et, après avoir ouvert la porte, disparut, laissant Mark Brooks seul.
Arrivé dans sa chambre à coucher, le savant passa lentement un habit de voyage. Il réfléchit : à coup sûr, le mystérieux Mark Brooks n’avait pas le morceau de radium sur lui. Alors, comment le faire arrêter ? Sur quelles preuves ?
C’était folie !
D’autre part, Allan Gordon tenait énormément à rentrer en possession de ses six grammes de radium : ils allaient lui servir à tenter d’intéressantes expériences. S’il ne parvenait pas à remettre la main sur le précieux métal, bien des années s’écouleraient avant qu’il ait réuni une aussi grande quantité de radium, s’il y parvenait jamais !
Ce raisonnement inclina le savant à la prudence. Il se résolut à accepter le marché de son visiteur.
Ayant coiffé sa tête d’un léger chapeau de panama, il rejoignit Mark Brooks qui fumait béatement, et dit :
— Je suis à votre disposition, monsieur !
— Vous êtes bien aimable !… Mais vous me permettrez de vous donner un bon conseil : les nuits sont excessivement froides en Louisiane, aussi, il serait de votre intérêt de vous munir d’un chapeau de feutre !
— Comme il vous plaira ! grogna le savant, et il alla prendre un chapeau haut de forme dont il se coiffa.
Mark Brooks s’était levé ; il tira de sa poche un admirable chronomètre d’or ciselé le consulta et dit :
— Partons, mister, nous avons juste le temps !
Sans répondre, Allan Gordon suivit Mark Brooks et sortit. Un cab, retenu par l’ingénieur, attendait devant la porte de la maison :
— À la gare du Central Southern Railroad ! et vite ! commanda Mark Brooks en montant derrière le savant.
Le véhicule, lancé à toute vitesse, fila à travers les rues encombrées, et, en quelques minutes, arriva devant la gare.
Les deux hommes en descendirent. Allan Gordon, machinalement, se dirigea vers la salle où se vendaient les tickets :
— Inutile, cher monsieur, fit Mark Brooks en le retenant, et il ajouta avec un sourire : j’ai pris nos billets à l’avance ; nous n’avons qu’à monter dans le train.
La rage d’Allan Gordon augmenta ; ainsi l’ingénieur avait prévu qu’il accepterait !
— Vous permettez, ajouta Mark Brooks, je vais télégraphier notre prochaine arrivée !
Allan Gordon, sans répondre, grimpa dans un wagon où Mark Brooks le rejoignit quelques minutes plus tard.
Pendant trois jours et trois nuits, les deux hommes roulèrent à quatre-vingts à l’heure sur les voies ferrées de l’Union. Mais, malgré les amabilités de Mark Brooks, Allan Gordon persista dans un mutisme glacial.
Enfin, le train stoppa à sept heures du soir en gare de la Nouvelle-Orléans ; les deux hommes en descendirent :
— Veuillez me suivre, monsieur le professeur ! fit Mark Brooks.
Et il entraîna son compagnon vers une luxueuse automobile qui attendait le long du trottoir.
— Eh bien ! Léo, comment va miss Gladden ? questionna Mark Brooks au chauffeur.
— Toujours dans le même état…
— Ah !… À la maison, vite !… Monsieur le professeur, veuillez prendre place !
Maussade, Allan Gordon obéit.
Mark Brooks s’assit à côté de lui et la splendide automobile démarra avec la vitesse et la rectitude d’une locomotive…
Quelques instants plus tard, elle s’arrêtait devant le jardin d’un petit cottage.
Mark Brooks sauta à terre, et d’un pas rapide, franchit la grille qu’un domestique tenait ouverte. Allan Gordon le suivait.
— Veuillez m’attendre un instant ! fit Mark Brooks après avoir conduit le savant dans un petit salon.
Le professeur s’inclina.
Mark Brooks, en quelques enjambées, arriva devant la porte d’une chambre et frappa. La porte s’ouvrit…
Maintenant, le jeune ingénieur avait quitté son masque jovial ; une pâleur livide lui blêmissait la figure et un tremblement nerveux agitait ses lèvres.
Il franchit la porte et se trouva dans une chambre à coucher au fond de laquelle, éclairé par une veilleuse électrique, se distinguait un lit. Une jeune fille, la figure rendue diaphane par la souffrance, les yeux ombrés d’un cercle violet, y reposait.
— Vous pouvez vous retirer ! fit Mark Brooks à la garde-malade qui était venue lui ouvrir.
La femme obéit.
Mark Brooks s’approcha du lit et, à sa vue, les yeux de la malade brillèrent : Mark Brooks – de son vrai nom, John Strobbins – était en présence de sa fiancée :
— Ma chère Charlotte, est-ce ainsi que je devais vous retrouver !
— Je suis heureuse d’être malade, Mark, puisque c’est grâce à ma maladie que je vous revois… Vous venez si peu souvent.
— Hélas ! mes affaires m’empêchent d’être ici comme je le voudrais… Mais vous allez être bientôt guérie, j’ai amené un médecin qui vous remettra rapidement sur pied !
— Non !... Tous les docteurs de la Nouvelle-Orléans sont venus ici depuis quatre jours ; ils n’y peuvent rien… Le venin du « Zigua » ne pardonne pas… Je vais mourir… Je suis heureuse de vous avoir revu… je craignais d’être partie avant…
— Chut ! fit Mark Brooks en dominant son émotion : je vais vous amener le médecin !
John Strobbins sortit de la chambre où il revint quelques instants plus tard, avec Allan Gordon.
Le célèbre chimiste, à la vue de la malade, avait tout oublié, sa rancune, le vol du radium et l’ennui d’être venu si loin. Il ne pensait plus qu’à la science.
Il examina immédiatement la plaie : miss Charlotte Gladden avait été piquée par un serpent « Zigua » un peu au-dessus de la cheville. Tout autour de la morsure, la peau était devenue noire ; la jambe entière était enflée et insensible.
Le savant hocha la tête et, pendant quelques minutes, resta plongé dans une profonde méditation :
— Ce ne sera rien, dit-il enfin à la jeune fille qui attendait anxieuse, avant huit jours vous serez remise !
Et, sur ces paroles, Allan Gordon salua la malade et sortit suivi de John Strobbins. Celui-ci, aussitôt hors de la chambre, s’écria :
— Est-ce la vérité, monsieur ? Y a-t-il de l’espoir ?
Allan Gordon eut un sourire amer… À son tour, il triomphait.
— Oui !… Je connais l’antidote du venin du « Zigua »… Je m’en vais le préparer… Je crois pouvoir répondre de la guérison !
Le cœur empli d’une joie immense, John Strobbins revint auprès de sa fiancée.
Allan Gordon n’avait pas menti. Le soir même, il fit à la malade des injections de son contre-poison, et, dix jours plus tard, Charlotte Gladden, encore un peu pâle eut la permission de se lever.
Tandis qu’elle s’habillait aidée d’une femme de chambre, John Strobbins rejoignit Allan Gordon dans un des salons de la villa.
— Voulez-vous mettre votre chapeau, monsieur le professeur, et venir avec moi dans le jardin, j’ai à vous parler affaires !
Impassible, Allan Gordon déféra à cette invitation, et suivit John Strobbins dans le jardin de la villa.
Dix heures du matin venaient à peine de sonner et un doux soleil filtrait à travers le feuillage. John Strobbins et Allan Gordon allèrent s’asseoir à l’ombre d’un buisson de bambous.
— Monsieur le professeur, dit John Strobbins, je tiens avant tout, à vous dire la profonde reconnaissance que m’inspire votre dévouement… Grâce à vous, ma fiancée vit !
« Je vais donc tenir ma promesse et vous faire rentrer en possession de vos six grammes de radium ! Ce sera vite fait. Il vous suffira de m’écouter sans m’interrompre !
— C’est ce que je fais, monsieur !
— Et je vous en remercie !… Le jour où je vins vous prier de venir ici soigner ma fiancée, vous refusâtes. Bien en vain, n’est-ce pas, on ne m’a jamais rien refusé !
« Alors, savez-vous ce que je fis ? J’allais simplement chez votre chapelier dont j’avais vu l’adresse imprimée au fond de vos chapeaux pendus dans votre antichambre… Arrivé chez ce commerçant, je lui fis fabriquer un chapeau semblable aux vôtres, mais pesant dix grammes de moins, et muni, sous un des rebords, d’une cachette… Vous commencez à comprendre ?
« Muni de ce chapeau, je me rendis au National Institut of Biology où vous donniez votre conférence… Je vous subtilisai, assez élégamment, n’est-ce pas ? votre boîte de radium et l’insérai dans mon chapeau que je changeai ensuite avec le vôtre !
— Mais… mais, s’écria Allan Gordon, alors le radium est dans mon propre chapeau !
— Parfaitement ! celui-là même que vous avez sur la tête ! C’est pour cela que j’ai tenu à ce que vous l’emportiez !
… D’un geste brusque, Allan Gordon, cramoisi, se décoiffa. Il examina son chapeau et aperçut un renflement dans une des ailes ; nerveusement, il arracha l’étoffe et aperçut la minuscule boîte d’or contenant les sels de radium…
Pendant un instant, le savant, stupéfait et joyeux, resta en contemplation devant son bien retrouvé. Enfin, il s’écria :
— Merci, monsieur… Vous êtes un homme fort… et, j’avoue que j’ai eu tort, par égoïsme, de refuser à venir sauver votre fiancée… J’en ai été bien puni… Enfin, nous sommes quittes !
— Oui, mais avec cela !
Et John Strobbins, s’étant levé, tendit au savant une chèque de dix mille dollars en ajoutant :
— Chose promise, chose due… Et c’est moi qui suis votre obligé, monsieur le professeur !
Un peu humilié, le savant saisit l’enveloppe. Somme toute, on lui devait des honoraires !
— Je vous remercie, monsieur… Miss Gladden est guérie… Vous me permettrez donc de me retirer !
— Comme il vous plaira ! répondit John Strobbins, et il accompagna le savant jusqu’à la grille de la villa.
Celui-ci sortit, salua une dernière fois, et s’achemina vers la gare.
John Strobbins revint vers la villa : au détour d’une allée, il aperçut Charlotte Gladden, toute rose, qui venait vers lui, à petits pas, un sourire aux lèvres.
Alors il se sentit payé de toutes ses peines. - FIN
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