BIBLIOBUS Littérature française

L’Amour ; La Poésie (1929)

 

 

Table des matières

 

  • PREMIÈREMENT
  • SECONDE NATURE
  • COMME UNE IMAGE
  • DÉFENSE DE SAVOIR
  • DÉFENSE DE SAVOIR

 

 

 

 

À Gala

Ce livre sans fin

PREMIÈREMENT

I

 

À haute voix

L’amour agile se leva

Avec de si brillants éclats

Que dans son grenier le cerveau

Eut peur de tout avouer.

 

À haute voix

Tous les corbeaux du sang couvrirent

La mémoire d’autres naissances

Puis renversés dans la lumière

L’avenir roué de baisers.

 

Injustice impossible un seul être est au monde

L’amour choisit l’amour sans changer de visage.

II

 

Ses yeux sont des tours de lumière

Sous le front de sa nudité.

 

À fleur de transparence

Les retours de pensées

Annulent les mots qui sont sourds.

 

Elle efface toutes les images

Elle éblouit l’amour et ses ombres rétives

Elle aime – elle aime à s’oublier.

III

 

Les représentants tout puissants du désir

Des yeux graves nouveau-nés

Pour supprimer la lumière

L’arc de tes seins tendu par un aveugle

Qui se souvient de tes mains

Ta faible chevelure

Est dans le fleuve ignorant de ta tête

Caresses au fil de la peau

 

Et ta bouche qui se tait

Peut prouver l’impossible.

IV

 

Je te l’ai dit pour les nuages

Je te l’ai dit pour l’arbre de la mer

Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles

Pour les cailloux du bruit

Pour les mains familières

Pour l’œil qui devient visage ou paysage

Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur

Pour toute la nuit bue

Pour la grille des routes

Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert

Je te l’ai dit pour tes pensées pour tes paroles

Toute caresse toute confiance se survivent.

V

 

Plus c’était un baiser

Moins les mains sur les yeux

Les halos de la lumière

Aux lèvres de l’horizon

Et des tourbillons de sang

Qui se livraient au silence.

VI

 

Toi la seule et j’entends les herbes de ton rire

Toi c’est ta tête qui t’enlève

Et du haut des dangers de mort

Sous les globes brouillés de la pluie des vallées

Sous la lumière lourde sous le ciel de terre

Tu enfantes la chute.

 

Les oiseaux ne sont plus un abri suffisant

Ni la paresse ni la fatigue

Le souvenir des bois et des ruisseaux fragiles

Au matin des caprices

Au matin des caresses visibles

Au grand matin de l’absence la chute.

 

Les barques de tes yeux s’égarent

Dans la dentelle des disparitions

Le gouffre est dévoilé aux autres de l’éteindre

Les ombres que tu crées n’ont pas droit à la nuit.

VII

 

La terre est bleue comme une orange

Jamais une erreur les mots ne mentent pas

Ils ne vous donnent plus à chanter

Au tour des baisers de s’entendre

Les fous et les amours

Elle sa bouche d’alliance

Tous les secrets tous les sourires

Et quels vêtements d’indulgence

À la croire toute nue.

 

Les guêpes fleurissent vert

L’aube se passe autour du cou

Un collier de fenêtres

Des ailes couvrent les feuilles

Tu as toutes les joies solaires

Tout le soleil sur la terre

Sur les chemins de ta beauté.

VIII

 

Mon amour pour avoir figuré mes désirs

Mis tes lèvres au ciel de tes mots comme un astre

Tes baisers dans la nuit vivante

Et le sillage de tes bras autour de moi

Comme une flamme en signe de conquête

Mes rêves sont au monde

Clairs et perpétuels.

 

Et quand tu n’es pas là

Je rêve que je dors je rêve que je rêve.

IX

 

Où la vie se contemple tout est submergé

Monté les couronnes d’oubli

Les vertiges au cœur des métamorphoses

D’une écriture d’algues solaires

L’amour et l’amour.

 

Tes mains font le jour dans l’herbe

Tes yeux font l’amour en plein jour

Les sourires par la taille

Et tes lèvres par les ailes

Tu prends la place des caresses

Tu prends la place des réveils.

X

 

Si calme la peau grise éteinte calcinée

Faible de la nuit prise dans ses fleurs de givre

Elle n’a plus de la lumière que les formes.

 

Amoureuse cela lui va bien d’être belle

Elle n’attend pas le printemps.

 

La fatigue la nuit le repos le silence

Tout un monde vivant entre des astres morts

La confiance dans la durée

Elle est toujours visible quand elle aime.

XI

 

Elle ne sait pas tendre des pièges

Elle a les yeux sur sa beauté

Si simple si simple séduire

Et ce sont ses yeux qui l’enchaînent

Et c’est sur moi qu’elle s’appuie

Et c’est sur elle qu’elle jette

Le filet volant des caresses.

XII

 

Le mensonge menaçant les ruses dures et glissantes

Des bouches au fond des puits des yeux au fond des nuits

Et des vertus subites des filets à jeter au hasard

Les envies d’inventer d’admirables béquilles

Des faux des pièges entre les corps entre les lèvres

Des patiences massives des impatiences calculées

Tout ce qui s’impose et qui règne

Entre la liberté d’aimer

Et celle de ne pas aimer

Tout ce que tu ne connais pas.

XIII

 

Amoureuse au secret derrière ton sourire

Toute nue les mots d’amour

Découvrent tes seins et ton cou

Et tes hanches et tes paupières

Découvrent toutes les caresses

Pour que les baisers dans tes yeux

Ne montrent que toi tout entière.

XIV

 

Le sommeil a pris ton empreinte

Et la colore de tes yeux.

XV

 

Elle se penche sur moi

Le cœur ignorant

Pour voir si je l’aime

Elle a confiance elle oublie

Sous les nuages de ses paupières

Sa tête s’endort dans mes mains

Où sommes-nous

Ensemble inséparables

Vivants vivants

Vivant vivante

Et ma tête roule en ses rêves.

XVI

 

Bouches gourmandes des couleurs

Et les baisers qui les dessinent

Flamme feuille l’eau langoureuse

Une aile les tient dans sa paume

Un rire les renverse.

XVII

 

D’une seule caresse

Je te fais briller de tout ton éclat.

XVIII

 

Bercée de chair frémissante pâture

Sur les rives du sang qui déchirent le jour

Le sang nocturne l’a chassée

Échevelée la gorge prise aux abus de l’orage

Victime abandonnée des ombres

Et des pas les plus doux et des désirs limpides

Son front ne sera plus le repos assuré

Ni ses yeux la faveur de rêver de sa voix

Ni ses mains les libératrices.

 

Criblée de feux criblée d’amour n’aimant personne

Elle se forge des douleurs démesurées

Et toutes ses raisons de souffrir disparaissent.

XIX

 

Une brise de danses

Par une route sans fin

Les pas des feuilles plus rapides

Les nuages cachent ton ombre.

 

La bouche au feu d’hermine

À belles dents le feu

Caresse couleur de déluge

Tes yeux chassent la lumière.

 

La foudre rompt l’équilibre

Les fuseaux de la peur

Laissent tomber la nuit

Au fond de ton image.

XX

 

L’aube je t’aime j’ai toute la nuit dans les veines

Toute la nuit je t’ai regardée

J’ai tout à deviner je suis sûr des ténèbres

Elles me donnent le pouvoir

De t’envelopper

De t’agiter désir de vivre

Au sein de mon immobilité

Le pouvoir de te révéler

De te libérer de te perdre

Flamme invisible dans le jour.

 

Si tu t’en vas la porte s’ouvre sur le jour

Si tu t’en vas la porte s’ouvre sur moi-même.

XXI

 

Nos yeux se renvoient la lumière

Et la lumière le silence

À ne plus se reconnaître

À survivre à l’absence.

XXII

 

Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin

Ciel dont j’ai dépassé la nuit

Plaines toutes petites dans mes mains ouvertes

Dans leur double horizon inerte indifférent

Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin

Je te cherche par delà l’attente

Par delà moi-même

Et je ne sais plus tant je t’aime

Lequel de nous deux est absent.

XXIII

 

Voyage du silence

De mes mains à tes yeux

 

Et dans tes cheveux

Où des filles d’osier

S’adossent au soleil

Remuent les lèvres

Et laissent l’ombre à quatre feuilles

Gagner leur cœur chaud de sommeil.

XXIV

 

L’habituelle

Joue bonjour comme on joue l’aveugle

L’amour alors même qu’on y pense à peine

Elle est sur le rivage et dans tous les bras

Toujours

Les hasards sont à sa merci

Et les rêves des absents

Elle se sait vivante

Toutes les raisons de vivre.

XXV

 

Je me suis séparé de toi

Mais l’amour me précédait encore

Et quand j’ai tendu les bras

La douleur est venue s’y faire plus amère

Tout le désert à boire

 

Pour me séparer de moi-même.

XXVI

 

J’ai fermé les yeux pour ne plus rien voir

J’ai fermé les yeux pour pleurer

De ne plus te voir.

 

Où sont tes mains et les mains des caresses

Où sont tes yeux les quatre volontés du jour

Toi tout à perdre tu n’es plus là

Pour éblouir la mémoire des nuits.

 

Tout à perdre je me vois vivre.

XXVII

 

Les corbeaux battent la campagne

La nuit s’éteint

Pour une tête qui s’éveille

Les cheveux blancs le dernier rêve

Les mains se font jour de leur sang

De leurs caresses

 

Une étoile nommée azur

Et dont la forme est terrestre

 

Folle des cris à pleine gorge

Folle des rêves

Folle aux chapeaux de sœur cyclone

 

Enfance brève folle aux grands vents

Comment ferais-tu la belle la coquette

 

Ne rira plus

L’ignorance, l’indifférence

Ne révèlent pas leur secret

Tu ne sais pas saluer à temps

Ni te comparer aux merveilles

Tu ne m’écoutes pas

Mais ta bouche partage l’amour

Et c’est par ta bouche

Et c’est derrière la buée de nos baisers

Que nous sommes ensemble.

XXVIII

 

Rouge amoureuse

Pour prendre part à ton plaisir

Je me colore de douleur.

 

J’ai vécu tu fermes les yeux

Tu t’enfermes en moi

Accepte donc de vivre.

 

Tout ce qui se répète est incompréhensible

Tu nais dans un miroir

Devant mon ancienne image.

XXIX

 

Il fallait bien qu’un visage

Réponde à tous les noms du monde.

SECONDE NATURE

I

 

À genoux la jeunesse à genoux la colère

L’insulte saigne menace ruines

Les caprices n’ont plus leur couronne les fous

Vivent patiemment dans le pays de tous.

 

Le chemin de la mort dangereuse est barré

Par des funérailles superbes

L’épouvante est polie la misère a des charmes

Et l’amour prête à rire aux innocents obèses.

 

Agréments naturels éléments en musique

Virginités de boue artifices de singe

Respectable fatigue honorable laideur

Travaux délicieux où l’oubli se repaît.

 

La souffrance est là par hasard

Et nous sommes le sol sur quoi tout est bâti

Et nous sommes partout

Où se lève le ciel des autres

 

Partout où le refus de vivre est inutile.

II

 

Toutes les larmes sans raison

Toute la nuit dans ton miroir

La vie du plancher au plafond

Tu doutes de la terre et de ta tête

Dehors tout est mortel

Pourtant tout est dehors

Tu vivras de la vie d’ici

Et de l’espace misérable

Qui répond à tes gestes

Qui placarde tes mots

Sur un mur incompréhensible

 

Et qui donc pense à ton visage ?

III

 

La solitude l’absence

Et ses coups de lumière

Et ses balances

N’avoir rien vu rien compris

 

La solitude le silence

Plus émouvant

Au crépuscule de la peur

Que le premier contact des larmes

 

L’ignorance l’innocence

La plus cachée

La plus vivante

Qui met la mort au monde.

IV

 

À droite je regarde dans les plus beaux yeux

À gauche entre les ailes aveugles de la peur

À droite à jour avec moi-même

À gauche sans raison aux sources de la vie.

 

J’écoute tous les mots que j’ai su inspirer

Et qui ne sont plus à personne

Je partage l’amour qui ne me connaît pas

Et j’oublie le besoin d’aimer.

 

Mais je tourne la tête pour reprendre corps

Pour nourrir le souci mortel d’être vivant

La honte sur un fond de grimaces natales.

V

 

En l’honneur des muets des aveugles des sourds

À la grande pierre noire sur les épaules

Les disparitions du monde sans mystère.

 

Mais aussi pour les autres à l’appel des choses par leur nom

La brûlure de toutes les métamorphoses

La chaîne entière des aurores dans la tête

Tous les cris qui s’acharnent à briser les mots

 

Et qui creusent la bouche et qui creusent les yeux

Où les couleurs furieuses défont les brumes de l’attente

Dressent l’amour contre la vie les morts en rêvent

Les bas-vivants partagent les autres sont esclaves

De l’amour comme on peut l’être de la liberté.

VI

 

La vie est accrochée aux armes menaçantes

Et c’est elle qui tue tout ce qui l’a comprise

Montre ton sang mère des miroirs

Ressemblance montre ton sang

Que les sources des jours simples se dessèchent

De honte comme des crépuscules.

VII

 

L’ignorance à chanter la nuit

Où le rire perd ses couleurs

Où les déments qui le dévorent

S’enivrent d’une goutte de sang

Rayonnante dans des glacières.

 

Les grands passages de la chair

Entre les os et les fatigues

Au front la mort à petit feu

Et les vitres vides d’alcool

Frémissent comme l’oiseau de tête.

 

Le silence a dans la poitrine

Tous les flambeaux éteints du cœur.

Parmi les astres de mémoire

Les plaines traînent des orages

Et les baisers se multiplient

 

Dans les grands réflecteurs des rêves.

VIII

 

Les ombres blanches

Les fronts crevés des impuissances

Devant des natures idiotes

Des grimaces de murs

Le langage du rire

Et pour sauver la face

Les prisonniers de neige fondent dans leur prison

La face où les reflets des murs

Creusent l’habitude de la mort.

IX

 

Les yeux brûlés du bois

Le masque inconnu papillon d’aventure

Dans les prisons absurdes

Les diamants du cœur

Collier du crime.

 

Des menaces montrent les dents

Mordent le rire

Arrachent les plumes du vent

Les feuilles mortes de la fuite.

 

La faim couverte d’immondices

Étreint le fantôme du blé

La peur en loques perce les murs

Des plaines pâles miment le froid.

 

Seule la douleur prend feu.

X

 

Les oiseaux maintenant volent de leurs propres ombres

Les regards n’ont pas ce pouvoir

Et les découvertes ont beau jeu

L’œil fermé brûle dans toutes les têtes

L’homme est entre les images

Entre les hommes

Tous les hommes entre les hommes.

XI

 

Aux grandes inondations de soleil

Qui décolorent les parfums

Aux confins des saisons magiques

Aux soleils renversés

Beaux comme des gouttes d’eau

Les désirs se dédoublent

Voici qu’ils ont choisi

Les tortures les plus contraires

Visage admirable tout nu

Ridicule refusé comme rebelle

Dépaysé,

Tournure secrète

Chemins de chair et ciel de tête

Et toi complice misérable

Avec des larmes entre les feuilles

Et ce grand mur que tu défends

Pour rien

Parce que tu croiras toujours

Avoir fait le mal par amour

Ce grand mur que tu défends

Inutilement.

 

Sous les paupières dans les chevelures

Je berce celles qui pensent à moi,

Elles ont changé d’attitude

Depuis les temps vulgaires

Elles ont leur part de refus sur les bras

Les caresses n’ont pas délivré leur poitrine

Leurs gestes je les règle en leur disant adieu

Le souvenir de mes paroles exige le silence

Comme l’audace engage toute la dignité.

 

Entendez-moi

Je parle pour les quelques hommes qui se taisent

Les meilleurs.

XII

 

Sonnant les cloches du hasard à toute volée

Ils jouèrent à jeter les cartes par la fenêtre

Les désirs du gagnant prirent corps d’horizon

Dans le sillage des délivrances.

 

Il brûla les racines les sommets disparurent

Il brisa les barrières du soleil des étangs

Dans les plaines nocturnes le feu chercha l’aurore

Il commença tous les voyages par la fin

Et sur toutes les routes

 

Et la terre devint à se perdre nouvelle.

XIII

 

Pour voir se reproduire le soupçon des tombeaux

On ne s’embrasse plus la souffrance s’anime

Poitrine comme un incendie bien isolé vaincu

Le feu ne connaît plus son semblable qui dort

Il prend les ciseaux des jours et des nuits par la main

Il descend sur les branches les plus basses

Il tombe il a sur terre les débris d’une ombre.

XIV

 

Le piège obscur des hontes

Avec entre les doigts les brûlures du jour

 

Aussi loin que l’amour

 

Mais tout est semblable

Sur la peau d’abondance.

XV

 

Danseur faible qui dans les coins

Avance sa poitrine étroite

Il perd haleine il est dans un terrier

La nuit lui lèche les vertèbres

La terre mord son destin

Je suis sur le toit

Tu n’y viendras plus.

XVI

 

Ni crime de plomb

Ni justice de plume

Ni vivante d’amour

Ni morte de désir.

 

Elle est tranquille indifférente

Elle est fière d’être facile

Les grimaces sont dans les yeux

Des autres ceux qui la remuent.

 

Elle ne peut pas être seule

Elle se couronne d’oubli

Et sa beauté couvre les heures

Qu’il faut pour n’être plus personne.

 

Elle va partout fredonnant

Chanson monotone inutile

La forme de son visage.

XVII

 

Dignité symétrique vie bien partagée

Entre la vieillesse des rues

Et la jeunesse des nuages

Volets fermés les mains tremblantes de clarté

Les mains comme des fontaines

Et la tête domptée.

XVIII

 

Tristesse aux flots de pierre.

 

Des lames poignardent des lames

Des vitres cassent des vitres

Des lampes éteignent des lampes

 

Tant de liens brisés.

 

La flèche et la blessure

L’œil et la lumière

L’ascension et la tête

 

Invisible dans le silence.

XIX

 

Les prisonniers ont envie de rire

Ils ont perdu les clefs de la curiosité

Ils chargent le désir de vivre

De chaînes légères

D’anciens reproches les réjouissent encore

La paresse n’est plus un mystère

L’indépendance est en prison.

XX

 

Ils n’animent plus la lumière

Ils ne jouent plus avec le feu,

Pendus au mépris des victoires

Et limitant tous leurs semblables

Criant l’orage à bras ouverts

Aveugles d’avoir sur la face

Tous les yeux comme des baisers

La face battue par les larmes

Ils ont capturé la peur et l’ennui

Les solitaires pour tous

Ont séduit le silence

Et lui font faire des grimaces

Dans le désert de leur présence.

XXI

 

Le tranquille fléau doublé de plaintes

Tourbillonne sur des nuques gelées

Autant de fleurs à patins

De baisers de buée.

Pour ce jet d’eau que les fièvres

Couronnent du feu des larmes

L’agonie du plus haut désir

Nouez les rires aux douleurs

Nouez les pillards aux vivants

Supplices misérables

Et la chute contre le vertige.

XXII

 

Le soleil en éveil sur la face crispée

De la mer barre toute et toute bleue

Sur un homme au grand jour sur l’eau qui se dérobe

Des nuées d’astres mûrs leur sens et leur durée

Soulèvent ses paupières à bout de vivre exténuées.

 

D’immortelles misères pour violer l’ennui

Installent le repos sur un roc de fatigues

Le corps creux s’est tourné l’horizon s’est noué

Quelles lumières où les conduire le regard levé

Le front têtu bondit sur l’eau comme une pierre

Sur une voie troublée de sources de douleur

 

Et des rides toujours nouvelles le purifient.

COMME UNE IMAGE

I

 

Je cache les sombres trésors

Des retraites inconnues

Le cœur des forêts le sommeil

D’une fusée ardente

L’horizon nocturne

Qui me couronne

Je vais la tête la première

Saluant d’un secret nouveau

La naissance des images.

II

 

La présence de la lavande au chevet des malades

Son damier les races prudentes desséchées

Pour changer les jours de fête leur serrer le cœur

La main de tous les diables sur les draps.

 

Supplice compliqué la branche aux singes aux calembours

L’amitié la moitié la mère et la bannière

On tend la perche à la défaite

Les vieux sages ont leurs nerfs des grands jours.

 

Des lampes éteintes des lampes de bétel

Apparaissent au tournant d’un front

Puis la plante des têtes en série

Jumelles fil-à-fil et le sang bien coiffé

 

Soumises à la croissance.

III

 

Bouquet des sèves le brasier que chevauche le vent

Fumées en tête les armées de la prise du monde

L’écume des tourments aériens la présence

Les attaches du front le plus haut de la terre.

IV

 

Armure de proie le parfum noir rayonne

Les arbres sont coiffés d’un paysage en amande

Berceau de tous les paysages les clés les dés

Les plaines de soucis les montagnes d’albâtre

Les lampes de banlieue la pudeur les orages

Les gestes imprévus voués au feu

Les routes qui séparent la mer de ses noyés

Tous les rébus indéchiffrables.

 

La fleur de chardon construit un château

Elle monte aux échelles du vent

Et des graines à tête de mort.

Des étoiles d’ébène sur les vitres luisantes

Promettent tout à leurs amants

Les autres qui simulent

Maintiennent l’ordre de plomb.

 

Muet malheur de l’homme

Son visage petit matin

S’ouvre comme une prison

Ses yeux sont des têtes coupées

Ses doigts lui servent à compter

À mesurer à prendre à convaincre

Ses doigts savent le ligoter.

 

Ruine du public

Son émotion est en morceaux

Son enthousiasme à l’eau

Les parures suspendues aux terreurs de la foudre

Pâturages livides où des rochers bondissent

Pour en finir

Une tombe ornée de très jolis bibelots

Un voile de soie sur les lenteurs de la luxure

Pour en finir

Une hache dans le dos d’un seul coup.

 

Dans les ravins du sommeil

Le silence dresse ses enfants

Voici le bruit fatal qui crève les tympans

La poussiéreuse mort des couleurs

L’idiotie

Voici le premier paresseux

Et les mouvements machinaux de l’insomnie

L’oreille les roseaux à courber comme un casque

L’oreille exigeante l’ennemie oubliée dans la brume

Et l’inépuisable silence

Qui bouleverse la nature en ne la nommant pas

Qui tend des pièges souriants

Ou des absences à faire peur

Brise tous les miroirs des lèvres.

 

En pleine mer dans des bras délicats

Aux beaux jours les vagues à toutes voiles

Et le sang mène à tout

C’est une place sans statue

Sans rameurs sans pavillon noir

Une place nue irisée

Où toutes les fleurs errantes

Les fleurs au gré de la lumière

Ont caché des féeries d’audace

C’est un bijou d’indifférence

À la mesure de tous les cœurs

Un bijou ciselé de rires

C’est une maison mystérieuse

Où des enfants déjouent les hommes.

 

Aux alentours de l’espoir

En pure perte

Le calme fait le vide.

V

 

Porte comprise

Porte facile

Une captive

Ou personne.

Des torrents décousus

Et des vaisseaux de sable

Qui font tomber les feuilles.

 

La lumière et la solitude.

 

Ici pour nous ouvrir les yeux

Seules les cendres bougent.

VI

 

Le hibou le corbeau le vautour

Je ne crois pas aux autres oiseaux

La plus lourde route s’est pendue

Toutes les tours à paysage au jeu des astres

Les ombres mal placées ravagées émiettées

Les arbres du soleil ont une écorce de fumée.

 

La vitre mue. Ma force me cahote

Me fait trébucher. Au loin des pièges de bétail

Et l’aimant des allées la ruse pour les éviter.

 

Bien entendu les enfants sont complices

Mains masquées les enfants éteignent les crêtes et les plumes

 

Candeur aux neuf rires de proie

L’opaque tremblement des ciseaux qui font peur

La nuit n’a jamais rien vu la nuit prend l’air.

 

Tous les baisers trouvaient la rive.

VII

 

Où mettez-vous le bec seul

Vos ailes qu’éveillent-elles seul

Des boules de mains le pouvoir absolu seul

Et le prestige des rapaces par-dessus seul

Ruines des ronces seul

L’œuf des mains enchantées inépuisables seul

Que les doigts fassent le signe du zéro seul

Les lambris des cascades l’eau tend la main seul

Au loin la neige et ses sanglots seul

La nuit fanée la terre absente seul.

VIII

 

Vous êtes chez moi. Suis-je chez moi ?

J’ai toute la place nécessaire

Pour qu’il n’y ait pas de spectacle

Chez moi.

Ailleurs la chaîne – les anneaux respirent –

Des dormeurs

Les arcs tendus de leurs poitrines

Au défi des chemins

Au hasard l’on entend frapper au hasard ou crier sans raison

Les ponts respirent

Et les baisers sont à l’image des reflets.

 

Au fond de la lumière

À la surface de leur lumière

Les yeux se ferment

Les berceaux – les paupières – des couleurs obscures

Les cloches de paille des étincelles

Le sable tire sa révérence

Aux cachettes des oasis.

Sans univers à ses pieds nus

L’oubli – le ciel – se met tout nu.

 

Les étoiles ont pris la place de la nuit

Il n’y a plus que des étoiles toutes les aubes

Et la naissance de toutes les saisons du sommeil

Le visage des mains inconnues qui se lient

Vies échangées toutes les découvertes

Pour animer les formes confondues

Claires ou closes lourdes ou toutes en tête

Pour dormir ou pour s’éveiller

Le front contre les étoiles.

IX

 

Révolte de la neige

Qui succombe bientôt frappée d’un seul coup d’ombre

Juste le temps de rapprocher l’oubli des morts

De faire pâlir la terre.

 

Aux marches des torrents

Des filles de cristal aux tempes fraîches

Petites qui fleurissent et faibles qui sourient

Pour faire la part de l’eau séduisent la lumière

 

Des chutes de soleil des aurores liquides

 

Et quand leurs baisers deviennent invisibles

Elles vont dormir dans la gueule des lions.

X

 

Mange ta faim entre dans cet œuf

Où le plâtre s’abat

Où l’arôme du sommeil

Paralyse l’ivresse.

Des bêtes en avance

Des bêtes matinales aux ailes transparentes

Se pavanent sur l’eau

Le loup-corail séduit l’épine-chevalière

Toutes les chevelures des îles

Recouvrent des grappes d’oiseaux

La fraise-rossignol chante son sang qui fume

Et les mouches éblouissantes

Rêvent d’une aube criblée d’étoiles

De glaçons et de coquillages.

 

Lourd le ciel coule à pic

Le ciel des morts sans reflets.

XI

 

Reflets racines dans l’eau calme

Des collines cavalières

Sous leur robe

L’infortune parle à son maître

Le sourd a des rages de troupeau

Comme un fagot de fouets

Veille des décors résignés

Les oiseaux sortent de la nuit

Avec des chansons de secours

Un coq de panique jaillit.

Des vignes de l’orage

Les vendanges sont faites

Sur son pupitre le front s’étale

Comme le froid sur le miroir des morts

Entre deux semblables

Le lourd naufrage du sommeil.

XII

 

Passage où la vue détourne d’un coup la pensée

Une ombre s’agrandit cherche son univers

Et tombe horizontalement

Dans le sens de la marche.

 

La verdure caresse les épaules de la rue

Le soir verse du feu dans des verres de couleur

Comme à la fête

Un éventail d’alcool.

 

Suspendue par la bouche aux délires livides

Une tête délicieuse et ses vœux ses conquêtes

Une bouche éclatante

Obstinée et toujours à son premier baiser.

 

Passage où la vie est visible.

XIII

 

Je sors des caves de l’angoisse

Des courbes lentes de la peur

Je tombe dans un puits de plumes

Pavots je vous retrouve

Sans y songer

Dans un miroir fermé

Vous êtes aussi beaux que des fruits

Et si lourds ô mes maîtres

Qu’il vous faut des ailes pour vivre

Ou mes rêves.

 

L’enfance reste chez elle

À rougir de ses devoirs

À mériter la vie

Avec ses jeux de toutes les couleurs

Ses cahiers tondus ses plumiers acides

Une main se ferme se pose

Les mains de l’enfant

Comme des grenouilles.

 

Mais voici que s’abat se dresse se dandine

La poussière arrogante

Sans carcasse toute de charmes

La toute pelée la curieuse

Un palais la salue la reçoit l’accompagne

Avec sa façade avec le grand livre d’origine

Avec les clefs qui sont une offense aux murailles

Les rideaux soulevés du sourire

À croire aussi que le triple dedans

N’est pas mesuré par les rides.

 

La plus petite course du lézard

Dément toutes les précautions

La plus petite mort du bois

Quand la hache casse le fil

Et délivre un oiseau

Le coup d’ailes de la surprise.

 

L’armature des rousses éclatante parure

Et ce mépris pour toutes les plantes souterraines

Pour bénir les poisons pour honorer les fièvres

Les sources sont couronnées d’ombre

Le corps partage ses conquêtes

Mais sa jeunesse est au secret.

 

Pavots renoncez-vous

Au dur trajet des graines.

XIV

 

À l’assaut des jardins

Les saisons sont partout à la fois

Passion de l’été pour l’hiver

Et la tendresse des deux autres

Les souvenirs comme des plumes

Les arbres ont brisé le ciel

Un beau chêne gâché de brume

La vie des oiseaux ou la vie des plumes

Et tout un panache frivole

Avec de souriantes craintes

Et la solitude bavarde.

DÉFENSE DE SAVOIR

I

 

Ma présence n’est pas ici

Je suis habillé de moi-même

Il n’y a pas de planète qui tienne

La clarté existe sans moi.

 

Née de ma main sur mes yeux

Et me détournant de ma voie

L’ombre m’empêche de marcher

Sur ma couronne d’univers

Dans le grand miroir habitable

Miroir brisé mouvant inverse

Où l’habitude et la surprise

Créent l’ennui à tour de rôle.

II

 

L’aventure est pendue au cou de son rival

L’amour dont le regard se retrouve ou s’égare

Sur les places des yeux désertes ou peuplées.

 

Toutes les aventures de la face humaine

Cris sans échos signes de morts temps hors mémoire

Tant de beaux visages si beaux

Que les larmes les cachent

Tant d’yeux aussi sûrs de leur nuit

Que des amants mourant ensemble

Tant de baisers sous roche et tant d’eau sans nuages

Apparitions surgies d’absences éternelles

Tout était digne d’être aimé

Les trésors sont des murs et leur ombre est aveugle

Et l’amour est au monde pour l’oubli du monde.

III

 

Accrochés aux désirs de vitesse

Et cernant de plomb les plus lents

Les murs ne se font plus face

Des êtres multiples des éventails d’êtres

Des êtres-chevelures

Dorment dans un reflet sanglant

Dans sa rage fauve

La terre montre ses paumes.

 

Les yeux se sont fermés

Parce que le front brûle

Courage nocturne diminuer l’ombre

De moitié miroir de l’ombre

Moitié du monde la tête tombe

Entre le sommeil et le rêve.

IV

 

Il fait toujours nuit quand je dors

Nuit supposée imaginaire

Qui ternit au réveil toutes les transparences

La nuit use la vie mes yeux que je délivre

N’ont jamais rien trouvé à leur puissance.

V

 

Les hommes errants plus forts que les nains habituels

Ne se rencontrent pas. L’on raconte

Qu’ils se dévoreraient. La force de la force

Carcasses de connaissances carcasses d’ânes

Toujours rôdant dans les cerveaux et dans les chairs

Vous êtes bien téméraires dans vos suppositions.

 

Savante dégradation des blancs

Au ventre à table tout le matériel nécessaire

L’espoir sur tous les yeux met ses verres taillés

Le cœur on s’aperçoit que malgré tout l’on vit

Tandis qu’aux plages nues un seul homme inusable

Confond toute couleur avec la ligne droite

Mêle toute pensée à l’immobilité

Insensible de sa présence éternelle

Et fait le tour du monde et fait le tour du temps

La tête prisonnière dans son corps lié.

VI

 

La nuit les yeux les plus confiants nient

Jusqu’à l’épuisement

La nuit sans une paille

Le regard fixe dans une solitude d’encre.

VII

 

Quel beau spectacle mais quel beau spectacle

À proscrire. Sa visibilité parfaite

Me rendrait aveugle.

 

Des chrysalides de mes yeux

Naîtra mon sosie ténébreux

Parlant à contre-jour soupçonnant devinant

Il comble le réel

Et je soumets le monde dans un miroir noir

Et j’imagine ma puissance

Il fallait n’avoir rien commencé rien fini

J’efface mon image je souffle ses halos

Toutes les illusions de la mémoire

Tous les rapports ardents du silence et des rêves

Tous les chemins vivants tous les hasards sensibles

Je suis au cœur du temps et je cerne l’espace.

VIII

 

Hésité et perdu succomber en soi-même

Table d’imagination calcule encore

Tu peux encore tendre tes derniers pièges

De la douleur de la terreur

La chute est à tes pieds mordre c’est devant toi

Les griffes se répandent comme du sang

Autour de toi.

Voici que le déluge sort sa tête de l’eau

Sort sa tête du feu

Et le soleil noue ses rayons cherche ton front

Pour te frapper sans cesse

Pour te voler aux nuits

Beaux sortilèges impuissants

Tu ne sais plus souffrir

Tu recules insensible invariable concret

Dans l’oubli de la force et de toutes ses formes

Et ton ombre est une serrure.

DÉFENSE DE SAVOIR

I

 

Une vaste retraite horizons disparus

Un monde suffisant repaire de la liberté

Les ressemblances ne sont pas en rapport

Elles se heurtent.

 

Toutes les blessures de la lumière

Tous les battements des paupières

Et mon cœur qui te bat

Nouveauté perpétuelle des refus

Les colères ont prêté serment

Je lirai bientôt dans tes veines

Ton sang te transperce et t’éclaire

Un nouvel astre de l’amour se lève de partout.

II

 

Au premier éclat tes mains ont compris

Elles étaient un rideau de phosphore

Elles ont compris la mimique étoilée

De l’amour et sa splendeur nocturne

Gorge d’ombre où les yeux du silence

S’ouvrent et brûlent.

III

 

Vivante à n’en plus finir

Ou morte incarnation de la mémoire

De ton existence sans moi.

 

Je me suis brisé sur les rochers de mon corps

Avec un enfant que j’étranglais

Et ses lèvres devenaient froides

En rêve.

 

D’autres ont les yeux cernés

Gelés impurs et pourrissants

Dans un miroir indifférent

Qui prend les morts pour habituels.

IV

 

Les espoirs les désespoirs sont effacés

Les règnes abolis les tourments les tourmentes

Se coiffent de mépris

Les astres sont dans l’eau la beauté n’a plus d’ombres

Tous les yeux se font face et des regards égaux

Partagent la merveille d’être en dehors du temps.

V

 

Ce que je te dis ne me change pas

Je ne vais pas du plus grand au plus petit

Regarde-moi

La perspective ne joue pas pour moi

Je tiens ma place

Et tu ne peux pas t’en éloigner.

 

Il n’y a plus rien autour de moi

Et si je me détourne rien est à deux faces

Rien et moi.

VI

 

Ma mémoire bat les cartes

Les images pensent pour moi

Je ne peux pas te perdre

C’est la fleur du secret

Un incendie à découvrir

Des yeux se ferment sur tes épaules

La lumière les réunit.

 

L’aile de la vue par tous les vents

Étend son ombre par la nuit

Et nul n’y pense nul n’en rêve

Et les esclaves vivent très vieux

Et les autres inventent la mort

La mort tombe mal inconcevable

Ils font du suicide un besoin

Des êtres immobiles s’ensevelissent

Dans l’espace qui les détruit

Ils envahissent la solitude

Et leur corps n’a plus de forme.

 

Dans les ramures hautes

Tous les oiseaux et leur forêt

Ils refusent au son ses mille différences

Les grands airs du soleil ne leur en imposent pas

Le silence supprime les grâces de saison.

Ce verre sur le marbre noir

Un seul hiver incassable

À enfermer

Avec l’aube aux yeux de serpent

Qui se dresse solitaire

Sur le sperme des premiers jours

Les feux noyés du verre.

 

À calculer

La sécheresse des îles de dimension

Que mon sang baigne

Elles sont conçues à la mesure de la rosée

À la mesure du regard limpide

Dont je les nargue.

 

Il y a des sources sur la mer

Dans les bateaux qui me ramènent

Et des spectacles en couleurs

Dans les désastres à face humaine

J’ai fait l’amour en dépit de tout

L’on vit de ce qu’on n’apprend pas

Comme une abeille dans un obus

Comme un cerveau tombant de haut

De plus haut.

La pâleur n’indique rien c’est un gouffre

Que ne puisse écrire

Les lettres sont mon ignorance

Entre les lettres j’y suis.

Au néant des explorateurs

Des rébus et des alphabets

Avec le clin d’œil imbécile

Des survivants que rien n’étonne

Ils sont trop je ne peux leur donner

Qu’une nourriture empoisonnée.

 

La nuit simple me sert à te chercher à me guider

Parmi tous les échos d’amour qui me répondent

Personne

Sans bégayer.

VII

 

Recéleuse du réel

La crise et son rire de poubelle

Le crucifiement hystérique

Et ses sentiers brûlés

Le coup de cornes du feu

Les menottes de la durée

Le toucher masqué de pourriture

Tous les baillons du hurlement

Et des supplications d’aveugle

Les pieuvres ont d’autres cordes à leur arc

D’autres arc-en-ciel dans les yeux.

 

Tu ne pleureras pas

Tu ne videras pas cette besace de poussière

Et de félicités

Tu vas d’un concret à un autre

Par le plus court chemin celui des monstres.

VIII

 

Tu réponds tu achèves

Le lourd secret d’argile

De l’homme tu le piétines

Tu supprimes les rues les buts

Tu te dresses sur l’enterré

Ton ombre cache sa raison d’être

Son néant ne peut s’installer.

 

Tu réponds tu achèves

J’abrège

Car tu n’as jamais dit que ton dernier mot.

IX

 

J’en ai pris un peu trop à mon aise

J’ai soumis des fantômes aux règles d’exception

Sans savoir que je devais les reconnaître tous

En toi qui disparais pour toujours reparaître.

 FIN

Date de dernière mise à jour : 25/08/2023