· DANDÉE. Coup, frottée. (V. Delvau: Dandinette.)
«Qui a composé cette chanson?
C'est un Cotric tourangeau
Par joie et satisfaction
D' la dandée de ce Morvandiau.»
(Chanson, 1884.)
· DANSE. Puanteur. (V. Delvau, Danser.)
· DARIOLE. Pâtisserie commune. Darioleur: pâtissier.
· DAVID. Casquette de soie. Du nom du bon faiseur. «Parlant argot, portant les rouflaquettes bien cirées, la blouse de fil tirée aux épaules, le David crânement posé sur le front...» (Humbert: Mon bagne.)
· DÉBALLER DES FONDS DE CHAPEAUX (Faire). Ennuyer, obséder quelqu'un, dans l'argot des placiers et des commis voyageurs.
· DÉBECTANT. Ennuyeux, désagréable. «Mentor qui connaissait tout le fourbi, dit alors à Télémaque: C'est débectant, mais au fond, ça ne fait rien...» (A. Leroy: Les mistouf's de Télémaque.)
· DÉBECQUETER. Vomir.
· DÉBOULER. Accoucher.
· DÉBOUCLEUR DE LOURDES. Voleur qui a la spécialité de fracturer tes portes.
· DÉBOURRER. Jargon des maquignons. Cheval débourré, cheval qui a perdu l'embonpoint factice qu'on lui avait donné pour le vendre. «Au bout de quelque temps, les fraudes se découvrent, l'embonpoint factice s'affaisse, les côtes reparaissent, et la bête est ce qu'on appelle débourrée...» (Siècle, 1867. Cité par Littré.)
· DÉBRIDER. Autoriser, permettre. Argot des forains. (V. supra, Brider.)
· DÉBROUILLE. Argot des enfants. Débarras. S'emploie surtout dans le jeu de billes. Quand 528 devant une bille visée se trouve un obstacle quelconque, un caillou, du sable, l'enfant qui vise s'écrie: débrouille! et aussitôt il ôte l'objet qui le gênait, à moins que son camarade n'ait crié avant lui: sans débrouille!
· DÉCARREMENT. Evasion. (V. Delvau: Décarrade.)
· DÉCATISSEMENT. Mot plus trivial qu'argotique et synonyme de décrépitude, d'affaiblissement. «De là,—toujours style des jolis gommeux,—ce décatissement inouï, accompagné de phénomènes comateux...» (De Montépin: Sa Majesté l'Argent.)
· DÉCIMADORÈS. Cigare de dix centimes. «—Cochon de cigare!—En voulez-vous un autre?—Volontiers. Les miens sont pourtant d'une bonne marque; des décimadorès de choix!» (Charivari, juillet 1884.)
· DÉCOLLER (Se). Manquer, ne pas réussir, ne pas avoir lieu. «Voilà que le banquet du 13 se décolle!» (Bataille, 1882.)
· DÉCULOTTER. Faire faillite.
· DÉFLAQUE. Excrément. (Richepin.)
· Déglinguer. Détériorer.
· DÉGOMMER. Mourir. Dégommé, mort. Quart des dégommés, commissaire des morts.
· DÉGRINGOLER DE LA MANSARDE. Sentir mauvais de la bouche.
· DÉGRINGOLEUR, EUSE. Voleur, euse. «Malgré la réputation de dégringoleuse de la prévenue, le vol du chronomètre n'a pas été suffisamment établi à sa charge.» (Gazette des Tribunaux, août 1884.)
· DÉGUEULATOIRE. Repoussant, dégoûtant, qui donne envie de dégueuler.
· DÉGUEULADE, DÉGUEULAGE, dégueulis. Vomissement. Dégueulage a aussi, dans le peuple, le sens de cravate.
· DEMI-CASTOR. «Demi-castor est devenu un terme courant sous lequel on désigne une personne suspecte, équivoque, sous des dehors soignés; mais en grattant le castor on trouverait le lapin.» (Figaro, janvier 1887.)
· DEMI-POIL. Demi-vertu. «Allez donc établir une distinction quelconque entre une marquise célébrée par les reporters de salon et une fille de demi-poil.» (L. Chapron.)
· DEMI-TOUR. Jargon des élèves de l'école de Saint-Cyr. Le demi-tour est une sorte de brimade qui consiste à jeter bas de leurs lits les nouveaux élèves et à renverser leur literie. «Le soir, les élèves se livrèrent à ce qu'ils appellent le demi-tour.» (Evénement, juillet 1884.)
· DÉPOTER. Accoucher. «Une tante qui, sans être sage-femme, était experte en ce genre d'ouvrage, dépota l'enfant.» (Huysmans: A vau-l'eau.)
· DÉRAILLER. Divaguer.
· DÉROBER. Argot de turf. Un 529 cheval se dérobe quand il s'écarte de la piste.
· DESCENDRE. Expression théâtrale en usage dans les répétitions. C'est aller dans la direction de la rampe.—Terme de turf; quand un cheval appelé à courir acquiert une plus value, on dit qu'il descend, parce qu'en effet la proportion dans laquelle on pariait contre lui tombe. Ainsi, un cheval qui hier était coté à 7 contre—1, et qui est aujourd'hui à 5 contre—1 est un cheval qui descend (Littré.)
· DESCENDRE DES TRAVAUX. Argot ouvrier. Travailler d'arraché pied. «Le patron avec qui nous avons traité... était étonné de la façon dont nous avons descendu les travaux...» (Enquête de la Commission extra-parlementaire des associations ouvrières.)
· DÉTACHÉ. Argot de sport. Qui est en avant des autres chevaux. Tel cheval est arrivé second, mais il était complètement détaché du reste du champ, c'est-à-dire qu'à l'exception du vainqueur, tous ses rivaux étaient loin derrière lui.
· DÉTAR. Veston. Argot du peuple.
· DEUIL (Très). Homme du monde ou mieux voulant se faire passer comme tel. Le mot, d'usage boulevardier, n'a fait qu'une courte apparition en 1886. Il faisait allusion au deuil porté avec ostentation par certaines personnes à l'occasion de la mort de la comtesse de Chambord.
· DEUX GALONS. Lieutenant. Argot militaire. «Comment, disait-on, un médecin de deuxième classe qui n'a que le grade de lieutenant dans l'armée, un deux galons va commander des amiraux!» (Evénement, juin 1884.)
· DÉVISSER (Se). «C'était l'école préparatoire de Sainte-Barbe qui dévissait. Et pourquoi dévissait-elle l'école préparatoire? Parce que beaucoup d'élèves étaient mécontents de ce que quelques-uns de leurs camarades avaient été renvoyés...» (Constitutionnel, février 1883.)
· DIFFICULTÉ. Argot de sport. Être en difficulté, se dit d'un cheval qui a de la peine à garder son avance. «Au dernier tournant Gladius était en difficulté pour conserver son rang à côté de Bivouac qui prenait le dessus.» (Journal officiel.)
· DISCRÉTION. Pari. «Des paris gagnés ou perdus qui, le plus souvent, prennent la forme compromettante et le titre étrange de discrétion.» (Indépendance belge, 1868.)
· DISQUALIFIÉ. Argot de turf. Cheval disqualifié, cheval mis hors concours par suite d'une infraction au règlement commise par son propriétaire ou par son jockey. (Littré.)
· DISTINGUÉ. Verre de bière.
· DOMINO. (V. Retaper le domino.)
· DONNER (La). Penser, croire, juger. Argot des voyous. 530
· DONNER DU CHASSE A LA ROUSSE. Faire le guet.
«Tu donneras du chasse à la rousse, au moment
Où le patron fera son petit boniment.»
(De Caston: Le Voyou et le Gamin.)
· DONNER DU FLAN, DE LA GALETTE. Argot des grecs. Jouer honnêtement.
· DORÉE (Petite). Femme de mœurs légères. Ce mot lancé vers l'année 1884 n'a point été adopté et a duré autant que la mode qui, à cette époque aussi bien pour les femmes honnêtes que pour celles qui ne le sont pas, était de porter des vêtements brodés, soutachés, pailletés d'or. «On a déjà débaptisé certaines parisiennes qu'on appelait hier encore des horizontales; le nom qu'elles portent est les petites dorées.» (Temps, octobre 1885.) «Le Soir a pris pour des ouvrières les petites dorées, autrement dit: les cocottes.» (Bataille, novembre 1884.)
· DRAINER. Ruiner. Le mot est expressif et fait image. «—Il se fera remisier ou il vendra des lorgnettes.—A moins qu'il n'épouse Coralie quand elle aura drainé le planteur et le fils du fabricant.» (Du Boisgobey: Paris-Bandit.)
· DRAP MORTUAIRE. Filet. Argot des braconniers. «La perdrix grise est ensevelie chaque jour dans le drap mortuaire.» (France, octobre 1885.)
· DRINGUE. Vêtement, redingote.
· DUC. Grande voiture se rapprochant de la victoria. Le ducest à deux places avec un siège par derrière et un par devant pour deux domestiques sur chaque.—Petit chapeau rond, de la forme du melon et que portent les souteneurs qui ont des prétentions à l'élégance.
· DUVAL. Argot des filles. On désigne ainsi les petites mendiantes,bouquetières ou autres qui, arrêtées par les agents, sont depuis le préfectorat de M. Ferdinand Duval placées à Saint-Lazare, dans un local spécial bien entendu, et cela jusqu'à leur majorité à moins que leurs parents ne les viennent réclamer.
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