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BIBLIOBUS Littérature

Le citateur des fabulistes français.03 - Léonard Gallois (1789–1851)

 

--- O ---

OBEISSANCE.

Homme, si tu prétends être obéi par l'homme,
Obéis toi-même à des lois.
NIVERNAIS le Sage et l'Abeille.

Mieux vaut céder à sa famille
Que d'obéir à ses valets.
GUTTINGUER, le Lion, le Basset et la Pie.

OBLIGER.

Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde.
LA FONTAINE, le Lion et le Rat.

Obliger promptement, c'est obliger deux fois.
LE BAILLY, le Chêne et le Pélican.

Oblige quand tu peux; mérite que l'on t'aime.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

Chacun oblige l'opulent
Et fait la moue à l'indigent.
A. RIGAUD, le Secret.

Ne différons jamais d'obliger le prochain,
Car on n'a pas toujours occasion pareille.
LE BAILLY, le Roi de Perse et le Courtisan.

OBSCURITE.

... L'homme obscur est l'homme heureux.
NIVERNAIS, la Génisse sacrifiée.

Préférons notre obscurité
Au dangereux honneur de gouverner les hommes.
STASSART, le Daim, le Porc, etc., etc.

C'est dans l'obscurité que se font les grands coups.
COUPE DE ST.-DONAT, le Hibou.

OBSTACLE.

Pour franchir tout obstacle, avec un coeur constant
Il faut joindre un esprit docile.

LEBRUN, le Temple de la Gloire.

OBTENIR.

Vieille femme n'obtient plus rien.
FLORIAN, la Fable et la Vérité.

OCCASION.

Quand l'occasion se présente,
Il faut la saisir aux cheveux,
Sans quoi, la déesse inconstante
N'est qu'un brillant éclair qui fascine nos yeux.
COUPE DE ST.-DONAT, l'Occasion.

Voilà l'occasion: qui la laisse échapper
Ne saurait plus la rattraper.
LE BAILLY, l'Occasion manquée.

L'occasion qui rit soudain doit être prise.
LENOBLE, le Pêcheur et le petit Poisson.

OCCUPER.

Sachez vous occuper, vous préviendrez l'ennui.
HAUMONT, l'Homme riche et le Paysan.

OFFENSE.

On n'offense jamais les dieux impunément.
LEBRUN, Diane et Actéon.

Vous qui, présumant trop d'une haute puissance,
Méprisez, insultez un plus faible que vous,
Songez que pour venger une sensible offense
Il n'est point de petit courroux.
LENOBLE, le Rat et le Taureau.

Vous ne serez jamais de bons chrétiens,
Si votre coeur ne pardonne l'offense;
Chapitre trois, saint Paul aux Corinthiens.
ROCHEMONT, le Sermon.

Qu'un héros est content et qu'il trouve d'appas
A se mettre au-dessus de l'offense!
LENOBLE, le Lion et la Grenouille.

OISIVETE.

L'oisiveté, dit-on, des vices est la mère.
LE BAILLY, le Gouvernail et les Rames.

L'affreux poison du vice atteint une ame oisive.
A. RIGAUD, le Bloc de marbre.

C'est dans l'oisiveté que fermente le crime.
HAUMONT, le Loup et le Boeuf.

Pour censurer l'oisiveté,
Il faut, par des travaux plus grands et plus utiles,
Avoir instruit, charmé, servi l'humanité.
GUINGUENE,, la Cigale et les autres Insectes.

... La vertu même alimente le crime,
En nourrissant l'oisiveté.
F. DE NEUFCHATEAU, les Juges et le Mendiant.

... Gens oisifs ne s'enrichissent guère.
DUCERCEAU, les Bottes de foin.

OMBRAGEUX.

L'ombrageux est moins difficile
A gouverner que l'imbécile.
NIVERNAIS, le Cheval et son Maître.

ONCLE.

Un oncle sans enfans marche à la sépulture
D'un pas que le neveu trouve toujours trop lent.
LENOBLE, la Pie héritière.

OPINION.

C'est souvent du hasard que naît l'opinion,
Et c'est l'opinion qui fait toujours la vogue.
LA FONTAINE, les Devineresses.

De son opinion chacun est idolâtre.
LAMOTTE, les Lunettes.

... Avec un très-bon coeur,
Des moyens de couler les jours les plus prospères,
Pour des opinions qui n'intéressent guères,
On risque souvent son bonheur.
DU TREMBLAY, le Hibou et le Linx.

OPPOSE.

... On ne voit sous les cieux
Nul animal, nul être, aucune créature,
Qui n'ait son opposé; c'est la loi de nature.
LA FONTAINE, la Querelle des Chiens et des Chats.

OPPRESSION.

Le faible est fort quand on l'opprime. NIVERNAIS, le Loup et les Lapins.

Ne perdez pas l'espoir, innocens qu'on opprime
Des favorables dieux le secours vous est dû.
LEBRUN, Arion et le Dauphin.

... Un peuple qu'on opprime
Ne gémit pas toujours en vain.
AGNIEL, le Berger et la Brebis.

En luttant contre l'oppresseur,
Faites à celui-ci rendre son héritage;
Arrachez cet autre au malheur.
LOMBARD DE LANGRES, l'Oiseau plumé.

OPULENCE.

L'opulence éblouit; peut-être est-elle à plaindre
Autant que l'indigence elle-même est à craindre.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

Souvent les talens, la science,
Font divorce avec l'opulence.
HAUMONT, le Philosophe et le Prince.

OR.

Maudite soif de l'or, source de mille crimes,
Qui ne connais ni frein, ni justice, ni loi,
Combien ne t'es-tu pas immolé de victimes!
Est-il rien de sacré pour toi?
Quel sang n'oses-tu point répandre;
Que ne fais-tu pas entreprendre
Aux coeurs des perfides mortels!
LEBRUN, Arion et le Dauphin.

... L'or, ici-bas, est le suprême bien;
Lui seul, lui seul est tout, la science n'est rien.
GOSSE, le Tremblement de terre.

Avec de l'or on supplée au courage.
LOMBARD DE LANGRES, le Gage de bataille.

... L'or fait faire bien des choses
Dont jamais, sans son aide, on ne viendrait à bout.
LENOBLE, le Vice et la Vertu.

... L'or n'est pas sans alliage.
F. DE NEUFCHATEAU, le Testament.

L'or va chercher parfois l'ignorance titrée.
GOSSE, le Tremblement de terre.

... L'or a toujours raison.
DORAT, les trois Frères.

ORACLE.

Tout oracle est douteux et porte un double sens.
LA FONTAINE, les Filles de Minée.

ORAGE.

Souvent le plus beau jour finit par un orage.
HAUMONT, l'Oiseau et le Destin.

OREILLE.

Si ventre à jeun n'a point d'oreille,
Les grands en ont encore moins
Pour tout ce qui s'oppose à ce que leur conseille
La fureur du plaisir, seul objet de leurs soins.
PIRON, le Rossignol.

ORGUEIL.

Orgueil! orgueil! c'est par toi qu'on oublie,
Vertus, devoirs: par toi tout a péri.
FLORIAN, le Cheval d'Espagne.

L'orgueil toujours nous conduit de travers;
Il n'est pas gai, de plus il nous ennuie.
FLORIAN, la Poule de Caux.

L'orgueil, l'intérêt, la folie,
Troubleront toujours l'univers.
FLORIAN, Epilogue du livre V.

Les rêves de l'orgueil sont de courte durée.
A. NAUDET, le Ballon et le Buisson.

... L'orgueil, l'aveugle ambition,
Perdent souvent les êtres qui prétendent
S'élever, sans talens, aux grades supérieurs,
Parvenir, sans vertus, au faîte des grandeurs.
HAUMONT, les Oiseaux de nuit.

L'orgueil, les fureurs, la folie,
Consument en douleurs le moment de la vie.
FLORIAN, les deux Lions.

L'orgueil est père de l'erreur.
FORMAGE, le Chien qui porte une sonnette.

C'est dans l'esprit borné que l'orgueil prend sa source.
HAUMONT, le Taureau, le Cheval et le Renard.

L'orgueil humilié n'est jamais en repos;
Il cherche un vengeur dans le crime.
STASSART, l'Aigle et le Milan.

Bonheur produit orgueil en tous temps; c'est la règle.
GOSSE, le Cerf-volant.

En fait d'orgueil, tous les hommes sont rois.
LAMOTTE, le Lion et le Renard.

... L'orgueil qui nous transporte
Jusqu'à nous faire batailler
Avec gens de trempe trop forte
Est un bien mauvais conseiller.
NIVERNAIS, le Bélier et le Taureau.

Homme, qui que tu sois, d'un orgueil téméraire
Que toujours la raison sache arrêter l'élan.
DU HOULLAY, le Mont orgueilleux.

En vain le sot orgueil s'applaudit et s'admire.
LAMOTTE, les deux Sources.

L'orgueil bas et jaloux s'irrite
De trouver en autrui la vertu, le mérite.
HAUMONT, les Oiseaux de nuit.

Au mortel insensé qu'un sot orgueil domine,
La fortune, souvent réserve un cruel sort:
Chemin couvert de fleurs le mène à sa ruine.
STASSART, le Boeuf gras.

La vertu n'est qu'un nom, mais l'orgueil est un être,
Sous ce nom fastueux, facile à reconnaître.
AUBERT, le Loup.

A la jeunesse on montre en vain l'écueil
Signalé par l'expérience;
Contre lui tous les jours va se briser l'orgueil.
A. NAUDET, les Chariots.

Quelque peu d'amour-propre est sans doute fort bon;
Mais l'orgueil qui le suit nous brouille la cervelle.
A. RIGAUD, le Sansonnet.

L'orgueil, l'ambition, divisent les Etats.
JAUFFRET, la Diète des Oiseaux.

... L'orgueil n'entend pas raison.
JAUFFRET, la Pie.

Partout l'orgueil se réfugie.
DE F. DE NEUFCHATEAU, le Bandeau de Plutus.

.... Quiconque sait se connaître,
Avec l'orgueil d'autrui renonce à contester.
F. DE NEUFCHATEAU, le Paon et la Grue.

On aime à voir pleurer les orgueilleux.
NIVERNAIS, la Fille orgueilleuse.

Celui-là perd son temps, qui pense qu'il éclaire
L'orgueilleux ébloui de sa propre lumière.
Mme JOLIVEAU, la Luciole.

Grace à leurs puissans protecteurs,
Ici, que d'orgueilleux esclaves
Prennent de petits airs railleurs,
Et même parfois font les braves!
STASSART, le Lièvre et le Chien de chasse.

ORIGINE.

Le ciel tire souvent ce qu'on voit de plus beau
De la plus obscure origine.
DU TREMBLAY, la Goutte d'eau.

OSER.

Osons au lieu de raisonner.
ARNAULT, l'Aigle et le Chapon.

OSTENTATION.

... Un peu d'ostentation
Vient toujours se mêler au luxe qu'on déploie.
F. DE NEUFCHATEAU, le Vautour et le Lion.

OUBLI.

Tout change, tout vieillit, tout périt, tout s'oublie;
Mais qui peut oublier ses premières amours?
GINGUENE, le vieux Rossignol.

OUTRAGE.

Des outrages qu'on a reçus
Effacer la triste mémoire,
C'est une sagesse aux vaincus,
Comme aux vainqueurs c'est une gloire.
F. DE NEUFCHATEAU, la Lupiade, Chant I.

Tel, gorgé de nos dons, sans pudeur nous outrage:
Plus il reçoit de nous, moins il est satisfait.
JAUFFRET, le Chêne et les Oiseaux.

... Le murmure est lui seul un outrage.
A. NAUDET, le Sultan et l'Esclave.

OUVRAGE.

... Tout plan mal conçu fait un mauvais ouvrage.
Mme JOLIVEAU, la Lionne et l'Ours.

... Une oeuvre utile,
Des coeurs reconnaissans obtient un juste prix;
L'ouvrage méchant ou futile
N'engendre que haine ou mépris.
DU TREMBLAY, l'Araignée et l'Abeille.

Les ouvrages de longue haleine
Plaisent rarement; et jamais
De la cervelle la plus saine
Il n'en est sorti de parfaites.
LEBRUN, la Biche et la Chèvre.

OUVRIER.

... A l'oeuvre on connaît l'ouvrier, nous dit-on.
LAURENCIN, la Puce et la Fourmi.

--- P ---

PAIX.

La paix est un des plus grands biens.
LEBRUN, Périape et les Arbres.

Le plus grand de tous les bienfaits
C'est la paix.
LE BAILLY, le Conseil du Lion.

La paix est fort bonne de soi:
J'en conviens; mais de quoi sert-elle
Avec des ennemis sans foi?
LA FONTAINE, les Loups et les Brebis.

... La colère passe,
La guerre unit, la haine lasse,
La paix est un présent des dieux.
F. DE NEUFCHATEAU, la Lupiade, chant II.

Quelque sacrifice qu'on fasse,
La paix dédommage de tout.
F. DE NEUFCHATEAU, la Brebis et le Buisson.

La vertu de la paix nous fait seule jouir.
FLORIAN, la Colombe et son Nourrisson.


Entre deux coeurs ambitieux,
Inquiets, mutins, envieux,
La paix ne peut être durable.
LEBRUN, l'Aigle et le Dragon.

PANEGYRIQUE.

Tout panégyrique est suspect:
Celui des grands l'est davantage.
F. DE NEUFCHATEAU, l'Aigle et le Paon.

PARASITE.

Un parasite est un être odieux.
A. DE MONTESQUIOU, les deux Guis.

PARDON.

Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes.
LA FONTAINE, la Besace.

... Un pardon n'a pas toujours l'effet
Qu'un coeur généreux se propose.
LENOBLE, le Lion et la Grenouille.

Souvent des dieux l'indulgence pardonne;
L'homme puissant ne pardonne jamais.
PARNY, Alcibiade converti.

On pardonne aisément le mal involontaire.
DE LA BOUTRAYE, le Chauve et la Mouche.

Quand on voit d'un amant les pleurs, le repentir,
Et qu'on aime, on pardonne avec bien du plaisir.
HAUMONT, la Villageoise et l'Habitante de la ville.

Les gens d'un doux tempérament,
Quand ils sont irrités, pardonnent moins que d'autres.
AUBERT, Télamon et Zirphé.

PARENS.

Nos parens ont sur nous un pouvoir despotique:
Puisqu'ils nous ont fait naître, ils sont pour nous des dieux.
VOLTAIRE, les trois Manières.

PARESSE.

... La jeunesse
A grande pente à la paresse.
LENOBLE, les Corbeaux et les Aiglons.

Trop souvent la paresse est la mère du crime.
AGNIEL, le Hêtre et les Loirs.

PARFAIT.

... Sur la terre il n'est rien de parfait.
DU TREMBLAY, Philopoemen.

... Il n'est rien de parfait ici-bas.
LEBRUN, le Cygne et le Héron.

Un ouvrage parfait est au-dessus des hommes.
GOSSE, le Connaisseur.

PARFUM.

Le parfum est aux fleurs ce qu'est l'esprit aux belles.
GOSSE, la Tulipe et la Violette.

PARJURE.

Quiconque à son pays osa faire une injure,
Doit marcher malgré soi de parjure en parjure.
F. DE NEUFCHATEAU, le Repentir de Bourbon.

La bouche n'est pas seule organe du parjure;
Quelquefois, sans mot dire, on trahit encor mieux.
F. DE NEUFCHATEAU, le Renard et le Bûcheron.

PARLER.

De bonnes gens il est beaucoup
Qui prendraient Vaugirard pour Rome;
Et qui, caquettant au plus dru,
Parlent de tout, et n'ont rien vu.
LA FONTAINE, le Singe et le Dauphin.

Trop parler nuit, pour l'ordinaire.
HAUMONT, le Merle et la Pie.

Il est bon de parler et meilleur de se taire;
Mais il faut parler juste et surtout à propos.
A. RIGAUD, la Pendule.

Du langage c'est abuser
Que de parler pour ne rien dire.
LAMOTTE, la Chenille et la Fourmi.

Chez nous, des gens d'esprit aux sots
Souvent la seule différence
Est de savoir parler ou se taire à propos.
A. NAUDET, le Perroquet et les Enfans.

Aux puissans avec modestie
Parlez, sans les pousser à bout;
Et sachez perdre une partie,
Plutôt que de risquer le tout.
F. DE NEUFCHATEAU, le Lion, le Loup et le Renard.

PAROLES.

... Auprès d'une beauté,
Paroles ont des vertus nonpareilles:
Paroles font en amour des merveilles.
LA FONTAINE, l'Oraison de saint Julien.

PART.

La part qu'on garde est la plus sûre.
ARNAULT, le Laboureur et son Fils.

PARTAGE.

Chacun son fait; nul n'a tout en partage.
LA FONTAINE, le Muletier.

D'ordinaire entre amis le gâteau se partage.
AGNIEL, les Voyageurs, le Vieillard et l'Orange.

Je ne connais de biens que ceux que l'on partage.
FLORIAN, l'Enfant et le Dattier.

Avec un plus puissant que toi
Ne va point te lier pour entrer en commerce,
A son seul intérêt il mesure sa foi;
Et les projets dont il te berce
N'aboutissent jamais qu'à faire tout pour soi.
Sous un appât trompeur à sa suite il t'engage;
Mais, d'un profit commun après qu'il t'a flatté,
Le plus fort venant au partage
Met toujours tout de son côté.
LENOBLE, le Lion et les autres Animaux.

PARTI.

Victime d'un parti, dans le parti contraire
On trouve des amis; c'est la règle ordinaire.
COUPE DE ST.-DONAT, les trois Philosophes.

PARVENIR, PARVENUS.

Joindre l'impudence à l'adresse
Est le moyen de parvenir.
PIRON, le Roitelet.

Souvent les parvenus se sont trop oubliés.
ARNAULT, les Sabots de Polichinelle.

Parvenus, qui toujours faites les insolens,
Et dont l'orgueil nous importune,
Vous vous perchez bien haut: croyez-vous être grands?
Gare aux revers de la fortune.
STASSART, le Roitelet et les Oiseaux.

PAS.

Le plus dangereux pas est toujours le dernier.
LEMONNIER, Gros Colas.

PASSIONS.

Les passions toujours mènent au précipice;
A les fuir prudemment le sage se soumet.
STASSART, le Chevreuil et la Biche.

Pour satisfaire un aveugle caprice,
Rien ne coûte à la passion.
FORMAGE, l'Avare et l'Envieux.

Sous une perfide apparence,
Les passions trompent de l'innocence
La crédule simplicité.
LEBRUN, Europe et le Taureau.

Nous courons, séduits par l'espoir,
Où la passion nous appelle,
Et nous trouvons ... le pot au noir.
DU TREMBLAY, le Colin-Maillard.

... Nos folles passions,
Nos coupables ambitions
Ne s'éteignent souvent dans nos sens, dans notre ame,
Que lorsqu'en nous l'âge et les sens
Ont perdu leur vigueur et leur active flamme.
GUTTINGUER, le Tigre et le Lion devenu vieux.

Quand même on croit avoir une fois triomphé
D'une passion qu'on déteste,
On sent qu'au fond du coeur le même penchant reste,
Et qu'il ne peut être étouffé.
LENOBLE, la Chatte-Femme.

Les passions font tout, en tous tant que nous sommes;
Réglons-les seulement; ne les étouffons point;
Elles ont tout appris aux hommes.
LAMOTTE, la Baleine et l'Américain.

Résistons courageusement,
Quand la passion nous entraîne.
LEBRUN, la Désobéissance louable.

Dans la passion qui le guide
L'homme, par la raison, devrait se modérer.
LENOBLE, la Mouche et la Marmite.

Vive des passions l'éloquence soudaine:
Ne cherchons point ailleurs l'air vif, original;
L'esprit les imite avec peine,
Encor le plus souvent les imite-t-il mal.
LAMOTTE, les deux Pigeons.

PATRIE.

... En lettres de feu, l'amour de la patrie,
L'amour de nos enfans et de la liberté
Dans nos coeurs sont empreints par la Divinité.
A. RIGAUD, les Fourmis.

... Votre patrie est aussi notre mère;
Et quiconque, envers elle, oublira ses devoirs,
Doit périr dans l'opprobre et dans le désespoir.
F. DE NEUFCHATEAU, le Repentir de Bourbon.

Où l'on est bien, on trouve sa patrie.
HAUMONT, l'Hirondelle et le Moineau.

Comme il l'entend chacun sert la patrie.
LOMBARD DE LANGRES, l'Oiseau plumé.

Avant tout sauvons la patrie.
STASSART, les Loups, le Chien et le Troupeau.

Tout à l'amour, et tout à la patrie.
LOMBARD DE LANGRES, le Conscrit.

PATIENCE.

Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage.
LA FONTAINE, le Lion et le Rat.

... Patience et douceur
Font obtenir tout ce que l'on désire.
FLORIAN, le Chien de chasse.

La patience vient à bout
De tout.
DU TREMBLAY, la Souris et le Linot.

Le plus modéré perd à la fin patience.
LEBRUN, les deux Chiens.

La patience est bien souvent
La seule ressource du sage.
NIVERNAIS, la Mule et le Dromadaire.

PAUVRE, PAUVRETÉ.

La pauvreté n'est pas un déshonneur.
VOLTAIRE, Ce qui plaît aux Dames.

... Pour peupler les Etats,
Les pauvres gens valent mieux que les princes.
VOLTAIRE, Ce qui plaît aux Dames.

La plus obscure pauvreté
Est un trésor, quand elle assure
Un grand bien, la sécurité,
Un plus grand bien la liberté.
GINGUENE, l'Ours et les quatre Animaux.

La pauvreté sans cesse est l'objet du mépris.
HAUMONT, l'Eléphant et les autres Animaux.

Vers le crime, souvent, le pauvre est entraîné.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

Pour être pauvre, on n'est point insensible.
A. RIGAUD, Heur et Malheur.

Voir sous un même toit habiter pauvreté
Et probité,,
N'est pas chose commune.
LENOBLE, le Bûcheron et Mercure.

Qui du riche et du grand voit le péril extrême,
Aime le bien modique et la pauvreté même.
PERRAULT, l'Ane et le Cheval.

Le pauvre qu'enferme une hutte,
Vit paisible et sans crainte, en vivant sans désirs,
Tandis que le riche est en butte
Aux chagrins dont le persécute
Le souhait des grandeurs, ou l'appât des plaisirs.
LENOBLE, le Chêne et la Roseau.

L'unique pauvreté, dont le sot s'épouvante,
Vit exempte de trouble, en vivant sans désirs,
Et dans un doux repos, de soi-même contente,
Goûte de solides plaisirs.
LENOBLE, le Rat de ville et le Rat de village.

PAYEUR.

A bon payeur on fait bonne mesure.
LA FONTAINE, à Femme avare Galant escroc.

PAYS.

Chaque pays a sa pensée.
LA FONTAINE, la Souris métamorphosée.

PEINDRE.

Chacun veut être peint urne fois en sa vie.
LAMOTTE, le Portrait.

Chacun se peint dans ce qu'il fait.
LEBRUN, le Valet devenu Maître..

Il faut quelques détails pour bien peindre un seul fait.
F. DE NEUFCHATEAU, Prologue du livre VII.

L'ami peint trop en beau, l'ennemi trop en laid.
Mme JOLIVEAU, les deux Peintres.

L'amour-propre, de son métier,
Est ami des portraits; cet art qui nous copie
Semble aussi nous multiplier.
LAMOTTE, le Portrait.

PEINE.
Pour un coeur délicat, accablé par le sort,
La peine a des douceurs, la tristesse a des charmes;
Aux plaisirs les plus vifs il préfère les larmes,
Avec volupté même, il contemple la mort.
DU HOULLAY, la Tourterelle et la Pie.

La peine est pour les sots, le plaisir pour, les sages.
LENOBLE, le Ciconeau et l'Oiseleur.

La peine de très-près suit toujours les forfaits.
DU HOULLAY, l'Oiseleur et la Vipère.

Quoique marchant d'un pas lent et boiteux,
La peine arrive et saisit le coupable.
A. RIGAUD, le Singe.

Quand on a de la peine on n'est pas grand jaseur.
DU TREMBLAY, les deux Moineaux.

... La peine qui nous affole,
A l'aide du temps peut finir,
Et nous devons encor bénir
La nature qui nous console.
DU TREMBLAY, la jeune Fille et son Chat.

PENCHANT.

D'un penchant dangereux que notre ame s'épure:
Craignons de le laisser mûrir;
Il en coûte pour s'en guérir,
Autant qu'à vaincre la nature.
DU TREMBLAY, les Bohémiens.

Discours sensés n'ont guère d'efficace
Contre un penchant qui prend sa source au coeur:
Il est de feu, la raison est de glace.
Jugez quel sera le vainqueur.
NIVERNAIS, la Fille orgueilleuse.

Il est de doux penchans qu'on s'obstine à garder.
AUBERT, Epilogue du livre VIII.

Sur nos mauvais penchans la victoire est peu sûre;
Ils ne sont qu'assoupis, nous les croyons vaincus.
LEBRUN, le Milan, le Singe et le Chat.

La justice se tait à la voix du penchant.
DU TREMBLAY, l'Ane et son Maître.

... D'un méchant
Il n'est serment qui puisse enchaîner le penchant.
DU HOULLAY, le Loup et la Brebis.

Sur les penchans du coeur c'est en vain qu'on raisonne,
Ils sont souvent un caprice du sort.
DU TREMBLAY, la jeune Fille et le Chat.

PENSEE.

Le marbre peut s'user; le bronze peut périr;
La pensée et l'esprit sont exempts de mourir.
F. DE NEUFCHATEAU, Prologue du livre X.

PENSER.

... Que faire en un gîte, à moins que l'on ne pense.
LA FONTAINE, le Lièvre et les Grenouilles.

Nous serions tous bien empêchés,
Si l'on parlait comme l'on pense.
LAMOTTE, le Bonnet.

PERDRE.

L'on perd bien souvent tout, en voulant trop avoir.
DE LA BOUTRAYE, le Chasseur et les deux Lièvres.

On perd ce que l'on tient, quand on veut gagner tout.
FLORIAN, le Chat et les Rats.

Nous perdons tout en perdant qui nous aime.
LOMBARD DE LANGRES, l'Oiseau plumé..

Se perd souvent qui trop se presse.
COUPE DE ST.-DONAT, Lockman.

Perdre qui nous nourrit, c'est un double malheur.
ARNAULT, les Barons, les Oiseaux et les Artistes.

La cause de notre grandeur,
Peut l'être aussi de notre perte.
ARNAULT, la Fusée.

On s'expose à tout perdre, en voulant trop avoir.
LE BAILLY, le Paysan et le Singe.

... On perd plus qu'on ne gagne
A changer de condition
JAUFFRET, la Grenouille et les Oiseaux.

On perd souvent ce qu'on possède,
En poursuivant ce qu'on n'a pas.
JAUFFRET, l'Epervier désappointé.

Ce qu'on ne peut plus recouvrer,
il faut le savoir perdre ....
F. DE NEUFCHATEAU, les trois Maximes.

L'on peut se perdre soi-même,
Pour perdre son ennemi.
F. DE NEUFCHATEAU, le Serpent et la Guêpe.

PERE.

Tout père frappe à côté.
LA FONTAINE Jupiter et les Tonnerres.

Un père est toujours père, et quand sa main châtie,
Son coeur en est plus tendre, et plus près du pardon.
AUBERT, la Force du sang.

Tout bon père se flatte, et pense que ses fils,
Du même sang formés, seront toujours amis.
CHAMPFORT, le Riche et le Pauvre.

C'est le fait d'un bon coeur, comme d'un bon esprit,
De ne pas rougir de son père.
ARNAULT, les Sabots de Polichinelle.

... Chacun tient de son père.
VOLTAIRE, le Dimanche.

PERFIDIE.

... Souvent la perfidie
Retombe sur son auteur.
LA FONTAINE,, la Grenouille et le Rat.

Rarement on voit réunis
La perfidie et le courage.
A. RIGAUD, le Renard et les Castors.

Élever un homme perfide,
C'est élever son homicide.
PERRAULT, la Poule et l'Hirondelle.

Qu'un ennemi s'annonce avec la haine ouverte;
On peut le fuir ou le braver:
Mais quel rempart peut-on trouver
Contre un perfide ami dont la fraude est couverte?
LE BAILLY, le Berger et le Chien.

PERIL.

... Aux grands périls tel a pu se soustraire
Qui périt pour la moindre affaire.
LA FONTAINE, le Lion et le Moucheron.

Songer à ses amis, dans un péril extrême,
C'est fort bien, mais il faut s'en garantir soi-même.
HAUMONT, le Chardonneret, les Oiseaux et le Chasseur.

Dans un commun péril chacun doit voir le sien.
Mais tandis que 1'un dort, que plus loin l'autre crie,
D'autres plus courageux vont sauver la patrie.
Mme JOLIVEAU, le Loup, les deux singes et le Cochon.

Le péril réunit ceux que l'humeur divise.
NIVERNAIS, le Loup et les Mâtins.

Des grands périls qu'on a courus,
On tire ce profit, qu'on n'y retombe plus.
PERRAULT, le Chien et le Loup.

Dans un péril pressant pourquoi de vains discours?
Votre ami, pour sortir d'affaire,
Attend de vous un prompt secours.
F. DE NEUFCHATEAU, le Loup et le Renard.

PERSEVERANCE.

Tout finit par céder à la persévérance,
A. RIGAUD, les deux Papillons.

Il ne suffit pas qu'on commence
A rentrer dans le bon chemin;
Il faut avec courage aller jusqu'à la fin;
Le point essentiel c'est la persévérance.
LEBRUN,, le Milan, le Singe et le Chat.

PERSONNAGE.

N'est pas qui veut un personnage.
DE LA BOUTRAYE, le Voiturin et le Passant.

PETITS.

Où la guêpe a passé, le moucheron demeure.
LA FONTAINE., le Corbeau voulant imiter l'Aigle.

Les petits, en toute affaire,
Esquivent fort aisément:
Les grands ne le peuvent faire.
LA FONTAINE, le Combat des Rats et des Belettes.

Plus d'un ruisseau devient torrent,
Pour peu que le ciel le seconde.
STASSART, le Torrent et l'Arbrisseau.

Petit poisson deviendra grand,
Pourvu que Dieu lui prête vie;
Mais le lâcher, en attendant,
Je tiens pour moi que ce n'est que folie.
LA FONTAINE, le Pêcheur et le petit Poisson.

Petits princes, videz vos débats entre vous;
De recourir aux rois, vous seriez de grands fous.
Il ne les faut jamais engager dans vos guerres,
Ni les faire entrer dans vos terres.
LA FONTAINE, le Jardinier et son Seigneur.

Veux-tu t'épargner du chagrin,
Fais-toi si petit, sois si nain,
Que, sous l'¦il même de l'envie,
Tu puisses passer ton chemin.
DU TREMBLAY, la Gageure.

... Entre nos ennemis,
Les plus à craindre sont souvent les plus petits.
LA FONTAINE, le Lion et le Moucheron.

... De tout temps,
Les petits ont pâti des sottises des grands.
LA FONTAINE, les deux Taureaux et la Grenouille.

On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
LA FONTAINE, le Lion et le Rat.

Le trépas éteint les petits
Sans bruit, sans en laisser l'ombre la plus légère;
Les grands, avec fracas brisés comme le verre,
Ne laissent après eux que d'odieux débris.
AUBERT, les Bulles de savon et la Fiole.

Les petits sont faits pour les grands.
LEBRUN, les Défauts palliés.

... De tout temps
Les petits ont été la victime des grands.
LEBRUN, la Fouine, le Renard et le Loup.

Malheur aux plus petits, c'est le dîné des gros.
LAMOTTE, le Feu d'artifice et les Poissons..

Des temps, des lieux, bien souvent l'avantage
Des plus petits élève le courage.
PERRAULT, l'Agneau et le Loup..

C'est aux petits à se contraindre.
LEBRUN, le Lion, le Renard et le Boeuf.

Les petits aux revers, dont le coup nous accable,
Sont moins exposés que les grands.
LEBRUN, le Pin et le Roseau.

... Vous, qu'un peu trop bas,
La fortune au hasard a placés sur la terre,
Consolez-vous: dans sa colère,
La foudre au moins ne vous atteindra pas.
A. NAUDET, l'Aigle et le Roitelet.

Les petits sont toujours la pâture des grands;.
A. NAUDET, le vieux Brochet.

Un petit corps souvent loge un esprit altier.
LE BAILLY, les deux Cirons.

... Les petits servent aux grands
Ou de jouet ou de pâture.
LENOBLE,, le Loup et l'Agneau.

Petits, les grands périls ne vous regardent pas.
LAMOTTE, les deux Lézards.

Quand les petits gênent les grands,
Leur affaire est bientôt faite.
GUTTINGUER, les Renards et les Bûcherons.

Les petits sont enclins à médire des grands.
F. DE NEUFCHATEAU, les Grues.

La raison des petits semble un outrage aux grands.
F. DE NEUFCHATEAU, le Pommier, le Poirier et la Ronce.

Un grand sans doute est redoutable
Dans l'excès de sa passion;
Mais du petit la fureur implacable,
Lorsque le fanatisme aveugle sa raison,
Marche d'un pas rapide à la destruction.
Mme JOLIVEAU, la Proscription et le Rappel des Moineaux.

Petits, à vous prenez bien garde:
Sur le bon droit soyez fondés, ou non,
L'injustice devient une loi naturelle;
N'ayez avec les grands ni procès, ni querelle;
Vous avez toujours tort, ils ont toujours raison.
LEBRUN, le Seigneur et le Lion.

Les grands au monde ont été mis,
Dit-on, pour aider les petits,
Et les petits sont sur la terre
Pour les amuser et leur plaire.
GINGUENE, l'Oiseau à la mode.

PEUPLE.

Le peuple, inconstant ct volage,
De son état présent n'est jamais satisfait.
LENOBLE, Jupiter et les Grenouilles.

Il faut servir le peuple afin de plaire au prince.
F. DE NEUFCHATEAU, l'Intendant et le Maire.

Bons ou mauvais, tout peuple a ses usages,
Ses moeurs, son génie et ses lois.
BOINVILLIERS, l'Ours de Berne.

Le peuple a, de tout temps, aimé les sacrifices;
Il va, comme au spectacle, assister aux supplices.
F. DE NEUFCHATEAU, le Boeuf gras.

Craignez du peuple la vengeance,
Quand on le foule injustement.
HAUMONT, l'Homme et le Serpent.

Sous les rois vicieux,
Les peuples sont licencieux.
LEBRUN, le Lion, le Renard, et le? Boeuf..

PEUR.

... La plus forte passion
C'est la peur: elle fait vaincre l'aversion;
Et l'amour quelquefois; quelquefois il la dompte.
LA FONTAINE, le Mari, la Femme et le Voleur.

La peur grossit les objets.
AGNIEL, le Loup, le Berger et son Troupeau.

... Dans la peur, réfléchit-on?
LENOBLE, les Lièvres et les Grenouilles.

La peur, chez les méchans, tient lieu de probité,
A. RIGAUD, le Loup, l'Agneau et les Bergers.

Lorsqu'un a peur, on est fort doux.
VOLTAIRE, les trois Manières.

Quand on a peur, tout orgueil s'humanise.
VOLTAIRE, la Bégueule.

PHILOSOPHE, PHILOSOPHIE.

Un philosophe, en cour, est d'un très-mince aloi.
HAUMONT, le Philosophe et le Prince.

La bonne philosophie
Sert à tout et ne nuit à rien.
NIVERNAIS, les deux Profils.

... La philosophie
Doit être de jouir de cette triste vie,
De chercher le plaisir; qui s'en passe est bien fou.
ANDRIEUX, le Rat de ville et le Rat des champs.

PIEGE.

Souvent un piège est caché sous la fleur.
Mme JOLIVEAU, les Plantes et les Insectes.

PIERRE PHILOSOPHALE.

Sans or, vivre satisfait
De son modique héritage;
Supporter avec courage
Quelques revers imprévus;
Sans faire tête à l'orage,
Attendre qu'il ne soit plus;
Par le charme des vertus
Embellir notre passage,
Et ne point s'effaroucher
Quand nous voyons s'approcher
Du Styx la barque fatale,
C'est avoir, sans la chercher,
La pierre philosophale.
AGNIEL, la Pierre philosophale.

... Savoir, se passer d'or
C'est la pierre philosophale.
STASSART, le Philosophe et l'Alchimiste.

PIQUER.

Il ne faut point piquer qui peut nous écraser.
LENOBLE, la Puce et la Pucelle.

PIRE.

En voulant mieux trouver, souvent on trouve pire.
GRENUS, l'Agneau gourmand.

Il ne faut pas d'un mal retomber dans un pire.
GRENUS, la Royauté.

On fait pis en voulant mieux faire.
JAUFFRET, la Corneille.

PITIE.

On ne peut émouvoir la pitié d'un barbare.
HAUMONT, l'amitié de l'Ours et du Loup.

Point de pitié pour tout corsaire.
DE LA BOUTRAYE, le Chauve et la Mouche.

PLACE.

... Chez l'humaine race,
La gloire, l'amitié, la fortune, et l'amour,
Ne sont pas toujours à leur place.
DU TREMBLAY, le Lièvre et la Tortue.

Mettons à leur place les gens,
Et tout ira le mieux du monde.
NIVERNAIS, les deux Chiens de, chasse et le Manant.

PLAIDER.

... L'huître est pour les juges,
Les écailles pour les plaideurs.
LA FONTAINE, les Frélons et les Abeilles.

Le gain même, en plaidant, conduit à l'indigence.
LENOBLE, le Vautour, le Rat et la Grenouille.

... On ne plaide pas quand on n'a point d'argent.
LOMBARD DE LANGRES, le Canonnier.

On aime à plaider sur la terre.
F. DE NEUFCHATEAU, le Plaisir et la Peine.

PLAINDRE, PLAINTE.

Que sert-il d'être plaint, quand l'ame est envolée?
LA FONTAINE, les Filles de Minée.

Je plains souvent les gens, rarement je les blâme;
S'ils ne sont point d'un caractère heureux,
Je dis, on n'eut pas l'art de façonner leur ame;
C'est un talent et rare et précieux.
DU TREMBLAY, l'Instituteur et son Elève.

Tel qui se plaint au ciel, dans sa vive douleur,
Du sort le plus affreux, dont le destin l'accable,
Ne voit pas que lui-même il fut impitoyable,
Et qu'il a mérité cet excès de rigueur.
HAUMONT, l'Hirondelle et le Moucheron.

La ressource du faible est la plainte secrète.
F. DE NEUFCHATEAU, le Conseil des Animaux.

A la plainte toujours se mêle un peu d'envie.
A. NAUDET, la Fortune et le Mendiant.

La plainte de nos maux accroît la violence.
JAUFFRET, les deux Chiens.

Même quand de ses dons on nous voit abuser,
Nous fatiguons le ciel d'une plainte importune.
JAUFFRET, le Malheureux et la Fortune.

PLAIRE.

L'aiguillon le plus vif est le désir de plaire.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

C'est peu de servir 1'homme, il faut encor lui plaire.
FLORIAN, le Rhinocéros et le Dromadaire.

Dans ce monde, voulez-vous plaire?
Ne parlez à chacun que de sa propre affaire,
De ses besoins, de ses projets,
Des autres rarement, de vous-même jamais.
GINGUENE, la Conversation des Oiseaux..

De l'amour en effet naît le désir de plaire,
Si voisin du désir de se faire estimer.
AUBERT, les Voeux.

Avant que de songer à vous faire estimer,
Grands, commencez par plaire à tous tant que nous sommes.
AUBERT, l'Ours et le Chien.

De plaire à tous quiconque ambitionne,
Beaucoup se peine, et ne plaît à personne.
PERRAULT, le Père, son Fils et l'Ane.

Ce qui nous plaît, on aime à l'entendre redire.
A. NAUDET, la Coquette et le Miroir.

Ce n'est pas plaire assez que de plaire à demi.
LE BAILLY, Prologue du livre I.

Il vaut mieux plaire que servir.
LAMOTTE, l'Ane.

Que faut-il donc pour plaire aux princes?
Préparer la louange avec habileté,
Et ne jamais parler, du malheur des provinces.
STASSART, le Renard.

On plaît par des défauts plus que par des vertus.
Mme JOLIVEAU, les deux Perroquets.

PLAISANS.

... Toujours le vulgaire, aux savans
Préfère les mauvais plaisans.
STASSART, l'Eléphant, la Guenon et leur Conducteur.

Mauvais plaisans parfois ont une fin tragique.
A. RIGAUD, l'Ours et le Singe.

PLAISIR.

Le seul plaisir est ce l'on que souhaite.
LA FONTAINE, les Rémois.

... Fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre.
LA FONTAINE, le Rat de ville et le Rat des champs.

Plaisir trop vif ne se peut endurer.
DU TREMBLAY, le Plaisir et la Douleur.

Des plaisirs séducteurs la dangereuse ivresse,
Des amis vicieux la caressante voix,
Souvent de la vertu font oublier les lois.
A. RIGAUD, le Bloc de marbre.

Pour un coeur vide il n'est pas de plaisir.
FLORIAN, le Chien de chasse.

Les biens et les plaisirs sont fragiles et courts.
LEBRUN, le Libertin et la Pendule.

Il n'est qu'un seul plaisir, c'est d'avoir des amans.
FLORIAN, la Tourterelle et la Fauvette.

Du don de la sagesse on peut bien être épris;
On peut être tenté surtout d'une couronne;
Mais les seuls vrais plaisirs, c'est l'amour qui les donne.
F. DE NEUFCHATEAU, le nouveau Jugement de Pâris.

... Tous les maux qu'en un mois l'on endure
Sont effacés par un jour de plaisir,
Et l'important c'est de ne pas mourir.
FLORIAN, le Tourtereau.

Plaisir vaut mieux que profit.
NIVERNAIS, les jeunes Canards.

... Chacun à sa manière
Est libre d'avoir son plaisir.
FLORIAN, Don Quichotte berger.

... Plaisir et liberté
Valent bien sotte vanité.
A. RIGAUD, les petits Camarades.

Conduite, sagesse et prudence,
Sont oubliés pour les plaisirs.
HAUMONT, la Maladie et la Santé.

Eh! qui peut s'arracher au plaisir sans douleur?
DU TREMBLAY, Polichinelle.

Plaisir d'amour ne donne le trépas.
LOMBARD DE LANGRES, le Conscrit.

... Les plus innocens sont les plus doux plaisirs.
LEBRUN, le Vautour et la Colombe.

Le chemin du plaisir offre à l'oeil enchanté,
Sur un gouffre profond, d'une brillante glace
Le miroir transparent;
D'un pied léger il nous faut, en courant,
Effleurer l'argentine et trompeuse surface.
DU HOULLAY, la Mouche et le Vase de liqueur.

Nous suivons son aile légère:
Elle nous charme, nous séduit;
Nous le pressons, il est détruit,
Et notre coeur se désespère.
DU TREMBLAY, l'Enfant et le Papillon.

... Combien de mortels, sur le malheur des autres,
Ont froidement calculé leurs plaisirs!
AGNIEL, le Nid de Fauvettes.

Hélas! combien de fois la jeunesse volage,
En suivant le plaisir a perdu le bonheur!
A. RIGAUD, la Chevrette et ses Petits.

... Il est peu de plaisir sans douleur.
VOLTAIRE, le Dimanche.

... Donnons au plaisir les rapides momens
De notre existence éphémère.
GRENUS, le Rat de ville et le Rat des champs.

On n'aime le plaisir qu'à mesure qu'il coûte.
LENOBLE, le Miroir.

De plaisir sur ses pas sème toujours des fleurs;
Mais bien fou qui se lie à ses appas trompeurs.
Mme JOLIVEAU, les deux Sources.

Par le plaisir l'homme est conduit.
AGNIEL, les deux Ruisseaux.

Le plaisir que l'on chérit tant,
A la douleur semble contraire;
De l'un à l'autre on voit pourtant
Que le passage est nécessaire:
On les dirait entre eux liés étroitement,
Tant leur succession est prompte et régulière!
AUBERT, Socrate et ses Disciples.

PLEURS.

Toujours un peu de faste entre parmi les pleurs.
LA FONTAINE, la Matrone d'Ephèse.

Quand on pleure, on a pardonné.
A. DE MONTESQUIOU, l'Acheteur.

Pleurer ensemble est moins affreux.
STASSART, les deux Chardonnerets.

Faire pleurer est beaucoup pire
Que de donner sujet de rire.
PERRAULT, la Pie et les Oiseaux.

Le crocodile aussi verse des pleurs.
STASSART, le Remords inutile.


PLUME.
... L'on déshonore sa plume
En la trempant dans du poison.
FLORIAN, l'Auteur et les Souris.

La plume a fait cent fois plus de mal que 1'épée.
ARNAULT, l'Epée et la Plume..

POISON.

Plus un poison se dissimule,
Plus le coup en est dangereux.
LENOBLE, le Pitaud et le Bouquin.

... Dans tous les cas,
Fût-ce même pour se défendre,
Il est fort dangereux d'employer le poison.
STASSART, la Mort-aux-Rats.

POLICE.

Pour suivre des méchans la ligue ténébreuse,
Pour déjouer leurs complots odieux,
La police toujours doit avoir, de bons yeux,
Mais sans se montrer querelleuse,
Sans effrayer les potentats,
Car police trop ombrageuse
Devient le fléau des Etats.
STASSART, le Fermier et les Chiens de basse-cour.

POLITESSE.

... L'aimable politesse
Est bien presque une vertu.
A. RIGAUD, la Pie et le Chardonneret.

Je veux de l'indulgence ou de la politesse,
C'est la parure des vertus.
FLORIAN, le Hérisson et les Lapins.

La politesse est le partage
De tous les gens bien appris.
HAUMONT, le Chat, le Rat et la Souris.

POLITIQUE.

... La politique
Est le premier talent des rois.
FLORIAN, l'Education du Lion.

POLTRON.

Il n'est, on le voit bien, si poltron sur la terre,
Qui ne puisse trouver un plus poltron que lui.
LA FONTAINE, le Lièvre et les Grenouilles.

Armez jusqu'aux dents un poltron,
En aura-t-il plus de courage?
Lors même qu'à vos yeux il fait le fanfaron,
C'est qu'il se voit encor loin du champ de carnage.
STASSART, le Cerf et le Faon.

En vain de pied en cap vous armez un Thersite,
D'un Achille il ne peut revêtir la valeur.
DU HOULLAY, le Faon et le Cerf.

Les poltrons n'ont jamais, pour calmer leurs alarmes,
Ni d'assez bons remparts, ni d'assez bonnes armes.
PERRAULT, le Cerf et le Faon.

... Souvent un poltron
Démonterait un fanfaron,
S'il l'osait regarder en face.
LENOBLE, le Lièvre et les Grenouilles.

Il n'est donc ...
Poltron qui ne rencontre un plus poltron que soi.
LENOBLE, le Lièvre et les Grenouilles.

... La terre abonde
De ces gens brillans au caquet,
Fiers de langue, mais que le monde
Connaît pour poltrons en effet.
LENOBLE, le Loup et le Bouc.

POMPE.

Une pompe étrangère a de quoi nous séduire.
LE BAILLY, le Cadran solaire.

POPULACE.

La populace est la plus forte.
VOLTAIRE, le Dimanche.

... Un rien, une grimace
Suffit pour amuser la sotte, populace.
STASSART, l'Elephant et la Guenon.

POUVOIR.

Le pouvoir de l'homme est immense.
ARNAULT, les Bulles de savon.

C'est une dangereuse amorce
Qu'un pouvoir trop illimité.
NIVERNAIS, le Bélier dangereux.

... Dans le torrent des révolutions,
Le pouvoir est flottant au gré des factions.
F. DE NEUFCHATEAU, le Chameau.

Il faut dans un état qu'un seul pouvoir ordonne.
F. DE NEUFCHATEAU, Apollon et Cybèle.

... Le pouvoir
Ne produit pas tout seul l'obéissance;
Intrigue, fuite ou trahison,
Quand il est seul, savent lui tenir tête:
Il faut, pour que rien ne l'arrête,
Qu'il s'unisse avec la raison.
NIVERNAIS, le Lion et l'Eléphant.

... Le pouvoir et la grandeur,
Sans l'amitié ne font pas le bonheur.
A. NAUDET, l'Aigle et le Roitelet.

PRATIQUE.
En cuisine, en finance, et même en politique,
La science est beaucoup, mais moins que la pratique.
COUPE DE ST.-DONAT, les deux Rats.

PRECAUTION.

... Des précautions, quelquefois l'excès nuit,
Et l'on ne prévoit pas toujours ce qui s'ensuit.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpéïde, Chant II.

PREFERENCE.

Que de malheurs sont arrivés,
Peuples et rois, vous le savez,
Pour une injuste préférence!
NIVERNAIS, le Dindon.

PREJUGES.

On ne détruit pas aisément
Le préjugé, ni l'habitude.
LEBRUN, le Corbeau et le Cheval mort.

Afin que l'homme, un jour, pour guide ait la raison,
Il faut des préjugés affranchir la raison,
Quelque secousse peut devenir nécessaire.
Mme JOLIVEAU, le Feu à la Maison.

Des préjugés de la jeunesse
Presque toujours on se ressent.
LEBRUN, le Vase et son Maître.

Il est des préjugés vulgaires
Qu'on ne peut, sans danger, détruire tout d'un coup.
AGNIEL, l'Arbre et le Fermier.

PRENDRE.

... Tel est pris qui croyait prendre.
LA FONTAINE, le Rat et l'Huître.

PRESOMPTION.

Esprits présomptueux, souffrez
Que l'on vous parle avec franchise;
Sachez, vous qui vous admirez, Q(ne tout le monde vous méprise.
LEBRUN, le Renard et le Loup.

... La grande présomption
Fait, tout au moins, tourner en ridicule
Celui qu'elle rend trop crédule
Sur ses prétendus talens.
HAUMONT, le Taureau, le Cheval et le Renard.

PRETRE.

Les dieux sont bons, les prêtres sont cruels.
VOLTAIRE, les trois Manières.

Le prêtre, au nom des dieux, dévore les gigots,
Le feu les intestins, et le ciel la fumée.
DU HOULLAY, les Brebis et l'Homme.

Rien ne se perd entre les gens d'église.
LA FONTAINE, les Troqueurs.

En tout pays on peut craindre les prêtres,
PARNY, Alcibiade converti.

PREVOYANCE.

La prévoyance est vertu fort utile.
HAUMONT, les Fourmis et l'Alouette.

... Un peu de prévoyance est bonne, en tous les temps,
Surtout pour prendre femme et se mettre en ménage.
GRENUS, la Ponte prématurée.

... Heureux qui de prévoyance
Sait en sage homme se munir.
LENOBLE, le Lin, les Oiseaux et la Pie.

... Trop prévoir des malheurs,
C'est ajouter à des peines réelles.
LOMBARD DE LANGRES, le Conscrit.

... Il faut apprendre
A prévoir sagement les divers résultats.
STASSART, la Mort-aux-Rats.

Qui prévoit l'écueil, doit mettre son étude
A le fuir et n'y point toucher.
LENOBLE, le Lin, les Oiseaux et la Pie.

Tout homme, s'il n'est hébêté,
Doit songer à l'hiver, quand il est en été.
PERRAULT, la Fourmi et la Cigale.

Par une utile prévoyance,
Ranimons nos derniers instans.
DU TREMBLAY, les Ruines.

PRIERE.

Les dieux du malheureux écoutent la prière.
A. RIGAUD, le Manant et le Papillon.

PRISER.

Ce qu'on prise le plus est ce qui vaut le moins.
NIVERNAIS, l'Homme et le Baril.

PROBITE.

... A la fin le ciel récompense
L'homme de probité.
LENOBLE, le Bûcheron et Mercure.

PROCHAIN.

... Nous devons ménager le prochain.
AUBERT, Socrate et ses Disciples.

Il faut avoir soin du prochain, Quand on est sur la même couche.
DU TREMBLAY, les deux Melons.

... Parmi tous tant que nous sommes,
Nul n'a le droit de vexer son prochain:
La goutte d'eau que nous jette un voisin,
Nous semble un poids insupportable.
NIVERNAIS, le Roi observateur.

PRODIGUE.

Le prodigue imprudent à ses voeux qui se livre,
Vit comme s'il allait mourir;
Et l'avare, sans cesse empressé d'acquérir,
Comme s'il devait toujours vivre.
LEBRUN, le Prodigue et l'Avare.

Le prodigue indiscret court à bride abattue
Le droit chemin à l'hôpital.
LENOBLE, les Rats.

PROFIT.

... Des présens divers que nature nous fit,
Faisons chacun notre profit.
A. RIGAUD, la Tortue et le Lézard.

PROJETS.

On voit les injustes projets Demeurer toujours sans succès.
A. DE MONTESQUIOU, la Femme à Nicolas.

Par des plans bien conçus, des mesures bien prises,
Vous croyez voir un jour réussir vos projets:
Un rien, le moindre oubli peut de vos entreprises,
Faire évanouir le succès.
AGNIEL, les deux Négromans.

Dans ses projets un faquin réussit,
Tandis que dans les siens un honnête homme échoue.
LEBRUN, le Valet devenu Maître.

Dans un petit cerveau qui forme un grand projet,
N'enfante rien qu'une chimère,
S'il n'est pas en pouvoir d'en accomplir l'effet.
LENOBLE, les Souris et le Chat.

PROMESSE.

... Le péril passé, l'on ne se souvient guère
De ce qu'on a promis aux cieux:
On compte seulement ce qu'on doit à la terre.
LA FONTAINE, Jupiter et le Passager.

Promettre est un, et tenir est un autre.
LA FONTAINE, Promettre.

... Insensé qui se fie aux promesses
Que l'excès du malheur arrache à maintes gens.
DU HOULLAY, le Loup.

Il ne faut pas compter sur promesse légère.
HAUMONT, l'Enfant, les deux Arbres et le Pasteur.

Promesse de renard avec le vent s'envole.
A. RIGAUD, le Loup, le Renard, le Boeuf et la Brebis.

Promettre des monts d'or, faire mille caresses,
Quand de quelque besoin l'on se trouve pressé,
Et se rire de ses promesses,
Lorsque le péril est passé,
C'est ce qui tous les jours se pratique en ce monde.
LENOBLE, le Loup et la Grue.

Promesses et sermens passent pour des chansons;
Sot qui les tient, fou qui s'y fie.
LAMOTTE, la Rose et le Papillon.

PRONER.

Deviens Amphitryon, si tu veux qu'on te prône.
LE BAILLY, les deux Rats.

Si vous n'avez point de compère
Qui puisse vous prôner, vous-même prônez-vous.
STASSART, le Perroquet.

PROPHETE.

Aucun n'est prophète chez soi.
LA FONTAINE, Démocrites et les Abdéritains.

Nul n'est prophète en son pays.
GOSSE, le Serin aux îles Canaries.

... Nul n'est prophète chez soi.
STASSART, les deux Spéculateurs.

Nul, dit-on, n'est jamais prophète en son pays.
A. NAUDET, le Zèbre au marché.

PROSCRIT.

Pour sauver un proscrit, tenez tête à l'orage.
LOMBARD DE LANGRES, l'Oiseau plumé.

PROSPERITE.

... L'angoisse, la tristesse,
Sont compagnons de la prospérité.
LOMBARD DE LANGRES, le Gage de bataille.

Dans la prospérité, tout nous rit, tout est beau,
Mais dans l'adversité, c'est un autre tableau.
HAUMONT, le Roi d'Afrique et l'Esclave.

Malheur à quiconque s'oublie
Au sein de la prospérité!
Tombe-t-il dans l'adversité,
Loin de le plaindre, on l'humilie.
LE BAILLY, le Rat dans la Pagode.

S'enorgueillir dans la prospérité,
D'un parvenu c'est assez le système;
Mais au moindre revers, adieu sa vanité:
Les leçons de l'adversité,
Le contraignent bientôt à rentrer en lui-même.
AGNIEL, la Mule.

A la prospérité succède la détresse. Mme JOLIVEAU, le Piège.

PROVIDENCE.

... La Providence
Sait ce qu'il nous faut mieux que nous.
LA FONTAINE, Jupiter et le Métayer.

... La Providence est la commune mère;
Fiez-vous-y; mais ne la tentez pas.
LAMOTTE, le Corbeau et le Faucon.

Très-souvent ce qu'on croit être un coup du hasard,
Est un coup de la Providence.
JAUFFRET, la Fauvette et le Faucon.

Laissons agir la Providence,
Elle sait bien ce qu'il nous faut.
FORMAGE, le Cheval et Jupiter.

PRUDE.

Plutôt qu'une autre une prude est séduite.
FLORIAN, le Tourtereau.

PRUDENCE.

La prudence toujours doit régler la valeur.
JAUFFRET, le Dogue et le Barbet.

Amour! amour! quand tu nous tiens,
On peut bien dire « adieu prudence.»
LA FONTAINE, le Lion amoureux.

... Qu'importe un grand caractère,
Si la prudence ne l'éclaire?
STASSART, le Torrent et l'Arbrisseau.

C'est toujours après le danger
Que l'on se pique de prudence.
STASSART, le Rossignol et l'Hirondelle.

La prudence est bonne de soi;
Mais la pousser trop loin est une duperie.
FLORIAN, le Chat et le Moineau.

Sur tout ce qui nous environne
Ayons toujours les yeux ouverts.
NIVERNAIS, le Corbeau et le Coq.

Faute de force il faut employer la prudence..
LENOBLE, la Fourmi et le Ramier.

N'entrons jamais en nulle affaire,
Sans bien savoir par où nous pourrons en sortir.
NIVERNAIS, les deux Grenouilles.

Pour assurer votre existence,
Et pour éviter le malheur,
Défiez-vous de force et de grandeur,
Comptez plutôt sur la prudence.
HAUMONT, le Chat, le Rat et la Souris.

Même du bien que l'on nous fait,
Il faut user avec prudence.
DU TREMBLAY, l'Étourneau.

La prudence toujours doit nous servir de règle.
STASSART, l'Aigle et l'Epervier.

... Du plus sage, hélas! la prudence s'oublie.
A. NAUDET, le Renard et le Cerf.

La prudence jamais ne fut poltronnerie.
A. NAUDET, le Renard et le Cerf.

Dissimuler son impuissance,
Et ce que l'on ne peut avoir,
Se faire une vertu de ne le pas vouloir,
D'un politique adroit c'est un coup de prudence.
LENOBLE, le Renard et les Raisins.

Le prudent sait prévoir le danger, et s'en tire:
Le sot y succombe et périt.
LEBRUN, le Pêcheur, la Carpe et le Brochet.

La prudence, à la cour, est la vertu du sage.
JAUFFRET, le Lion et le Bouc.

PUDEUR.

L'avidité procure un sort heureux,
Quand la pudeur languit dans la misère!
DE LA BOUTRAYE, le Lion, le Voleur et l'honnête Homme.

PUISSANCE.

... Tout compté, mieux vaut en bonne foi,
S'abandonner à quelque puissant roi
Que s'appuyer de quelques petits princes.
LA FONTAINE, le Bossu et le Marchand.

On s'enivre de la puissance.
STASSART, le Trône de neige.

La puissance, il est vrai, ne fait pas le bonheur.
LE BAILLY, le Torrent et la Source.

La puissance qui nous retient,
Est souvent celle qui nous sauve.
ARNAULT, le Cerf-volant.

PUNIR, PUNITION.

... Les rois, à l'exemple des dieux,
Ne doivent punir qu'avec peine.
LEBRUN, la Reine des Abeilles et la Fourmi.

Tel de ses bons parens fait gémir la vieillesse,
Qui se fût conduit comme il faut
Si l'on eût puni son défaut,
Qu'on a traité de gentillesse.
DU TREMBLAY, le petit Garçon et son Chat.

Sans doute il faut punir, mais non pas égorger.
A. RIGAUD, la Justice et l'Humanité.

Qui punit bien, a bien moins à punir.
LAMOTTE, les Abeilles.

PUR.

... Ce qui n'est pas pur ne peut être excellent.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpéïde, Prologue.

--- Q ---

QUALITES.

Nous n'apprécions bien les qualités des autres
Qu'en les y rencontrant plus conformes aux nôtres;
De là souvent, en eux ce qui nous plaît,
N'est pas toujours le plus parfait.
Mme JOLIVEAU, le Septicolor.

QUERELLE, QUERELLEURS.

Rois, n'attaquez jamais deux peuples en querelle,
Si vous ne voulez voir renaître entre eux la paix,
Et tomber sur vous seuls les traits
De leur haine mortelle.
DU HOULLAY, les deux Chiens et le Loup.

Tout querelleur trouve des ennemis.
NIVERNAIS, l'Echo.

QUITTER.

Les instans sont si courts, le temps passe si vite,
Lorsque jamais l'on ne se quitte.
A. NAUDET, les deux Moineaux.

--- R ---

RAILLER, RAILLEURS.

Ne raillons point les malheureux.
NIVERNAIS, le Lièvre pris et le Moineau.

De la société pour goûter les douceurs,
Proscrivez avec soin tous les mauvais railleurs.
HAUMONT, l'Ours et le Singe.

RAISON.

La raison décide en maîtresse.
LA FONTAINE, un Animal dans la Lune.

... La raison, d'ordinaire,
N'habite pas long-temps chez les gens séquestrés.
LA FONTAINE, l'Ours et le Jardinier.

La raison du plus fort est toujours la meilleure.
LA FONTAINE, le Loup et l'Agneau.

La raison, quelquefois, fait ce que fit l'instinct.
LAMOTTE, l'Ecrevisse qui se rompt une jambe.

La raison et le temps vont toujours de niveau.
A. DE MONTESQUIOU, le jeune Lièvre et sa mère.

... Dans un esprit léger,
Rarement la raison préside.
HAUMONT, le Chardonneret, les Oiseaux et le Chasseur.

Le bel esprit s'éclipse auprès de la raison.
ARNAULT, le Soleil et la Chandelle.

... Il est, dans ce monde
Trop dangereux d'avoir raison.
VOLTAIRE, le Dimanche.

Contre plaisir et répugnance, Raison perd toujours son procès.
LAMOTTE, l'Huître.

Que de l'homme ici-bas la faiblesse est étrange!
Sa raison si vantée est souvent en défaut:
Elle succombe au moindre assaut;
Un fantôme, un rien la dérange.
LEBRUN, l'Homme et la Mouche.

... C'est la raison,
Et non pas l'habit qui fait l'homme.
LEBRUN, le Singe habillé en Homme.

Pour les conseils de la raison, Jeune fille n'a pas d'oreille.
A. NAUDET, le Portrait de l'Amour.

Il faut, si la raison veut corriger les gens,
Qu'avec eux elle apprenne à rire.
AUBERT, la Pluie et le beau Temps.

Cette pauvre raison dont l'homme est si jaloux,
N'est qu'un pâle flambeau qui jette autour de nous
Une triste et faible lumière;
Par-delà c'est la nuit. Le mortel téméraire
Qui veut y pénétrer marche sans savoir où.
FLORIAN, les deux Persans.

Si vous avez de la finance,
Vous aurez tout, hors un seul point:
C'est la raison qui ne s'achète point.
NIVERNAIS, la Fontaine du Seigneur.

De la raison l'homme, en naissant,
Reçut le don pour son partage;
Il en est fier: pauvre avantage!
Il n'est jamais qu'un grand enfant.
DU TREMBLAY, le mauvais Enfant.

RAMPER.

Tel qui rampait s'élève et nous étonne.
LAMOTTE, la Chenille et la Fourmi.

RANG.

Nous naissons tous égaux; la nature ingénue
Ne reconnut jamais les rangs qu'on s'attribue,
Et de tous temps les confondit:
Mais le caprice humain les fit,
Et le hasard les distribue.
PIRON, la Noblesse.

Ce n'est pas le rang qui fait l'homme.
F. DE NEUFCHATEAU, Epilogue du livre II.

Pour les rangs les plus hauts soyons indifférens.
LEBRUN, le Pin et le Roseau.

RECHERCHE.

La recherche gâte l'esprit.
F. DE NEUFCHATEAU, la Poule trop grasse.

RECOMPENSE.

On doit récompenser les talens, les vertus.
A. RIGAUD, le Ministre.

RECONNAISSANCE.

En violant les lois de la reconnaissance,
On se déclare indigne des bienfaits:
De ce devoir rien ne nous dispense;
Ne nous en écartons jamais.
LEBRUN, le Lion et son Bienfaiteur.

Manquer à la reconnaissance,
Pour 1'homme n'est souvent qu'un jeu.
STASSART, les Voyageurs et le Platane.

Chez les grands, comptez peu sur la reconnaissance.
HAUMONT, le Renard et le Lion.

Doit-on de la reconnaissance
A qui donne des biens qu'il ne saurait garder?
STASSART, le Paon qui mue.

... J'aimerais assez qu'on fût reconnaissant.
LOMBARD DE LANGRES, l'Oiseau plumé.

Remercier la providence,
Pour ses dons journaliers, ses bienfaits précieux,
Est un devoir prescrit par la reconnaissance.
AGNIEL, le Coq et le Pourceau.

La prudence, le temps, un peu d'expérience,
Sont bons à consulter, même en reconnaissance!
GUTTINGUER, le Boeuf.

RECUEILLIR.

... Pour recueillir il faut avoir semé.
LEBRUN, le Chien et le Voleur.

RECULER.

L'on n'avance pas allant à reculons
LENOBLE, les deux Écrevisses.

REFLEXION.

... Réflexion et jeunesse
Ne s'unissent pas aisément.
NIVERNAIS,
le jeune Chien._

REFORMER.

A réformer des esprits faux

0n perd sa peine et son courage.
DU TREMBLAY, la Poulette.

Avec nos passions aux prises,
D'une sage réforme affichant le dessein,
Nous faisons des plans le matin,
Et le long du jour des sottises.
GRENUS, le Chat corrigé.

REFUS.

Qui fait demande, impertinente,
Doit attendre un sage refus.
LENOBLE, le Renard et le Singe.

Un refus aux puissans paraît ne avanie.
F. DE NEUFCHATEAU, les noces du Loup.

Si bon que soit un roi, d'un refus il s'irrite.
Mme JOLIVEAU, le Renard misanthrope.

REGLER.

Il faut régler ses mouvemens,
Sur ses moyens, non sur ses sentimens.
NIVERNAIS, l'Araignée et l'Hirondelle.

REGNER.

L'art de régner, cet art si difficile,
Est fondé sur l'amour, on l'a dit mille fois;
Mille fois les flatteurs qui corrompent les rois,
Ont rendu sur leur coeur ce précepte inutile.
AUBERT, l'Amour paternel.

Régner fut de tout temps un ennuyeux métier.
A. NAUDET, l'Aigle et le Roitelet.

REGRETS.

Nous laissons, en mourant, le monde tel qu'il est;
Compter sur des regrets, c'est compter sans son hôte.
LAMOTTE, Mercure et les Ombres.

Quelquefois les regrets suivent la jouissance.
A. RIGAUD, Mercure et les Animaux.

... Les fautes sont passagères,
Mais les regrets sont éternels.

A. RIGAUD, la Souris et sa Fille.

REMEDE.

Grand remède à grands maux; c'est la règle ordinaire.
STASSART, la Mort-aux-Rats.

REMORDS.

Celui qui fait le bien connaît-il le remords?
F. DE NEUFCHATEAU, le Jardinier et le Chien.

Malheur au fougueux caractère
Qui n'a pas le remords assis à ses côtés.
DU TREMBLAY, La Motte Houdard.

Les scélérats ont l'ame tourmentée
Par le remords des crimes qu'ils ont faits:
C'est le premier vengeur qui punit les forfaits;
C'est le vautour de Prométhée.
LEBRUN, le Tigre.

RENDEZ-VOUS.

Le plaisir de se voir aux amans est si doux,
Que l'on n'en reste pas au premier rendez-vous.
A. DE MONTESQUIOU, la Femme à Nicolas.

RENDRE.

Le bien, le mal se rend avec usure.
LA BOUTRAYE, la Panthère et les Bergers.

RENOMMEE.

Les grands poètes font les grandes renommées,
Qui ne sont pas toujours dans le temps confirmées.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpéïde, Chant II.

Le bruit tant recherché que fait la renommée,
Pendant que nous vivons,n'est qu'un peu de fumée,
Et c'est bien moins encor quand nous ne vivons plus.
COUPE DE ST.-DONAT, Epilogue.

On perd à peu de frais la bonne renommée;
La mauvaise à chaque heure, est, hélas! confirmée.
DE LA BOUTRAYE, la Cloche et la Calomnie.

Une renommée éclatante
N'est pas toujours le prix d'un courage indompté.
JAUFFRET, le Cheval et le Mouton.

... Une fois établie,
La renommée en mal ne peut être abolie.
F. DE NEUFCHATEAU, le Dragon et les Lézards.

REPARER.

Mieux vaut réparer que bâtir.
DU TREMBLAY, les Ruines.

REPENTIR.

... De tous les tourmens le plus rude à sentir,
C'est l'inutilité d'un trop long repentir.
F. DE NEUFCHATEAU, le Repentir de Bourbon.

Le repentir toujours
Suit de folles amours,
Mais jamais il n'oppresse
Un coeur brûlant du feu d'une chaste tendresse.
DU HOULLAY, la Violette, le Zéphir, et la Rose.

... Que sert de se parer
De repentir, après l'injure,
Qui ne peut plus se réparer?
F. DE NEUFCHATEAU, l'Ours et son Ourse.

REPETER.

Nous répétons, de bouche ou par-écrit,
Ce que d'autres ont dit, et souvent après d'autres.
LAMOTTE, le Berger et les Echos.

REPOS.

... Après la peine on aime le repos.
LENOBLE, le Pêcheur et les Poissons.

Dans le repos nonchalander son ame,
Est le paradis des vieux jours.
DU TREMBLAY, le Chêne et les Lierres.

Ce n'est pas sous le chaume, encor moins sur le trône,
Qu'on jouit du repos, qu'on vit en sûreté.
AUBERT, la Linotte et son Nid.

Pour le repos qu'on goûte, on a fort peu d'égards.
GOSSE, les Canards et le Héron.

... Après avoir
Bien travaillé, fait son devoir,
Il est juste qu'on se repose.
LEBRUN, l'Amateur des jardins et son Ami.

Le repos et la liberté
Sont préférables aux richesses.
LEBRUN, le Riche et le Pauvre.

Vivre en repos, c'est vivre infortuné.
FLORIAN, le Cheval d'Espagne.

Si tu veux goûter le repos,
Sache vivre avec tes égaux.
Mme JOLIVEAU, le Mort vivant.

REPUTATION.

Dès qu'une fois elle est perdue,
La réputation ne se retrouve plus.
AGNIEL, le Renard mourant.

RESIGNATION.

La résignation adoucit nos malheurs.
FORMAGE, la Mouche résignée.

RESPECT.

Soyez méchant, l'on vous respecte,
Fussiez-vous un reptile ou le plus vil insecte.
STASSART, l'Anguille et le Serpent.

... Que ta première loi,
Si ton honneur se trouve en un péril extrême,
Soit de te respecter ...
STASSART, le Chien de Chasse.

RESSEMBLANCE.

Tout ce qui nous ressemble est parfait à nos yeux.
AUBERT, le Merle.

RETRAITE.

Pour nous soustraire aux alentours
Du vice, et des méchans qui le suivent toujours
La retraite est un port tranquille.
Séjour fortuné! doux asile!
C'est là que, loin des envieux,
L'homme est parfaitement heureux.
HAUMONT, l'Homme du monde et le Solitaire.

Vivre dans la retraite, est-ce donc vivre en sage?
AGNIEL, le Sansonnet et le Hibou.

La retraite a son avantage.
JAUFFRET, le Papillon et la Demoiselle.

REUSSIR.

... Le secret de réussir,
C'est d'être adroit, non d'être utile.
FLORIAN, les deux Chats.

On peut, sans se tacher, quelquefois réussir.
FLORIAN, l'Hermine, le Castor et le Sanglier.

On n'a pas droit de s'assurer
De réussir à tout ce qu'on voit faire.
NIVERNAIS, la Grue.

Pour réussir, ne brusquez pas.
COUPE DE ST.-DONAT, Lockman.

... On réussit rarement,
Lorsque l'on veut trop entreprendre.
LEBRUN, le Chien et les deux Lièvres.

En mille occasions que le hasard fait naître,
Pour réussir, 1'homme prudent
Doit s'appliquer à bien connaître
De quel côté tourne le vent.
AGNIEL, l'Horloge et la Girouette.

RICHE, RICHESSE, ENRICHIR.

... Ce que les hommes
Font marcher avant tout, dans le siècle où nous sommes,
Ce sont les biens, c'est l'or, mérite universel.
LA FONTAINE, les Filles de Minée.

... Le riche n'est pas le plus heureux des hommes.
HAUMONT, le Riche malade et le Pauvre en santé.

... L'on est riche sans richesse,
Sitôt qu'on ne souhaite rien.
LENOBLE, le Bûcheron et Mercure.

... Dans cette courte vie,
Le riche à l'indigent pourrait porter envie.
A. NAUDET, l'Avare et son Ami.

Le riche est-il heureux? Souvent tout le contraire;
Et l'éclat de la grandeur
N'en impose qu'au vulgaire.
HAUMONT, la Dame, le Chapelain et la Fermière.

Souvent pour la vertu le riche n'est pas né.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

Un riche extérieur, qui fascine les yeux,
Est un garant suspect d'un mérite solide.
LEBRUN, les deux Chevaux.

Riche, contre un bon mot on peut se rassurer.
STASSART, le Renard.

Le riche rarement accorde ses bienfaits
Au pauvre qui du sort est la triste victime.
HAUMONT, le Cerf chassé.

... La richesse
Ne vaut pas le calme du coeur.
NIVERNAIS, les deux Exilés.

L'or, les rubis décèlent la distance,
Et la richesse ajoute à la beauté.
LOMBARD DE LANGRES, Berthe.

Qui ne sait pas en faire un bon usage,
Ne mérite pas d'en avoir.
LEBRUN, Plutus et le Peuple.

La plus prompte richesse on la croit la meilleure.
LENOBLE, l'Ane malade.

Amasser de grands biens n'est pas chose facile.
FORMAGE, la Richesse et le Bonheur.

Pour qui veut s'enrichir, il n'est point de patrie.
LOMBARD DE LANGRES, la jeune Grecque.

Il ne faut point d'esprit ni de science,
Pour s'enrichir: nos docteurs en finance
Ont à peine le sens commun.
LEBRUN, l'Agioteur et la Fortune.

RIDICULE.

Le trait du ridicule atteint toujours son but.
Mme JOLIVEAU, le Singe bizarre.

Quand on se donne en ridicule,
Tout naturellement nous devons le saisir.
HAUMONT, la Minaudière surannée.

Dans l'âge heureux des graces, de l'amour,
Ridicule n'est rien, tout paraît agréable.
HAUMONT, la Minaudière surannée.

RIEN.

... Souvent on tire d'un rien
Le précepte le plus utile.
Un rien dans une main habile
Peut produire le plus grand bien.
NIVERNAIS, la Pierre et ses Inscriptions.

... Il vaut mieux, soit dit sans vous déplaire,
Passer son temps à ne rien faire,
Qu'à suer pour faire des riens.
NIVERNAIS, l'Ecureuil et l'Eléphant.

Rien n'est-il pas le prix de rien?
LAMOTTE, la Chenille et la Fourmi.

RIRE.

... Favorablement le rire nous dispose.
A. DE MONTESQUIOU, le petit Savoyard.

On cherche les rieurs, et moi je les évite.
LA FONTAINE, le Rieur et les Poissons.

... Le rire est tout près du pleurer.
DU TREMBLAY, le Plaisir et la Douleur.

Foin de celui qui va toujours riant!
Peine d'autrui ne le tourmente guère.
LOMBARD DE LANGRES, le Grenadier français.

Souvent la rage est dans le coeur,
Quand le rire est sur le visage.
ARNAULT, les Dauphins et les Harengs.

RIVAL.

Un rival sans talent partout voit un défaut,
Mais le blâme, en sa bouche, à louange équivaut
STASSART, la Chenille, l'Araignée et le Ver-à-soie.

Dans la rivalité jamais on ne s'accorde.
HAUMONT, les deux Chiens, le Loup et le Troupeau.

ROIS, PRINCES, MONARQUES, SOUVERAINS.

... Défiez-vous des rois;
Leur faveur est glissante: on s'y trompe; et le pire
C'est qu'il en coûte cher. De pareilles erreurs
Ne produisent jamais que d'illustres malheurs.
LA FONTAINE, le Berger et le Roi.

Le plus aimé des rois est toujours le plus fort.
FLORIAN, le Laboureur de Castille.

Le monarque prudent et sage
De ses moindres sujets sait tirer quelqu'usage.
LA FONTAINE, le Lion s'en allant en guerre.

Roi qui chérit le peuple est en butte aux méchans.
STASSART, la mort du Lion.

Les princes, comme on sait, sont ce qu'ils veulent être.
A. RIGAUD, le Fils du Roi et le Cheval.

Partout on révère les rois:
C'est très-bien fait; mais quelquefois
On va trop loin, on les adore.
NIVERNAIS, le bon Sultan.

Un monarque n'est jamais grand
Si sa conduite n'est pas franche.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpéïde, Chant II.

... Sachez qu'un roi
Doit être esclave de la loi:
Et qu'il doit obéir à tous ceux qu'il commande.
LAMOTTE, les Abeilles.

Les rois heureux ont tant d'amis!
FLORIAN, l'Education du Lion.

Quelque puissant que soit un roi,
Il doit obéir à la loi.
COUPE DE ST.-DONAT, l'Assemblée des Animaux.

Rois, vous aimez la gloire, et c'est bien fait à vous;
Il ne s'agit que de la bien connaître.
Soyez ce que vous devez être,
Elle va vous offrir ce qu'elle a de plus beau.
LAMOTTE, le Conquérant et la Pauvre Femme.

Sur soi remporter la victoire,
Protéger les beaux-arts, rendre heureux ses sujets
Aimer la justice et la paix,
Voilà d'un souverain la véritable gloire.
LEBRUN, Jupiter et son Fils.

Un roi n'est point aimé, s'il n'est pas débonnaire.
VOLTAIRE, le Lion et le Marseillais.

Quand un prince est rempli d'orgueil et d'avarice,
Il faut que son Etat périsse.
PERRAULT,l'Alouette et l'Oiseleur.

Etre bienfaisant, équitable,
Aux criminels inspirer de l'effroi,
Aux innocens se montrer favorable;
Voilà, seigneur, les vertus d'un grand roi.
LEBRUN, le Lion, le Renard et le Boeuf.

Les rois sont quelquefois meilleurs maris que d'autres;
Et, s'ils ont leurs défauts, n'avons-nous pas les nôtres?
DORAT, Combabus.

Les rois, à l'exemple des dieux,
Qui versent leurs bienfaits sur tout ce qui respire,
Ne sont nés que pour rendre heureux
Ceux qui vivent sous leur empire:
C'est par là qu'aux coeurs généreux
Leur sort paraît digne d'envie.
LEBRUN, le Lion, le Renard et le Boeuf.

On n'est roi que par la prudence.
LAMOTTE, les Singes.

Les rois se rendent-ils aux vains discours du sage?
STASSART, l'Aigle et le Corbeau.

Monarque en proie à la douleur,
Doit en faire éprouver au monde.
Mme JOLIVEAU, le Tigre et le Ruisseau.

Il faut avoir un roi, mais non pas un tyran.
STASSART, le Léopard et l'Eléphant.

Un souverain sait tirer assistance,
La Fontaine l'a dit, de ses moindres sujets.
Mme JOLIVEAU, le Triomphe du Sentiment.

Sur les peuples divers soumis à votre empire
En prince juste, et bon répandez les bienfaits,
Et vous aurez autant d'amis que de sujets.
DU HOULLAY, le Roi, le Courtisan et le Sage.

Rois, tant que le destin vous rit,
De vous plaire chacun fait son unique étude;
Mais aussitôt qu'il vous trahit,
Avec lui, contre vous, chacun se réunit.
DU HOULLAY, le Lion, le Taureau et le Bouc.

Un roi doit être généreux.
HAUMONT, le Renard et le Lion.

Tout roi, tout chef qui fait connaître
Ce qu'il lui plaît de préjuger,
Quand il paraît interroger,
A bien l'air de parler en maître.
NIVERNAIS, le Renard opinant.

On ne peut se passer de rois.
A tort comme à travers pourtant on les censure:
Selon son intérêt chacun voudrait des lois.
On n'obéit plus, on murmure.
Du pouvoir souverain, 1'éclat, la majesté
Ont perdu leur prestige et leur autorité.
Les rois sont malheureux, dans le siècle on nous sommes.
STASSART, le Daim, le Porc, etc., etc.

ROLE.

Chacun a son rôle ici-bas,
Suivant qu'en ses décrets le veut la Providence.
A. NAUDET, l'Epi et le Pavot.

Chacun ici-bas fait son rôle;
Chacun vend
Son orviétan.
DU TREMBLAY, le Charlatan.

La vie humaine est une pièce,
Où nous avons notre rôle à jouer;
Chacun a le sien propre où nature le dresse.
En veut-on prendre un autre? on se fait bafouer.
LAMOTTE, les Animaux comédiens.

ROSE.

Parmi les fleurs, la rose est la plus belle.
AGNIEL, la Rose et le Groseillier.

Il n'est pas, on l'a dit, de rose sans épines.
STASSART, l'Enfant, sa Mère et la Rose.

ROTURE.

... La roture quelquefois
En vertu passe la noblesse.
LEBRUN, l'Aigle et le Corbeau.

Mourir de faim est, selon moi,
La roture la plus parfaite.
AUBERT, les deux Mains.

Par le mérite, on voit la roture ennoblie.
LEMONNIER, les Cruches.

RUINE.

... Les biens pour lesquels nous avons soupiré,
Ont trop souvent, hélas! causé notre ruine.
A. RIGAUD, le Bloc de marbre.

RUSE.

Tel rit d'une ruse d'amour,
Qui doit devenir, à son tour,
Le visible sujet d'une semblable histoire.
LA FONTAINE, le Contrat.

La ruse la mieux ourdie,
Peut nuire à son inventeur.
LA FONTAINE, la Grenouille et le Rat.

... En amour comme en guerre,
Ruse, dit-on, ne se ménage pas.
LOMBARD DE LANGRES, le Conscrit.

Dans sa propre ruse on s'abîme, Souvent à force de ruser.
LENOBLE, le Cheval et le Loup.

... Un peu de jugement
Se moque toujours de la ruse.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpéïde, Chant III.

Montrez-moi dans tout l'univers
Un lien que n'assiège la ruse?
NIVERNAIS, les Fruits du marché.

Pour rendre du méchant l'alliance inutile,
N'allez pas rechercher la puissance du fort;
La ruse est un moyen plus sûr et plus facile,
Quand 1'union surtout en règle le ressort.
DU HOULLAY, la Tourterelle et la Colombe.

--- S ---

SAGE, SAGESSE.

Le sage est ménager du temps et des paroles.
LA FONTAINE, Démocrite et les Abdéritains.

... La sagesse
Est un trésor qui n'embarrasse point.
LA FONTAINE, les Souhaits.

Les sages quelquefois, ainsi que l'écrevisse,
Marchent à reculons, tournent le dos au port.
LA FONTAINE, le Loup et le Renard.

... Quand le mal est certain,
La plainte ni la peur ne changent le destin;
Et le moins prévoyant est toujours le plus sage.
LA FONTAINE, le Cochon, la Chèvre et le Mouton.

Les sages sont des dieux qui refusent l'encens.
LAMOTTE, les deux Chiens.

Parfois les plus sages sont pris.
LAMOTTE, le Chat et la Souris.

Le sage sait, corrigeant son destin,
Mettre à profit les maux et les biens de la vie.
Mme JOLIVEAU, l'Homme et la Terre.

L'étude et le travail nous donnent la sagesse.
Mme JOLIVEAU, le Pouvoir de l'Eloquence.

Après mûr examen le sage délibère.
DU TREMBLAY, l'Etourneau.

... C'est sur le cadran commun
Que marche la montre du sage.
ARNAULT, la Montre.

Le sage doute; il a grande raison.
HAUMONT, les deux Voyageurs et le Ballon.

Sans doute, la sagesse est le souverain bien.
F. DE NEUFCHATEAU, le nouveau Jugement de Pâris.

... Le sage,
En tout, considère la fin.
COUPE DE ST.-DONAT, le Renard et le Bouc.

Sur les besoins d'autrui le sage se gouverne.
COUPE DE ST.-DONAT, la Lanterne de l'Aveugle.

Le sage arrose doucement;
L'insensé tout de suite inonde.
FLORIAN, l'Inondation.

... Gens d'excellens conseils,
Disent qu'un sage ne se place
Trop près ni trop loin du soleil.
ARNAULT, les trois Zônes.

Le sage doit éviter tout extrême;
Se dérober au tourbillon
Du monde, sans passion;
Ne jamais trop se livrer à soi-même.
Toujours seul, tient un peu de la sévérité;
Peu d'amis, mais du choix dans la société.
HAUMONT, l'Homme du monde et le Solitaire.

Suivre la loi, c'est l'allure du sage.
NIVERNAIS, le bon Conseil.

Le sage à tous les temps sait bien se préparer;
Il sait que tout s'accroît, brille, tombe et s'efface;
Qu'il faut, bon gré mal gré, prendre et céder sa place.
Mme JOLIVEAU, la Fauvette, le Moineau et le Rossignol.

Tel se croit sage et fait des actes de folie.
Mme JOLIVEAU, le Seigneur et son Fermier.

Le sage dit, selon les gens:
Vive le roi! vive la ligue!
LA FONTAINE, la Chauve-Souris et les deux Belettes.

Les sages imitent le temps.
Mme JOLIVEAU, le Torrent et le Temps.

La solitude est l'asile du sage.
STASSART, le Hibou parmi les Oiseaux.

... Avec l'âge
On devient humain et sage.
GINGUENE, le Tigre et le Lion devenus vieux.

... Nous nommons en nous sagesse
L'inévitable effet du temps.
GINGUENE, le Tigre et le Lion devenus vieux.

Tandis que le tyran sur le trône est esclave,
Le sage est libre dans les fers.
A. NAUDET, le Sultan et l'Esclave.

Avoir plus de prudence et moins de vaillantise,
Du sage telle est la devise.
LE BAILLY, le Lièvre et les Chasseurs.

Un homme adroit, un homme sage
Tourne tout à son avantage.
PERRAULT, le Pourceau et le Chien.

On a toujours assez de bien,
En quel état qu'on soit, quand on a la sagesse.
LENOBLE, le Bûcheron et Mercure.

Le sage est au-dessus des présens, des emplois;
La vertu suffit seule au bonheur de sa vie:
Son sort doit autant faire envie
Que celui du plus grand des rois.
LEBRUN, Alexandre et Diogène.

Le sage qui de lui prudemment se défie,
A l'école du fou peut profiter, dit-on;
L'un a parfois ses momens de folie;
L'autre ses éclairs de raison.
A. NAUDET, le Renard et le Cerf.

On est parfois bien sot, à force d'être sage.
LEMONNIER, les Chèvres.

Il est un temps où le sage
Aux passions résiste peu.
AUBERT, les deux Moineaux et le Chat.

Mais qui sait s'arrêter? Souvent même le sage
Va plus loin qu'il ne veut ...
A. DE MONTESQUIOU, le Moineau.

Le sage doit essayer tout,
Avant de recourir aux armes;
Mais, ensuite, malheur à qui le pousse à bout.
F. DE NEUFCHATEAU, le Vieillard et le Maraudeur.

Chacun, dans sa folie, est sage à sa manière.
A. NAUDET, le Pêcheur.

Un pédant orne la mémoire,
Le sage cultive le coeur.
A. RIGAUD, le Coeur et la Mémoire.

... Le sage,
Par un ridicule transport,
N'appelle personne au partage
Des biens que lui donne le sort.
ARNAULT, les Cochons et les Truffes.

...Le sage
Sait prévenir les accidens.
FORMAGE, les Chiens et leur Maître.

Tout donner au plaisir n'est pas de la sagesse;
Tel qui pense autrement, même avant sa vieillesse,
S'en repentira tôt ou tard.
ARNAULT, le Papillon, l'Abeille et la Rose.

... Il n'est jamais ni trop tôt ni trop tard
Pour acquérir de la sagesse.
A. RIGAUD, la Sagesse.

... Dieu plaça la sagesse
Loin de la pauvreté comme de la richesse.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

La fureur au sage est contraire.
HAUMONT, le Philosophe et la Guêpe.

Le sage est trop prudent, et n'ose s'engager
A sauver un ami qui se trouve en danger.
HAUMONT, le Cerf chassé.

Le sage se soumet et ne se plaint jamais.
Il brave la fortune et ses traits redoutables;
Il possède des biens, des biens impérissables,
Qu'elle n'a point donnés, qu'elle ne peut ravir;
De folles passions ne sauraient l'asservir;
Il redoute le vice, et, plein de confiance,
D'un éternel bonheur il nourrit l'espérance;
Il est du malheureux et l'asile et l'appui;
Il plaint l'homme facile entraîné vers le crime,
Et l'arrête souvent sur les bords de l'abîme.
A. RIGAUD, le Bloc de marbre.

Tout être sage se contente
De son état, et supporte ses maux,
Puisqu'il ne peut changer son existence.
HAUMONT, la Fourmi et le Moucheron.

Les livres trompent comme l'homme;
Mais est cru sage avec raison
Celui qui, sans art ni culture,
De sagesse n'a pris leçon
Qu'au grand livre de la nature.
DU TREMBLAY, le Philosophe et le Berger.

Suivons l'exemple du sage
Qui, cherchant la vérité,
Attend en tranquillité
Qu'elle ait percé le nuage.
NIVERNAIS, la Méridienne.

... Tel qui se croit sage,
Tel qui se rit des malheurs du voisin,
Seulement change de chemin,
Pour faire un semblable naufrage.
STASSART, la Mouche et le Cousin.

La sagesse après soi laisse un long souvenir.
AUBERT, le Patriarche.

SALAIRE.

... Les plaisirs que l'on daigne nous faire
Doivent être payés de coeur;
Et c'est voler son bienfaiteur
Que lui retenir ce salaire.
LENOBLE, Apollon, Mercure et le Berger.

Toute peine, dit-on, est digne de loyer.
LA FONTAINE, le Fou et le Sage.

SANG.

Bon sang ne peut mentir ...
F. DE NEUFCHATEAU, l'Aïeul et le Petit-Fils.

Pour calmer le courroux céleste,
De tous côtés coule sur les autels
Le sang de l'innocence et non celui du crime.
DU HOULLAY, les Brebis et l'Homme.

SATIRE.

Nous nous moquons de la satire,
Lorsque sur nous ses traits portent à faux;
Mais touche-t-elle à nos moindres défauts?
Nous n'avons plus le courage d'en rire.
A. NAUDET, le Bossu.

Bornée au personnel la satire est maussade.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpéïde, prologue.

Pardonnez même à la satire,
Auteurs, elle vous sert, en cherchant à vous nuire.
STASSART, l'Envieux.

SATISFACTION.

Fais le bonheur d'autrui tu seras satisfait.
DE LA BOUTRAYE, les Enfans, le Maître et la Vache.

SAVANT, SAVOIR.

Laissez dire les sots, le savoir a son prix.
LA FONTAINE, l'Avantage de la Science.

Le vrai savant consulte et réfléchit,
Et ne répond jamais sans savoir ce qu'il dit.
COUPE DE ST.-DONAT, l'Horloge et le Cadran solaire.

Maint savant veut forcer les gens à l'encenser.
AUBERT, le Hibou et le Rossignol.

Qui prétend savoir tout, prouve qu'il ne sait rien.
LE BAILLY, l'Hirondelle et le Coucou.

... Ici bas,
Auprès de ce qu'on ne sait pas,
Ce qu'on sait est bien peu de chose.
NIVERNAIS, Jupiter et le Savant.

Ne vantons pas notre savoir:
Par longue étude on apprend peu de chose,
Et de ce peu, pour bonne cause,
Il ne faut pas se prévaloir.
DU TREMBLAY, le Philosophe et le Berger.

On sait mal ce qu'on sait trop vite.
F. DE NEUFCHATEAU, le Lézard et la Poule.

SCELERAT.

Des scélérats c'est l'ordinaire:
Quand la fortune les trahit,
Ils se repentent moins du mal qu'ils ont pu faire,
Que de l'avoir fait sans profit.
LE BAILLY, le Renard, le Coq et le Poulain.

Quand on a dévoilé son coeur,
Un scélérat est bien à craindre:
A dépouiller toute pudeur,
Il ne faut jamais le contraindre.
DU TREMBLAY, la jeune Fille, le Chat et le Moineau..

Peu sont reçus les voeux et les victimes
D'un scélérat noirci de crimes.
PERRAULT, le Corbeau et sa Mere.

La mort et pis encore est pour le scélérat.
LENOBLE, le Phénix et le Hibou.

Toujours aux vertueux un grand coeur est propice;
Mais, à l'égard des scélérats,
On se rend à coup sur de leur noire malice
Ou la victime, ou le complice,
Quand on les tire d'embarras.
LENOBLE, le Paysan, le Renard et le Coq.

SCIENCE.

Le miel, c'est le doux fruit que produit la science.
A. NAUDET, l'Ecolier, l'Abeille et l'Absinthe.

La science n'est un trésor
Qu'autant que du tableau les moeurs font la bordure.
F. DE NEUFCHATEAU, le Cochon et le Collier d'or.

Ce n'est pas le jargon qui prouve la science.
HAUMONT, le Pédant et l'Etranger.

SCRUPULE.

Le scrupule est d'une ame et vulgaire et timide.
LE BRUN, le Brochet et la Perche.

SECOURIR.

Dans ce monde il se faut 1'un l'autre secourir.
LA FONTAINE, le Cheval et l'Ane.

N'attendez pas jusqu'à l'extrémité
Pour secourir les misérables.
LEBRUN, le Cheval et l'Ane.

Pour tirer un ami d'une pressante affaire,
Point ne plaît, et peu sert le secours qu'on diffère.
PERRAULT, le Loup et le Renard.

Heureux qui d'un coeur tendre a 1'utile secours
Quand la parque achève sa trame.
DU TREMBLAY, le Chêne et les Lierres.

Plutôt que d'implorer d'une main ennemie
Le secours dangereux,
Sachez, avec honneur, perdre même la vie.
DU HOULLAY, le Coq et le Renard.

Dans le choix des secours ce n'est pas peu de chose
Que s'adresser heureusement.
LENOBLE, le Renard et le Buisson.

SECRET.

Rien ne pèse tant qu'un secret:
Le porter loin est difficile aux dames.
LA FONTAINE, les Femmes et le Secret.

... Quel fardeau qu'un secret à garder!
LENOBLE, le Barbier de Midas.

... Les secrets les plus communs
Sont parfois les plus opportuns.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fils de Sésostris.

SEDUCTION.

Fuyons les pièges redoutables
Que la séduction nous tend.
L'écouter, c'est déjà cesser d'être innocent.
Si le penchant fait dix coupables, La séduction en fait cent.
AUBERT, le Renard.

Aux brillans séducteurs l'indulgente fortune
Fournit toujours un bon moment.
A. DE MONTESQUIOU, la Femme à Nicolas.

SENS.

... Le sens vient avec l'âge.
VOLTAIRE, Ce qui plaît aux Dames.

Plus le sens est précis, et moins il nous échappe.
LAMOTTE, le Renard prédicateur.

SENS-COMMUN.

... Le sens-commun
Sert souvent mieux que le génie.
NIVERNAIS, le Cheval de course.

SENSIBLE.

Ne laissons jamais voir une ame trop sensible.
LEBRUN, la Chambrière et la Chienne.

SENTIMENT.

Le sentiment n'est pas fait pour les gueux.
FLORIAN, le Chien de chasse.

Aux sentimens de la nature
Le ciel toujours réserve un prix certain.
AUBERT, Colin et Lisette.

SERMENT.

... On doit peu compter sur les engagemens
De qui put violer le premier des sermens.
F. DE NEUFCHATEAU, le Repentir de Bourbon..

SERPENT.

Qui dit serpent, dit traître, dit méchant.
GINGUENE, le bon Serpent.

Hélas! que de mortels, sous des dehors aimables,
Recèlent dans leurs coeurs des serpens redoutables!
Envers les malheureux affectant d'être humains,
Les perfides en sont les cruels assassins.
DU HOULLAY, le Voyageur, la Caverne et le Serpent.

SERVICE.

Un service toujours renferme son salaire.
Mme JOLIVEAU, les Comptes faux.

... C'est vouloir perdre un service
Que de le rendre à des ingrats.
LENOBLE, le Loup et la Grue.

Sans intérêt on doit rendre service.
HAUMONT, les Chasseurs, les Lièvres et le Cygne.

Que l'honneur de servir soit le prix du service.
LAMOTTE, Apollon, Mercure et le Berger.

... Que ne peut-on point quand on s'est mis en tête,
Quelque petit qu'on soit, de servir son ami?
LENOBLE, la Fourmi et le Ramier.

Tel nous sert, en voulant nous nuire?
LAMOTTE, le Chat et la Souris.

Par de nouveaux mauvais offices, Souvent on perd le prix de ses premiers services.
PERRAULT, la Femme et le Médecin.

... Servir sans connaître,
C'est sottise, et non charité.
NIVERNAIS, le Scorpion et la Tortue.

De qui nous rend un grand service,
On doit tout prendre en bonne part.
F. DE NEUFCHATEAU, le Renard et l'Epine.

SEVERE.

C'est par pitié qu'il faut être sévère.
LAMOTTE, les Abeilles.

SIFFLER.

On doit siffler celui qui blesse.
ARNAULT, les Maladroits.

SILENCE.

... Garder un honnête silence,
Est un rôle adroit pour un sot.
JAUFFRET, l'Ane paré de Fleurs.

Jamais silence ne peut nuire,
Mais le besoin en est pressant
Entre le faible et le puissant.
NIVERNAIS, les jeunes Canards.

SIMPLICITE.

Rien de si beau que la simplicité!
C'est là, dit-on, le fard par excellence.
LOMBARD DE LANGRES, Berthe.

SINCERE.

Ce n'est point un défaut que d'être trop sincère;
Mais quelquefois c'est un malheur.
LEBRUN, le Roi et le Courtisan.

SOBRIETE.

Sobriété dans toute chose,
Mon ami, c'est l'art de jouir.
Pour faire durer le plaisir,
Ne le prends qu'à petite dose.
DU TREMBLAY, l'Enfant et les Confitures.


SOCIÉTÉ.

... La société,, doux charme de la vie,
Fait le bonheur de l'homme et partout le convie.
HAUMONT, l'Homme du monde et le Solitaire.

... L'homme est fait pour la société, Et c'est l'orgueil seul qui la fronde.
STASSART, le Hibou parmi les Oiseaux.

Des gens on peut fort bien juger,
Par leur société. C'est le moindre danger
De la mauvaise compagnie.
F. DE NEUFCHATEAU, le Laboureur et la Cigogne.

Parfois plusieurs valent mieux qu'un.
PIRON, la Poule aux quarante Coqs.

SOI, SOI-MEME.

Il faut, en toute compagnie,
Le moins qu'on peut, parler de soi.
GRENUS, l'Abeille et la Mouche.

Dans soi-même on se plaît.
LENOBLE, le Mari et ses deux Femmes.

SOLDAT.

Tel voudrait se faire soldat,
A qui le soldat porte envie.
LA FONTAINE, le Loup et le Renard.

Tout militaire aime à changer de place,
Et le Français marche à pas de géans.
LOMBARD DE LANGRES, le Grenadier français.

SOLITUDE.

Bien qu'on vante la solitude,
A la longue elle fait bâiller.
DU TREMBLAY, le Lapin, la Marmotte et la Chatte.

SOMMEIL.

Le ciel permet que le méchant sommeille,
Afin d'adoucir notre sort.
COUPE DE ST.-DONAT, les deux Rats et le Chat qui dort.

... Le sommeil d'un tyran,
Dit un sage par excellence,
Est le repos de l'innocence.
LE BAILLY, le Derviche et le Sultan.

Après un bon repas le sommeil est profond.
AGNIEL, la Mule.

SONGE.

Chacun tourne en réalités,
Autant qu'il peut, ses propres songes.
LA FONTAINE, le Statuaire.

Chacun songe en veillant. Il n'est rien de plus doux;
Une flatteuse erreur emporte alors nos ames;
Tout le bien du monde est à nous,
Tous les honneurs, toutes les femmes.
LA FONTAINE, la Laitière et le Pot au lait.

SORT.

Contentons-nous du sort que nous fit le destin.
HAUMONT, la Poule et la Tourterelle.

Qui peut savoir le sort que le ciel lui destine?
NIVERNAIS, le Lièvre pris et le Moineau.

Tel aujourd'hui du sort se croit favorisé,
Qui demain sous ses coups doit tomber écrasé.
DU HOULLAY, le Boeuf et la Génisse.

Rien ne doit prévenir ni déranger le sort.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpéïde, Chant II.

... De son sort quand on n'est pas le maître,
Aux volontés des Dieux il faut bien se soumettre.
A. RIGAUD, le Puissant et l'Ouvrier.

De loin contre le sort qui prépare son coeur,
Le dompte, ou le supporte avec plus de vigueur.
PERRAULT, le Renard et le Sanglier.

SORTIR.

Pour sortir des périls où le hasard nous porte,
Il faut avoir plus d'une porte.
PERRAULT, la Chauve souris et la Belette.

SOT.

... Le suffrage d'un sot
Fait plus de mal que sa critique.
FLORIAN, la Fauvette et le Rossignol.

Les sots sont un peuple nombreux,
Trouvant toutes choses faciles:
Il le leur faut passer; souvent ils sont heureux,
Grand motif de se croire habiles.
FLORIAN, l'Ane et la Flûte.

De tout temps le ciel fit les sots
Pour les menus plaisirs du sage.
AUBERT, le Renard peintre.

Un sot est toujours sot ...
Jamais sur aucun point son orgueil ne déroge;
On le voit toujours prêt à prendre pour éloge
La critique de ses travers.
AGNIEL, le Chien et l'Anon.

C'est toujours le plus sot qui ne doute de rien.
F. DE NEUFCHATEAU, le Coucou, le Rossignol et l'Ane.

Un air charmant cache les sots.
F. DE NEUFCHATEAU, la Tête de Singe.

... Il faut compter
Avec un sot, plus qu'on ne pense.
NIVERNAIS, le Hérisson.

... En pays étranger,
Un sot perd plus qu'il ne gagne.
STASSART, le Corbeau et la Corneille.

On peut souffrir un ignorant,
Jamais un sot qui veut se donner pour savant.
Mme JOLIVEAU, l'Echappé de collège.

Nous admirons bien moins 1'homme d'esprit,
Que le sot qui nous goûte et qui nous applaudit.
Mme JOLIVEAU l'Amour-propre Juge.

... On verra de tout temps
Des sots qui, par des riens, se croiront importans.
F. DE NEUFCHATEAU, Tibère et l'Esclave.

... Les sots font souvent, d'un tableau fort joli,
Une ignoble caricature.
A. RIGAUD, les Singes.

Pour cacher son insuffisance,
Un sot n'est jamais trop petit.
A. NAUDET, l'Ane.

Les sots, presque toujours, sont fort présomptueux.
DORAT, Combabus.

Les sots ne profitent de rien.
LENOBLE, le Festin du Lion.

Un sot est arrogant, un savant est timide.
COUPE DE ST.-DONAT, les Epis.

Du suffrage des sots Dieu garde le génie!
Mieux vaudraient mille fois tous les traits de l'envie.
COUPE DE ST.-DONAT, le Linot et les Oiseaux.

... Le sot fait grand bruit en des jours d'abondance,
Et devient plus modeste en des temps moins heureux.
A. RIGAUD, la Cascade.

D'imiter le génie un sot se croit capable.
GOSSE, le Cheval de manège.

Les sots savent tous se produire.
FLORIAN, le Rossignol et le Prince.

On peut dans la bouche d'un sot
Quelquefois surprendre un bon mot.
ARNAULT, les Cochons et les Truffes.

Les sots ne doutent de rien.
NIVERNAIS, le Renard architecte.

Un sot revient sot du collège.
STASSART, le Corbeau qui couve.

Rien n'est au monde insupportable Comme un sot à prétention.
DU TREMBLAY, la Cour plénière de l'Aigle.

Tandis que le sot qui s'admire
Néglige d'observer autrui,
Le coup qu'à propos on lui tire
Parvient sans peine jusqu'à lui.
NIVERNAIS, le Corbeau et le Coq.

Le sot, ne discernant rien,
Ne connaît qu'une manière;
Le sage a plus d'un moyen.
NIVERNAIS, le Sot et le Sage.

SOTTISE.

... Sottise et vanité sont soeurs.
AGNIEL, la Tulipe et la Rose.

Le malheur est souvent le fruit de la sottise.
Mme JOLIVEAU, la Proscription et le Rappel des Moineaux.

Des sottises d'autrui nous vivons au palais.
BOILEAU, les deux Plaideurs et l'Huître (épître II).

... Quel âne jamais avoua sa sottise?
LE BAILLY, le Cheval et l'Ane.

Hélas! souvent notre sottise
N'est que pour nous seuls un secret.
DU TREMBLAY, la Cour plénière de l'Aigle.

La sottise va dénigrant
L'homme utile et modeste, oublié dans la rue;
Qu'il soit bien venu chez un grand,
L'accueil devient tout différent, Et jusqu'à terre on le salue.
GUTTINGUER, les Anesses.

SOUCI.

Du plus juste souci, l'excès le rend blâmable.
DU HOULLAY, la Tourterelle et la Pie.

SOUFFLE.

... Il est vrai que, tous tant que nous sommes,
N'avons qu'un souffle, et qui meurt avec nous.
COLLIN-D'HARLEVILLE, le Rat de ville et le Rat des champs.

SOUFFLER.

Arrière ceux dont la bouche
Souffle le chaud et le froid.
LA FONTAINE, la Satyre et le Passant.

SOUFFLETS.

La morale en soufflets est, sans comparaison,
La plus claire et la mieux prouvée.
F. DE NEUFCHATEAU, l'Ecosseuse et le Passant.

SOUFFRIR.

Qui souffre un petit mal, en évite un plus grand.
GOSSE, l'Homme et le Ruisseau.

Se taire et souffrir en silence,
Est souvent le parti que dicte la prudence.
HAUMONT, le Roi d'Afrique et l'Esclave.

Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
LA FONTAINE, la Mort et le Bûcheron.

Faute de moyen suffisant
Pour résister avec quelqu'avantage,
Il faut souffrir patiemment
Pour ne pas souffrir davantage.
NIVERNAIS, la Mule et le Dromadaire.

Dès qu'on souffre, on se livre à la moindre espérance;
Mais cet espoir lui-même aggrave la souffrance,
Quand l'illusion se détruit.
F. DE NEUFCHATEAU, le Malade et le Médecin.

Souffre, sans te fâcher,
Ce que tu ne peux empêcher.
ARNAULT, les deux Moulins.

A souffrir il faut se résoudre.
F. DE NEUFCHATEAU, Epilogue.

SOUHAITS, SOUHAITER.

... Souhaiter, ce n'est pas une peine
Etrange et nouvelle aux humains.
LA FONTAINE, les Souhaits.

La plupart des souhaits ne sont rien que folie.
LENOBLE, le Myrte devenu Sapin.

Dans un bien souhaité quels charmes on suppose!
Vient-on à jouir de ce bien?
Tous les jours il décroît, perd toujours quelque chose;
Il devient mal en moins de rien.
LAMOTTE, Pluton et Proserpine.

Jamais de son destin l'homme n'est satisfait;
Impatient de sa fortune,
Ce qu'il est toujours l'importune,
Et pour un autre sort il fait nouveau souhait.
Cependant fort souvent, loin de gagner au change,
Quand le ciel exauce ses voeux,
Il voit que bien loin d'être mieux
De ses cris indiscrets la fortune se venge
En le rendant plus malheureux.
LENOBLE, l'Ane mécontent.

... On croit trop ce qu'on souhaite.
LAMOTTE, les Oiseaux.

SOUPER.

Un bon souper est encore assez rare.
C. BERRIER, le Curé et les Comédiens.

SOURCE.

... En toute affaire,
A la source il faut remonter;
Et tout désordre enfin, comme toute rivière,
A sa source peut s'arrêter.
NIVERNAIS, le Roi, le Fleuve et la Poignée de terre.

SOURIRE.

Un sourire n'est pas toujours de bon augure.
JAUFFRET, la Pie.

C'est quelque chose de sourire;
C'est promettre in petto, sans pourtant s'engager.
F. DE NEUFCHATEAU, le Pape et le Peintre.

STYLE.

C'est la précision qui fait marcher le style.
F. DE NEUFCHATEAU, Prologue du livre VII.

SUCCES.

Ne précipitons rien. Par trop d'impatience,
L'homme fait tous les jours avorter ses projets.
C'est le choix de moyens, c'est la persévérance,
Qui sont les garans du succès.
LE BAILLY, l'Enfant et l'Anguille.

Tout le succès dépend d'un certain savoir-faire,
Soutenu par des airs affables, engageans,
Que la nature ou l'art donne à certaines gens.
LENOBLE, les différens Sculpteurs.

En vain sur nos succès nous nous applaudissons:
Ce n'est point à l'habile et prudente conduite
Que nous devons toujours ceux dont nous jouissons;
Et souvent nous réussissons
Plus par bonheur que par mérite.
LEBRUN, l'Agioteur et la Fortune.

SUPERFLU.

Soyons contens du nécessaire,
Sans jamais souhaiter des trésors superflus;
Il faut les redouter autant que la misère,
Comme elle ils chassent les vertus.
FLORIAN, le Bonhomme et le Trésor.

SUPERSTITION.

La superstition cause mille accidens.
LA FONTAINE, le Fleuve Scamandre.

SUPPLICE.

... Moins le juge est sanguinaire,
Plus le supplice du méchant
Frappe de terreur le vulgaire.
STASSART, le Bélier nommé Juge.

SURPRISE.

En guerre on aime la surprise,
De tout temps on la crut permise.
HAUMONT, le Laboureur et le Lapin.

SURETE.

Deux sûretés valent mieux qu'une;
Et le trop en cela ne fut jamais perdu.
LA FONTAINE, le Loup, la Chèvre et le Chevreau.

La sûreté, dans l'ombre, a choisi son séjour.
PIRON, le Hibou et la Linotte.

SYMPATHIE.

... La sympathie unit nos destinées,
Et sans raisonnemens détermine nos coeurs.
LEBRUN, l'Aimant et le Fer.

--- T ---


TACHES.

Il est des taches que l'on sauve
Par le mérite ou par l'esprit.
F. DE NEUFCHATEAU, le Chauve.

Plus souvent qu'on ne croit.
La tache est tout juste à l'endroit
Où l'on voit briller la paillette.
ARNAULT, les Taches et les Paillettes.

TACITURNE.

Les gens sans bruit sont dangereux: Il n'en est pas ainsi des autres.
LA FONTAINE, le Torrent et la Rivière.

TAIRE.

... On fait bien de se taire
Quand on n'a pas à qui parler.
F. DE NEUFCHATEAU, le Poète et l'Ane.

On sait toujours entendre
Un ami qui se tait.
A. DE MONTESQUIOU, les Adieux de Fidèle.

TALENT.

A chacun son petit talent.
DU TREMBLAY, l'Ane et son Maître.

On ne peut à la fois avoir tous les talens.
LE BAILLY, Jupiter, le Linx, etc.

Ne forçons point notre talent,
Nous ne ferions rien avec grace; Jamais un lourdeau, quoi qu'il fasse,
Ne saurait passer pour galant.
LA FONTAINE, l'Ane et le petit Chien.

... La beauté passe, un talent reste.
On en jouit même en autrui.
FLORIAN, la Tourterelle et la Fauvette.

Il vaut mieux n'avoir qu'un talent Que savoir tout et le mal faire.
Mme JOLIVEAU, le Canard.

Comme il plaît à la Providence
Tous les talens sont partagés.
LENOBLE, le Paon et Junon.

Sur de jolis talens, souvent on se repose,
Ils sont flatteurs, on y prend goût.
Mais c'est celui qui fait vivre partout,
Qu'il faut avoir sur toute chose.
DU TREMBLAY, le Cheval savant.

Ici-bas maint talent n'est que pure grimace,
Cabale, et certain air de se faire valoir,
Mieux su des ignorans que des gens de savoir.
LA FONTAINE, le Lion, le Singe, et le Renard.

... Le talent a sa pudeur.
LE BAILLY, Prologue du livre III.


Oh! le triste talent qu'un talent emprunté!
GUTTINGUER, la Perruche et le Rossignol.

Sous un tyran grossier le talent est un crime,
Et nul n'en peut être accusé,
Sans en devenir la victime.
JAUFFRET, le Rossignol en tournée.

... Le premier des talens
Est le talent de former l'homme.
F. DE NEUFCHATEAU, L'Intendant et le Maire.

TEMERITE, TEMERAIRE.

Témérité n'est pas prudence.
A. RIGAUD, le Chien et le Renard.

Quand il attaque en téméraire, Souvent par un faible adversaire
Le plus courageux est battu.
LEBRUN, le Lion et l'Homme.

TEMPERANCE.

... La tempérance
Assaisonne la volupté.
A. RIGAUD, la Bique et le Cochon.

TEMPETE.

... Aux beaux jours souvent succède la tempête.
A. RIGAUD, le Présage.

TEMPORISER.

Il faut savoir temporiser.
STASSART, le Rat et le Taureau.

TEMPS.

Est-il rien sous les cieux que le temps ne dévore!
AUBERT, le Papillon et l'Oeillet.

Sur les ailes du temps la tristesse s'envole;
Le temps ramène les plaisirs.
LA FONTAINE, la jeune Veuve.

Le temps est cher en amour comme en guerre.
LA FONTAINE, l'oraison de saint Julien.

... Le temps passe et coule avec rapidité;
Il faut en faire un bon usage.
LEBRUN, le Libertin et la Pendule.

Le temps qui détruit tout, fait tout croître d'abord;
Par lui le faible devient fort;
Le petit grand, le germe arbuste.
ARNAULT, le Chêne et les Buissons.

Le temps rapide et son ravage
Sur le beau sexe impunément
Se retrace profondément:
Le teint se fane, et les rides de l'âge,
Malgré tout l'art, frappent les yeux.
HAUMONT, la Minaudière surannée.

On ne fait pas toujours à temps
La démarche qu'il faudrait faire.
NIVERNAIS, les Troyens mal avisés.

Il faut le temps à tout; et ce qui vient trop vite
S'en retourne plus vite encore.
F. DE NEUFCHATEAU, le Pin et la Citrouille.

Selon le temps et la rencontre,
On veut également et le pour et le contre,
PERRAULT, le Renard qui change de souhaits.

Le temps tout seul amène la sagesse.
NIVERNAIS, la Fille orgueilleuse.

Patientons, le temps est un grand maître.
NIVERNAIS, la jeune Linotte.

Avec le temps on s'accoutume à tout.
DUCERCEAU, la nouvelle Eve.

Tout périt; et jamais l'effort de la nature
Ne fit un être exempt des outrages du temps.
AUBERT, la Guêpe et le Chou.

... A la longue il faut céder au temps.
NIVERNAIS, la vieille Tour.

Il ne fait pas toujours beau temps.
D'EPAGNY, le Tournesol et les Fleurs.

... Le temps fait passer la beauté, l'innocence,
La jeunesse, l'amour, la gloire, la puissance.
A. RIGAUD, le Temps et l'Amitié.

TENDRE.

Pour ses amis quand un coeur n'est pas tendre,
L'étranger n'en doit rien atteindre.
PERRAULT, le Maître et ses Chiens.

TENDRESSE.

La tendresse est intelligente.
DU TREMBLAY, la jeune Fille et son Chat.

Vivre en autrui, c'est la première loi
Des malheureux capables de tendresse.
FLORIAN, le Chien de chasse.

Du chagrin renaît la tendresse.
DU TREMBLAY, les deux Moineaux.

A la beauté seule il va bien
D'oser célébrer la tendresse.
FLORIAN, le Rossignol et le Paon.

Il n'est pas la moindre bourrique,
Qui, pour son petit bourriquet,
Ne conçoive un penchant secret,
Et de tendresse ne se pique.
LENOBLE, la Guenon et son Marmot.

TENIR.

Un tiens vaut, dit-on, mieux que deux tu l'auras:
L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.
LA FONTAINE, le Pêcheur et le petit Poisson.

Un sou, quand il est assuré,
Vaut mieux que cinq en espérance.
LA FONTAINE, le Berger et la Mer.

Souvent on croit tenir ce que l'on se propose,
Que par d'étranges accidens
Le ciel autrement en dispose.
LENOBLE, le Faucon et la Colombe.

TENTATION.

Nous n'avons pas les yeux à l'épreuve des belles,
Ni les mains à celle de l'or.
LA FONTAINE, le Chien qui porte à dîner.

TENTER.

... Tous, tant que nous sommes,
Nous nous laissons tenter, à l'approche des biens.
LA FONTAINE,[Note du copiste: Aucune référence à une Fable dans l'ouvrage numérisé.]

Souvent de ce qu'on a l'on néglige l'usage
Et de ce qu'on n'a pas on est le plus tenté.
F. DE NEUFCHATEAU, la Cire et la Brique.

Ce qui tente on le fait paraître: L'acheteur doit s'en méfier.
DU TREMBLAY, l'Avis de Ma Maître-Pierre.

THEATRE.

Le théâtre instruit mieux que ne fait un gros livre.
VOLTAIRE, les trois Manières.

TITRE.

Que sert, à qui n'est plus, un vain titre de gloire?
F. DE NEUFCHATEAU, Scipion.

TOMBE.

Aux plus infortunés la tombe sert d'asile.
LA FONTAINE, les Filles de Minée.

TOMBER.

... Plus on se voit élevé dans la nue,
Plus on se sent près de tomber.
LENOBLE, le Myrte devenu Sapin.

... Grandeur qui ne nous est point due,
Attire notre chute et nous fait succomber.
LENOBLE, le Myrte devenu Sapin.

TORT.

Les torts des étrangers sont les seuls qu'on discerne.
F. DE NEUFCHATEAU, le Cochon et le Rat.

... De nos propres torts loin de nous accuser,
Nous en accusons la fortune.
JAUFFRET, le Malheureux et la Fortune.

TOURMENT.

... Chacun sent ici-bas son tourment.
LA FONTAINE, le Remède.

TRAFIQUANT.

Le trafiquant estime peu
Le mérite sans l'opulence.
STASSART, les Voyageurs et le Platane.

TRAHISON, TRAITRE.

... L'odieuse trahison
Retombe souvent sur le traître.
LEBRUN, le Loup, le Lapin et le Renard.

De toute trahison l'on aime le profit;
Mais rarement son auteur lui survit.
DU HOULLAY, le Loup, le Renard et le Berger.

Le traître fort souvent voit punir son offense,
Par celui qui devait lui donner récompense.
PERRAULT, l'Ane, le Renard et le Lion.

TRAITES.

... Les traités
Sont d'impuissantes sauve-gardes,
Et l'on ne prend ses sûretés
Qu'en se tenant bien sur ses gardes.
NIVERNAIS, le Chien regretté.

TRANQUILLE, TRANQUILLITÉ.

... La richesse est bonne,
Mais la tranquillité vaut mieux.
GINGUENE, le Rat de ville et le Rat des champs.

En petit réduit, petit bien,
Mais que l'on y dorme à son aise.
DU TREMBLAY, la Carpe et le Goujon.

... Pour jouir d'un sort tranquille,
Il vaut mieux être craint qu'utile.
NIVERNAIS, le Poirier et l'Epine.

TRAVAIL, TRAVAILLER.

... Le travail est un trésor.
LA FONTAINE, le Laboureur et ses Enfans.

Travaillez, prenez de la peine; C'est le fonds qui manque le moins.
LA FONTAINE, le Laboureur et ses Enfans.

... Le plus grand trésor
Est le travail le plus utile.
HAUMONT, la Brodeuse et la Fileuse.

Nous ne recevons l'existence,
Qu'afin de travailler pour nous ou pour autrui.
FLORIAN, le Dervis, la Corneille et le Faucon.

Sans un peu de travail on n'a point de plaisir.
FLORIAN, la Guenon, le Juge et la Noix.

La peine conduit au plaisir;
Le travail seul nous permet de jouir.
STASSART, l'Enfant, la Mère et la Rose.

Travaillons; le travail entretient la santé.
LOMBARD DE LANGRES, le Maltôtier.

Le travail est toujours le chemin de la gloire.
GOSSE, le Ver-à-soie et l'Escargot.

Le travail lui seul est le père
De la joie et de la santé.
LE BAILLY, les Chevaux et le Pourceau.

Gens de bien, qui souffrez un peu trop sur la terre,
Cherchez dans le travail remède à la misère,
Et ne vous lassez point de votre probité.
DE LA BOUTRAYE, le Chien et le Chat.

En fait de savoir, il n'est rien
Dont ne viennent à bout le travail et l'étude.
A. NAUDET, les deux Mains.

Après un long travail, poursuis, travaille encor;
C'est là de la vertu l'égide et le trésor.
A. RIGAUD, le Bloc de marbre.

Pour l'homme, le travail est toujours nécessaire.
HAUMONT, l'Homme riche et le Paysan.

Quand au travail le plaisir encourage,
On a vraiment coeur à l'ouvrage.
AGNIEL, les deux Enfans et les deux Papillons.

Travail sans suite, en tous genre d'objets,
C'est peine double, et c'est peine perdue.
NIVERNAIS, les deux Poules.

Du travail la douce habitude
Le fait supporter aisément;
Et le repos, après la lassitude,
N'est-il pas un plaisir flatteur?
HAUMONT, la Dame, le Chapelain et la Fermière.

Le travail est l'enfant du crime
Et le père de la vertu.
LEBRUN, Jupiter et l'Homme.

... Le travail ne cesse d'être utile.
HAUMONT, l'Enfant, les deux Arbres et le Pasteur.

Si le fardeau du travail est pesant,
Il entretient une santé robuste.
HAUMONT, la Dame, le Chapelain et la Fermière.

Si le goût éclairé refuse
Ses suffrages à nos travaux,
Apprenons à douter des fruits de notre muse;
Mais plus d'illusion, de retard, ni d'excuse,
S'ils sont applaudis par des sots.
GINGUENE, le Peintre, le Connaisseur et le Fat.

C'est par le travail et les soins
Que l'ouvrage vaut quelque chose;
La matière qui le compose
Est ce qu'on regarde le moins.
JAUFFRET, la Dentelle et les Galons.

C'est par le travail que l'on cache
L'air même du travail qui déplairait aux gens.
LAMOTTE, l'Eclipse.

Le travail est toujours le partage des fous.
LENOBLE, les Corbeaux et les Aiglons.

Travailler est le fait de la canaille.
LA FONTAINE, le Diable de Papefiguière.

... Dieu prend soin de celui qui travaille.
LOMBARD DE LANGRES, le Conscrit.

Quiconque est honnête et travaille
Ne saurait offenser les Dieux.
VOLTAIRE, le Dimanche.

Divisez vos travaux; patience et courage,
Vous feront accomplir le plus pénible ouvrage.
Mme JOLIVEAU, le Laboureur et son Fils.

... Les plus durs travaux
Sont faits pour l'homme auquel ils ne sont pas nouveaux.
HAUMONT, le Jardinier et sa Femme.

... La justice
Veut que du moins chacun jouisse
Du prix de ses travaux ...
LEBRUN, les deux Taureaux.

... Il vaut encore mieux vivre dans le travail
Que de vivre dans la misère.
LEBRUN, les deux Taureaux.

TRAVERS.

Les travers des humains donnent matière à rire,
Il est bon d'y songer:
En cherchant à les corriger,
On trouve soi-même à s'instruire.
DU TREMBLAY, Epilogue.

TREMBLER.

Le bon tremble toujours à l'aspect du méchant.
AGNIEL, la Colombe et le Corbeau.

TRESOR.

Tout trésor mal acquis doit ainsi profiter.
F. DE NEUFCHATEAU, le Voleur et le pauvre Homme.

TRIBUN.

Peuples, méfiez-vous des tribuns factieux
Qui voudraient briser vos entraves:
Bientôt de ces ambitieux,
Si les rois succombaient, vous seriez les esclaves.
STASSART, le Brochet et les Poissons.

TRIBUNAL.

Chez Thémis trop heureux l'innocent que l'on juge,
Lorsque de ce lieu de refuge
L'infortuné ne sort qu'à moitié dépouillé.
A. NAUDET, la Brebis et le Buisson.

TRIOMPHE.

... Il n'est qu'un pas, on nous le disait bien,
Du Capitole au rocher Tarpéïen.
A. NAUDET, le Perroquet.

TRISTESSE.

... La tristesse et l'ennui
Sont des pauvres reclus l'ordinaire apanage.
AGNIEL, le Serin et le Pinson.

TROMPER.

... Chacun se trompe ici-bas.
LA FONTAINE, le Chien qui lâche sa Proie.

Heureux sont ceux qu'on trompe à leur profit.
LA FONTAINE, la Mandragore,.

Vouloir tromper le ciel, c'est folie à la terre.
LA FONTAINE, l'Oracle et l'Impie.

Oui, c'est double plaisir de tromper les trompeurs.
LA FONTAINE, le Coq et le Renard.

Il n'est pas malaisé de tromper un trompeur.
LA FONTAINE, les Poissons et le Cormoran.

... A tromper un trompeur,
Il faut que le faible travaille.
A. NAUDET, le Renard et la Caille.

Souvent les trompeurs sont trompés.
LEBRUN, le Chat libertin et la Chatte vengée.

... Le trompeur devient lui-même la victime
Du prudent ennemi qu'il voulait abuser.
LENOBLE, le Cheval et le Loup.

Avec un peu d'esprit, il est souvent facile
Au piège qu'il nous tend de surprendre un trompeur.
FLORIAN, l'Ecureuil, le Chien et le Renard.

C'est le vrai droit du jeu de tromper le trompeur.
PERRAULT, le Chien, le Coq et le Renard.

Qui ne s'est pas trompé dans ses affections?
STASSART, _les deux Chardonnerets.

On voit l'homme d'esprit trompé par une buse;
On voit un grand voleur trompé par un fripon;
Et souvent, grace à la ruse
Le plus fort n'a pas raison.
A. RIGAUD, l'Aigle et la Chouette.

Ne pouvant se tromper, on veut tromper les autres.
STASSART, la Bienfaisance du Milan.

Premier époux fut le premier trompé.
VOLTAIRE, l'origine des Métiers.

Tout domestique, en trompant un mari,
Pense gagner indulgence plénière.
LA FONTAINE, les trois Commères.

... Peut-on tromper la vieillesse?
DU TREMBLAY, le Chêne et les Lierres.

En vain l'on se déguise; on trompe en vain les hommes;
On ne peut tromper Dieu. La pureté du coeur
Est la plus digne offrande à ce grand bienfaiteur.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

N'est-ce pas une erreur extrême
De croire follement pouvoir tromper Dieu même?
PERRAULT, le Trompeur et Apollon.

TRONE.

... Par où l'on monte au gibet,
Un autre est porté sur le trône.
GRENUS, le Boeuf et le Cheval.

TYRAN.

Isolé, farouche, ombrageux,
Jamais un tyran ne respire,
Car il sait que chacun conspire
Pour trancher des jours odieux.
STASSART, le Léopard, l'Ours et le Rossignol.

Les tyrans ont toujours un misérable sort.
JAUFFRET, le Loup et le Bouc.

Sitôt qu'on n'en veut plus, les tyrans cessent d'être.
F. DE NEUFCHATEAU, Harangue du Lièvre.

Pacifiques ou conquérans,
Régnez toujours en rois, et jamais en tyrans.
LEBRUN, le Lion et l'Homme.

Tyrans, qui gouvernez sur terre,
Songez que l'homme, votre frère,
Peut se livrer au désespoir,
Si vous le surchargez par-delà son pouvoir.
HAUMONT, le Marchand et le Chameau.

Sous un tyran cruel n'est guère préférable
Le sort de l'innocent à celui du coupable.
PERRAULT, le Renard et le Singe.

Il n'est que les tyrans qui savent opprimer.
HAUMONT, le Philosophe et la Guêpe.

--- U ---

UNION, UNIR.

Toute puissance est faible, à moins que d'être unie.
LA FONTAINE, le Vieillard et ses Enfans.

Isolé sur la terre on cède au moindre orage,
Et les faibles sont forts alors qu'ils sont unis.
GOSSE, le Cyprès et les Myrtes.

Si vous êtes toujours unis,
Vos ennemis en vain chercheront à vous nuire;
Mais si, par un esprit jaloux,
Vous rompez les accords qui sont mis entre vous,
C'est le moyen de vous détruire.
LENOBLE, le Fagot.

Ce qu'un seul méchant ne peut faire,
Deux méchans le feront, quand ils sont réunis.
DE LA BOUTRAYE, l'Aigle, la Corneille et la Tortue.

UNIVERS.

Cet univers est un mélange affreux,
De maux, de soins, de liens dangereux.
AUBERT, Alys et Damon.

USAGE.

L'usage seulement fait la possession.
LA FONTAINE,, l'Avare qui a perdu son Trésor.

La loi même est souvent moins forte que l'usage.
ARNAULT, la Montre.

L'usage nous rend tout facile.
PERRAULT, le Lion et le Renard.

UTILE, UTILITÉ.

... L'utile à tout doit être préféré.
HAUMONT, le Poirier, le Rosier et le Voyageur.

... L'utile à l'agréable,
Chez les gens bien sensés, doit être préférable.
LEBRUN, le Pâtre, l'Orme et le Noyer.

Le vicieux et le futile
En vain brille à nos yeux surpris:
L'éclat peut manquer à l'utile;
Mais l'utile a toujours l'esprit.
F. DE NEUFCHATEAU, le Figuier et l'Epine.

C'est souvent un malheur que d'être trop utile.
LAMOTTE, l'Orme et le Noyer._

... Pour les choses futiles
Les grands réservent leur bonté;
Ils aiment mieux celui qui sert leur vanité
Que tous ceux qui leur sont utiles.
GOSSE, la Pantouffle et le Soulier.

N'est-ce pas travailler pour soi-même,
Que de se rendre utile à la société?
LE BAILLY, le Castor et l'Auta.

Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens.
LA FONTAINE, le Lion s'en allant en guerre.

Les gens qui font le plus de bruit,
Sont rarement les plus utiles.
DU TREMBLAY, le Torrent et le Ruisseau.

Que toujours 1'utilité
Soit le seul but de nos sens.
LAURENCIN, la Vipère et la Sangsue.

L'utilité vaut mieux que l'extrême élégance.
DE LA BOUTRAYE, les Fleurs doubles et les Fleurs simples.

--- V ---

VAINCRE.

C'est un plaisir de vaincre sans danger.
HAUMONT, le Lièvre et le Chien courant.

... Se vaincre appartient aux héros.
LOMBARD DE LANGRES, le Conscrit.

VAINQUEUR.

... Les vainqueurs n'ont jamais tort.
GUTTINGUER, Polichinelle et les Enfans.

Le dol ou la vertu, qu'importe aux plus grands coeurs?
Tout est justifié, pourvu qu'ils soient vainqueurs.
F. DE NEUFCHATEAU, la Lupiade, chant I.

VALEUR.

La valeur jointe à la justice
Est sûre d'un succès heureux.
LEBRUN, le Lion, le Léopard et le Boeuf.

... La valeur sans prudence
N'est qu'une brutale vertu.
LEBRUN, le Lion et l'Homme.

La valeur sans pouvoir est assez inutile:
C'est un tourment de plus ...
VOLTAIRE, l'Education d'un Prince.

On peut, dans tous les rangs, avoir de la valeur.
GOSSE, les deux Rats et le jeune Chat.

La pitié, la valeur, sont fidèles compagnes,
STASSART, _l'Aigle et le Milan.

VALOIR.

Nous prenons bien souvent pour nous faire valoir,
Des moyens insensés qui ne font que mieux voir
Notre jalouse insuffisance.
LAMOTTE, l'Eclipse.

A tel un pré vaut autant
Qu'à tel autre, une province.
PIRON, la Fourmi et le Lion.

VANITE.

La vanité nous rend aussi dupes que sots.
FLORIAN, le petit Chien.

La vanité naît de l'aveuglement.
FORMAGE, la Souris présomptueuse.

Toute belle veut plaire; un grain de vanité
Doit donc s'excuser chez les belles.
LE BAILLY, le débat des Fleurs.

Tout ici-bas, dit-on, est vanité.
NIVERNAIS, le Nain et le Géant.

Avant de rien oser connaissons notre force,
Et de la vanité craignons la fausse amorce.
DU HOULLAY, le Cheval et l'Ane.

La honte suit toujours de près
Une vanité trop brutale.
LENOBLE, le Cheval et l'Ane.

La vanité n'est bonne à rien.
AGNIEL,, la Mule.

La vanité nous guérit de la peur.
NIVERNAIS, le Porc-épic et le Lièvre.

D'un sot la vanité secrète
En sa faveur tout interprète.
FORMAGE, l'Ane portant dru Fumier.

VAIN, VANITEUX.

Le vaniteux plus encor que le roi,
Voilà l'espèce insociable.
NIVERNAIS, les deux Aigles.

Tout homme est vain, tout homme aime à médire.
AUBERT, le Miroir.

L'espèce la plus mince est souvent la plus vaine.
F. DE NEUFCHATEAU, le Moucheron et le Taureau.

VANTER.

Pour qui se vante point d'oreilles.
LAMOTTE, la Ronce et le Jardinier.

VARIETE.

De la variété les graces sont compagnes.
LAMOTTE, les deux Songes.

... Tout plaisir s'use, il faut que l'on varie.
AGNIEL, l'Enfant et le Papillon.

VAURIEN.

Plus on grandit, plus on devient vaurien.
FLORIAN, le Cheval d'Espagne.

VENDRE.

... Il ne faut jamais
Vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre.
LA FONTAINE, les deux Compagnons et l'Ours.

VENGEANCE.

... La vengeance
Est un morceau de roi ...
LA FONTAINE, les deux Perroquets.

La vengeance succède à l'indignation.
STASSART, le Lion et l'Ours.

La plus éclatante vengeance
Ne vaut pas un accommodement.
NIVERNAIS, l'Echo.

La vengeance du fort est toujours trop fatale.
NIVERNAIS, le Lion inconsolable.

Sans parler de remords, il est un dieu vengeur.
STASSART, le Renard et le Chien.

... La plus douce des vengeances,
C'est de pouvoir le faire et ne se venger pas.
LENOBLE, le Lion et la Grenouille.

Au stérile plaisir, d'une injuste vengeance
Ne nous livrons jamais ...
Notre agresseur est-il puissant?
Chercher à s'en venger, c'est folie, imprudence.
Dans les fers et l'adversité
Traîne-t-il tour à tour sa pénible existence?
Oh! C'est alors bassesse et cruauté.
AGNIEL, le Derviche et le Visir.

Pour se venger, un sot est plein d'adresse.
PARNY, Alcibiade converti.

Qui cherche à se venger d'une légère offense,
S'attire bien souvent plus de mal qu'il ne pense.
Mme JOLIVEAU, le Porc et les Abeilles.

D'une offense légère
Tel qui veut se venger,
Ne parvient au contraire
Qu'à se faire égorger.
DU HOULLAY, l'Ours et la Ruche.

On souffre, et l'on finit par perdre patience;
Mais c'est en s'épuisant que l'on obtient vengeance.
COUPE DE ST.-DONAT, le Pot et les Charbons ardens..

... Il est bien dur
De ne pas venger une injure:
N'est-ce pas le droit de nature?
NIVERNAIS, l'Araignée et l'Hirondelle.

En tous temps, en tous lieux, de qui l'ose outrager,
Le mortel le plus faible a de quoi se venger.
DU HOULLAY, l'Ours et la Ruche.

La vengeance, dit-on, est un morceau de roi.
AUBERT, le Loup.

Si nous voulons désarmer la vengeance
De l'ennemi qui nous poursuit,
Par nos vertus, qu'il soit instruit
Que nous méritons sa clémence.
HAUMONT, l'Homme et le Tigre.

Que la vengeance est douce, et bien plus douce encore,
Lorsque pour nous venger les Dieux prêtent leurs bras!
LENOBLE, le Renard et le Vautour.

Un traître a su nous outrager:
Si tout manque, le ciel saura nous en venger.
PERRAULT, le Renard et l'Aigle.

Le ciel interdit la vengeance,
Il veut qu'en souffrant une offense
L'esprit humilié dompte sa passion.
LENOBLE, la Grue et le Renard.

Tel vit se dérobant à la vengeance humaine,
Que le ciel en courroux, par des ressorts secrets,
Conduit pas à pas à la peine
Que méritent tous ses forfaits.
LENOBLE, le Renard et le Vautour.

VENT.

... Sur la foi des vents insensé qui se fonde.
LE BAILLY, le Passager, la Mer et les vents.

VENTRE.

Dans tous les temps le ventre a tout gâté.
GOSSE, le Cheval, l'Ane, le Chien et le Chat.

VERITE.

L'homme est de glace aux vérités,
Il est de feu pour les mensonges.
LA FONTAINE, le Statuaire.

La vérité n'a pas une chapelle,
Et le mensonge a des temples nombreux.
PARNY, Alcibiade converti.

Qui découvre une vérité,
A dit un grave personnage,
La gardera pour soi, s'il est quelque peu sage
Et chérit la tranquillité.
ARNAULT, le Secret de Polichinelle.

... D'un conte, avec un peu d'adresse,
On fait jaillir d'utiles vérités.
A. RIGAUD, les Graces.

Hélas! la vérité
Ne plaît que de fort loin.
HAUMONT, la Vérité.

Qu'importe de quelle façon
La vérité se développe?
NIVERNAIS, les Oiseaux de passage.

La vérité déplaît: osez la faire entendre
Aux êtres plus puissans que vous,
Bientôt vous devez vous attendre
D'éprouver les effets d'un injuste courroux.
HAUMONT, l'Hirondelle et le Ramoneur.

... La vérité ne blesse
Que l'oreille d'un mauvais roi.
NIVERNAIS, le Mandarin disgracié.

Jusqu'au trône des rois la vérité timide
Rarement perce et se fait jour:
Elle est étrangère à la cour.
On s'égare partout si l'on ne l'a pour guide.
LEBRUN, le Prince et le Pâtre.

Pour garans de la vérité,
Comptons les raisons non les hommes.
LAMOTTE, le Berger et les Echos.

La vérité toujours présente un front sévère.
LE BAILLY, Prologue du livre II.

VERROUX.

Sous les verroux point de chansons!
STASSART, le Rossignol et l'Hirondelle.

VERTU.

C'est la vertu qui nous distingue.
LENOBLE, le Vice et la Vertu.

... Dans la vertu seule est notre vrai bonheur.
GRENUS, le Mouton réformateur.

... De tout temps,
La vertu mène à la fortune.
NIVERNAIS, les trois Japonnais.

Où la vertu perd son empire
L'amitié reste sans soutien.
AUBERT, les Oiseaux.

Avec le temps, toute vertu s'illustre.
NIVERNAIS, le Diamant du duc de Bourgogne.

La vertu seule et la science
Font de tous les mortels entre eux
L'essentielle différence.
LENOBLE, le Vice et la Vertu.

... Il est bon d'avoir de la vertu.
DUCERCEAU, la nouvelle Ève.

A la seule vertu sois sûr que tout prospère.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

Sans la vertu, mon fils, il n'est point de bonheur.
A. RIGAUD, le Bloc de marbre.

Ici-bas la vertu ne porte pas bonheur.
A. RIGAUD, la Calomnie.

Contre les attentats du crime
Le ciel protège la vertu.
LEBRUN, Arion et le Dauphin.

L'homme juste et pieux, toujours exempt de crimes,
Offre aux cieux des vertus et non pas des victimes.
A. RIGAUD, le Tigre malade.

Laissons là les honneurs et comptons les vertus.
F. DE NEUFCHATEAU, les deux Chevaux.

... Il est peu
De vertus sans alliage.
JAUFFRET, le Papillon et la Demoiselle aquatique.

A la vertu toujours se mêle quelque vice.
GRENUS, le Plaisir et la Douleur.

Souvent de la vertu le manteau respectable
Est endossé par des fripons.
AGNIEL, l'Avare et Plutus.

Dans les lieux où le despotisme
Tient tous les esprits abattus,
S'il se rencontre des vertus
Elles vont jusqu'à l'héroïsme.
NIVERNAIS, le bon Ministre.

... La gêne et la captivité
Ne forment pas toujours un moyen immanquable
D'assurer la vertu d'une jeune beauté.
COUPE DE ST.-DONAT, Danaë et Jupiter.

Il faut à la vertu l'épreuve des revers,
Et le bien qu'elle fait la console sans peine
Du mal que lui font les pervers.
LE BAILLY, Jupiter, le Chêne et Borée.

... Pratiquez la vertu:
La paix de l'ame en est la récompense.
AGNIEL, le Renard mourant.

Cette même vertu qui fait naître l'envie,
Tôt ou tard confond l'envieux.
STASSART, le Coq généreux.

Le méchant cherche en vain à troubler la nature,
La vertu rend bientôt le calme à l'ame pure.
Mme JOLIVEAU, le Tigre et le Ruisseau.

De la vertu la touchante beauté
Aux méchans même a souvent droit de plaire.
NIVERNAIS, l'Aigle et le Pélican.

La vertu me semble assez belle
Pour la montrer sans ornement.
NIVERNAIS, le bon Ministre.

VERTUEUX.

On n'est pas vertueux, pour n'avoir aucun vice.
AUBERT, le Lion et le Lièvre.

Comme l'on fuit le vice, on court au vertueux.
LENOBLE, le Vice et la Vertu.

VEUVE, VEUVAGE.

La perte d'un époux ne va pas sans soupirs:
On fait beaucoup de bruit, et puis on se console.
LA FONTAINE, la jeune Veuve.

Entre la veuve d'une année
Et la veuve d'une journée
La différence est grande: on ne croirait jamais
Que ce fût la même personne.
LA FONTAINE, la jeune Veuve.

VEXER.

Vexer au loin pour répandre l'aisance
Autour de soi,
Ce n'est pas une bienfaisance
De bon aloi.
NIVERNAIS, la Fontaine du Seigneur.

VICE.

Le vice fuit où n'est pas la mollesse.
VOLTAIRE, Ce qui plaît aux Dames.

... Dans le chemin du vice,
On est au fond du précipice
Dès qu'on met un pied sur le bord.
FLORIAN, le Chien coupable.

Tous les jours le vice paraît
Sous une forme qui nous plaît; Avertissons-en la jeunesse,
Et, pour qu'elle le reconnaisse, Peignons-le lui tout comme il est.
NIVERNAIS, les Chevreuils.

Si dans un coeur parjure
La vertu peut encor faire entendre sa voix,
Le vice est là qui veille, et bientôt la nature
A perdu tous ses droits.
STASSART, le Remords inutile.

Dans la jeunesse, où l'ame est encore flexible,
Le vice loin de nous peut être repoussé;
Dans un âge plus avancé,
Il est souvent incorrigible.
LEBRUN, l'Arbre et le Jardinier.

Dans un coeur corrompu quand le vice a pris place,
C'est avec peine qu'on l'en chasse.
AUBERT, le Vase et son Maître.

... Le vice partout doit être combattu;
Mettons à le poursuivre un zèle infatigable;
Mais, d'un autre côté, tenons compte au coupable
De son retour à la vertu.
AGNIEL, le Loup.

On confond aisément le vice et la vertu.
LENOBLE le Daim et le Rhinocéros.

Le vice sans pudeur est trop incorrigible.
LAMOTTE, l'Avare et Minos.

... Un vice toujours dans un autre nous plonge.
GRENUS, le Chat corrigé.

Jamais avec le vice il ne faut qu'on badine.
Mme JOLIVEAU, les Joueurs.

Tous les vices chéris s'accueillent avec soin!
HAUMONT, la Vérité.

Voulez-vous des pièges du vice
Défendre un coeur pur et novice?
Ne chargez pas trop vos portraits;
Le vice n'a que trop d'attraits: Bien mieux que la vertu sauvage,
Du vase il emmielle les bords;
Et, dans le premier feu de l'âge,
Souvent nos malheurs et nos torts
Sont la faute de nos mentors.
GINGUENE, les jeunes Rats et le Chat.

Ne prenons pas pour sagesse
Les vices de notre coeur.
NIVERNAIS, le Jugement de Minos.

VICIEUX.

On combattra toujours le vice
Sans corriger le vicieux.
LEBRUN, Epilogue.

... Le plus vicieux a bien quelque vertu.
GRENUS, le Plaisir et la Douleur.

VICTOIRE.

Quelquefois la victoire est fatale au vainqueur.
LEBRUN, le Rossignol et le Joueur de flûte.

La victoire souvent ruine le vainqueur.
HAUMONT, le Singe possesseur et les autres Singes.

VIE.

... C'est folie
De compter sur dix ans de vie.
Soyons bien buvans, bien mangeans;
Nous devons à la mort de trois l'un en dix ans.
LA FONTAINE, le Charlatan.

Le soleil de la vie est couvert de nuages:
Jeunes, les passions obscurcissent nos sens;
Ce soleil s'éteint-il, c'est au sein des orages:
Le remords et la peur assiègent nos vieux ans.
AUBERT, les Lapins.

Jouis, et souviens-toi qu'on ne vit qu'une fois.
ANDRE CHENIER, le Rat de ville et le Rat des champs.

L'amitié, la philosophie,
Font les délices de la vie.
A. RIGAUD, le Rossignol et le Tonnerre.

Pour la santé trop de précaution,
Trop de soins, trop d'attention, Nuisent quelquefois à la vie:
Ce qu'on fait pour la prolonger Souvent ne sert qu'à l'abréger.
LEBRUN, l'Oranger et le Chêne.

Puisque la mort, hélas! nous frappe tous,
Petits ou grands avant qu'elle nous frappe,
Goûtons le bien qui si tôt nous échappe.
C. D'HARLEVILLE, le Rat de ville et le Rat des champs.

Chacun dit ce qu'il peut pour défendre sa vie.
LA FONTAINE, le Loup et le Chien maigre.

La brièveté de la vie
Doit consoler les malheureux.
LEBRUN, le Cheval, le Chien, etc._

... Heur et malheur partagent notre vie.
A. RIGAUD, la Chevrette et ses Petits.

... Chaque homme a son génie
Pour l'éclairer et pour guider ses pas
Dans les sentiers de cette triste vie.
VOLTAIRE, Sésostris.

... La vie est peu de chose;
Ce n'est qu'un tissu de chagrins,
Et c'est en vain qu'on se propose
De s'y faire d'heureux destins.
LENOBLE, le Renard et le Loup.

La vie, ou longue ou courte, est égale aux mourans.
LENOBLE, le Renard et le Loup.

Il est pesant le fardeau de la vie.
STASSART, les Oiseaux et les Poissons.

Notre vie est une maison;
Y mettre le feu c'est folie.
NIVERNAIS, le Sage Vieillard et le faux Sage.

Vains mortels, vils jouets d'un vain et sot orgueil,
La mer où vous voguez renferme maint écueil,
Où, malgré voire rare et haute suffisance,
Se brise à l'imprévu votre frèle existence.
DU HOULLAY, les deux Fourmis.

... Notre vie est un pèlerinage
Auquel nous condamne le sort;
Combien un ami vrai nous aide et nous soulage!
Il charme par ses sons les peines du voyage;
Mais il faut un parfait accord:
Sans cela l'on fait naufrage.
STASSART, la Barque et les Rameurs.

Une vie est souvent heureuse ou malheureuse
Par les endroits qu'on ne voit pas.
LAMOTTE, les deux Songes.

Chacun aime à passer sa vie
Aux lieux qui furent son berceau.
JAUFFRET, le Papillon et la Demoiselle aquatique.

... Il n'est que les sots
Qui puissent regretter la vie.
JAUFFRET, les deux Loups.

Sur le théâtre de la vie,
Combien nous découvrons d'ambitieux enfans,
Dont le caprice on l'ineptie
Brise, au lieu de guider les fils qu'on leur confie.
Mme JOLIVEAU, les Marionnettes.

VIEILLESSE.

La vieillesse est impitoyable.
LA FONTAINE, le Chat et la Souris.

Tout nous quitte dans la vieillesse.
AUBERT, le Papillon et l'Oeillet.

Le long âge est un mal dont on ne peut guérir.
AUBERT, le Papillon et l'Oeillet.

Les maux sont des vieux ans l'apanage ordinaire.
FORMAGE, la Vieille et le Médecin.

La vieillesse n'est plus la saison des travaux.
STASSART, l'Ecureuil et le Chien de chasse.

... L'homme en sa vieillesse
Doit se reposer et jouir.
AGNIEL, l'Ombre de Salomon.

A la vieillesse tout déplaît;
La jeunesse, avec elle, est toujours une sotte.
AUBERT, le Radoteur.

Un brigand rarement vieillit;
L'infame plus souvent expire
Sur un gibet, que dans son lit.
LEBRUN, le Loup agonisant.

Tout, pour la vieillesse engourdie, Des filets de la mort est plein.
DU HOULLAY, les deux Papillons.

Plus on vieillit, plus la raison
Prend sur l'esprit de l'homme et de force et d'empire;
Elle craint de l'erreur le dangereux poison;
Et fuit les faux plaisirs où la jeunesse aspire.
LEBRUN, la jeune Bergère et le Vieillard.

On redevient enfant, hélas! quand on est vieux.
DU TREMBLAY, le Nid.

... Dans la vieillesse
0n ne se reforme jamais.
Mme JOLIVEAU, la Fauvette, le Moineau et le Rossignol._

VIOLENCE.

... A la violence
On regrette souvent de s'être abandonné.
STASSART, le Chevreuil et la Biche.

Avec la violence on ne se gouverne pas.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

VISAGE.

Les ruines d'une maison
Peuvent se réparer: que n'est cet avantage
Pour les ruines du visage.
LA FONTAINE, la Fille.

Qui montre un visage imposteur,
A rarement un coeur sincère.
LEBRUN, le Singe et la Guenon.

VIVRE.

Il faut que tout le monde vive.
ARNAULT, le Sirop et les Mouches.

Pour vivre heureux, vivons caché.
FLORIAN, le Grillon.

Le pacte universel est qu'on vive et qu'on meure.
VOLTAIRE, le Lion et le Marseillais.

Il faut que tout le monde vive.
LAMOTTE, le Chat et la Chauve-Souris.

Qui ne vit que pour soi, n'est pas digne de vivre.
FORMAGE, l'Homme insouciant.

Parmi nous, d'un destin suffisant, mais modeste,
Qui sait être content? Qui veut vivre ignoré?
A ce bonheur obscur qui n'a pas préféré
Un éclat trop souvent funeste.
F. DE NEUFCHATEAU, les Grenouilles et les Joncs.

Où le sort voulut nous lier,
Il faut savoir vivre paisible.
DU TREMBLAY, le pauvre Chien.

Qui vit long-temps a beaucoup vu.
AGNIEL, le Renard mourant.

... Pour vivre exempt de chagrin,
Il faudrait ne voir ni n'entendre.
NIVERNAIS, l'Homme aveugle et sourd.

Mieux vaut goujat debout qu'empereur enterré.
LA FONTAINE, la Matrone d'Ephèse.

VOCATION.

A sa vocation chaque être doit répondre.
F. DE NEUFCHATEAU, la Lupiade, chant III.

VOEUX.

Par des voeux importuns nous fatiguons les dieux;
Souvent pour des sujets même indignes des hommes.
LA FONTAINE, l'Homme et la Puce.

Oh! combien le péril enrichirait les dieux,
Si nous nous souvenions des voeux qu'il nous fait faire.
LA FONTAINE, Jupiter et le Passager.

Les voeux sont enfans de la crainte.
LAMOTTE, le Chat et la Chauve-souris.

VOILE.

Sous un voile sacré les fourbes, les méchans,
Cachent leurs griffes et leurs dents.
A. RIGAUD, le vieux Chat.

Le voile n'est le rempart le plus sûr
Contre l'amour, ni le moins accessible;
Un bon mari, mieux que grille ni mur,
Y pourvoira, si pourvoir est possible.
LA FONTAINE, Mazet de Lamporecchio.

VOIR.

Chacun de nous a sa lunette
Qu'il retourne suivant l'objet:
On voit là-bas ce qui déplaît.
On voit ici ce qu'on souhaite.
FLORIAN, le Chat et la Lunette.

On se voit d'un autre oeil qu'on ne voit son prochain.
LA FONTAINE, la Besace.

Les choses d'ici-bas, quand on les envisage,
Ont toutes un revers dont on est moins flatté;
C'est être heureux, c'est être sage,
Que de les voir du bon côté.
JAUFFRET, le Lérot et les deux Lézards.

... Quiconque a beaucoup vu,
Peut avoir beaucoup retenu.
LA FONTAINE, l'Hirondelle et les petits Oiseaux.

Où l'un voit des chardons, l'autre aperçoit des roses.
A. RIGAUD, le Rossignol et le Tonnerre.

Heureux celui qui voit toujours du bon côté.
A. RIGAUD, le Rossignol et le Tonnerre.

Qui ne voit goutte en son affaire,
Dans celles d'autrui ne voit guère.
PERRAULT, le Devin.

VOISIN.

C'est un triste et fâcheux destin
Que d'avoir un méchant voisin.
PERRAULT, Jupiter et le Limaçon.

... C'est souvent une entreprise vaine
Et dangereuse, aussi bien que vilaine,
De se jeter sur ses voisins
Quand on les voit troublés de débats intestins.
NIVERNAIS, le Loup et les Mâtins.

VOL, VOLER.

Un vol, s'il n'est restitué,
Ne saurait être pardonnable.
LENOBLE, le Loup et la Belette.

Jamais un larcin ne profite,

Sans compter les malheurs qui viennent à sa suite.
LE BAILLY, le Nid d'Aiglons.

Toujours le vol fut condamnable.
A. RIGAUD, les deux Pèlerins.

Un pauvre vous vole, on le pend.
Pour les riches, c'est différent:
Gare aux objets qui leur conviennent!
Car ils gardent tout ce qu'ils prennent.
STASSART, la Brebis, le Cheval et le Boeuf.

VOLCAN.

Tout ce qui pose sur la terre,
Renferme dans son sein le foyer d'un volcan.
DU HOULLAY, le Mont orgueilleux.

VOLEUR.

Mal prend aux volereaux de faire les voleurs.
LA FONTAINE, le Corbeau voulant imiter l'Aigle.

Nul voleur ne sait s'arrêter.
F. DE NEUFCHATEAU, le Voleur et le pauvre Homme.

Fort souvent le voleur tombe aux mains de l'exempt,
Tandis qu'à voler il s'applique.
LENOBLE, le Faucon et la Colombe.

De voleur à voleur on parle probité.
F. DE NEUFCHATEAU, le Loup, l'Agneau et le Lion.

VOLONTE.

Il n'est point de vertu sans libre volonté.
HAUMONT, la Sensitive et la Violette.

Un grand vouloir enfante un grand courage.
DU TREMBLAY, le Cerf-Volant.

VOLUPTE.

Flatteuse volonté, ta séduisante image
Entraîne quelquefois la jeunesse volage.
A. RIGAUD, le Bloc de marbre.

Que d'un penchant fatal notre coeur s'affranchisse,
Si pour lui le plaisir a des charmes flatteurs:
La volupté conduit au vice,
Et le vice aux plus grands malheurs.
LEBRUN, la Fontaine du Plaisir et celle de la Sagesse.

La volupté, ni la mollesse
Ne peuvent contenter nos coeurs.
LEBRUN, la Fontaine du Plaisir et celle de la Sagesse.

VOYAGE, VOYAGER.

En voyageant plus la troupe est complète
Mieux elle vaut: c'est toujours le meilleur.
LA FONTAINE, l'Oraison de saint Julien.

... Le droit de voyage
N'appartient qu'aux gens sensés.
NIVERNAIS, les Animaux voyageurs.

Combien tranquillement pourraient dans le voyage
Vivre contens, riches, heureux,
Qui vont sur l'étranger rivage
Chercher un écueil dangereux.
LENOBLE, le Cerf qui loue ses Bois.

Pour tromper le chemin, on converse en voyage.
Mme JOLIVEAU, les Beaux diseurs.

Les amis s'estiment heureux
De pouvoir voyager ensemble.
AGNIEL, les deux Ruisseaux.

Tel veut aller au loin étaler sa science,
Qui perd, en voyageant, sa première innocence.
COUPE DE ST.-DONAT, Vert-Vert.

Quand on se trouve aussi mal sur la route,
Il faut finir le voyage ...
NIVERNAIS, le Sage vieillard et le faux Sage.

VOYAGEUR.

... La règle ordinaire
Est qu'un voyageur mente, ou du moins exagère.
JAUFFRET, le Dogue et le Barbet.

Il faut se défier de l'oeil des voyageurs.
NIVERNAIS, les Animaux voyageurs.

VRAI.

Si l'on se plaît à l'image du vrai,
Combien doit-on rechercher le vrai même.
LA FONTAINE, le Remède.

Rien n'est vrai comme ce qu'on sent.
FLORIAN, les Serins et le Chardonneret.

Savoir le vrai d'abord est quelque chose.
DU TREMBLAY, Philopoemen.

En fait de coeur et de mérite
Le vrai n'est pas souvent facile à démêler;
Tel est plus poltron que Thersite,
Qu'on prendrait pour Achille, à l'entendre parler.
LENOBLE, le Loup et le Bouc.

VUE.

Ne vous fiez pas trop à la première vue.
F. DE NEUFCHATEAU, la Cire et la Brique.

VULGAIRE.

C'est sur d'assez minces objets
Que souvent le vulgaire fonde
Des triomphes et des regrets.
NIVERNAIS, le Nain et le Géant.

... Il est dangereux, insensé, téméraire,
Sur ses vrais intérêts d'éclairer le vulgaire.
A. RIGAUD, les Rats et les Souris.

--- Y ---

YEUX.

Quand on veut toucher l'ame, il faut parler aux yeux.

DU TREMBLAY, Zéphir et Flore.

Les yeux furent toujours les portes de l'amour.
LENOBLE, le Miroir.

FIN DU CITATEUR DES FABULISTES.

 

 

 

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