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Le citateur des fabulistes français.02 - Léonard Gallois (1789–1851)

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FABLES.

Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être;
Le plus simple animal nous y tient lieu de maître.
Une morale nue apporte de l'ennui;
Le conte fait passer le précepte avec lui.
LA FONTAINE, le Pâtre et le Lion.

Il faut bien égayer la fable quand on peut.
LE BAILLY, le Rat et le Boulanger.

La fable veut du simple, du naïf.
LEBRUN, l'Auteur et le Livre.

La fable gît dans la moralité.
LAMOTTE, le Jugement, l'Imagination et la Mémoire.

Souvent le masque de la fable
Est utile à la vérité.
COUPE DE ST.-DONAT, Prologue du livre I.

La vérité doit naître de la fable.
LAMOTTE, le Chat et la Chauve-souris.

Vous voulez seulement lire un conte agréable,
Sans le vouloir vous allez être instruit.
On badine, il paraît qu'on ne songe qu'à plaire,
Et le jeu tourne en leçon.
L'homme n'eût pas voulu d'un précepte sévère;
Pour le prendre il fallait trouver cet hameçon.
LAMOTTE, le Renard prédicateur.

... La fable est l'ame du style
Quand on sait avec art en placer l'ornement.
F. DE NEUFCHATEAU, Prologue du livre X.

La fable est elle-même un voile favorable
Dont se couvre la vérité.
LE BAILLY, Prologue du livre II.

Une fable n'est attachante
Qu'autant qu'elle est un drame, et le drame un tableau.
F. DE NEUFCHATEAU, Prologue du livre II.

C'est sur une action que la fable se fonde.
F. DE NEUFCHATEAU, Prologue du livre VII.

FACHER

... Il est d'un sot
De se fâcher quand on badine.
ARNAULT, le Chien et le Chat.

FACHEUX.

Fuyons l'esprit fâcheux qui se croit du talent.
HAUMONT, le Rossignol et le Coucou.

FACILITE.

... La facilité diffère du génie.
F. DE NEUFCHATEAU, les deux Poètes..

FAIBLESSE.

... Chacun a sa faiblesse.
LAMOTTE, le Festin du Lion.

Connaître sa faiblesse est la grande science.
LENOBLE, le Poulain et le Lion.

La faiblesse est souvent toute notre justice.
AUBERT, le Lion et le Lièvre.

Des faiblesses d'autrui nous devons profiter;
Apprenons à vaincre les nôtres.
DU TREMBLAY, le Miroir.

Le plus fort a son faible ...
LAMOTTE, la Baleine et l'Américain.

Les ames faibles sont cruelles,
Et la malice est de leur goût.
F. DE NEUFCHATEAU, Momus chassé de 1'Olympe.

Sous le fort le faible succombe.
LENOBLE, le Pot de fer et le Pot de terre.

Pauvres moutons ne sont pas faits
Pour réussir dans cette vie;
Leur lot est qu'on les sacrifie
Sans autre forme de procès.
DE LA BOUTRAYE, le Berger et le Mouton.

Est-on jeune et puissant, tout rit.
Mais tombe-t-on dans la faiblesse?
Tout tourne à dos, et l'on périt.
LENOBLE, le Lion décrépit.

Pardonner c'est, je crois, agir avec sagesse;
Mais se donner des airs de magnanimité,
Sans y joindre l'autorité,
N'est-ce pas au grand jour exposer sa faiblesse
STASSART, le Lion édenté.

La faiblesse conduit aux plus honteux forfaits.
STASSART, les Loups, le Chien et le Troupeau.

La créature est faible et le ciel indulgent.
LOMBARD DE LANGRES, le Maltôtier.

Si le faible peut nuire on doit le mépriser.
HAUMONT, le Philosophe et la Guêpe.

Le plus faible, c'est l'ordre, est puni le premier.
LAMOTTE, la Pie.

FAILLIR.

Chacun de ses talens a beau s'enorgueillir,
Dès qu'on est homme il faut faillir.
LAMOTTE, Apollon et Minerve.

... Quelle est la vertu qui ne doit pas faillir,
Et qui peut se vanter d'être toujours soi-même?
GOSSE, les deux Chats en sentinelle.

FAIM, FAMINE.

La faim est un besoin terrible.
AGNIEL, le Loup et le Chien.

La faim chasse les loups du bois.
A. DE MONTESQUIOU, l'heureuse Incrédulité.

Un brigand affamé n'a point d'yeux ni d'oreilles.
HAUMONT, l'Amitié de l'Ours et du Loup.

... Faim n'est pire que poison.
LAMOTTE, l'Huître.

... L'aiguillon de la faim
Donne au moins brave du courage.
AGNIEL, le Lapin et le Renard.

La rigueur et la faim, voilà le grand mobile.
A, RIGAUD, le Despote.

Il n'est ni ruse ni tours
Que ventre affamé n'imagine
Pour conserver ses jours.
DU HOULLAY, le Milan et les petits Oiseaux.

... Le plus grand des soins
C'est celui d'éviter la famine.
LA FONTAINE, l'Aigle, la Laie et la Chatte.

Ventre affamé n'a point d'oreilles.
LA FONTAINE, le Milan et le Rossignol.

Ventre affamé n'a point d'oreilles.
DU TREMBLAY, la Pie, la Linotte, etc.

Ventre affamé n'a point d'oreilles.
COUPE DE ST.-DONAT, le Serin et le Chat.

FAIRE.

Qui ne fait rien ou ne sait que mal faire,
Dans la société, ne saurait que déplaire.
DU HOULLAY, l'Hirondelle et le Passereau.

Faites toujours ce que vous pouvez faire.
LAMOTTE, le Corbeau et le Faucon.

... Quand on sait bien faire il faut le laisser dire.
LAMOTTE, l'Aigle et l'Aiglon._

Il vaut beaucoup mieux ne rien faire
Que faire sans cesse des riens.
STASSART, l'Ecureuil et le Chien de chasse.

FAITS.

Ce n'est que par les faits que les mots auront cours.
F. DE NEUFCHATEAU, la Grenouille et le Renard.

FAMILIARITE.

J'aime fort le ton familier,
Mais mesuré par la décence;
Dès qu'il sort de la convenance,
Il finit par être grossier.
DU TREMBLAY, les deux Singes.

FANFARON.

... Le faux brave, à force de caquet,
Impose aux idiots, auprès d'eux s'accrédite,
Et toujours leur en dit beaucoup plus qu'il n'en fait.
Mais forcez-le d'agir, vous trouvez que l'effet
Dément tout ce qu'il débite.
LENOBLE, l'Homme et le Lion.

FAT.

Un fat abuse ainsi de qui se rend trop bon.
LENOBLE, les Animaux favoris.

A la cour, à la ville, en tous lieux on se raille
D'un fat qui, de l'honneur fort mal aiguillonné,
N'a rien, et fonde son dîné
sur le brouet du voisin qui travaille.
LENOBLE, le Renard et le Singe.

... Un fat entêté
De ses talens, de son mérite. N'écoute que la vanité.
NIVERNAIS, le Corbeau et le Coq.

FAUSSETE.

... La fausseté sera toujours punie
Par les décrets d'un ciel vengeur.
DE LA BOUTRAYE,, la Brebis, le Chien et le Loup.

Sous un air doux craignons la fausseté:
On voit plus d'un minet dans la société.
HAUMONT, Orphise, son Chat et son Epagneule.

FAUTES.

Dès qu'on fut une fois coupable par l'amour,
D'une seconde faute une faute est suivie.
GOSSE, le Chien de l'escadre.

Nous avons beau jeter nos fautes sur les autres,
Tôt ou tard nous en pâtissons.
LAMOTTE, l'Estomac.

On fait, hélas! des fautes à tout âge;
Mais que le sexe en fait à dix-huit ans!
LOMBARD DE LANGRES, Brice.

FAVEURS.

... Le ciel
Même au plus fortuné mortel,
Vend les faveurs dont il dispose.
F. DE NEUFCHATEAU, Epilogue.

La faveur du Destin parfois fut importune.
A. RIGAUD, Heur et Malheur.

FEINDRE, FEINTE.

L'ennemi découvert n'est pas si fort à craindre;
Ne pouvant s'y fier on n'en est pas trompé;
Mais, à coup sûr, on est frappé
Par un ennemi qui sait feindre.
F. DE NEUFCHATEAU, la Lupiade, Chant II.

La feinte est un pays plein de terres désertes;
Tous les jours les auteurs y font des découvertes.
LA FONTAINE, le Meunier, son fils et l'Ane.

FELICITE.

De la félicité l'apparence est trompeuse.
HAUMONT, la Poule et la Tourterelle.

... La félicité
Consiste dans trois points: travail, paix et santé.
FLORIAN, l'Aigle et le Hibou.

En quelque rang que le sort vous ait mis,
Sans société, sans amis,
Point de félicité parfaite.
AUBERT, la Volière et le Serin.

Une ame qui se croit heureuse,
Possédant les honneurs, les biens, la volupté,
N'embrasse qu'une ombre trompeuse
De la félicité.
LENOBLE, le Chien et l'Ombre.

Pourquoi faut-il que dans la vie
Un rien puisse troubler notre félicité?
AGNIEL, la jeune Fille et le Serin.

FEMME.

Il faut toujours que la femme commande.
VOLTAIRE, Ce qui plaît aux Dames.

... Une femme a son prix.
PARNY, Alcibiade converti.

Le beau-sexe a pour apanage
La présence d'esprit, le zèle, le courage;
Dans le monde sensible il tient le premier rang.
A. RIGAUD, le Tigre et le Parasol.

... Femme douce et bonne
Au fond du coeur laisse de longs regrets.
PARNY, Alcibiade converti.

Quand femelle à petit génie
S'est mis en tête une manie,
On ne peut l'en désentêter.
LENOBLE, la Mouche et la Marmotte.

Femme contrariante, envieuse et colère,
Ne quitte point son caractère.
PERRAULT, la Femme noyée et son Mari.

... Fille ou femme, ou veuve, ou laide, ou belle,
Ou pauvre, ou riche, ou galante, ou cruelle,
La nuit, le jour, veut être, à mon avis,
Tant qu'elle peut, la maîtresse au logis.
VOLTAIRE, Ce qui plaît aux Dames.

Le coeur est tout chez les femmes.
VILLIERS, la Bique, et le Bouc.

... ... Femmes de Paris
Savent tromper, mais servir leurs maris.
M. J. CHENIER, la Lettre de cachet.

... Femme sage est plus que femme belle.
VOLTAIRE, Ce qui plaît aux Dames.

Femme toujours est maîtresse au logis.
VOLTAIRE, Ce qui plaît aux Dames.

Quand une femme aime dans son printemps,
Elle ne peut jamais faire autre chose.
VOLTAIRE, l'Origine des Métiers.

... Femmes savent mentir;
La moins habile en connaît la science.
LA FONTAINE, le Quiproquo.

Femmes ne sont toutes reconnaissantes.
LA FONTAINE, le Faucon.

... La femme doit prendre soin du ménage.
HAUMONT, le Jardinier et sa Femme.

Le sexe fut toujours la pomme de discorde.
HAUMONT, les deux Chiens, le Loup et le Troupeau.

FER.

Si méchans que soient les humains,
Le fer n'est pas toujours meurtrier dans leurs mains.
ARNAULT, le Jour et la Nuit.

FERS, CHAÎNES.

On sent le poids des fers dont on est attaché.
LENOBLE, l'Ecuyer et le Cheval.

Jouets de la fortune, assidus courtisans,
Examinez bien votre vie,
Plus vos fers sont dorés, et plus ils sont pesans.
LENOBLE, le Chien gras et le Chien maigre.

FEUX.

Les feux légers qu'Amour allume,
Attirent l'imprudent vers un piège trompeur.
Mme JOLIVEAU, les deux Moucherons.

Le feu souvent est dans la tête;
Rarement il est dans le coeur.
DU TREMBLAY, le Villageois.

FIDELE.

Bon juge et femme fidèle,
Il n'est rien de si peu commun.
LENOBLE, le Chat et le Coq.

En fait d'amour, le plus galant
N'est pas toujours le plus fidèle.
DU TREMBLAY, la Tourterelle et le Moineau-franc.

FIER.

Fiez-vous à quiconque a répandu des larmes.
ARNAULT, les larmes du Crocodile.

... Insensé, qui se fiera
A tout ami qu'amène l'abondance:
Il ne vient qu'avec elle, avec elle il fuira.
LAMOTTE, le Rat tenant table.

On ne doit se fier qu'à sa propre vertu.
LENOBLE, 1'Aigle et l'Escarbot.

En vain au dehors on se fie;
Tel en discours se sacrifie,
Qu'au moindre coup de vent nous voyons s'écarter.
LENOBLE, le Sanglier et le Buisson.

A qui du bien d'autrui veut te gratifier
Tu ne dois pas trop te fier.
PERRAULT, les deux Chiens et le Cuisinier.

Ne t'attends qu'à toi seul ....
LA FONTAINE, l'Alouette et ses Petits.

... Un homme fait grande folie,
Quand il se fie
A qui peut aisément profiter de sa mort.
LENOBLE, la Pie héritière.

FILLE.

Comment ne point s'intéresser aux filles!
PARNY, l'heureux Ermite.

Chacun sait que de race
Communément fille bâtarde chasse.
LA FONTAINE, Féronde.

Fille qui pense à son amant absent,
Toute la nuit, dit-on, a la puce à l'oreille.
LA FONTAINE., le Rossignol.

La contrainte est l'écueil de la pudeur des filles.
Les surveillans, les verrous et les grilles,
Sont une faible digue à leur tempérament.
LA FONTAINE., le Rossignol.

Filles de sang royal ne se déclarent guère.
LA FONTAINE, la Fiancée du roi de Garbe.

Jeune fillette a toujours soin de plaire.
LA FONTAINE, l'Ermite.

FILS.

Le fils d'un scélérat peut être vertueux.
LEMONNIER, les Cruches.

Quel fils ne se croit pas plus sage que son père?
DUCERCEAU, le Rat et le Raton.

On peut bien, sans être astrologue,
Prédire aux fils méconnaissans,
Qu'ils engendreront des vipères;
Et qu'ils seront traités par leurs enfans
Comme ils auront traité leurs pères.
NIVERNAIS, le Vieillard à l'hôpital.

FIN, FINIR.

En toute chose il faut considérer la fin.
LA FONTAINE, le Renard et le Bouc.

... On finit par où l'on devait commencer.
DORAT, l'Homme détrompé.

De ce qui par toi-même à fin peut être mis,
Ne t'en remets à tes amis.
PERRAULT, l'Alouette.

... Ici-bas tout finit;
Oui tout, le plaisir et la peine.
A. NAUDET, les deux Moineaux.

FINESSE, FIN.

... La meilleure finesse
C'est souvent de n'en avoir point.
LENOBLE, le Chat et le Rat.

... Souvent, par un juste revers,
Quelque fin que l'on soit un plus fin nous attrape.
LENOBLE, le Loup et le Cheval.

Renard contre renard ne gagne rien de bon.
Mme JOLIVEAU, le Renard ermite.

... Aux méchans il faut opposer la finesse.
DU HOULLAY, le Milan et les petits Oiseaux.

FLATTER.

Amusez les rois par des songes; Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges;
Quelque indignation dont leur coeur soit rempli,
Ils goberont l'appât, vous serez leur ami.
LA FONTAINE, les Obsèques de la Lionne.

... On sait qu'à la cour flatter n'est pas mentir.
A. NAUDET, la Cour du Lion.

Flattez la vanité, l'on vous croira sincère;
Parlez raison, et vos avis
Ne manqueront pas de déplaire.
A. NAUDET, la Coquette et le Miroir.

On ne flatte pas l'impuissance.
A. NAUDET, l'Ours, le Renard et l'Ane.

Flattez, flattez, sans crainte de déplaire,
Car on ne hait souvent que la manière.
Mme JOLIVEAU, le Renard Misanthrope.

Un sot se plaît à se flatter,
Un homme adroit flatte les autres.
DU TREMBLAY, le Miroir.

On se flatte jusqu'à la mort.
JAUFFRET, la Pie.

Souvent, quand on vous flatte et quand on vous caresse,
C'est un piège adroit qu'on vous tend.
LEBRUN, la Mouche et l'Araignée.

FLATTEUR, FLATTERIE.

Le flatteur suit toujours la fortune et sa roue.
A. RIGAUD, le Courtisan et la Statue.

... Toujours avec prudence
Il faut éloigner les flatteurs,
Car, de nos actions les plus déraisonnables
Perfides imitateurs,
Ils font si bien qu'ils rendent nos malheurs
Et nos fautes irréparables.
STASSART, le Savant et le Singe.

Gardons-nous de la gentillesse,
Mais surtout des propos flatteurs; Le serpent caché sous les fleurs Nous surprend avec plus d'adresse.
HAUMONT, le Papillon et le Mûrier.

... Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute.
LA FONTAINE, le Renard et le Corbeau.

Un langage flatteur n'est souvent qu'une adresse,
Pour nous suborner mieux et nous mieux éblouir.
LEBRUN, le Berger, le Loup et le Renard.

... Un propos séduisant et flatteur
Est le plus sûr chemin du coeur.
HAUMONT, les Yeux, les Lèvres et 1'Amour.

Oh! la dangereuse fumée
Que celle d'un encens flatteur!
Malheur, malheur à ceux dont l'ame est affamée
D'un mets si doux, si séducteur;
Le cerveau le plus fort en devient imbécile,
Il n'en peut soutenir la traîtresse vapeur,
Et l'on ne trouve point de route plus facile
Pour entrer dans un faible coeur.
LENOBLE, le Renard et le Corbeau.

... Le flatteur
C'est un fourbe qui veut surprendre,
Qui nous présente un appât séducteur;
Est bien sot qui s'y laisse prendre.
DU TREMBLAY, le Miroir.

Quand tu vois un flatteur qui dit ce que tu veux,
A ses fourbes discours ne sois point trop crédule.
LENOBLE, le Pitaud et le Bouquin.

... Un grain d'encens suffit pour plaire aux Dieux,
Pour plaire à l'homme en place il faut doubler la dose.
LOMBARD DE LANGRES, L'Oiseau plumé.

Que ne fait-on passer avec un peu d'encens?
FLORIAN, la Coquette et l'Abeille.

Touchons à l'encensoir, mais d'une main prudente,
Et que sa fumée enivrante
S'exhale toujours à propos!
STASSART, Jupiter et les Etourneaux.

Qu'on me cite un pays, dans ce vaste univers,
Où n'ait jamais régné la flatterie;
Partout, hélas! en prose, en vers,
On s'en mêle à tort à travers,
Mais ce n'est qu'à la cour qu'on en a le génie.
A. NAUDET, la Cour du Lion.

Les simples et les ignorans
Peuvent se laisser prendre à de belles paroles;
Celui qui sait percer leurs voiles transparens
Méprise ces phrases frivoles.
F. DE NEUFCHATEAU, la Lupiade, chant II.

FLEUR.

Il est bon de garder sa fleur,
Mais pour l'avoir perdue il ne faut pas se pendre.
LA FONTAINE, la Fiancée du roi de Garbe.

Loin d'épuiser la matière
On n'en doit prendre que la fleur.
LA FONTAINE, Epilogue du livre VI des fables.

De nos guérets la fleur la plus jolie
Pour le berger bientôt perd sa fraîcheur,
S'il n'a l'espoir d'en parer son amie.
LOMBARD DE LANGRES, le Conscrit.

FOLIE, FOU.

La plus courte folie est toujours la meilleure.
LEMONNIER, les Chèvres.

L'égard qu'on a pour la folie
La rend plus folle de moitié.
LAMOTTE, le Chameau.

... Guérir d'une folie
Bien souvent ce n'est qu'en changer.
FLORIAN, Don Quichotte berger.

... L'esprit et le talent
Sont quelquefois voisins de la folie.
Mme JOLIVEAU, le pouvoir de l'Eloquence.

... On a pour les fous
Plus de pitié que de courroux.
LA FONTAINE, les deux Hommes et la Fortune.

Jamais auprès des fous ne te mets à portée.
LA FONTAINE, le Fou qui vend la Sagesse.

Par pitié pour le fou souvent le sage plie,
Pour vrai respect le fou prend sa pitié.
LAMOTTE, le Chameau.

Le fou n'écoute point, le sot ne comprend pas.
Mme JOLIVEAU, 1'Ane, le Singe et l'Ours.

On voit courir après l'ombre
Tant de fous, qu'on n'en sait pas
La plupart du temps le nombre.
LA FONTAINE, le Chien qui lâche sa proie.

Le plus fou se croit 1e plus sage.
LAMOTTE, la Loterie de Jupiter.

... La raison est-elle garant
De ce que fait un fou? Le hasard est la cause
De tout ce qui se passe en son cerveau blessé.
LA FONTAINE, le Fou qui vend la Sagesse.

FOND.

Gens excellens, sous une écorce amère,
Cachent souvent un très-bon fond.
DU TREMBLAY, l'Oranger.

Ce qu'il faut chercher à connaître,
Mon fils, c'est le fond du panier.
DU TREMBLAY, l'Avis de maître Pierre.

FORCE, FORT.

La force à tout jamais finira les querelles.
DE LA BOUTRAYE, le Papillon et les Fourmis.

La force veut soumettre et feint de protéger;
La vertu, la candeur savent persuader.
HAUMONT, les Voyageurs, les Bergers et les Guerriers.

Vous êtes le grand maître en étant le plus fort.
VOLTAIRE, le Lion et le Marseillais.

Le plus fort régnera; c'est la loi de nature.
HAUMONT, l'Aigle et le Ballon.

FORTUNE.

Le bien nous le faisons, le mal c'est la fortune.
LA FONTAINE, Ingratitude envers la Fortune.

Bref la fortune a toujours tort.
LA FONTAINE, la Fortune et le jeune Enfant.

... Heureux qui vit chez soi,
De régler ses désirs faisant tout son emploi;
Il ne sait que par ouï-dire
Ce que c'est que la cour, la mer, et ton empire,
Fortune, qui nous fais passer devant les yeux
Des dignités, des biens, que jusqu'au bout du monde
On suit sans que l'effet aux promesses réponde.
LA FONTAINE, les deux Hommes et la Fortune.

Dame fortune aime souvent à rire,
Et nous jouant un tour de son métier
Au lieu des biens où notre coeur aspire,
D'un quiproquo se plaît à nous payer.
LA FONTAINE, le Quiproquo.

Il ne faut point fatiguer sa fortune.
M. J. CHENIER, le Maître italien.

... La fortune couronne
Celui que nul travail, que nul péril n'étonne.
A. RIGAUD, la Santé.

Plus la fortune rit, et plus on doit trembler;
Elle orne sa victime avant de l'immoler.
F. DE NEUFCHATEAU, l'Homme et l'Ane.

Vous dont les plus beaux jours passés dans les malheurs,
Si la fortune, enfin lasse de ses rigueurs,
Paraît à vos voeux plus propice,
De l'ingrate craignez le funeste caprice.
HAUMONT, le Boeuf sur le retour.

Des biens que la fortune donne
C'est à crédit qu'on est paré;
Elle les retire à son gré.
F. DE NEUFCHATEAU, Epilogue.

Pour la fortune en espérance
On perd souvent une modeste aisance.
COUPÉ DE ST.-DONAT, l'Occasion.

Entre tous les mortels, par une erreur commune,
Ce Dieu par qui l'on est dans tous ses pas guidé,
C'est ce que très-souvent on appelle fortune.
LENOBLE, la Nourrice, le Loup et l'Enfant.

... Il arrive
Qu'un bel esprit souvent
Trouve la fortune rétive,
Tandis qu'un sot a le bon vent.
LENOBLE, le Rossignol et le Coucou.

... La fortune et l'amour n'ont qu'un temps,
A des retours fâcheux leurs faveurs sont sujettes.
LEBRUN, l'Aigle.

... Fortune, en tout négoce,
Mêle le bien avec le mal.
LENOBLE, le Pêcheur, et le petit Poisson.

Une haute fortune est toujours dangereuse.
LENOBLE, le Myrte devenu Sapin.

De l'orgueil d'un mortel la fortune se joue.
LENOBLE, le Cheval et l'Ane.

... C'est à l'instant même où l'on croit la saisir,
Que la Fortune nous échappe.
AGNIEL, l'Enfant et le petit Poisson.

Nous accusons toujours de notre propre tort
La Fortune ou la Providence.
F. DE NEUFCHATEAU, les trois Maximes.

La Fortune est capricieuse,
Qui veut la suivre affronte une mer orageuse;
Il ne faut point sur elle établir son bonheur.
STASSART, le vieux Courtisan et son Fils.

Le malheureux accuse, invoque la Fortune;
L'heureux n'en reconnaît aucune,
Et ne veut rien devoir qu'à ses propres talens.
NIVERNAIS, les deux Joueurs.

... Qu'il faut peu compter sur la Fortune!
Qu'un présent de sa main est un don passager!
Que sa perfidie est commune!
Que son sourire est mensonger!
DU HOULLAY, le jeune Rat et le vieux Rat.

Quelquefois la fortune est un mauvais présent.
HAUMONT, le Cavalier et le Fantassin.

Le sage doit sans balancer
Accepter les faveurs que donne la fortune.
Sa visite n'est pas commune;
Et qui veut trop avoir laisse tout échapper.
HAUMONT, le Corbeau sur l'aire.

La Fortune est aveugle, et souvent récompense
Une méchante action.
HAUMONT, le Chardon.

... L'aspect de la fortune
Tient l'oeil ouvert mieux que le clair de lune.
NIVERNAIS, le Chat qui veut faire fortune.

Fortune, aux malheureux tes subites faveurs
Cachent quelquefois un abîme;
Souvent, pour l'immoler, tu pares la victime;
Et je crains tes bienfaits autant que tes rigueurs.
JAUFFRET, le Boeuf devenu vieux.

La fortune est comme les belles:
Acceptons ses faveurs, tant légères soient-elles:
Qui veut attendre mieux, et montre du dégoût,
Le plus souvent n'a rien du tout.
JAUFFRET, la Corneille.

FOURBE.

Des malheurs qui sont sortis
De la boîte de Pandore,
Celui qu'à meilleur droit tout 1'univers abhorre
C'est la fourbe, à mon avis.
LA FONTAINE, l'Aigle, la Laie et la Chatte.

Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre.
LA FONTAINE, le Loup devenu Berger.

Le fourbe en vain se ravale et s'intrigue
Et crie alternativement:
Vive le roi! vive la ligue!
Il reçoit tôt ou tard son juste châtiment.
A. RIGAUD, la Chauve-Souris.

Un fourbe souvent trouve un fourbe plus insigne,
Et d'aussi fins que lui tous les jours y sont pris.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpeïde, chant I.

Un fourbe, quand moins il y pense,
Doit périr même par son art.
F. DE NEUFCHATEAU, l'Ane, le Renard et le Lion.

Du fourbe qui vous hait redoutez l'artifice;
Son visage souvent n'est qu'un masque trompeur;
Il court vous offrir son service,
Et voudrait vous manger le coeur.
LENOBLE, la Truie en travail et la Louve.

... Un fourbe rusé
Prend cent masques trompeurs pour tâcher de nous plaire;
On peut nous pardonner tant qu'il est déguisé;
Mais, voit-on qu'on s'est abusé,
Vite, vite, il faut s'en défaire.
LENOBLE, le Paon et l'Ibis.

L'homme est fourbe, il masque son être.
DU TREMBLAY, le Philosophe et le Berger.

Quand celui que l'on veut surprendre
Est à fourbe fourbe et demi, Contre qui se défie en vain l'on cherche à prendre
Le visage d'un faux ami,
Le sage d'un coup-d'oeil en perce l'artifice,
Avec prudence il s'en défend,
Et sait prendre le temps propice
Pour se débarrasser du piège qu'on lui tend.
LENOBLE, le Cheval et le Loup..

FRACAS.

Le fracas ne convient qu'à gens de haut parage.
DE LA BOUTRAYE, le Voiturin et le Passant.

FRANCHISE.

Qu'on calomnie ou qu'on médise,
On est profondément
Méchant;
Mais qu'on soit tigre au moins, et qu'on ait la franchise
De déchirer ouvertement.
DU TREMBLAY, le Tigre et le Serpent.

FRAPPER.

Il faut, même en frappant, du bon sens et de l'art.
GOSSE, l'Enfant qui joue au sabot.

FRAUDE.

... La fraude n'est pas sûre!
Quelquefois ses traits rebroussés
Viennent, plus justement, reporter leurs blessures
A la main qui les a lancés.
F. DE NEUFCHATEAU, le Songeur.

FREIN.

Pour se sauver l'homme a le frein des lois;
Mais il ignore, aveugle et téméraire,
Qu'à son bonheur toujours ce frein est nécessaire.
STASSART, l'Ane et son Maître..

Sans règle et sans frein tôt ou tard on succombe.
FLORIAN, le Danseur de corde.

Qu'un frein soit de fer ou d'or,
Qui l'accepte est un esclave.
ARNAULT, le Cheval et le Maquignon..

Tout frein est un frein, fût-il d'or.
LENOBLE, l'Écuyer et le Cheval.

FRIPON.

D'un masque séduisant les fripons ont l'usage.
F. DE NEUFCHATEAU, la Tête de Singe.

Combien de fripons vont prêchant
La morale la plus austère,
Et s'abstiennent pieusement
De tout mal qu'ils ne peuvent faire.
A. RIGAUD, le serpent Boa.

Toujours sur le qui-vive, et rêvant le supplice,
Les fripons nuit et jour redoutent la justice.
AGNIEL, le Renard mourant..

En parlant d'honneur les fripons
Veulent écarter les soupçons.
COUPÉ DE ST.-DONAT, le Chat et la Pie.

Toujours, par quelque négligence
Fripon se perd sans qu'il y pense.
STASSART, la Taupe et le Jardinier.

Graces à Dieu, le fripon le plus fin
Ne songe pas à tout ... ...
NIVERNAIS, la Taupe.

Tout le temps qu'un fripon prospère,
On peut être tenté d'imiter ses méfaits:
Mais un oeil vigilant le suit dans le mystère,
Et découvre la vérité.
DE LA BOUTRAYE, le Chien et le Chat.

Fripon est dépouillé par un plus grand fripon.
Mme JOLIVEAU, le Monde comme il va.

FRUIT.

En sa saison tout fruit doit se cueillir.
FORMAGE, l'Amandier et le Poirier.

FUREUR.

Trop souvent la fureur nous fait perdre l'esprit.
STASSART, le Savant et le Singe.

--- G ---

GAGNER.

On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
LA FONTAINE, le Héron.

Le hasard gagne des batailles;
Mais il faut des vertus pour gagner notre coeur.
FLORIAN, le Laboureur de Castille.

GAIETE.

Riez, chantez; toujours la bonne conscience
Est compagne de la gaieté.
LOMBARD DE LANGRES, le Maltôtier..

Lorsque notre bonheur vient de notre vertu,
La gaieté vient bientôt de notre caractère.
FLORIAN, le Léopard et l'Ecureuil.

Qui voudrait de la royauté,
Si de la cour l'étiquette sévère
N'y laissait quelquefois paraître la gaieté.
STASSART, l'Aigle et le Papillon..

GALANT.

Quand les galans sont défendus
C'est alors que l'on les souhaite.
LA FONTAINE, la Coupe enchantée.

GATER.

Ne faut qu'une brebis pour gâter un troupeau.
LOMBARD DE LANGRES, le Maltôtier..

Un auteur gâte tout quand il veut trop bien faire.
LA FONTAINE, Mercure et le Bûcheron.

GENDRE.

Rien ne se montre plus soumis
Qu'un aspirant au nom de gendre;
Mais dans votre maison s'est-il une fois mis,
Quelque soin que vous puissiez prendre,
C'est souvent le plus grand de tous vos ennemis.
LENOBLE, le Serpent et le Hérisson.

GENEALOGIE.

Honneur aux rejetons d'une famille antique,
Lorsqu'en gloire, en vertus, ils savent l'égaler!
Mais, sans ce double titre, à quoi sert d'étaler
Un arbre généalogique?
LE BAILLY, le Gland et le Champignon..

GENEREUX.

... Sensible aux services reçus
Un esprit généreux les paie avec usure.
LENOBLE, la Fourmi et le Ramier..

Il est bien rare de trouver une ame généreuse et désintéressée.
LEBRUN, la Perdrix et le Chasseur..

... Les cieux
Secondent les efforts de l'être généreux
Qui pour le bien de tous sait exposer sa vie.
A. RIGAUD, les Fourmis.

GENIE.

Tôt ou lard le génie
Perce par son éclat les nuages obscurs
Élevés contre lui par la main de l'Envie,
Et foule aux pieds le monstre et ses serpens impurs.
DU HOULLAY, le Rossignol et les Oiseaux jaloux.

Parmi nous le génie est en butte aux dédains
D'une fourbe active ct nombreuse,
Je veux dire des sots. Leur rage industrieuse
Le poursuit en tous lieux; mais leurs coups incertains
Ne portent point atteinte à ses brillans destins.
STASSART, la Chouette et le Soleil.

Le bel-esprit s'éclipse à côté du génie.
ARNAULT, le Soleil et la Chandelle.

GLANER.

Ce sont des brins, et non des gerbes,
Qu'on trouve après les moissonneurs.
ARNAULT, Prologue des Fables.

GLOIRE.

Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire.
LA FONTAINE, les deux Aventuriers.

Au séjour de la gloire un coeur noble s'élance.
A. RIGAUD, le Bloc de marbre.

... Le désir de la gloire
Aveugle tout le monde et cache le danger.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpeïde, chant I.

C'est la gloire, dit-on, la gloire qu'il faut suivre.
COUPE DE ST.-DONAT, Épilogue.

Pour consacrer notre mémoire,
Malgré nos rivaux jaloux,
Tâchons d'acquérir une gloire
Que nous ne devions qu'à nous.
LEBRUN, la Plume et le Burin.

De ce qui n'est pas profitable
La gloire n'est pas véritable.
PERRAULT, Jupiter et Minerve.

De honte la gloire est voisine.
PIRON, Rosine.

Il est souvent telle victoire
Qui, loin de l'augmenter, affaiblit notre gloire.
PERRAULT, le Sanglier et l'Ane.

Gloire et périls sont le bonheur suprême.
FLORIAN, le Cheval d'Espagne.

... Dans le métier de la gloire,
Métier noble, dit-on, mais toujours rigoureux,
Il faut mourir sur un champ de victoire,
Ou bien se résigner à vivre malheureux.
A. NAUDET, le Cheval de bataille.

... Jamais rien n'arrête
Lorsque la gloire est au bout du chemin.
FLORIAN, le Cheval d'Espagne.

Qui n'est pas sensible à la gloire?
Mme JOLIVEAU, le Jardin artificiel et le Jardin naturel.

GLORIEUX.

Tout homme est glorieux; c'est la commune loi:
Tout homme met autrui fort au-dessous de soi.
AUBERT, le Bouc, l'Ane, le Renard et le Taureau.

Il fait bon battre un glorieux!
NIVERNAIS, le Coq déplumé.

Il fait bon battre un glorieux:
Des revers qu'il éprouve il est toujours joyeux;
Toujours sa vanité trouve dans sa défaite
Un moyen d'être satisfaite.
FLORIAN, le Coq fanfaron.

Un glorieux connaît-il l'amitié?
AGNIEL, le Laurier et la Rose.

Il est partout des glorieux.
AGNIEL, l'Ane fanfaron.

GLOSER.

Il n'est point de si belle chose
Qu'aisément dessus on ne glose.
PERRAULT, Momus.

GOUT.

Ne disputons jamais des goûts.
NIVERNAIS, le Roi de Java et l'Eléphant blanc.

Il ne faut discuter des goûts ni des usages.
F. DE NEUFCHATEAU, le Pauvre d'Alger.

Le ciel a varié nos goûts
Pour qu'ils réglassent la conduite
Qui convient à chacun de nous,
NIVERNAIS, l'Emérillon et l'Araignée.

Les goûts sont différens, souvent même opposés.
F. DE NEUFCHATEAU, Prologue du livre VII.

Chacun son goût, son savoir-faire.
DU TREMBLAY, la Corneille et la Perdrix.

Peut-on avoir le goût bien délicat, bien pur,
Quand le travail absorbe le génie?
Mme JOLIVEAU, le Grillon et le Rossignol.

Le goût n'est pas sans indulgence;
Il ne blâme point au hasard;
Il pardonne une négligence,
Et des difficultés de l'art
Il a surtout l'intelligence.
F. DE NEUFCHATEAU, le Livre et la Presse.

GOUT (BON).

Le bon goût n'admet rien que le bon sens n'avoue.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpeïde, prologue.

GOUTTE.

... Goutte bien tracassée
Est, dit-on, à demi pensée.
LA FONTAINE, la Goutte et l'Araignée.

GOUVERNEMENT, GOUVERNEUR.

... Les moeurs des gouvernans,
Leurs vertus et leur caractère,
Pour le bonheur public sont de plus sûrs garans
Qu'un contrat, souvent éphémère.
STASSART, le Léopard et l'Éléphant.

Sans doute il est fort bien qu'un gouverneur soit bon
Mais il est bon surtout qu'il ne soit pas trop bête.
A. RIGAUD, l'Eléphant gouverneur.

Quand les ressorts d'un bon gouvernement
Se détraquent dans un empire,
On peut annoncer sûrement
Qu'il n'est pas loin de se détruire.
NIVERNAIS, la vieille Tour.

GRACE.

Qui pense finement et s'exprime avec grace
Fait tout passer, car tout passe.
LA FONTAINE, le Tableau.

... L'Amour n'est rien sans les Graces
A. RIGAUD, les Graces.

La grace en s'exprimant vaut mieux que ce qu'on dit.
VOLTAIRE, les trois Manières.

Avec de la grace on a tout:
Et sous un si beau jour l'amour nous fait paraître!
DU TREMBLAY, la Poulette.

GRAINE.

Mauvaise graine est tôt venue
LA FONTAINE, l'Hirondelle et les petits Oiseaux.

GRAND.

Les grands, pour la plupart, sont masques de théâtre;
Leur apparence impose au vulgaire idolâtre.
LA FONTAINE, le Renard et le Buste.

Ne jouons pas avec les grands;
Le plus doux a toujours des griffes à sa patte.
FLORIAN, les Singes et le Léopard.

Pour bien juger des grands il faut les approcher.
AUBERT, le Chat et le Coq d'un clocher.

Les grands ne sont pas les heureux.
F. DE NEUFCHATEAU, Epilogue.

Plus d'une fois, par leur orgueil punis,
En bravant les petits les grands ont fait naufrage.
GOSSE, les Cyprès et les Myrtes.

Un grand fait-il une équipée,
Ecoutez-le, ce n'est pas lui;
Il en jette toujours la faute sur autrui.
VILLIERS, l'Arpenteur et la Toise.

Le vent passe léger sur le roseau qui plie,
Et renverse le pin qui veut lui résister.
LENOBLE, le Pot de fer et le Pot de terre.

Les gros dévorent les petits.
GOSSE, la Campagne et la Ville.

Presque toujours parmi les hommes
Les grands ne sont pas les meilleurs.
GOSSE, la Campagne et la Ville.

Contre les bornes de la vie
Qu'un grand se brise avec fracas,
Je ne lui porte point envie.
En est-il moins que moi victime du trépas?
AUBERT, le Jeu d'échecs.

N'oublions pas, dans la prospérité,
Que d'être grands seigneurs quelquefois il en coûte.
A. NAUDET, l'Eléphant et l'Ecureuil..

C'est descendre de sa grandeur,
Quand à de plus petits un plus grand se mesure.
LENOBLE, le Lion et la Grenouille.

Le crime qu'aux petits on ne pardonne pas,
A peine chez les grands est une peccadille.
A. NAUDET, le Chasseur et le Chat.

Ne point s'apprivoiser avec gens trop puissans,
N'est grossièreté: c'est bon sens.
LAMOTTE, le Castor et le Boeuf.

Les désirs, les troubles, les craintes,
Et mille soucis dévorans
Sans cesse au faux bonheur des grands
Donnent de mortelles atteintes;
D'aucun plaisir ils ne peuvent jouir;
La mer au plus grand calme est pour eux orageuse,
Et leur félicité, n'est qu'une ombre trompeuse
Qu'on voit soudain s'évanouir.
LENOBLE, le Rat de ville et le Rat de village..

... Quand tu choques les grands,
Tu vois sur ta propre personne Retomber tes traits impuissans.
LENOBLE, Le Serrurier et la Couleuvre.

... Les grands sont toujours des voisins dangereux.
AGNIEL, la Tour et la Citerne._

Des grands seigneurs le voisinage
N'apporte aux petits que dommage.
PERRAULT, la Marmite d'Argile et celle d'Airain.

Les grands de leur pouvoir doivent tout présumer,
Plus jaloux de se faire craindre
Que contens de se faire aimer.
LENOBLE, le Lion, le Renard et le Boeuf.

... Pour sortir d'un mauvais pas,
Sur l'amitié des grands est bien fou qui se fie.
A. NAUDET, le Cerf aux abois.

Dans la prospérité les grands sont fastueux.
AGNIEL, la Tour et la Citerne.

... Les grands sont insatiables.
A. RIGAUD, Mercure et les Animaux.

Des grands le faible a tout à craindre;
Il en est opprimé, c'est la règle ici-bas.
Un grand n'est-il que juste? Ah! loin de nous en plaindre,
On doit lui savoir gré du mal qu'il ne fait pas.
AGNIEL., la Brebis et ses Agneaux..

Un grand malaisément surnage
Où les petits long-temps peuvent se soutenir.
GUTTINGUER, l'Enfant et les Cailloux.

Du poids de la reconnaissance
Il est rare qu'un grand ne cherche à s'affranchir;
Souvent l'obliger trop, ou trop bien le servir,
Est plus dangereux qu'on ne pense:
Des bienfaits d'un petit vous le voyez rougir,
La haine en est la récompense.
AGNIEL, l'Aigle et le Rat.

Nous n'envions les grands que faute de savoir
Ce qui leur passe par la tête.
LAMOTTE, les deux Songes.

Gonflés d'orgueil, combien de grands
N'ont de valeur que par leur entourage.
STASSART, le Financier, l'Alphabet et le Sansonnet.

GRAND HOMME.

Le vrai grand homme est souvent au bas rang;
Et tel autre ne parait grand
Que par la place qu'il occupe.
NIVERNAIS, les deux Grands.

GRANDEUR.

Il est bien loin de nous ce temps où la grandeur
Tenait à l'homme seul et non à l'entourage.
STASSART, le Coq plumé.

Il faut, dans la grandeur, une ame peu commune
Pour avouer l'ami qu'on eut dans l'infortune.
Mme JOLIVEAU, le Singe et le Renard.

Les biens, les grandeurs d'ici-bas
S'évanouissent comme un songe.
LEBRUN, les Songes.

Grandeur n'est pas toujours exempte de disgrace.
LENOBLE, le Lion et le Rat.

Des grandeurs et des biens ne soyons point avides.
LEBRUN, le Ruisseau.

... La grandeur
Quand on la prône trop est toujours fort suspecte.
LENOBLE, la Mouche et les Fourmis.

Au faîte des grandeurs monté,
Plus d'un mortel gémit dans le silence,
Et bien souvent a regretté
Sa première indigence
Et son ancienne obscurité.
GOSSE, les Carpes.

... Sans sujets la grandeur est du vent.
VOLTAIRE, la Bégueule.

Dans la région des grandeurs
Quiconque veut monter au repentir s'expose;
Il y souffle en tout temps, comme sur les hauteurs,
Un certain vent glacé qui refroidit les coeurs.
JAUFFRET, l'Ecureuil de Barbarie.

Les biens et les grandeurs font naître le souci.
HAUMONT, le Riche malade et le Pauvre en santé.

GRAVER.

Ce qu'un autre nous dit se grave sur le sable,
Ce que nous nous disons se grave sur l'airain.
LAMOTTE, le Tyran devenu bon.

GRISETTE.

Sous les cotillons des grisettes peut loger autant de beauté
Que sous les jupes des coquettes.
LA FONTAINE, Joconde.

GUERIR.

Pour guérir une plaie il faut aller au fond
Le plus cruel alors est le plus charitable.
DUCERCEAU, le Chirurgien.

... L'art de guérir les gens
Ne fut jamais un art problématique.
FORMAGE, le Blessé.

GUERRE.

La ruine des deux partis
Est souvent le fruit de la guerre.
LEBRUN, le Combat de Coqs.

Le fléau de la guerre est un fléau terrible;
Pour une mère il est horrible.
A. RIGAUD, la Jument et la Mule.

... Les rois
N'ont de grandeur que par la guerre.
FLORIAN, l'Education du Lion.

Le plus grand fléau de la terre
C'est la guerre.
LE BAILLY, le Conseil du Lion.

Qui n'est pas bien armé une fait pas bien la guerre.

F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

Pour piller ses voisins on prouve qu'ils ont tort;
On commence la guerre avec un manifeste:
Réfutez-le, on s'en moque; et le droit du plus fort
Est enfin le seul qu'on atteste.
F. DE NEUFCHATEAU, le Coq et le Chat.

GUERRIER.

Les guerriers les plus fiers posent parfois les armes.
F. DE NEUFCHATEAU, le Loup et le Porc-épic..

Si le laurier, gage de sa valeur,
Ne peut briller aux yeux de sa maîtresse,
S'il a perdu l'objet de sa tendresse,
Pour le guerrier il n'est plus de bonheur.
LOMBARD DE LANGRES, le Conscrit.

Où trouver le guerrier noblement populaire,
A l'égal de son roi chérissant son pays,
Qui, forcé de faire la guerre,
Du peuple est adoré, chéri des ennemis?
LOMBARD DE LANGRES, le Phénix.

--- H ---

HABILE.

Les plus accommodans ce sont les plus habiles.
LA FONTAINE, le Héron.

Avec le temps chacun devient habile.
PERRAULT, le Lion et le Renard.

Sans concurrens il est facile
De passer pour le plus habile.
A. NAUDET, le Rossignol et le Serin.

HABIT.

Oh! que de grands seigneurs, au léopard semblables,
N'ont que l'habit pour tout talent.
LA FONTAINE, le Singe et le Léopard.

D'un magistrat ignorant
C'est la robe qu'on salue.
LA FONTAINE, l'Ane transportant des Reliques.

L'habit est chez les uns un signal de talent,
Chez les autres ce n'est qu'orgueil et faux brillant.
DE LA BOUTRAYE, le Bouc et la Chèvre.

Du sage mal vêtu le grand seigneur rougit;
Et cependant l'un est un homme,
L'autre n'est souvent qu'un habit.
LAMOTTE, les deux Livres.

L'habit change les moeurs ainsi que la figure.
VOLTAIRE, l'Education d'un Prince.

Ne jugeons pas sur l'apparence;
Les beaux habits ne prouvent rien.
GOSSE, le Chat et le Poisson doré.

Parfois un habit magnifique ne couvre qu'un homme indigent,
Tandis que sous l'habit rustique
Un autre aura beaucoup d'argent.
GOSSE, la Campagne et la Ville.

Un bel habit souvent cache bien des misères.
DE LA BOUTRAYE, les deux Pauvres.

Les tailleurs ont toujours déguisé la nature.
VOLTAIRE, l'Éducation d'un Prince.

Un habit doctoral est un masque trompeur
Qui ne cache souvent qu'un docteur en peinture.
LENOBLE, l'Ane et la peau du Lion.

Nous jugeons sur l'habit, l'état et la figure
Qu'un tel a de l'esprit, qu'il est homme de bien,
Quand fort souvent il n'en est rien.
Mme JOLIVEAU, le Rossignol et le Pivert.

Chacun tâche à se déguiser
Et d'un habit trompeur se veut faire un mérite.
LENOBLE, le Singe habillé.

Un magot habillé n'est jamais qu'un magot.
LENOBLE, le Singe habillé.

HABITUDE.

Nul ne peut ici-bas trahir son habitude.
GOSSE, le Procès d'Esope.

L'accoutumance aussi nous rend tout familier;
Ce qui nous paraissait terrible et singulier
S'apprivoise avec notre vue
Quand ce vient à la continue.
LA FONTAINE, le Chameau et les Bâtons flottans.

Quoique sur soi l'on veille avec beaucoup d'étude,
On se corrige peu d'une vieille habitude.
PERRAULT, le Plongeon, le Buisson et la Chauve-Souris.

On s'accoutume à tout, et bientôt l'habitude
Nous fait voir sans inquiétude
Ce qui causait en nous d'abord étonnement.
FORMAGE, les Oiseaux et l'Epouvantail..

De ses habitudes premières
On se défait malaisément.
LEBRUN, le Valet devenu Maître.

L'habitude reforme tout.
NIVERNAIS, le Pouvoir et les bornes de l'Education.

S'accommoder à tout est chose nécessaire.
LA FONTAINE, la Fiancée du roi de Garbe..

Il faut juger sur l'habitude.
ARNAULT, l'Enfant et les deux Chiens.

HAINE.

La haine veille et l'amitié s'endort.
LAMOTTE, le Chien et le Chat.

Tandis que l'amitié s'apprête à nous défendre,
Pour nous nuire, à la haine il ne faut qu'un moment.
A. NAUDET, le Loup, l'Ane et le Chien.

Si puissant que l'on soit, il est de la prudence
De ne pas s'attirer la haine des petits;
On a toujours, sans qu'on y pense,
Un trop grand nombre d'ennemis.
DE LA BOUTRAYE, le Renard et l'Aigle.

HANTER.

... Il faut, dit-on, juger
Chacun de nous par ceux qu'il hante.
GUINGUENE, l'Ours et les quatre Animaux.

HARDIESSE.

Fortune aveugle suit aveugle hardiesse.
LA FONTAINE, les deux Aventuriers.

HASARD.

... Des biens que le hasard nous donne
Fort souvent l'on se fait honneur.
STASSART, le Pêcheur et le Thon.

Que de gens ici-bas semblent vivre au hasard!
Nul soin de l'avenir, jamais de prévoyance,
Ils se raillent de la prudence;
Ils la regretteront trop tard.
STASSART, la Tortue et le Papillon.

Le hasard quelquefois aussi sert à corriger la jeunesse.
NIVERNAIS, la Fille orgueilleuse.

HATE.

De ce qu'on fait en hâte on se repent après.
F. DE NEUFCHATEAU, le Chien et le Limaçon.

... En voulant se hâter de jouir
On perd souvent un bien que l'on allait cueillir.
AUBERT, l'Enfant et le Ver-à-soie.

A grands coups d'éperons courrier qui trop se hâte
Au lieu d'avancer fait le saut.
LENOBLE, l'Oie qui pond un Oeuf d'or.

HERBE.

Toujours, dit-on, croît mauvaise herbe.
PIRON, le Miroir de la Vérité.

HERITIER.

D'une trompeuse voix un héritier sait feindre
Mille soins obligeans pour nous faire plaisir;
Mais plus nos biens sont grands et plus nous devons craindre
D'impatienter son désir.
LENOBLE, la Pie héritière du Ramier.

C'est vouloir mourir que de faire
Son héritier son médecin.
LENOBLE, la Pie héritière du Ramier.

HEROS.

Un vrai héros loge en son coeur
Et la prudence et la valeur.
A. RIGAUD, le Chien et le Renard.

... Un héros doit dompter sa colère.
VOLTAIRE, le Lion et le Marseillais.

Héros qui consacrez vos talens, votre vie
Au service de la patrie,
On applaudit beaucoup à vos soins généreux;
Vous ferez bien pourtant d'être toujours heureux,
Car au moindre revers chacun vous humilie.
STASSART, l'Ane assommé par son Maître.

Quand un héros le guide au sentier de la honneur,
L'homme le plus obscur s'élance de sa sphère.
LOMBARD DE LANGRES, la Campagne de Russie.

... Tout fait nombre et tout sert aux héros.
NIVERNAIS, les Oiseaux, les Quadrupèdes, etc.

HEUREUX.

Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux.
LA FONTAINE, Philémon et Baucis.

Gens trop heureux font toujours quelque faute.
LA FONTAINE, le Berceau.

... Il nous est nécessaire,
Pour être heureux, et d'aimer et de plaire.
FLORIAN, le Tourtereau.

Il faut, pour être heureux, ne faire aucun projet.
COUPE DE ST.-DONAT, le Pot et les Charbons.

... Faites des heureux, c'est le moyen de l'être.
AGNIEL, le Seigneur et son Fermier.

Il faut, pour être heureux, des goûts purs, innocens.
STASSART, le Léopard, l'Ours et le Rossignol.

Le grand secret pour être heureux
C'est de vivre dans l'innocence.
FLORIAN, le Léopard et l'Ecureuil.

Pour être heureux, mon cher enfant,
Il ne faut que deux points, la paix avec soi-même,
Puis quelques bons amis dignes de nous chérir.
FLORIAN, la Colombe et son Nourisson.

... Pour être heureux il faut le mériter.
DU HOULLAY, le Boeuf et la Génisse.

HISTOIRE.

L'histoire est un bon livre; il guide sans rudesse,
Il montre après le crime un résultat moral,
Et nous prescrit le bien par les dangers du mal.
A. DE MONTESQUIOU, le jeune Lièvre et sa Mère.

HOMME.

Au plus haut des degrés des êtres inégaux,
L'homme est né pour régner sur tous les animaux.
VOLTAIRE, le Lion et le Marseillais.

Comme les Dieux l'homme est facile,
On l'adoucit par des présens.
ARNAULT, l'Insecte utile et l'Insecte nuisible.

Oh! combien l'homme est inconstant, divers,
Faible, léger, tenant mal sa parole!
LA FONTAINE, la Clochette.

L'homme devant Dieu seul doit fléchir les genoux.
A. RIGAUD, la Leçon.

La moitié des humains croit valoir mieux que l'autre.
AUBERT, le Chien et la Chatte.

Les hommes sont encore enfans à soixante ans.
AUBERT, la Pluie et le Beau temps.

Petits ou grands, fermiers ou potentats,
Convenons-en, de la nature
L'homme est le pire des ingrats.
A. NAUDET, le Boeuf et la Vache.

Les hommes sont de fer, notre siècle d'airain.
AGNIEL, Prologue.

... L'homme simple est content.
JAUFFRET, le Hibou, le Linot et le Pinson.

L'homme est méchant, redoutez ses bienfaits.
GUTTINGUER, le Boeuf.

... Les hommes sont ce qu'on les fait valoir.
GUTTINGUER, Polichinelle et les Enfans..

L'homme est ingrat, il file doux
Devant qui lui montre les cornes.
GUINGUENE, le Cheval et le Boeuf.

Dans le commerce des hommes on retire ce qu'on a mis.
NIVERNAIS, l'Echo.

Pour être homme il faut plus que de savoir parler,
Et ce n'est point assez que de gesticuler.
DU HOULLAY, le Singe et le Perroquet.

L'homme toujours parle d'humanité,
Ses actions souvent prouvent sa cruauté.
HAUMONT, le Daguet et les deux Bergères.

L'homme avec la raison s'égare
Plus qu'avec son instinct le plus lourd animal,
Et dans son jugement bizarre,
Le remède parfois est pire que le mal.
LENOBLE, le Paysan et son Cochon.

L'homme seul, en tous lieux contre l'homme embusqué,
Marche le visage masqué,
L'habit ne le fait pas connaître.
LENOBLE, le Singe habillé.

HONNEUR.

L'honneur soutient la bravoure craintive.
HAUMONT, le Coq et le Renard.

On fait toujours si bien son compte,
Qu'on tire de l'honneur de tout ce qu'on raconte.
LA FONTAINE, le Gascon.

Ce n'est pas ce qu'on croit que d'entrer chez les dieux;
Cet honneur a souvent de mortelles angoisses.
LA FONTAINE, l'Aigle et la Pie.

Lorsque l'on suit le sentier de l'honneur
L'on n'a point de rêves pénibles,
Rien ne trouble la paix du coeur.
GRENUS, le Chat corrigé.

De tous les vains honneurs l'éclat peut disparaître.
F. DE NEUFCHATEAU, les deux Frères.

J'aime mieux maigrir dans 1'honneur,
Que d'engraisser dans l'infamie.
ARNAULT, le Cheval et le Pourceau.

... En ce monde,
Si l'on acquiert quelque degré d'honneur,
C'est tout autant de pris sur le bonheur.
NIVERNAIS, la Génisse sacrifiée.

... Ce n'est qu'en Dieu seul qu'est l'honneur véritable.
BOILEAU, le vrai et le faux Honneur. (Satire II)

... Dans le désir d'une fortune heureuse,
Du chemin de l'honneur ne t'écarte jamais.
LENOBLE,, le Bûcheron et Mercure.

... Les insensés s'applaudissent d'honneurs.
Qui les mènent droit à leur perte.
LAMOTTE, la Victime..

HUMANITE.

Il faut, par quelque endroit, sentir l'humanité.
HAUMONT, le Chien trop regretté.

HUMEUR.

Quand l'humeur d'autrui nous tourmente
Supportons-la sans nous fâcher.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fou et 1'Ecume de la mer..

HYMEN,

... L'hymen n'est pas un jeu;
Se lier pour toujours est une grande affaire;
Il faut y réfléchir un peu.
TREMBLAY, l'Embarras du choix.

Réfléchissez long-temps, téméraires humains,
Avant que l'hymen vous engage;
Faites un choix louable et sage:
Époux mal assortis, hélas! que je vous plains.
LEBRUN, la Linotte et le Moineau.

HYPOCRISIE.

La pire espère des méchans
C'est celle des vieux hypocrites.
FLORIAN, la jeune Poule et le vieux Renard.

L'hypocrite, écoutant une horrible prudence,
Recèle au fond du coeur son venin odieux
Et n'ose mettre en évidence
Les prières qu'il fait aux Dieux.
A. RIGAUD, les Voeux.

Toujours l'hypocrisie eut des suppôts nombreux.
STASSART, la Bienfaisance du Milan.

Deux soeurs, l'hypocrisie et la méchanceté
Se trouvent en tous lieux ...
STASSART, le Brochet et les Poissons.

L'hypocrisie est un hommage
Que rend le vice à la vertu.
AUBERT, le Chat.

Ne croyez pas, même à demi,
Aux discours séducteurs d'un perfide hypocrite;
Et tâchez, par vos soins ou par votre mérite,
D'acquérir un puissant ami.
F. DE NEUFCHATEAU, le Chien, le Coq et le Renard.

Fuis surtout l'hypocrite avec sa langue double:
Devant toi fume son encens;
As-tu le dos tourné? Ses lardons médisans
Ne cherchent en tout lieu qu'à te causer du trouble.
Tout ce qu'il dit est compliment
Que son coeur en secret dément,
Et, dans le moment qu'il te flatte,
Il te frappe en secret d'un poignard assassin.
LENOBLE, le Pitaud et le Bouquin.

--- I ---

IDOLE.

Tout homme a son idole; en secret il s'enflamme
Pour l'orgueil, pour l'argent, surtout pour le plaisir.
F. DE NEUFCHATEAU, la Ville aux cent Portes.

IGNORANCE.

... L'ignorance
Hait et méprise la science, L'esprit, les arts et les talens.
HAUMONT, le Perroquet de retour au Brésil.

Que de maux peut d'un seul produire l'ignorance,
Quand il a le pouvoir en main!
AUBERT, l'Ane ministre.

Maint ignorant se croit un merveilleux génie.
AUBERT, le Hibou et le Rossignol.

Un ignorant peut trouver impossible
Tout ce que 1'homme instruit a jugé très-sensible.
HAUMONT, les deux Voyageurs et le Ballon.

Souvent une bonne action,
Une sage précaution,
Passe pour crime aux yeux de l'ignorance.
HAUMONT, la Jument et son Poulain.

L'ignorance au plaisir apporte un grand obstacle.
F. DE NEUFCHATEAU, l'Athénien et son Fils.

S'avouer ignorant, selon moi, c'est science.
Mme JOLIVEAU, les deux Corbeaux et la Corneille.

Du superbe ignorant, dès qu'il rompt le silence,
On voit l'orgueil et l'ignorance.
PERRAULT, l'Ane et le Renard.

Abuser l'ignorance est chose fort aisée.
LAMOTTE, l'Opinion.

Du comble des honneurs un stupide ignorant
Fait une chute malheureuse.
LENOBLE, les Rats.

Un ignorant lui-même à quelque découverte
Par l'instinct peut être conduit.
ARNAULT, les Cochons et les Truffes.

... La méchanceté
Nuit moins à la société
Que la bêtise et l'ignorance.
A. RIGAUD, le Chat et le Chien.

ILLUSION.

Rêves de gloire, ambition,
Bonheur, tout n'est qu'illusion.
A. NAUDET, l'Enfant et les bulles de savon.

IMAGINATION.

A tourmenter les crédules humains
L'imagination est fort ingénieuse.
FORMAGE, le Revenant.

IMITER.

Imiter est dans la nature; Parfois en imitant l'ouvrage est embelli.
A. RIGAUD, les Singes.

IMMORTALITE.

Pour mériter 1'honneur d'une palme immortelle,
Le talent n'est jamais remplacé par le zèle.
A. DE MONTESQUIOU, l'Acheteur.

IMPATIENCE.

L'impatience la plus vive
Nous fait un siècle d'un instant.
LAMOTTE, l'Homme instruit de son Destin.

L'impatience gâte tout.
LAMOTTE, le Pêcher et le Mûrier.

IMPIE.

L'impie est rarement par le ciel oublié.
FORMAGE, le Parjure puni.

Contre celui qui nie une divinité,
Toute raison, toute lumière est vaine.
Mme JOLIVEAU, la Goutte sereine.

IMPORTANCE.

Défions-nous des gens aux grands airs d'importance,
Leurs cerveaux le plus souvent
Ne renferment que du vent.
HAUMONT, le Coq et le Renard.

IMPORTUNITE.

... Certaines gens, faisant les empressés,
S'introduisent dans nos affaires;
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.
LA FONTAINE, le Coche et la Mouche.

Des demandeurs insatiables
Les importunités méritent des refus.
LEBRUN, le Chien et la Brebis.

IMPOSSIBLE.

L'homme est ainsi bâti; quand un sujet l'enflamme
L'impossibilité disparaît à son ame.
LA FONTAINE, les deux Chiens et l'Ane mort.

Alléguer l'impossible aux rois, c'est un abus.
LA FONTAINE, le Lion, le Loup et le Renard.

Rien n'est impossible aux bons coeurs.
LEMONNIER, Gosselin et Gai.

Rien une paraît impossible à nos yeux.
AGNIEL, l'Enfant et la Lune.

Il est au Tout-Puissant des choses impossibles.
GUINGUENE,, les Anes en ambassade.

IMPOSTEUR.

Des imposteurs l'engeance est immortelle.
PARNY, Alcibiade converti.

IMPOT.

Un Etat sans impôts ne pourrait subsister.
AGNIEL, les Fleuves et la Mer.

IMPRUDENCE.

... Lâcher ce qu'on a dans la main,
Sans espoir de grosse aventure,
Est imprudence toute pure.
LA FONTAINE, le Loup et le Chien maigre.

Le sage, sans compter sur le secours d'autrui,
Ne fait que ce qu'il peut, et le fait par soi-même,
Au lieu que l'imprudent, dans son audace extrême,
Ose tout hasarder sur un frivole appui.
LENOBLE, l'Aigle et l'Escarbot.

Ce qui perd l'imprudent serait utile au sage.
LEMONNIER, l'Alouette et la Taupe.

... Tôt ou tard l'imprudence
Conduit au repentir.
FORMAGE, les deux Ecoliers.

IMPUDENCE.

Toujours sur la sottise et la crédulité
L'impudence prélève une rente certaine.
DE LA BOUTRAYE, le Cordonnier médecin.

IMPUNITE.

... L'impunité rend brave.
PIRON, les deux Tonneaux.

INACTION.

L'inaction et la langueur
Sont encor pires que l'orage.
NIVERNAIS, les Vents.

INCERTAIN.

Qui laisse l'assuré pour prendre l'incertain
N'a pas le jugement bien sain.
PERRAULT, le Chien et le morceau de Chair.

INCONGRUITE.

On se permet parfois des choses incongrues.
F. DE NEUFCHATEAU, les Grues.

INCONNU.

Que de tout inconnu le sage se méfie.
LA FONTAINE, le Renard, le Loup et le Cheval.

INCONSTANCE.

L'homme partout est inconstant,
Quelque douce que soit la chaîne qui l'engage.
HAUMONT, le Sauvage américain.

... Le défaut de l'homme est un fonds d'inconstance.
DU TREMBLAY, le Barbet.

Rien n'est heureux que l'inconstant.
HAUMONT, l'Alouette et le Papillon.

Gardons-nous de donner prétexte à l'inconstance.
DU TREMBLAY, Flore et Zéphir.

Les souverains, les femmes et le temps
(Rien ne peut changer leur nature)
Comme les flots sont inconstans.
STASSART, le vieux Courtisan et son Fils.

... Tout inconstant
Peut divertir, jamais n'engage.
Mme JOLIVEAU, la Fleur sensible et le Papillon.

Ah! tout vaut mieux qu'un inconstant!
GUTTINGUER, le Papillon, la Rose et le Limaçon.

L'inconstance est, dit-on, sans guide.
GOSSE, les deux Roses.

Rarement l'inconstance amende notre sort.
FORMAGE, les Souhaits de l'Ane.

INCREDULITE.

Aux maux produits par l'incrédulité,
Sur ceux qu'enfante l'ignorance
Pourquoi donner la préférence?
ARNAULT, les Vitres cassées.

INDIFFERENCE.

La froide indifférence est le plus grand des maux.
STASSART, l'Hirondelle.

INDIGENCE.

Il est affreux de frapper l'indigent.
LOMBARD DE LANGRES, le Chasseur.

L'indigent est cruel comme l'ambitieux.
ARNAULT, les Sabots de Polichinelle.

L'indigence est bien moins honteuse
Que de devoir son bien au moindre des forfaits.
LENOBLE, le Bûcheron et Mercure.

L'indigence est une coupelle
Dangereuse sans la vertu,
Et tel prend un chemin tordu,
Qui marcherait fort droit sans elle.
LENOBLE, le Bûcheron et Mercure.

INDULGENCE.

Pour le faible d'autrui l'on doit être indulgent.
DU TREMBLAY, Polichinelle.

INDUSTRIE.

... L'industrie
Est fille de la liberté.
NIVERNAIS, les Castors.

... L'industrie
Vaut autant que l'activité.
ARNAULT, Arachné et Progné.

... L'industrie au premier petit bruit
A saisir tout se montre alerte.
ARNAULT, les Cochons et les Truffes.

INFAMIE.

Plutôt la mort que l'infamie.
STASSART, le Chien et les Loups.

INFIDELE.

... Si jamais, à la faiblesse en proie,
Quelque beauté vient à changer d'amant,
C'est un grand mal; mais faut-il qu'on la noie?
VOLTAIRE, les trois Manières.

INFORTUNE.

Même infortune assortit les humeurs.
NIVERNAIS, le Loup et la Chèvre.

INGRATITUDE, INGRATS.

L'ingratitude est mère de tout vice.
LA FONTAINE, le faiseur d'Oreilles.

Il est bon d'être charitable;
Mais envers qui? C'est là le point.
Quant aux ingrats, il n'en est point
Qui ne meure enfin misérable.
LA FONTAINE, le Villageois et le Serpent.

... S'il fallait condamner
Tous les ingrats qui sont au monde,
A qui pourrait-on pardonner?
LA FONTAINE, l'Homme et la Couleuvre.

L'ingratitude est un crime odieux.
VOLTAIRE, Ce qui plaît aux Dames.

La plus griève des offenses
C'est d'être ingrats, Dieu nous l'a dit.
LA FONTAINE, les Cordeliers de Catalogne.

... Le symbole des ingrats
Ce n'est point le serpent, c'est l'homme ....
LA FONTAINE, l'Homme et la Couleuvre.

L'ingratitude enfin lasse la bienfaisance.
STASSART, le Dromadaire et le Singe.

Il est noble, il est beau de faire des ingrats.
LOMBARD DE LANGRES, l'Oiseau plumé.

Jamais le ciel ne manque à punir les ingrats.
PERRAULT, la Vigne et la Vache.

C'est surtout chez les grands qu'ingratitude abonde.
LENOBLE, le Loup et la Grue.

Il est si beau de faire des ingrats!
DU HOULLAY, la Poule et le Passereau.

On est encore heureux en faisant des ingrats.
JAUFFRET, le Pommier dépouillé.

L'homme est ingrat; c'est son grand vice.
Comme une grace il sollicite un bien;
L'a-t-il reçu? Ce n'est plus que justice;
On a bien fait, il n'en doit rien.
LENOBLE, Apollon, Mercure et le Berger.

La terre d'ingrats est couverte.
LEBRUN, le Cheval et le Taureau.

... Les faux amis entourent l'homme heureux;
Et, semblables en tout aux oiseaux de passage,
Les ingrats s'éloignent comme eux
Au moindre souffle de l'orage.
A. NAUDET, l'Hirondelle et le Pigeon.

Dépendez un pendu; dans sa malice extrême,
Au même instant, s'il peut, il vous pendra vous-même.
F. DE NEUFCHATEAU, le Milan et la Souris.

Veux-tu savoir de touts les vices
Le plus noir et le plus commun,
Damis? C'est d'être ingrat aux bienfaits, aux services,
Que l'on a reçus de quelqu'un.
LENOBLE, le Paysan et le Serpent.

Prodiguez les bienfaits, vous ne parviendrez pas
A changer le coeur des ingrats.
COUPÉ DE ST.-DONAT, le Coucou.

Il est beau, croyez-moi de faire des ingrats.
AUBERT, la Colombe et le nid de Pinson.

Pour toucher des ingrats nos voeux sont superflus.
GOSSE, la Poule et les oeufs de Canard.

INJURE.

Plus un honnête homme a du coeur, Plus d'un ennemi bas il méprise l'injure.
LENOBLE, le Lion et la Grenouille.

INJUSTICE.

Les injustices des pervers
Servent souvent d'excuse aux nôtres.
LA FONTAINE, l'Oiseleur, l'Autour et l'Alouette.

... La plus légère injustice
Aux forfaits les plus grands peut conduire ....
FLORIAN, le Chien coupable.

INNOCENCE.

Sur le berceau de l'innocence
Les dieux avec amour attachent leurs regards.
JAUFFRET, la Fauvette et le Faucon.

... C'est du ciel attirer la vengeance
Que de laisser soupçonner l'innocent.
LOMBARD DE LANGRES, Brice.

INQUIETUDE.

L'inquiétude est le comble des maux.
LEBRUN, le Tigre.

INSENSE.

... On peut d'une tête insensée
Voir quelquefois jaillir une heureuse pensée.
ARNAULT, les Cochons et les Truffes.

INSENSIBILITE.

L'insensibilité n'offre que de l'ennui.
AUBERT, Prologue du livre III.

INSOLENCE.

Tout vainqueur insolent à sa perte travaille.
LA FONTAINE, les deux Coqs.

Les races les plus impuissantes
Ne sont, pas les moins insolentes.
A. RIGAUD, la Volière.

INSTINCT.

Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres,
Et ne croyons le mal que quand il est venu.
LA FONTAINE, l'Hirondelle et les petits Oiseaux.

L'instinct n'égare jamais;
Et quand on suit le voeu de la nature
On suit la raison de bien près.
NIVERNAIS, les Fourmis.

INSTRUCTION.

Toujours la bonne instruction
Prévient les vices du jeune âge.
HAUMONT, la Dame de ville et la Dame de campagne.

Nous courons loin pour être instruits,
Et nous ne pouvons nous connaître.
DU TREMBLAY, le Philosophe et le Berger.

A plus instruits que vous, par l'étude ou par l'âge,
Gardez-vous de jamais offrir
Avis qui sente l'homme ou plus grand ou plus sage.
DU HOULLAY, le Taureau et le Veau.

Le seul temps pour s'instruire est celui du jeune âge;
On n'apprend rien quand on est vieux.
LE BAILLY, les deux Chiens.

... Le plus instruit est souvent le moins sage.
A. DE MONTESQUIOU, l'heureuse Incrédulité.

... L'instruction, du roi même honorée,
Est envers ses sujets une dette sacrée.
F. DE NEUFCHATEAU, l'Intendant et le Maire.

INSULTER.

Lorsqu'un lâche des morts ose insulter la cendre,
Quel respect les vivans peuvent-ils en attendre?
LE BAILLY, le jeune Indien et le Tigre.

Ne va point, trop enflé de ta vaine puissance,
Insulter avec insolence
Le faible que tu vois soumis.
LENOBLE, le Cheval et l'Ane.

INTERET.

L'homme à son intérêt mesure le bienfait.
HAUMONT, la Fermière et la Vache.

... L'intérêt ne connaît point d'amis.
HAUMONT, le Chien et le Chat.

L'intérêt fait mentir et promet l'impossible.
F. DE NEUFCHATEAU, la Truie merveilleuse.

L'intérêt obtient tout, reconnaissance rien.
LAMOTTE, Apollon, Mercure et le Berger.

Sur son propre intérêt un ami se mesure;
On le voit peu loger sous même couverture
Intérêt et fidélité.
LENOBLE, le Sanglier et le Buisson.

Au temps jadis comme au temps où nous sommes,
Le monde fut toujours conduit par l'intérêt.
A. NAUDET, les deux Mulets.

C'est l'intérêt qui fait et qui rompt les traités.
LAMOTTE, les Chiens.

Tel qui, pour le public, si l'on l'en croit, se tue,
N'a que son intérêt en vue.
PERRAULT, le Renard.

... Sans intérêt obligeons les humains.
LAMOTTE, Apollon, Mercure et le Berger.

L'intérêt sur nos coeurs domine avec puissance,
A remplir nos devoirs, à redoubler nos soins,
L'amour de la vertu nous encourage moins
Que l'espoir d'une récompense.
LEBRUN, l'Ane et son Maître.

Les hommes out toujours leur intérêt pour base,
On les voit, avant tout, consulter le plaisir.
A. DE MONTESQUIOU, le jeune Lièvre et sa Mère.

Sans un vil intérêt notre coeur ne fait rien.
AUBERT, le Loup.

Comptez sur la reconnaissance,
Quand l'intérêt vous en répond.
FLORIAN, le vieux Arbre et le Jardinier.

L'intérêt prend parfois l'air de la bienfaisance.
ARNAULT, la Cape et le Pain de Sucre.

Aux intérêts d'autrui nous préférons les nôtres.
FORMAGE, le Loup, le Berger et le Chien.

L'intérêt nous tient lieu d'esprit et de savoir.
STASSART, le Dindon.

... Notre intérêt est toujours la boussole,
Que suivent nos opinions.
FLORIAN, le Hibou, le Chat, l'Oison et le Rat.

INTERESSER.

Pour intéresser davantage,
On redit vingt fois ses malheurs.
Mme JOLIVEAU, la Poule plumée.

Aux morts, comme aux absens, nul ne prend intérêt.
LAMOTTE, Mercure et les Ombres.

INTERIEUR.

Dans l'intérieur il faut être
Ce que l'on paraît au dehors.
LENOBLE, la Grenouille et le Boeuf.

INTERVALLE

... Il faut, de temps en temps,
Aux récits comme aux faits un léger intervalle.
GUINGUENE, le Zéphir et les autres Vents.

INTREPIDITE.
Ce n'est pas tout d'être intrépide,
Il ne faut pas être étourdi.
NIVERNAIS, les deux Nageurs.

INTRIGUE.

... L'intrigue a la préférence
Sur le mérite et les talens.
NIVERNAIS, le petit Homme au Parterre.

Le fort doit être juste et le faible prudent.
A. RIGAUD, l'Ours et le Singe.

Aux plus forts tout est destiné.
F. DE NEUFCHATEAU, la Lupiade, Chant III.

INUTILE.

... Tout être inutile est un être nuisible.
AGNIEL, le Lierre.

IVROGNE.

C'est temps perdu de prêcher un ivrogne.
NIVERNAIS, le Fromage mou.


--- J ---

JALOUSIE.

Les maux les plus cruels ne sont que des chansons
Près de ceux qu'aux maris cause la jalousie.
LA FONTAINE, la Coupe enchantée.

Esprits ruraux volontiers sont jaloux.
LA FONTAINE, Féronde.

De l'abandon naquit la jalousie.
DU TREMBLAY, Zéphir et Flore.

JALOUX.

Peut-on rassurer un jaloux?
Il faudrait qu'un jaloux fût sage.
PIRON, Rosine.

L'ignorant est jaloux et l'impuissant aussi.
ARNAULT, les Chiens qui dansent.

Il est certains esprits d'un naturel jaloux,
Le bonheur d'autrui les irrite;
Mais c'est à tort que le mérite
Se montre sensible à leurs coups.

STASSART, le Rat et le Taureau.

JEU.

Le jeu ne fut jamais ami de la prudence;
Il amuse moins qu'il ne nuit;
Souvent par les ris il commence, il commence,
Et par la dispute il finit.
LEBRUN, les deux Poulains.

JEUNESSE.

La jeunesse sc flatte, et croit tout obtenir.
LA FONTAINE, le Chat et la Souris.

Il faut que jeunesse se passe.
GUINGUENE, le Cheval et le Boeuf.

... La crédule jeunesse
Est souvent dupe de l'amour.
HAUMONT, la jeune Fille et le Peintre.

Que la sémillante jeunesse
Au plaisir se laisse emporter;
Elle doit toujours respecter
Le doux repos qui plaît à la vieillesse.
HAUMONT, le jeune Chat et le vieux Matou.

A dix-huit ans femme est-elle assez sage
Pour préférer le solide au clinquant?
LOMBARD DE LANGRES, Brice.

De plaisir la jeunesse est toujours idolâtre.
HAUMONT, le jeune Chat et le vieux Matou.

La jeunesse, aisément s'irrite.
FLORIAN, le Coq fanfaron.

A ce qui plaît la jeunesse est docile.
HAUMONT, le Sauvage américain.

Abusant de sa liberté,
La trop sémillante jeunesse
Croit toujours voir l'austérité
Dans les conseils de la sagesse.
HAUMONT, les deux Carpes.

JEU.

On est en son printemps, facile à s'enflammer!
DU TREMBLAY, le Villageois.

La jeunesse se plaît à changer de séjour.
DU TREMBLAY, le Lendemain._

... La jeunesse
A de grands droits, elle intéresse.
NIVERNAIS, l'Ecolier.

Jeunesse est ignorante et prompte à mal juger.
NIVERNAIS, la Génisse sacrifiée.

La jeunesse ne prévoit rien.
F. DE NEUFCHATEAU, le Moineau et la Volière.

La jeunesse parfois a trop de confiance.
F. DE NEUFCHATEAU, le Bandeau de Plutus._

La jeunesse ose tout, et, dans sa folle ardeur,
Se fait gloire souvent de courir à sa perte.
JAUFFRET, le Voyageur, le Tigre et le Crocodile.

La jeunesse trop tôt se flatte ou désespère.
GUTTINGUER, les Renards et les Bûcherons.

Malheur au talent jeune encor,
Lorsqu'il ne prend conseil que de sa jeune audace!
Mais qu'une habile main dirige son essor,
Il est plus sûr d'atteindre au sommet du Parnasse.
LE BAILLY, la Chèvre et les Moutons.

De cet âge indocile à peine nous sortons,
Que nous ouvrons les yeux sur nos vrais avantages;
Connaissons-les, et souhaitons
De devenir plus vieux, pour devenir plus sages.
LEBRUN, la jeune Bergère et le Vieillard.

On se repent de mal employer le jeune âge.
LEBRUN, la Pendule et le Libertin.

Jeune Caton est bien rare merveille.
FORMAGE, les Oranges.

L'on sent, à cet âge charmant,
Certain besoin d'aimer qui presse,
L'on est ami, l'on est amant,
Bien moins par choix que par ivresse.
NIVERNAIS, le jeune Chien.

Sur son aile rapide incessamment porté,
Le temps entraîne tout en sa vitesse, extrême;
Et souvent l'âge heureux qui tient lieu de beauté,,
Fuit plus prompt que la beauté même.
ARNAULT, la Levrette, le Chat et le Dogue.

De rien la jeunesse ne doute,
Et toute nouveauté pour elle a des attraits.
NIVERNAIS, les Écrevisses.

JOLIE.


On n'en aime pas moins pour être moins jolie.
DU TREMBLAY, Zéphir et Flore.

Fillette qui se croit jolie
Aime à consulter un miroir.
JAUFFRET, la Bergère et le Ruisseau.

SE JOUER.

Se jouer du faible est bien plat;
Se jouer du fort c'est folie.
NIVERNAIS, le Singe et l'Elephant.

JOUIR.

Jouissons toujours des douceurs,
Des présens, des faveurs
Que, la fortune nous donne,
Sans nous inquiéter de ceux qu'elle abandonne.
HAUMONT, le Cavalier et le Fantassin.

Sur le point de jouir tout s'enfuit de nos mains.
LA FONTAINE, les Filles de Minée.

Quand on est jeune on pourrait bien attendre;
Mais l'homme est en tout temps si pressé de jouir!
DU TREMBLAY, le Nid.

Dès le printemps cultivez donc les fruits,
Si vous voulez en jouir dans l'automne.
Mme JOLIVEAU, l'Education tardive.

On ne songe jamais au bien dont on jouit.
LENOBLE, l'Ane mécontent.

Il faut jouir le plus qu'on peut sur terre.
DE LA BOUTRAYE, l'Acheteur dupé.

Mortel, jouis des biens que t'accordent les cieux;
Mais jouis doublement en faisant des heureux.
A. RIGAUD, le Poète et le Propriétaire.

Quiconque jouit trop est bientôt dégoûté.
FLORIAN, le Cheval et le Poulain.

... Il vaut mieux souffrir deux
Que jouir seul ....
STASSART, les deux Chardonnerets.

JOUISSANCE.

... L'objet nouveau qu'on désire ardemment
Ne saurait, par sa jouissance,
Qu'irriter nos désirs, notre plus grand tourment.
Mme JOLIVEAU, les Désirs irrités.

JOUR.

Chaque jour amène son pain.
LA FONTAINE, le Savetier et le Financier.

L'art et les soins ajoutent à nos jours;
Mais rien ne peut éterniser leur cours.
LOMBARD DE LANGRES, Berthe..

Que les jours fortunés passent rapidement!
HAUMONT, le Chardonneret et le Cyprès.

JUGE.

Un juge peut être humain, doux, aimable,
Mais il faut être intègre, et punir le coupable.
HAUMONT, le Renard et le Mouton juge.

JUGEMENT.

... En toute affaire, il faut du jugement,
Surtout en fait de querelle et d'offense.
NIVERNAIS, l'Echo.

Sur tout homme d'Etat l'imprévoyant vulgaire
Prononce un jugement, très-souvent téméraire.
Mme JOLIVEAU, les Rames et le Gouvernail.

JUGER.

On ne peut bien juger des vertus qu'on n'a pas.
Mme JOLIVEAU, le Lévrier et le Chien couchant.

Nous jugeons par 1'événement.
LAMOTTE, les Singes.

Jeunesse, trop souvent, juge sur la surface.
STASSART, le vieux Courtisan et son Fils.

... Connais par toi-même, avant que de juger.
LENOBLE, le Daim et le Rhinocéros.

Pour juger d'un mortel, il faut le voir tout nu.
VOLTAIRE, l'Education d'un Prince.

Respect à la chose jugée!
A. RIGAUD, le Loup, l'Ours et la Chèvre.

... L'âge de l'ignorance
Toujours juge à tort, à travers.
A. NAUDET, l'Ecolier, l'Abeille et l'Absinthe.

... Ne jugeons pas sur la mine.
COUPE DE ST.-DONAT, le Souriceau.

Il ne faut pas juger les humains sur le front,
Ni sur des faits épars, ni d'après leurs paroles.
A. DE MONTESQUIOU, le jeune Lièvre et sa Mère.

... Si le monde ingrat nous juge injustement,
Il est des Dieux qui jugent autrement.
A. RIGAUD, Jean La Fontaine aux Enfers.

Il ne faut pas juger sur la première vue.
F. DE NEUFCHATEAU, le Chien et le Limaçon.

Sur ce qu'on voit, juger de ce qu'on ne voit pas,
C'est parfois s'exposer à des erreurs bien grandes.
ARNAULT, les Dauphins et les Harengs.

On voit chacun, selon son esprit et ses yeux,
Juger une action, un spectacle, une femme.
A. RIGAUD, le Rossignol et le Tonnerre.

Que de gens jugent sur parole!
STASSART, le Pinson et le Rossignol.

... Il faut, pour bien juger,
A ce que l'on entend n'être pas étranger.
F. DE NEUFCHATEAU, le Coucou, le Rossignol et l'Ane.

JUSTE.

A l'immortalité le juste doit s'attendre.
LAMOTTE, le Phénix et le Hibou.

... L'homme juste est le seul sage.
FLORIAN, les deux Persans.

Le juste, hélas! pèche dans la journée
Jusqu'à sept fois ... ...
PARNY, l'heureux Ermite.

On cesse d'être grand en cessant d'être juste.
COUPE DE ST.-DONAT, Justice et Vaillance.

JUSTICE.

La justice divine a toujours son réveil.
DU TREMBLAY, la Fièvre.

C'est la justice
Qui du trône des rois affermit l'édifice.

... C'est la justice
Qui du trône des rois affermit l'édifice.
COUPE DE ST.-DONAT, Justice et Vaillance.

Un sage tribunal dédaigne la cohue.
A. RIGAUD, le Cadavre.

Sur le sang que l'on verse en vain l'humanité
Pleure et gémit: l'inflexible justice
Veut que tout meurtrier périsse,
AGNIEL, Pythagore et le Paysan.

... Quelquefois la justice s'abuse.
LEBRUN, la Fille nourrice de son Père.

1)u DU TREMBLAY, la Fièvre. 2MO

--- L ---

LACHE.

Haranguez de méchans soldats,
Ils promettront de faire rage;
Mais au moindre danger adieu tout leur courage,
Votre exemple et vos cris ne les retiendront pas.
LA FONTAINE, le Berger et son Troupeau.

Quand il vous voit dans le danger,
Un lâche vous insulte ... ...
F. DE NEUFCHATEAU, le Taureau et le Bouc.

Insulter au malheur, à l'illustre misère,
C'est être lâche et téméraire.
Mme JOLIVEAU, le Fleuve vengé.

Le lâche tombe et meurt au sein de l'indolence.
A. RIGAUD, le Bloc de marbre.

LAIDEUR.

Par mille efforts, par la parure;
Un laid objet n'en devient pas plus beau.
STASSART, le Corbeau qui couve.

LANGUE.

... Tout parle dans l'univers.
Il n'est rien qui n'ait son langage.
LA FONTAINE,, Epilogue du livre XI des Fables.

Que de maux la langue nous cause!
LA FONTAINE, les Cordeliers de Catalogne.

LARCIN.

Larcins d'amour ne veulent longue pause.
LA FONTAINE, le Berceau.

De tout bien mal acquis le possesseur frissonne;
Il croit qu'on lit toujours sur son front soucieux
Les larcins dont on le soupçonne.
F. DE NEUFCHATEAU, l'Homme et l'Ane.

LARMES.

... Pour fléchir le courroux
De l'ennemi qui vient a nous,
Le plus faible a recours aux larmes.
HAUMONT, le Ramoneur et l'Hirondelle.

LASSER.

De quoi ne se lasse-t-on pas?
DU HOULLAY, le Ruisseau ambitieux.

LAURIER.

L'éclat de nos lauriers ne vaut pas ce qu'il coûte.
F. DE NEUFCHATEAU, la Lupiade, chant I.

LEÇON.

Des leçons de son père un fils tire les fruits.
F. DE NEUFCHATEAU, le Fermier et son Fils.

Un auteur qui veut être utile,
Doit semer ses écrits d'agréables leçons.

AUBERT, Prologue du livre I.

LEGATAIRE.

Qu'on est fou quand d'un légataire
On fait dépendre son destin!
LENOBLE, la Pie héritière du Ramier..

LEGERETE.

L'homme est plus léger que le vent.
DU TREMBLAY, Flore et Zéphir.

LENDEMAIN.

Il faut songer au lendemain.
COUPE DE ST.-DONAT, la Rose et le Bouton.

LIAISON, LIEN.

Plus un lien est éclatant,
Plus son étreinte paraît dure.
F. DE NEUFCHATEAU, le Collier.

A former les doux noeuds d'un tendre engagement
Ne mettons point de négligence.
DU TREMBLAY, Flore et Zéphir.

Dans la route de la vertu
Tel eût passé sa vie heureuse,
Si société dangereuse
Ne l'avait point jeté dans le chemin tortu.
LENOBLE, le Ciconeau et l'Oiseleur.

Ne nous lions jamais avec un vicieux.
LENOBLE, le Paon et l'Ibis.

Prens bien garde, Mortel, avec qui tu te lies;
De ta société souvent dépend ton sort:
Et tel du fleuve noir ne verrait pas les bords,
Si de mauvaises compagnies
Ne l'avaient conduit à la mort.
LENOBLE, le Ciconeau et l'Oiseleur.

Ne nous lions qu'à gens de notre sorte.
FORMAGE, la Grenouille et le Poisson.

LIBERALITE.

Un peu d'esprit, beaucoup de mine,
Et plus encor de libéralité,
C'est en amour une triple machine
Par qui maint fort est bientôt emporté.
LA FONTAINE, le Magnifique.

La libéralité, même au siècle où nous sommes,
Est le penchant des coeurs sensibles, délicats;
C'est le plus beau défaut que l'on ait ici-bas.
JAUFFRET, le Pommier dépouillé.

LIBERTE.

... Que sert la bonne chère
Quand on n'a pas la liberté?
LA FONTAINE, le Cheval s'étant voulu venger du Cerf.

Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,
C'est l'acheter trop cher, que l'acheter d'un bien
Sans qui les autres ne sont rien.
le Cheval s'étant voulu venger du Cerf.

Chacun chez soi doit être libre.
HAUMONT, le Solitaire et le Geai.

La liberté fait le bonheur suprême.
HAUMONT, le Lapin et le Perdreau.

La liberté nous plaît; la nature la donne.
HAUMONT, les deux Chevaux de chasse.

... Sans la liberté, sans ce don précieux
Le bonheur n'a rien qui me tente.
AGNIEL, le Serin et le Pinson.

Mieux vaut encor
Inquiétude
Et liberté,
Que servitude
Et sûreté.
FORMAGE, le Serin et la Fauvette.

Il n'est point de félicité,
Ni de biens, sans la liberté.
LEBRUN,, le Merle et la Fauvette.

La liberté vaut mieux, même au sein de l'orage,
Que le calme de l'esclavage.
COUPE DE Sr.DONAT, les Poissons.

Quand on n'a plus sa liberté,
Il importe fort peu si la cage est dorée.
STASSART, le Rossignol en cage.

Qui voudrait de la liberté,
Quand son ami reste à la chaîne?
STASSART, les deux Chardonnerets.

LIBERTIN.

... Pour le coeur d'un libertin
Il n'est pas d'éternel chagrin;
Un rien le trouble,, le désole,
Mais un rien aussi le console.
A. DE MONTESQUIOU, la Femme à Nicolas.

LION.

Proposez-vous d'avoir le lion pour ami,
Quand vous vouliez le laisser croître.
LA FONTAINE, le Lion.

LOGIS.

... Il est quelquefois bon
De savoir comment tout se passe à la maison.
LA FONTAINE, la Coupe enchantée.

... Nulle part on n'est mieux que chez soi.
FORMAGE, Jupiter et la Tortue.

LOI.

Diversité de lois est souvent incommode.
STASSART, le Conseil-d'Etat du Lion.

Des lois qui font sa sûreté,
L'homme se plaint d'être l'esclave:
« C'est un frein, » nous dit-il: mais ce frein qui l'entrave
Lui garantit sa liberté.
AGNIEL, le Navire et le Pilote.

Le plus puissant toujours sait éluder la loi.
FORMAGE, le Chien mauvais payeur.

Rarement, il convient que le prince, se mette
Entre le coupable et la loi.
LAMOTTE, les Abeilles.

Que nous font de sévères lois,
De mille réglemens qu'importe la sagesse,
Si la froide apathie et l'indigne paresse
Dans le sommeil plongent les rois
STASSART, le Lièvre, le Lapin et le Fusil.

Selon son intérêt chacun voudrait des lois.
STASSART, le Daim, le Porc, etc., etc.

LOUANGE, LOUER.

Le nectar que l'on sert au maître du tonnerre,
Et dont nous enivrons tous les dieux de la terre,
C'est la louange ... ...
LA FONTAINE, les deux Rats, le Renard et l'Oeuf.

On ne peut trop louer trois sortes de personnes,
Les dieux, sa maîtresse et son roi.
LA FONTAINE, Simonide préservé.

La louange chatouille et gagne les esprits,
Les faveurs d'une belle en sont souvent le prix.
LA FONTAINE, Simonide préservé.

Défiez-vous de la louange
Qu'on vous donne souvent de très-mauvaise foi.
F. DE NEUFCHATEAU, le Renard, le Chien et le Lièvre.

Fausse louange plaît, et l'orgueil la seconde.
LAMOTTE, les deux Oracles.

Ne prescrivons jamais à la postérité,
Une louange sans partage.
AUBERT, les deux Rats.

Louer en face, est une lâche ruse,
Et pour s'y laisser prendre il faut être bien buse.
PERRAULT, le Renard et le Corbeau.

LOUP.

Quiconque est loup agisse en loup:
C'est le plus certain de beaucoup.
LA FONTAINE, le Loup devenu Berger.

Un loup est toujours loup; il faut qu'on s'en méfie.
COUPE DE ST.-DONAT, le Loup converti.

LOYAUTE.

A loyauté succéda sans effort
Et la rapine et le droit du plus fort.
LOMBARD DE LANGRES, le Gage de bataille.

LUXE.

Pour arrêter le luxe il n'est point de barrière.
LENOBLE., le Boeuf et la Grenouille.

--- M ---

MAIGRIR.

Bien sot est celui qui maigrit
Quand il peut s'engraisser ...
COUPE DE ST.-DONAT, le Loup converti..

MAITRE.

Il n'est pour voir que l'oeil du maître.
LA FONTAINE, l'Oeil du Maître..

Chacun aux voeux du maître asservit son penchant.
GOSSE, le Castor et le Singe.

De valets on peut se passer,
Quand on est sous les yeux du maître.
VOLTAIRE, les trois Manières.

Tout va bien quand le maître s'en mêle.
LEBRUN, l'Amateur des jardins et son Ami.

MAITRESSE.

Que servent bonne chère et bon vin sans maîtresse?
LAMOTTE, le Festin du Lion.

MAJORITE.

... La majorité fait la loi souveraine.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpéïde, chant II.

MAL.

... Il vaut encor mieux
Souffrir le mal que de le faire.
FLORIAN, la Brebis et le Chien.

Force gens ont été l'instrument de leur mal.
LA FONTAINE, le Roi Candaule.

Faire du mal me serait trop pénible,
J'aime bien mieux le supporter.
DU TREMBLAY, Jupiter et la Brebis.

... J'aime encor mieux
Souffrir le mal que de le faire.
JAUFFRET, l'Anguille et le Serpent.

Souvent succède au mal plus de bien qu'on ne pense.
Mme JOLIVEAU, le Cheval et l'Ane.

... Du mal que l'on fait,
S'il le peut prévenir, tout homme est responsable,
Et je le crois non moins coupable
Que le méchant qui le commet.
AGNIEL, le Chien et son Maître.

... Par un zèle fatal
Aux enfans on exagère
La difformité du mal.
NIVERNAIS, les Chevreuils.

Vers le mal la pente est aisée,
Et, lorsque devant nous une ornière, est creusée,
On ne peut s'en tirer sans un terrible effort.
LENOBLE, les deux Ecrevisses.

... Le mal qu'on a pu faire
Est difficile à réparer.
AGNIEL, le Nid de Fauvettes.

Mal arrive à qui veut mal faire.
LE BAILLY, l'Enfant, l'Ermite et les Abeilles.

A qui mal veut mal arrive souvent.
FORMAGE, la Cigale et le Hibou.

Met tout le monde contre soi,
Qui fait du mal à tout le monde.
DUCERCEAU, le Singe et le Chat.

Quand le mal devient habitude,
On ne peut plus s'en détacher.
LENOBLE, le Lin, les Oiseaux et la Pie.

... Prévenez le mal en allant au-devant.
LENOBLE, le Lin, les Oiseaux et la Pie.

Qui dit du mal d'autrui peut en dire de nous.
AUBERT, la Servante.

Combien de gens ne font du mal
Que pour le plaisir de le faire!
A. RIGAUD, le Tigre et le Rossignol.

Coupons racine au mal dès les commencemens;
Plus tard peut-être il ne sera plus temps.
FORMAGE, la Bagatelle.

... Celui-là fait mal qui ne fait pas de bien.
A. RIGAUD, la Marmotte et le Castor.

Quand le coeur une fois se résoud à mal faire,
Rien ne saurait plus l'en distraire.
PERRAULT, le Chat et le Coq.

Le mal coûte bien peu de peine
A la puissance souveraine.
A. RIGAUD, la Mort du Juste.

Le mal, ou celui qui l'endure,
Ne peuvent long-temps subsister.
NIVERNAIS, la Mule et le Chameau.

... Le bien qu'on fait s'oublie,
Et le moindre mal se publie.
LEMONNIER, Gosselin et Gai.

Celui qui fait du mal doit penser qu'à son tour
Un autre lui réserve une semblable injure.
DE LA BOUTRAYE, le Chasseur, les Oiseaux et les Voleurs.

Qui fait mal trouve mal; c'est le proverbe antique
Dont on voit tous les jours quelque exemple récent.
LENOBLE, le Faucon et la Colombe.

Tout en faisant le mal on croit souvent bien faire.
AGNIEL, la jeune Fille et le Serin.

MALFAITEUR.

Un malfaiteur ne peut se soustraire au supplice;
Et, s'il échappe à la justice,
Rarement il échappe à sa propre fureur.
LEBRUN, le Tigre et le Renard.

Un malfaiteur a beau se croire adroit,
Il se trahit toujours par quelque endroit.
JAUFFRET, le Limaçon et le Frélon.

MALHEUR.

Quand le malheur ne serait bon
Qu'à mettre un sot à la raison,
Toujours serait-ce à juste cause
Qu'on le dit bon à quelque chose.
LA FONTAINE, le Mulet se vantant de sa Généalogie.

C'est le malheur qui forme les héros.
FLORIAN, les Tourtereaux.

Le malheur nous ouvre les yeux.
PERRAULT, le Mulet.

Lorsqu'un malheur ne se peut éviter,
De bonne grâce il le faut supporter.
PERRAULT, la Mouche.

De la félicité le malheur est bien près.
HAUMONT, les deux Laitues.

... Le malheur survient, hélas! sans qu'on y pense.
HAUMONT, le Lièvre et le Lévrier.

... Le malheur du voisin,
Souvent nous console du nôtre.
GUTTINGUER, les deux Bonnets.

Sur le malheur d'autrui on doit se faire sage,
Et tirer son profit du malheur étranger.
LENOBLE, le Renard et le Léopard.

Malheur est bon à quelque chose.
NIVERNAIS, le Loup et la Chèvre.

Le malheur met à l'unisson
L'indigence avec la richesse,
Et la force avec la faiblesse;
Il rend sensible aux maux d'autrui,
Et les loups de l'espèce humaine
Ne s'adoucissent que par lui.
NIVERNAIS, le Loup et la Chèvre.

Du malheur, quel qu'en soit la cause,
Supportons les décrets d'un destin rigoureux;
Le cruel désespoir nous cause
Des maux encor bien plus affreux.
HAUMONT, le Rossignol et le Serin.

Souvent dans le malheur des autres
Nous trouvons la source des nôtres.
Mme JOLIVEAU, l'Enfant et le Frélon.

... Le malheur d'autrui n'empêche pas le nôtre.
AUBERT, les deux Poules et les Moutons.

Dans le malheur d'autrui peut-on trouver son bien?
LE BAILLY, l'Aveugle, le Chien et l'Ecolier.

Rarement le malheur des autres
Tourne à notre profit.
VILLIERS, l'Alouette.

L'homme seul, insensible aux leçons du malheur,
Ne profite jamais, pour devenir meilleur,
Du châtiment de son semblable.
JAUFFRET, la Pie.

MALHEUREUX.

Il ne nous faut jamais moquer des misérables;
Car qui peut se vanter d'être toujours heureux?
LA FONTAINE, le Lièvre et la Perdrix.

0n peut toujours trouver plus malheureux que soi.
A. NAUDET, le Chien tourne-broche et le Boeuf.

Il n'est tels que les malheureux
Pour se plaindre les uns aux autres.
FLORIAN, l'Aveugle et le Paralytique.

Les malheureux ont toujours tort.
AGNIEL, la Poule plumée..

Quelquefois la fortune attend, pour aller voir
Un malheureux, qu'il soit à l'agonie.
FORMAGE, le Marchand et la Fortune.

A leur mauvaise destinée
Il faut laisser les malheureux.
LENOBLE, le Figuier foudroyé et les Oiseaux.

Si malheureux qu'on soit, quand on n'est pas Romain,
Rarement on se détermine
A se laisser mourir de faim.
ARNAULT, Arachné et Progné.

Les malheureux n'ont point d'amis.
JAUFFRET, les deux Loups.

MALICE.

... C'est chez les plus sots
Que l'on trouve la pure malice.
NIVERNAIS, le Hérisson.

MALIGNITE.

Apaiser la malignité,
Me paraît la chose impossible;
Vertus, honneur et probité,
Rendent son courroux plus terrible.
LEMONNIER, le Paysan et les Couleuvres.

MALTRAITER.

On ne doit maltraiter personne.
F. DE NEUFCHATEAU, Rustaud et Nicolle.

Chez le malheureux quelquefois
Le malheur perd encor ses droits.
GUINGUENE, l'Ours et les quatre Animaux.

Si vous êtes dans la détresse,
On vous charge de tous les torts.
Mme JOLIVEAU, la Poule plumée.

... Pour manger gaiement. et digérer sans peine
Ne soupons qu'avec nos égaux.
GUINGUENE, le Lion et le Lapin.

Qui nourrit trop son corps, nourrit peu son esprit.
LE BAILLY, les deux Rats.

On est fort bien à l'endroit où l'on mange.
DU TREMBLAY, la Souris et le Linot.

Un roi, tout comme un autre, a besoin de manger.
F. DE NEUFCHATEAU, Pythès.

L'homme mange, le loup dévore;
Tout ne gît que dans la façon.
A. RIGAUD), le Chevalier errant.

Les mangeurs, à leur tour, doivent être mangés.
F. DE NEUFCHATEAU, le Pêcheur et les Merlans.

Est toujours bien fêté celui chez qui l'on mange.
LAMOTTE, le Rat tenant table.

MARI.

... Beaucoup de maris
Qui se vantent de voir fort clair en leurs affaires,
N'y viennent bien souvent qu'après les favoris,
Et, tout savans qu'ils sont,
Ne s'y connaissent guères.
LA FONTAINE, la Fiancée du roi de Garbe.

Par tout pays et de tout temps,
Mari sans yeux et sans oreilles
Convient aux femmes à merveilles.
NIVERNAIS, l'Homme, aveugle et sourd.

Chez les époux tout ennuie et tout lasse.
LA FONTAINE, Belphégor.

Le moindre bruit éveille un mari soupçonneux.
LA FONTAINE, la Coupe enchantée.

... On sait que d'ordinaire
Le bonheur est le lot de bien peu de maris.
AGNIEL, Jupiter et le Père.

MARIAGE.

Le bonheur, dans le mariage,
Règne toujours quand on sait s'accorder.
HAUMONT, la Vigne et le Poirier sauvage.

MASQUE.

D'un masque étudié craignez la tromperie;
Car si vous jugez sur la peau,
Ou sur quelqu'autre singerie,
En homme, vous prendrez un loup pour un agneau,
Vous aurez pour un ange, en femme, une furie.
F. DE NEUFCHATEAU, le Loup déguisé en Brebis.

Il est plus de masques au monde
Que de visages découverts.
LENOBLE, le Loup et le Bouc.

MATERIAUX.

Ce n'est pas tout d'avoir de bons matériaux,
Il faut savoir les mettre en oeuvre.
GRENUS, les deux Statuaires.

MAUX.

Les maux du corps font tout notre embarras;
Ceux de l'ame n'importent guère.
LAMOTTE, Apollon et Minerve.

Au mal que l'on ressent l'ame se donne entière.
LENOBLE, l'Ane mécontent.

Les maux dont nous voulons rendre le ciel garant,
Sont souvent notre propre ouvrage.
AUBERT, la Souris et le vieux Rat.

Nous calculons les biens, presque jamais les maux.
Mme JOLIVEAU, le Nautonnier et la Mer._

Nous voyons en autrui les biens, et non les maux.
GUINGUENE, les Oiseaux et les Poissons.

Sur les maux du prochain jetons souvent les yeux;
Plaignons son sort, et rendons grace aux dieux.
DU TREMBLAY, la Taupe et la Tortue.

Tous les maux attachés à l'ordre de nature
Dans l'état social sont passés avant nous;
Mais qu'ils étaient légers et doux
Comparés avec ceux qu'en cet ordre on endure!
DU HOULLAY, les Brebis et 1'Homme.

... De deux maux on doit éviter le plus grand.
HAUMONT, les Chasseurs, le Lièvre et le Cygne.

... De tous les maux
Chacun a la source en soi-même,
Soit par un sot orgueil, ennemi du repos,
Soit par le trop grand prix qu'on met à ce qu'on aime.
Mme JOLIVEAU, la Rose et la Pensée.

Que de maux ont causé l'amour et la colère!
A. RIGAUD, les deux Cerfs.

MECHANT.

Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée.
LA FONTAINE, le Chien à qui l'on a coupé les Oreilles.

Ce qu'on donne aux méchans toujours on le regrette.
Pour tirer d'eux ce qu'on leur prête,
Il faut que l'on en vienne aux coups;
Il faut plaider, il faut combattre:
Laissez-leur prendre un pied chez vous,
Ils en auront bientôt pris quatre.
LA FONTAINE, la Lice et sa Compagne.

Il faut faire aux méchans guerre continuelle.
LA FONTAINE, les Loups et les Brebis.

Tenez toujours divisés les méchans,
La sûreté du reste de la terre
Dépend de là. Semez entre eux la guerre,
Ou vous n'aurez avec eux nulle paix.
LA FONTAINE, les Vautours et les Pigeons.

Chez les méchans on se gâte sans peine.
VOLTAIRE£, le Cadenas.

... De ses forfaits
Le méchant est toujours la dernière victime.
A. NAUDET, le Renard et le Loup.

... Le méchant, sans qu'il y pense,
Est souvent ici-bas l'artisan de sa mort.
JAUFFRET, le Loup et le Bouc.

Pour l'infâme artisan du crime,
Le succès même est un malheur:
Tôt ou tard il en est victime.
STASSART, le Renard et le Chien.

Quand on suit les méchans, on périt avec eux.
LENOBLE, le Ciconeau et l'Oiseleur..

C'est quand ils font le bien que je crains les méchans.
A. RIGAUD, la Tigresse et l'Agneau.

... Un méchant court de malice en malice.
LENOBLE, le Renard et le Vautour.

Pour nous tromper sur cette terre,
Le méchant peut changer de langage et d'habit,
Sans jamais pour cela changer de caractère.
A. NAUDET, l'Ecureuil et le Serpent.

Sous le mauvais périt le bon.
LENOBLE, le Pot de fer et le Pot de terre.

... Aux méchans prêter son ministère,
C'est mériter de périr avec eux.
LEBRUN, la Plume et le Papier.

... Un méchant est capable,
Pour arriver au mal, de faire un peu de bien.
A. RIGAUD, le Renard.

... Les méchans sont souvent les plus forts.
A. R RIGAUD, les Fourmis.

Le règne des méchans, crois-moi, ne dure guère,
Et tôt ou tard ils sont punis.
LE BAILLY, l'Enfant, l'Ermite et les Abeilles.

Entre méchans point de traités sincères;
Et celui-là, sans doute, est le plus grand des fous,
Qui met le nez dans leurs affaires.
LE BAILLY, le jeune Chien, le Chat et le vieux Dogue.

L'oreille des méchans est sourde aux bons avis.
NIVERNAIS, le Quaker et le mauvais Chien.

Le méchant n'a jamais tort,
C'est la raison du plus fort.
HAUMONT, la Mouche et l'Araignée.

Il est certains esprits d'un naturel hargneux
Qui toujours ont besoin de guerre, Ils aiment à piquer, se plaisent à déplaire,
Et montrent pour cela des talens merveilleux.
FLORIAN, le Hérisson et les Lapins.

Le méchant nous aigrit, trouble notre raison.
Mme JOLIVEAU, la prudente Tourterelle.

Pour mendier un généreux secours,
Dans le malheur, le méchant peut tout feindre,
Il sait vous prendre au miel de ses discours;
Fuyez, fuyez, car s'il peut vous atteindre,
Il reviendra plus fort et plus à craindre,
Ingrat surtout; le méchant l'est toujours.
GUINGUENE, le bon Serpent.

Confondre les méchans est un bonheur suprême.
HAUMONT, le Chardonneret, les Oiseaux et le Chasseur.

... Le méchant est guidé par l'envie,
N'aperçoit que défauts, méchantes actions;
Le bon esprit ne voit que les perfections.
HAUMONT, la Colombe et la Pie.

En contemplant le mal qu'il vient de faire,
Le méchant quelque peu désarme sa fureur;
Cela lui tient lieu de bonheur.
Mme JOLIVEAU, le Tigre et le Ruisseau.

La race des méchans est méchante comme eux.
F. DE NEUFCHATEAU, Apollon et Cybèle.

A qui déchire à belles dents, Gardons-nous bien de faire fête.
DU TREMBLAY, le Lapin, la Marmotte et la Chatte.

... Un méchant a du zèle
Pour nuire aux bons, toujours il a des moyens prêts,
Sans songer au danger qu'il peut courir lui-même.
Mme JOLIVEAU, le Dénonciateur.

Les méchans sont enclins à la causticité:
Les bons le sont à l'indulgence.
JAUFFRET, le Paon, la Pie et la Colombe.

... Le succès des méchans
Les allèche et les multiplie.
F. DE NEUFCHATEAU, l'Homme et le Chien.

... Le méchant parvient à nuire
Même à ceux qu'il veut obliger.
JAUFFRET, Zéphir et Borée.

De l'ame des méchans la concorde est bannie.
LEBRUN, le Loup, le Renard, la Brebis et l'Agneau.

La discorde souvent divise les méchans,
Pour le salut des bonnes gens.
HAUMONT, le Chien et le Loup.

Quand les méchans vous font des offres de service,
Précautionnez-vous contre leur artifice.
LEBRUN, la Mouche et l'Araignée.

Bien fou qui s'abandonne aux conseils d'un méchant!
Point de traité, point de commerce
Avec cette engeance perverse;
On n'en est jamais bon marchand.
DE BAILLY, le Dogue et l'Epagneul.

Puisqu'il est des méchans, encore est-il heureux
Que parfois le repos soit un besoin pour eux.
JAUFFRET, Zéphir et Borée.

On peut dormir près d'une bête;
Il faut veiller près des méchans.
DU TREMBLAY, le Lapin, la Marmotte et la Chatte.

«Tel jour je n'ai point fait de mal, »
Dit un méchant. Fort bien; mais, s'il était sincère,
Il pourrait ajouter: «Quelque accident fatal
M'avait mis hors d'état d'en faire.»
JAUFFRET, le Loup à l'agonie.

MEDIOCRITE.

La douce médiocrité
Est un des grands biens de la vie,
STASSART, la Poule trop grasse.

La médiocrité me parait désirable.
LEBRUN, le Pin et le Roseau.

Pour jouir du bonheur nous faut-il un royaume?
La médiocrité remplit mieux nos souhaits.
STASSART, l'Hirondelle et le Moineau.

MEDISANCE.

... Tout médisant est prophète en ce monde.
LA FONTAINE, le Gascon puni.

... En tous lieux il est doux de médire.
LOMBARD DE LANGRES, Brice.

Avec grand soin méfions-nous
De ces gens dont la conscience
Ne parle du prochain jamais sans réticence.
STASSART, la Poule et le Dindon.

MEDITER.

Le vulgaire regarde, et le sage médite;
Il sait que la grandeur ne fait pas le mérite.
A. RIGAUD, le Curieux.

MEFIANCE.

... La méfiance
Est mère de la sûreté.
LA FONTAINE, le Chat et le vieux Rat.

MELANGE.

Tout au monde est mêlé d'amertume et de charmes;
La guerre a ses douceurs, l'hymen a ses alarmes.
LA FONTAINE, le Meunier, son Fils et l'Ane.

MEMOIRE.

Il est aux coeurs bien nés une noble mémoire.
A. DE MONTESQUIOU, le jeune Lièvre et sa Mère.

MENACE.

On se rit d'une menace
Qu'on ne peut effectuer.
AGNIEL, les Lapins et la Statue.

MENAGE.

... Entre deux moitiés trop d'inégalité
De bien, d'âge, ou de qualité,
Bouleverse tout le ménage.
LENOBLE, le Mari et ses deux Femmes.

MENAGER.

Il faut ménager tous les hommes.
LAMOTTE, le Renard et le Lion.

MENSONGE, MENTEUR.

D'un bout du monde à l'autre on ment et l'on mentit:
Nos neveux mentiront comme ont fait nos ancêtres.
VOLTAIRE, le Dimanche.

Le mensonge et les vers sont amis de tous temps.
LA FONTAINE, Ceux qui ont le Goût difficile.

A la fin le mensonge ennuie.
AUBERT, Epilogue du livre IV.

Le mensonge, pour avoir cours,
N'a pas besoin de vraisemblance.
F. DE NEUFCHATEAU, les Taureaux et les Loups.

Pour opprimer et perdre un misérable,
L'injustice perfide au mensonge a recours.
LEBRUN, le Cerf, le Chien, et le Loup.

... En fait de menterie,
Nul artisan n'approche du tailleur.
PERRAULT, Mercure.

A beau mentir qui vient de loin.
A. DE MONTESQUIOU, le jeune Lièvre et sa Mère.

Mentir est un vice si bas!
GRENUS, le Chat corrigé.

Si mal le menteur se conduit,
Que par son discours seul souvent il se détruit.
PERRAULT, le Singe et le Dauphin.

Le menteur tôt ou tard de son indigne rôle,
Recevra le prix mérité.
GRENUS, l'Agneau menteur.

Le menteur ct le faux témoin
Sont vrais rebuts de la nature:
Et souvent l'instant n'est pas loin,
Qui doit punir leur imposture.
DE LA BOUTRAYE, la Brebis, le Chien et le Loup.

Qui commence à tromper sur un sujet frivole,
Bientôt sur de plus grands trahit la vérité;
Nul ne croit plus à sa parole;
Dans sa bouche, le vrai n'est pas même écouté.
GRENUS, l'Agneau menteur.

MEPRIS.

Plus on mérite de mépris,
Plus on a de penchant à mépriser les autres.
JAUFFRET, le Papillon et les deux Reptiles.

... Plus on a l'ame et vertueuse et fière,
Plus d'un faible ennemi l'on méprise les coups.
LENOBLE, le Lion et la Grenouille.

Grands et riches parfois méprisent
Les petits qui font leur grandeur.
PIRON, le Tonneau et la Bouteille.

Il ne faut mépriser personne.
LENOBLE, la Chenille et la Fourmi.

... Ne traitons personne avec mépris,
Et dans tous les états faisons-nous des amis.
HAUMONT, le Cheval et l'Ane.

MER.

La mer promet monts et merveilles.
Fiez-vous-y; les vents et les voleurs viendront;
Pour un qui s'en louera, dix mille s'en plaindront.
LA FONTAINE, le Berger et la Mer.

MERE.

A ses enfans mère ne sait que faire,
Pour leur montrer l'amour qu'elle a pour eux;
Zèle souvent aux enfans dangereux.
LA FONTAINE, le Faucon.

Une menace à son enfant
Trouble le sang d'une mère.
DU TREMBLAY, la Ménagère et la Chèvre.

Ah! qu'une bonne mère est un riche présent!
HAUMONT, la bonne Mère, ses deux Filles et la Chèvre.

Ce que nul n'aperçoit, heureux effet d'amour!
Ne saurait échapper aux regards d'une mère.
Mme JOLIVEAU, la Poule et le Philosophe.

Ma véritable mère est celle qui m'allaite.
DUCERCEAU, l'Agneau nourri par la Chèvre.

... L'amour nourrit les mères.
FLORIAN, la Colombe et son Nourrisson.

Quand on est mère, on aime tendrement.
HAUMONT, la Poule et les Perdreaux.

... Tout devient aisé pour le coeur d'une mère.
A. RIGAUD, l'Aigle et la Chouette.

Une mère à son fils doit son expérience.
A. DE MONTESQUIOU, le jeune Lièvre et sa Mère.

Rien n'adoucit les chagrins d'une mère.
AUBERT, Colin et Lisette.

Sitôt que l'on peut se passer
Des soins bienfaisans d'une mère,
On craint fort peu de l'offenser,
On ne cherche plus à lui plaire.
HAUMONT, la Poule et les Perdreaux.

Les longs chagrins, les plaisirs courts,
Sont pour les mères de famille.
A. RIGAUD, la Souris et sa Fille.

L'orgueil facilement gagne le coeur des mères.
STASSART, la Truie et la Lionne.

Le bonheur d'une mère, hélas!
Est souvent de courte durée.
VILLIERS, l'Alouette.

Est-on laide jamais, dès qu'on est bonne mère!
GOSSE, la Cigogne.

Le plus rare trésor, le présent le plus beau,
Que le ciel ait fait à la terre,
Est cette affection, et cet amour ardent,
Qui, d'un sexe chéri consacrant les faiblesses,
A son coeur enflammé nous attache en naissant.
AUBERT, la Tendresse paternelle.

L'amour d'une mère est extrême;
Voir périr ses enfans ou périr elle-même,
Pour une mère c'est tout un.
AUBERT, les deux Poules et les Moutons.

MERITE.

Le mérite se plaît à vivre obscurément.
NIVERNAIS, le Singe et la Planche.

Le mérite se cache, il faut l'aller trouver.
FLORIAN, le Rossignol et le Prince.

Entre tous les humains la seule différence
Vient du mérite personnel.
LE BAILLY, le Roi, son Fils et l'Esclave.

Le mérite fait tout ....
LEMONNIER, les Cruches.

Oui, tôt ou tard les dieux, signalant leur justice
Savent tendre au mérite une main protectrice.
STASSART, le Coursier.

Se méfier de son talent,
Est le premier pas du mérite.
DU TREMBLAY, le Berger et les deux Chèvres.

Un mérite plâtré s'évapore en fumée.
LENOBLE, l'Ane et la Peau du Lion.

Le mérite n'est pas à 1'épreuve des coups
Qu'ici-bas la vertu doit craindre
Des vicieux, des ingrats, des jaloux.
LEBRUN, le Poirier, le Paon et le Rossignol.

Du prix qu'il devrait obtenir
Le mérite est exclu sans cesse.
PIRON, le Roitelet.

L'orgueil des premiers rangs écarte le mérite;
Le courtisan protège un médiocre esprit;
Il suffit qu'il fasse du bruit,
Il est sûr de la réussite.
Mme JOLIVEAU, les Moyens de parvenir.

... Le mérite est dans la qualité.
STASSART, la Truie et la Lionne.

Le mérite suprême honore les talens.
Mme JOLIVEAU, le Serin échappé de sa cage.

... Le mérite
Se plaît à s'annoncer sans éclat et sans suite.
Mme JOLIVEAU, le Serin échappé de sa cage.

... En un galetas,
Le mérite souvent mène une vie obscure,
Environné d'ignorans ou d'ingrats.
NIVERNAIS, le Diamant du duc de Bourgogne.

Un grand mérite est un grand crime
Que l'on ne pardonne jamais.
Mme JOLIVEAU, l'Ours danseur.

A force de briller le mérite importune.
STASSART, l'Ours à la foire de Beaucaire.

Les grands emplois, selon qu'on s'en acquitte,
Font voir le degré du mérite.
PERRAULT, le Singe et le Renard.

Ravir où décerner la palme du mérite
Sur la foi des événemens,
C'est 1'usage de bien des gens.
LE BAILLY, le Chien revenant de la guerre.

Le mérite toujours attire le malheur.
AUBERT, le Serin mis en cage.

Le mérite modeste est pourtant quelque chose!
COUPE DE ST.-DONAT, la Violette et le Chardon.

Mortels, quand un plus grand vous hait,
Le mérite n'est pas une défense sûre.
LENOBLE, le Pot de fer et le Pot de terre.

Le mérite toujours fut cher à la noblesse.
AUBERT, le Riche, le Noble et le Sage.

METIER.

Chacun à son métier doit toujours s'attacher.
LA FONTAINE, le Cheval et le Loup.

... Chacun, ici-bas, doit faire son métier.
LEBRUN, le Singe et le Barbier.

Il n'est métier bien fait,
Que celui que l'on sait.
DU HOULLAY, la Brebis et sa Maîtresse.

Quand le métier nous enrichit
Nous avisons-nous d'en médire?
Mme JOLIVEAU, les Traits émoussés.

Quand on ne sait pas un métier,
En vain d'y réussir un fol esprit se flatte;
Il ne faut pas qu'un savetier
Aille plus loin que sa savate.
LENOBLE, le Savetier censeur.

Tout en irait mieux sur la terre,
Si chacun se bornait à faire
Le métier pour lequel Jupiter l'appela.
AUBERT, l'Ane et son Maître.

Chacun a son métier qu'il ne doit pas quitter.
F. DE NEUFCHATEAU, Momus, Jupiter et Apollon.

Chacun doit savoir son métier.
LAMOTTE, les deux Pigeons.

MIEUX.

L'espoir du mieux est l'ennemi du bien.
NIVERNAIS, l'Architecte et la Maison.

... Rien n'est plus périlleux
Que de quitter le bien pour vouloir être mieux.
VOLTAIRE, la Bégueule.

Le mieux, souvent, est l'ennemi du bien.
GOSSE, le Sculpteur.

Prenons ce qui nous vient, sans trop chercher le mieux.
GRENUS, l'Agneau gourmand.

Or, en tout point, le mieux est ce qu'il faut chercher.
STASSART, le Singe et la Montre.

Craignons le désir d'être mieux:
Il nous séduit, nous trompe, et l'erreur est cruelle.
DU TREMBLAY, le Moineau.

... Est-on bien? on brûle d'être mieux.
DU TREMBLAY, le Moineau.

... Le mieux est l'ennemi du bien.
VOLTAIRE, la Bégueule.

Ici-bas tout est pour le mieux.
VILLIERS, la Perdrix et ses Petits.

... Le mieux est l'ennemi du bien.
LE BAILLY, Prologue du livre X.

On n'est pas bien, dès qu'on veut être mieux.
LAMOTTE, les Sacs des Destinées.

MILIEU.

Un esprit peu flexible,
Sans être un stoïque impassible,
En tout, tient un juste milieu.
F. DE NEUFCHATEAU, Epilogue.

MINE.

Garde-toi, tant que tu vivras
De juger les gens sur la mine.
LA FONTAINE, le Cochet, le Chat et le Souriceau.

MINISTRE.

Un bon ministre est un trésor.
NIVERNAIS, le Ministre.

Un ministre, d'ailleurs, ne rit pas tous les jours.
LE BAILLY, le Singe, le Renard et le Furet.

Rois! choisissez d'honnêtes gens
Pour vous servir dans vos affaires;
Et n'oubliez jamais qu'à vos agens,
Les vertus sont plus nécessaires
Que le savoir, l'esprit et les talens.
NIVERNAIS, le Renard ambassadeur.

Le vrai fléau du monde est un mauvais ministre.
F. DE NEUFCHATEAU, Ruffin.

MODE.

Que la mode est chose bizarre!
HAUMONT, le Front et les Cheveux.

MODELE.

Pour produire de bons écrits, Nourrissez-vous de bons modèles.
ARNAULT, l'Abeille.

MODERATION.

La modération est le trésor du sage.
LE BAILLY, le Mât de Cocagne.

Sachons nous modérer, même dès notre enfance.
Mme JOLIVEAU, les Désirs irrités.

MODESTIE.

Quelque beau que l'on soit, il faut être modeste.
AGNIEL, le Laurier et la Rose.

On peut être modeste avec un grand mérite.
DU TREMBLAY, Philopoemen.

La modestie embellit le mérite.
GOSSE, la Tortue et le Papillon.

Souvent l'homme modeste et sage
Vit et meurt dans l'obscurité.
A. RIGAUD, les deux Soeurs.

La modestie
Est au génie
Ce qu'est la grace à la beauté;
Elle triomphe de l'envie,
Et l'on obtient par elle un succès mérité.
STASSART, le Pinson et le Rossignol.

Il est quelques puissans que de leurs dons célestes
Les dieux prennent plaisir d'orner:
L'orgueil à ceux-là seuls pourrait se pardonner;
Mais ceux-là sont les seuls modestes.
LAMOTTE, les deux Livres.

Quels que soient les talens dont la faveur céleste
Ait daigné composer ton lot,
Loin de t'en prévaloir, ô mortel! sois modeste:
L'être le plus parfait n'a-t-il pas son défaut?
AGNIEL, le Paon et le Coq.

MOEURS.

Contre les moeurs du siècle on se récrie en vain.
Corrige-t-on le genre humain?
STASSART, les Etoiles et le Soleil.

On recueille, suivant ses moeurs, L'amitié, l'amour ou la haine.
DU TREMBLAY, le Lapin et le Porc-Epic.

Jamais ne pourront vivre ensemble
Ceux dont les moeurs n'ont rien qui se ressemble.
PERRAULT, le Foulon et le Charbonnier.

... En vain l'âge s'avance:
Ni l'âge, ni l'expérience,
Ne peuvent corriger nos moeurs.
LE BAILLY, le Brocheton.

MOINE.

Tout homme est homme; et les moines surtout.
LA FONTAINE, l'Ermite.

MOISSONNER.

Il faut que le labour précède la moisson.
LENOBLE, la Cigale et la Fourmi.

Le bien ou le mal se moissonne,
Selon qu'on sème ou le mal ou le bien.
LAMOTTE, le Tyran devenu bon.

MOMENT.

Les momens sont bien chers à la guerre, en amour.
VOLTAIRE, l'Éducation d'un Prince.

MONDE.

Le monde est vieux, dit-on; je le crois; cependant
Il le faut amuser encor comme un enfant.
LA FONTAINE, le Pouvoir des Fables.

... La moitié du monde a toujours mangé l'autre.
Ainsi Dieu le voulut, et c'est pour notre bien.
VOLTAIRE, le Lion et le Marseillais.

Le monde est un passage infesté de brigands;
Mais les petits voleurs travaillent pour les grands.
FORMAGE, le Rat, la Belette, le Renard et le Loup.

MOQUERIE.

Tel s'égaie aux dépens d'autrui,
Qui ne s'aperçoit pas que celui-là qu'il berne
Avec plus de raison peut se moquer de lui.
F. DE NEUFCHATEAU, le Cochon et le Rat.

Il ne sied pas d'ailleurs à qui ne sait rien faire
De se moquer des gens qui savent travailler.
LE BAILLY, le Voltigeur et le Cul-de-jatte.

MORALE, MORALISTE.

Prêcher bonne morale est très-bien fait sans doute;
Mais voulez-vous qu'on vous écoute,
Joignez l'exemple à la leçon.
GRENUS, le Chien prédicateur.

... Tout est bon au moraliste,
NIVERNAIS, le Hérisson.

La morale sans doute est l'ame de la fable;
C'est une fleur qui doit donner son fruit.
LAMOTTE, le Renard prédicateur.

La morale est un champ fertile
Que jamais nous n'épuiserons.
AUBERT, Prologue du livre I.

MORDRE.

A mordre on n'a plus goût, quand les dents sont usées.
F. DE NEUFCHATEAU, la Lupiade, chant I.

MORT, MORTS.

Défendez-vous par la grandeur,
Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse;
La mort ravit tout sans pudeur.
Un jour le monde entier accroîtra sa richesse.
Il n'est rien de moins ignoré:
Et, puisqu'il faut que je le die,
Rien où l'on soit moins préparé.
LA FONTAINE, la Mort et le Mourant..

Hormis les dieux, tout être est soumis à la mort.
DU HOULLAY, l'Aigle et le Chasseur.

La mort ne surprend pas le sage;
Il est toujours prêt à partir,
S'étant su lui-même avertir
Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage.
LA FONTAINE, la Mort et le Mourant.

... Pour les malheureux la mort a ses plaisirs.
LA FONTAINE, la Cruche.

Le malheur vainement à la mort nous dispose:
On la brave de loin; de près c'est autre chose.
J.-B. ROUSSEAU, la Mort et le Bûcheron.

Dans leurs palais pompeux la mort frappe les rois
Ainsi que les sujets à l'ombre de leurs toits.
DU HOULLAY, le Léopard et le Singe.

Le plus semblable aux morts meurt le plus à regret.
LA FONTAINE, la Mort et le Mourant.

... La mort est la fin de tout ce qui respire:
Mais de périr par un assassinat,
La connaissance est un martyre
Qui met le comble à l'attentat.
HAUMONT, le Campagnard et les Dindons.

... La mortelle faux n'observe pas les rangs.
LENOBLE, le Renard et le Loup.

... La mort s'avance:
Les grands ni les petits n'échappent à ses lois.
ANDRE CHENIER, le Rat de ville et le Rat des champs.

Tel de la mort rit et plaisante,
Qui tremble, qui frémit, dès qu'elle se présente.
PERRAULT, le Vieillard et la Mort.

Tout est mis au niveau par la Parque ennemie:
Elle frappe et ne choisit pas.
AUBERT, le Jeu d'Échecs.

La mort, on le sait bien, ne fait grace à personne;
Partout, hélas! jeunes ou vieux,
Sa redoutable faux à son gré nous moissonne.
STASSART, le Cheval belliqueux.

Tôt ou tard, à la mort chacun doit son tribut.
ARNAULT, les Barons, les Oiseaux et les Artistes.

On meurt comme l'on a vécu.
LEBRUN, le Loup à l'agonie.

Tel qui sort de chez soi, n'est pas sûr d'y rentrer.
LEBRUN, le Loup pris dans un piège.

La mort, quand il lui plaît, pour hâter le voyage,
Survient sans vous en avertir;
Vous expédie une dispense d'âge;
Et, sans délai, vous contraint de partir.
LEBRUN, la Mort et la jeune Fille.

Le mérite à la mort ne saurait nous soustraire.
LEBRUN, le Chien, le Valet et le Maître..

Hâtons-nous, demain nous mourrons.
LENOBLE, Minos et la Mort.

... Sous l'éclat dont il brille,
Tel homme paraît sans égal,
Jusqu'au moment triste et fatal
Qui pour jamais nous déshabille.
ARNAULT, les deux Dindons.

Les morts n'emportent rien au ténébreux séjour.
LEBRUN, le Prodigue et l'Avare.

Qui croit mourir demain se tient sur le qui-vive
LAMOTTE, Minos et la Mort.

La mort n'est point un mal ....
LAMOTTE, le Phénix et le Hibou.

MOT.

... Quand le mot est bien trouvé,
Le sexe à la chose pardonne.
LA FONTAINE, le Tableau.

Mots dorés font tout en amour.
LA FONTAINE, le Pâté d'anguille.


MOUVEMENT.

D'un premier mouvement craignons la violence.
STASSART, le Savant et le Singe.

D'un premier mouvement qui n'a point à rougir?
STASSART, le Chien de chasse.

Au coeur qui jamais ne repose,
Le mouvement est un point principal.
DU TREMBLAY, la jeune Fille et son Chat.

... Ne suivons jamais le premier mouvement,
Ni de l'amour, ni de la haine.
LEBRUN, la Désobéissance louable.

MOYEN.

... Un moyen, s'il est bon,
A plusieurs est bien préférable.
STASSART, la Mort-aux-Rats._

MULTITUDE.

La multitude est prompte à se venger.
NIVERNAIS, le Dindon.

MUSE.

... Toute muse est une belle
Qui n'aime que les jeunes gens.
F. DE NEUFCHATEAU, Epilogue.

MYSTERE.

Ceux qui travaillent sous terre
Se dérobent aux témoins;
Mais souvent leurs propres soins
Font découvrir le mystère.
NIVERNAIS, la Taupe._

--- N ---

NAISSANCE.

... Il est doux d'être né quelque chose.
DU TREMBLAY, l'Instituteur et son Elève.

... Chaque mortel
Au seul hasard doit sa naissance.
LE BAILLY, le Roi, son Fils et l'Esclave.

NATION.

... Sans haïr les autres nations,
On peut aimer et respecter la sienne.
FLORIAN, la Poule de Caux.

NATURE.

Nature est une bonne mère.
JAUFFRET, les Oiseaux et la Clochette.

Aux lois de la nature, amis, soumettons-nous;
Toujours sa volonté l'emporte sur la nôtre.
ARNAULT, le Fer et l'Aimant.

La nature, en ses dons sagement inégale,
N'en rend que mieux justice à ses nombreux enfans.
LE BAILLY, Jupiter, le Lynx, etc.

Tout dans la nature est parfait.
HAUMONT, l'Ecolier, et le Précepteur..

Parlez toujours ainsi que parle la nature,
O vous! chargés du soin de réformer nos moeurs:
Pour captiver l'oreille et subjuguer les coeurs,
Il n'est point de route plus sûre.
LE BAILLY, le Renard prédicateur.

En ornant trop la nature,
On en éteint les facultés.
NIVERNAIS, la Queue du Paon.

... De la sage nature
Gardez-vous bien de mépriser les lois.
Mme JOLIVEAU, l'Education hâtive.

La nature aime à voiler ses secrets,
A se jouer des indiscrets.
Mme JOLIVEAU, les deux Corbeaux et la Corneille.

La nature n'a point fait d'êtres superflus;
Car tout sort de sa main au coin de la sagesse,
Et le ciron, lui-même, a son utilité.
DU HOULLAY, le Platane et les deux Voyageurs.

Le plaisir et la peine, et les biens et les maux,
Se balancent dans la nature.
DU TREMBLAY, la Fièvre.

Tous les présens de la nature
S'offrent également pour toute créature
Qui sait en faire son profit.
HAUMONT, le Papillon et l'Abeille.

... Quoi que dans nos coeurs imprime la nature,
Son trait ne s'efface jamais.
LENOBLE, la Chatte-femme.

Il faut vouloir ce que veut la nature.
LAMOTTE, l'Orme et le Noyer.

Il faut à la nature être toujours fidèle.
LAMOTTE, le Renard et le Chat.

Les images de la nature
Sont les avis de la raison.
F. DE NEUFCHATEAU, l'Eau et la Barque.

A notre oisiveté la nature s'oppose:
Avec empressement il faut toujours remplir
La tâche qu'elle nous impose.
STASSART, l'Enfant, sa Mère et la Rose.

La nature, par qui l'homme est fait ce qu'il est,
Nous pétrit comme bon lui semble;
Dans les plus grands hasards si celui-ci se plaît,
Au moindre bruit celui-là tremble.
LENOBLE, le Lièvre et les Grenouilles.

La raison quelquefois gourmande la nature;
Mais la dernière a souvent le dessus.
LEBRUN, le Milan, le Singe et le Chat.

Au fond des antres et des bois,
La nature à nos coeurs fait entendre sa voix;
La nature jamais n'est tout-à-fait muette.
AUBERT, les deux Hiboux et le Pélican.

... O nature, nature!
A plaider contre toi, quand tu séduis nos sens,
L'éducation la plus pure
A bientôt perdu tout son temps.
AUBERT, la Poule et les petits Canards.

Contre dame nature on une saurait rien faire.
LENOBLE, le Baudet et le petit Chien.

... La nature ne fait rien
Qui ne soit bon à quelque chose.
NIVERNAIS, la jeune Linotte.

La nature est partout variée et féconde.
LAMOTTE, le Moqueur.

Fuyons, fuyons ces gens qui par caprice,
De la nature osent frauder les droits,
Se font un jeu d'en violer les lois,
Et portent enfin l'injustice
Jusqu'au point,d'étouffer sa voix.
LAMOTTE, le Moqueur.

On ne peut vaincre la nature.
LEBRUN;, le Valet devenu Maître.

On ne change point de nature.
STASSART, le Corbeau qui couve.

En vain de la nature on cherche à se défaire.
LENOBLE, la Chatte-femme.

On ne refait point la nature.
GINGUENE, le Cheval et l'Ane.

Ecartez-vous un peu de la nature,
Vous finirez par l'outrager.
NIVERNAIS, l'Origine des Pigeons ramiers.

NATUREL.

Il se moque de tout: certain âge accompli,
Le vase est imbibé, l'étoffe a pris son pli:
En vain de son train ordinaire
On le veut désaccoutumer;
Quelque chose qu'on puisse faire,
On ne saurait le réformer.
Coups de fourches ni d'étrivières,
Ne lui font changer de manières;
Et, fussiez-vous embâtonnés,
Jamais vous n'en serez les maîtres. Qu'on lui ferme la porte au nez,
Il reviendra par les fenêtres.
LA FONTAINE, la Chatte métamorphosée.

Le naturel ne saurait se changer.
FORMAGE, le Nègre.

... Le naturel ne peut se corriger.
JAUFFRET, Zéphir et Borée.

... Le naturel l'emporte sur la peur.
A. NAUDET, le Renard et le Loup.

Sur le retour, même au printemps de l'âge,
Méprisez l'affectation:
Le naturel est toujours de saison;
Dans tous les temps il fut le modèle du sage.
HAUMONT, la Minaudière surannée.

Il est des naturels que rien n'améliore.
F. DE NEUFCHATEAU, la Vulpéïde, chant II.

... Le cours naturel paraît toujours trop lent.
LENOBLE, l'Ane malade.

NECESSITE.

... La nécessité ne connaît pas de loi.
LEMONNIER, le Dervis.

S'assure-t-on sur l'alliance
Qu'a faite la nécessité?
LA FONTAINE, le Chat et le Rat.

Conserve donc ton ame pure,
Même dans la nécessité?
LENOBLE, le Bûcheron et Mercure.

Dans la nécessité tout doit être permis.
LEBRUN, le Brochet et la Perche.

NECESSAIRE.

Il en faut revenir toujours au nécessaire.
LA FONTAINE, la Fiancée du roi de Garbe.

NEGLIGE.

... Un homme d'importance
En négligé n'est jamais respecté.
LOMBARD DE LANGRES, Berthe.

NOBLESSE.

Il est des hommes sots et vains;
N'estimant que leurs parchemins,
Ils cherchent dans la nuit des âges,
Tout leur mérite. Il est sans doute heureux
D'avoir des ancêtres fameux;
Mais il faut au moins, ce me semble,
Pour s'en targuer, qu'on leur ressemble.
STASSART, l'Ane et l'Oie.

Noblesse est une affiche, or l'affiche n'est rien.
LEMONNIER, les Cruches.

Par les forfaits on voit la noblesse avilie.
LEMONNIER, les Cruches.

NOCHER.

C'est le nocher qui gouverne la barque,
Non le possesseur du vaisseau.
LAMOTTE, le Conquérant et la pauvre Femme.

NOM.

En vain l'on prend un nom qui plaît à tout le monde,
Si l'on ne se sent pas de quoi le soutenir;
Le faux nom qu'on a pris ne sert qu'à nous ternir.
LENOBLE, le Rossignol et le Coucou.

NOUVEAU, NOUVEAUTE.

C'est le nouveau seul qui peut plaire
Aux goûts blasés sur le vrai beau.
F. DE NEUFCHATEAU, le Livre et la Presse.

La nouveauté se peint toujours en beau.
HAUMONT, le Merle et la Pie.

La nouveauté parfois fait aimer la rudesse.
FLORIAN, le Renard qui prêche.

La nouveauté toujours
Doit séduire les bêtes.
GOSSE, les Canards et le Héron.

NUIRE.

De celui dont la pente est de nuire toujours,
On ne doit point espérer du secours.
PERRAULT, le Renard et la Ronce.

Nuire à son bienfaiteur, c'est se nuire à soi-même.
AGNIEL, le Hêtre et les Loirs.

Ce qui sert à 1'un nuit à l'autre.
F. DE NEUFCHATEAU, la Cire et la Brique.

Pour nuire, il n'est jamais de petits ennemis.
A. NAUDET, le Fermier et les Moineaux-francs.

Le dernier des hommes peut nuire
Fort souvent à plus grand que soi.
LENOBLE, le Rat et le Taureau.

NUIT.

La nuit tous chats sont gris ....
LEBRUN, le Chat et la Chatte vengée.

... Les nuits heureuses,
Vous le savez, passent comme un moment.
PARNY, Alcibiade converti.

 

 

 

 

Le citateur des fabulistes français : O - Y

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