BIBLIOBUS Littérature

Le cerf qui se voit en la fontaine

 

 

 

En la claire fontaine

Un cerf se regardait,

Et la grandeur hautaine

Des cornes étendait.

Ses cornes donc prisa

Pour leur force et hautesse,

Ses jambes déprisa

Pour leur sèche maigresse.

En ce fol jugement

Le veneur vient bien vite ;

Plus que vent véhément,

Le cerf se met en fuite.

Les chiens le vont suivant,

Mais, comme d'aventure

Le cerf se mit avant

En la forêt obscure,

Ses cornes se mêlèrent

Es branches de ce bois,

En ce lieu l'arrêtèrent

Suivi de tant d'abois.

Ses jambes loue alors,

Et ses cornes déprise,

Qui ont fait que son corps

Soit de ces chiens la prise.

Ainsi, où nous pensons

Avoir félicité,

Par contraires façons

Trouvons adversité.

 

 

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !