CABINET, VII, 428. «On peut trouver le reste assez bon pour être jeté dans un fond de cabinet.»—De bureau (Cf. Le Misanthrope, I, 1: Il est bon à mettre au cabinet).
CAMP DE MAINTENON, VIII, 466. «Il fait de votre maison un camp de Maintenon, dont l'air ne sera pas moins mortel.»—Allusion aux travaux énormes et aux épidémies meurtrières des ouvriers employés au château de Maintenon.
CANAILLES CHRÉTIENNES, IX, 221. «Je crois qu'il se contentera d'aller en Paradis et qu'il ne quittera pas ces canailles chrétiennes.» Ce terme désignait, avec un sens un peu moins méprisant que de nos jours, le bas peuple. Mot attribué à l'orgueilleux évêque de Noyon, Clermont-Tonnerre, dans un de ses sermons.
CARÊME PRENANT, VI, 307. «Je vous trouve heureuse d'être délivrée de Carême prenant.»—Carnaval, masque du mardi-gras. C'est à la fois le moment où le carême prend et l'homme déguisé, appelé, quelquefois aussi, carnaval. (Voir Molière: Le Bourgeois gentilhomme, III, 3.)
CASE, V, 186. «La case de Brancas.»—Maison, famille, petite habitation.
CHACUNIÈRE, III, 316. «Les filles s'en vont, chacune à sa chacunière.»—Demeure particulière, logis.
CHAIR (être à la), X, 118. «Quand vos petits garçons seront à la chair.»—Formés et en état d'agir, comme l'oiseau du fauconnier.
CHAMAILLIS, Lettres inédites, II, 258. «Vous devriez être en repos de ce premier chamaillis.»—Combat en champ clos, puis querelle où l'on se chamaille. (Cf. Saint-Simon, VIII, 233.) Bruit produit par des gens qui chamaillent, qui se battent. Ce mot n'était plus en usage déjà au temps de Furetière. Chamailler signifiait se battre contre un ennemi armé de toutes pièces, frapper réciproquement sur les armes les uns des autres. Selon Le Héricher (Les Etymologies difficiles) ce terme aurait pour origine cha, préfixe péjoratif, et mailler, battre à coup de maillet. Littré enseigne que l'expression vient de Camail, armure de tête. D'après Hatzfeld, l'étymologie serait un mot du latin populaire clamaculare, crier, clamare, en bonne latinité.
CHANDELLE DES ROIS, II, 268. «Bariolé comme la Chandelle des Rois.» Autrefois, selon Furetière, la veille de la fête des Rois, on brûlait une chandelle riolée 29 (rayée), et piolée (bigarrée), de diverses couleurs.
CHANTER DES OREILLES, IV, 296. «Je les entendais tous qui chantaient des oreilles, car je n'ai jamais entendu de sons comme ceux-là.»—Chantaient mal. (Rabelais, Pantagruel, V, 27): Les frères ne chantaient que des oreilles.—Ne rendaient aucun son, ne parlaient pas.
CHATTE, Lettres inédites, II, 309. «La duchesse faisait comme la femme qui ne pouvait oublier qu'elle avait été chatte.»—Traiter quelqu'un avec un abandon familier, comme avant les grandeurs qui ont pu changer l'état, mais non l'ancien naturel de la personne.
CHAUD (trop), IX, 545. «Il prend goût au métier (de la guerre) et ne trouve rien de trop chaud.»—Allusion à la chaleur de la bataille.
CHAUDE (à la), II, 532. «J'y fais une réponse à la chaude.»—Vivement, à l'instant. (Cf. Saint-Simon, V, 533.)
CHIEN DE VISAGE, III, 78. «Voir toujours votre chien de visage.» Plaisanterie fréquente chez Madame de Sévigné. Allusion au mot de Molière: chienne de face. (Dépit amoureux, IV, 47.)
CHIEN ET LOUP, IV, 231. «Je crains l'entre chien et loup.»—Début de la soirée, 30 l'heure à laquelle on ne distinguerait plus un chien d'un loup.
CHIEN DE JARDINIER, V, 316. «Un chien de jardinier comme lui.» Un envieux jaloux; il ne mange pas d'une chose et il ne veut pas que les autres y touchent, comme le chien du jardinier qui ne mange pas les choux et en interdit cependant l'approche.
CHRÊME ET BAPTÊME (renier), VIII, 374. «Un homme qui renie chrême et baptême.»—Chrême, huile d'olive employée dans certaines cérémonies religieuses.—Ici le sens est: homme qui jure par les choses les plus sacrées.
CLAIRET, Lettres inédites, I, 301. «L'autre avait beaucoup de blanc et de clairet sur le visage.»—De rouge pâle, qui n'est point naturel.
COCU, V, 483. «Il a permission de prouver qu'il est cocu.»
Appellation injurieuse et basse donnée au mari d'une femme infidèle. Ménage soutient que ce nom vient de Cucullus, parce que le coucou va pondre dans le nid des autres oiseaux.
CŒUR DE ROI, Lettres inédites, I, 277. «Avec un cœur de roi, il décide tout, en prenant sur lui ce qui est en contestation.»—Vigueur et élévation de l'âme.
CŒUR (emporter le), III, 155. «Un homme 31 qui emporte le cœur.»—Qui entraîne la sympathie et la conviction.
COFFRE (sur le), IV, 5. «Je ne mourrai pas sur le coffre.»—Au service du maître, dans les antichambres où les coffres servaient de sièges aux nombreux courtisans de Louis XIV, qui attendaient son lever à la porte de sa chambre.
COFFRES (pesant sur les), VIII, 246. «Il va être un peu pesant sur vos coffres et inutile.»—Se dit d'un homme qui est à charge aux autres.
COIN (avoir un), IV, 44. «Il a un coin d'Arnauld dans sa tête.»—Une partie des opinions et des sentiments gravés dans la tête. On dit d'un homme qui a plusieurs qualités, qu'il est marqué au bon coin.
COMMERCE, Lettres inédites, II, 201. «S'il a du commerce en Flandre.»—Des connaissances et des rapports.
COMPASSÉ, IX, 357. «Les arrangements ont été si bien compassés.»—Mesurés comme avec un compas.
COMPLAISANCE, IX, 501. «Elle demanda pardon au Roi de son peu de complaisance.»—Déférence à ses volontés.
COQUELUCHONNÉ, VIII, 464. «Des jupes noires si plaisamment coqueluchonnées.» Ce mot vient de coqueluchon, capuchon de moine, en grosse bure.
COQUESIGRUES ou COQUECIGRUES, VI, 453. «Je trouve mille coquesigrues.»—Animal fantastique, d'invention burlesque. Ce serait un poisson (l'anguille de mer), suivant les uns, suivant d'autres, un oiseau fantastique. Au figuré: être chimérique. On dit proverbialement: Cela arrivera quand viendront les coquecigrues. Picrochole (Rabelais, livre I, chap. 99), espérait, d'après une prophétie, que son royaume lui serait rendu à la venue des coquecigrues. Madame de Sévigné donne à ce mot coquecigrue le sens de niaiserie. Dans l'Intermédiaire des curieux et des chercheurs, une discussion savante a été publiée en 1907 sur ce mot bizarre. On verra dans les Mémoires de Madame de Boigne (III, 170), que Charles X s'étant laissé aller, au jeu, à traiter son partenaire inhabile de coquecigrue, celui-ci s'irrita, et que le souverain, pour le calmer, avoua en riant, qu'il ne savait pas bien lui-même le sens du mot qu'il venait d'employer. L'étymologie de coquecigrue est inconnue. On a essayé, en vain, de l'attribuer à la réunion des trois mots: coq, cygne et grue.
CORBILLARD, VIII, 280. «Cet aimable corbillard qui s'en allait tous les jours faire si bonne chère.»
Grand bateau allant de Corbeil à Paris, 33 puis grand carrosse pour huit personnes de la suite des Princes.
COTHURNE, Lettres inédites, II, 409. «Votre rôle est héroïque et d'un cothurne qui passe toutes mes forces.»—Eclatant, comme une scène de tragédie.
COTE ROMPUE, VI, 60. «Cette affaire a une côte rompue.»—Allusion, dans un cas de rupture de mariage, à la naissance de la première femme tirée de la côte d'Adam qui lui donna ainsi la vie.
COU (rompre le), IX, 566. «On ne peut pas rompre le cou à un homme plus agréablement.»—Faire perdre son rang ou sa cause.
COULPE, IX, 557. «Je m'abandonne à Jésus-Christ pour la coulpe et les peines.»—Latin: Culpa, faute.
COURIR, Lettres inédites, I, 300. «Toute la ville me court, mais je ne veux pas rendre de visites.»—Courir a ici le sens de poursuivre.
COUSSINET (jeter son), VIII, 405. «La duchesse a toujours voulu M. de Mirepoix; elle y a jeté son coussinet.»—S'emparer de quelqu'un, comme on retient sa place dans un lieu public, en mettant un coussin. (Cf. Saint-Simon, X, 211)
COUSU (avec quelqu'un), VI, 350. «Elle n'est point condamnée à être cousue avec la Reine.»
COUSUES (bouches), IX, 162. «Voilà donc nos bouches cousues.»
COUSU, Lettres inédites, II, 16. «Etre moins cousue et moins près de moi.»—Moins attachées à l'excès l'une à l'autre.
CRAPAUDS (nourrir des), I, 524. «Les crapauds et les couleuvres que vous nourrissez contre moi.»—Au figuré: chose pénible. On dit encore, dans un sens analogue, avaler des crapauds et des couleuvres.
CREVER, VI, 310. «Ce fils ressortit pour crever.»—Exhaler la douleur qui l'oppressait.
CRISTAL (de l'automne), V, 99. «Ces beaux jours de cristal de l'automne.» Allusion à la transparence et à la limpidité de la lumière et de l'air.
CROIX DE L'ÉPÉE (mariage sur la), VIII, 522. «Fait un mariage sur la croix de l'épée.» Croix de la poignée de l'épée; promesse militaire de mariage prononcée en touchant cette arme.
CROUSTILLES, VII, 2. «Les mets de vos croustilles.»
Petits repas où l'on casse une croûte, collation légère.