BAC (dont la corde est rompue), IX, 81. «Vous me paraissez dans un grand bac dont la corde est rompue.»—Situation très périlleuse.
BAGUE (courir la), V, 340. «Nous étions accoutumés à courir la bague.»—Aller très vite. Furetière décrit la bague: «Un exercice de manège que font les gentilshommes pour montrer leur adresse, lorsque, avec une lance et en courant à toute bride, ils emportent une bague suspendue au milieu de la carrière, à une potence.»
BAIN (à la Sénèque), V, 326. «Je me suis baignée à la Sénèque.» Bain extrêmement chaud dont parle Sénèque (Epit. 86), ou allusion à la mort de Sénèque, dans une étuve brûlante.
BAISE-MAINS, VIII, 3. «Elle vous fait mille baise-mains.»
Recommandations et civilités offertes à quelqu'un. Ce mot était employé même par les femmes. Madame de Maintenon (Lettres de Boileau), chargeait l'auteur des Satires de faire ses baise-mains à Racine. «On écrivait autrefois aux dames, dit Ménage: je vous baise les mains et suis, etc. On ne souffrirait pas cela maintenant. 22 Malherbe écrivait à une femme qu'il aimait: Je vous baise les pieds.»
BALLOTTER, VIII, 454. «Je ballotte.»—Je pelote en attendant partie. Ménage dit que c'est une métaphore prise du jeu de la paume, où l'on renvoie, à coups de raquette, la balle de tous les côtés. Ballotter, selon Furetière, se dit quand des joueurs de paume ne font que renvoyer la balle l'un à l'autre et ne jouent point partie.
BAPTISER (difficile à), IX, 592. «Je n'ai jamais vu un enfant si difficile à baptiser.»—Madame de Sévigné parle ici des nouvelles bulles annoncées et retardées.
BAPTISTAIRE, X, 266. «Vous allez en avant pour la gaieté, en reculant contre le baptistaire.»—L'extrait de l'acte de baptême; au figuré: l'âge.
BARAGOUINER, VI, 442. «Je n'aime pas les baragouinés d'Aix.» Baragouiner, parler d'une façon inintelligible, à la façon des bas-bretons d'autrefois, chez lesquels les mots bara, pain, et guin ou gwin, vin, revenaient sans cesse. Les Français, par dérision, qualifiaient de baragouin leur manière de parler.
BARRE (au-dessous de la), IX, 271. «Un esprit n'est-il pas au-dessous de la barre à cet âge?» Au propre, la barre est la pièce d'un 23 tonneau qui traverse le fond par le milieu. Au figuré: être au-dessous du niveau, comme le vin, qui est au-dessous de la barre du fond du tonneau et qui est de moins bonne qualité.
BIGARRÉS (yeux), I, 509. «Je vis moi-même, de mes propres yeux bigarrés.»—De diverses couleurs.
BILLEBAUDE, IV, 454. «C'est une billebaude, qui m'est agréable.»—Vie décousue, irrégulière, comme une bille lancée d'une manière hardie.
BLANC-SIGNÉ, Lettres inédites, II, 102. «Envoyez votre blanc-signé.»—Actuellement: blanc-seing.
BOISSEAU (lumière sous le), VIII, 140. «Voilà de plaisantes lumières à mettre sur le boisseau, il faudrait les mettre dessous.» Cf. Ev. Saint-Mathieu, VI, 1.—Gens peu éclairés et peu recommandables.
BONHOMME, V, 1. «J'ai vu le bonhomme de l'Orme.»—Personne âgée; terme employé souvent autrefois sans manque de respect. (V. Saint-Simon, I, 146).
BOTTÉ A CRU, IX, 41. «N'avoir de la dévotion que ce retranchement (des pièces de comédie) me paraît être botté à cru.»—Etre mal équipé, représenter mal.
BOUCHON, IX, 312. «C'est un joli petit bouchon qui me réjouit fort.» Terme de cajolerie, dit Furetière, qu'on donne aux petits enfants et aux jeunes filles de basse condition. Molière l'a employé. (Ecole des Femmes, II, 9, Médecin malgré lui, I, 59). Dans la Coquette, Regnard fait plaisamment dériver bouchon de bouche. On doit rattacher ce mot, dans ses sens divers, d'après Hatzfeld, à l'ancien français bousche, faisceau de branchages et de javelles.
BOUFFE (la), IX, 178. «Il n'a point, avec nous, la bouffe de gouverneur.»—Le visage gonflé, l'allure importante.
Ménage définit bouffer: Souffler à puissance d'haleine et les joues enflées. Les médecins, écrit Furetière, appellent bouffe la partie inférieure de la joue, qu'on enfle de vent quand on veut.
BOUFFÉE, VII, 73. «Nous avons une petite bouffée d'hombres et de reversis.» Bouffée: Mouvement à intervalles, flot. Hombres et reversis: jeux de cartes en usage au XVIIe siècle.
BOURRÉ, III, 514. «Si nous les attrapons, ils seront bien bourrés.»—Bourrer, faire comme le chien qui poursuit un lièvre, lui donne un coup de dent, lui arrache le poil.
Etymologie: latin populaire burra, amas de poils détachés de la peau.
BOUTON (haut), V, 538. «C'est vous qui nous avez mis le bouton si haut.» Mettre le bouton haut à quelqu'un, c'est lui rendre une chose difficile. Cette métaphore paraît tirée de l'escrime, où l'extrémité arrondie du fleuret est appelée bouton ou mouche.
BRAVE, VII, 416. «Vous me faites plus brave que je voulais.»—Plus élégante. Ce mot a deux significations: vaillant et superbement vêtu. L'Académie, au temps de Ménage, le trouvait un peu bas, dans ce dernier sens.
BRÉSILLÉ, IV, 234. «Mandez-moi si vous n'êtes pas brésillée.»—Devenue rouge, teinte avec le bois rouge appelé brésil. Autre sens: brésiller, rompre par petits morceaux, réduire en poudre à force de sécheresse.
BRÉTAUDER, II, 117. «Madame de Nevers y vint, coiffée à faire rire. Le Martin l'avait brétaudée par plaisir, comme un patron de mode excessive.»—Rogner, couper, tondre irrégulièrement. On disait de même: une pistole brétaudée.
Ménage donne à ce mot, comme origine, les mots latins: varie tondere. Plus exactement, Hatzfeld voit son étymologie dans bertondre, composé de bre ou ber, expression péjorative, et de tondre.
BRIDE (lâcher la), IX, 307. «Je ne veux pas me lâcher la bride à vous parler.» D'un terme de manège, le mot bride est 26 devenu, au figuré, l'obstacle à la volonté ou à la puissance d'une personne.
BRI (de la potence), IX, 295. «Avoir fourni bri de la potence.»—Avoir donné contre la potence, dans le carrousel, au lieu d'avoir emporté la bague; avoir manqué son coup.
Madame de Sévigné dit ailleurs: brider la potence. (Lettres inédites, I, 47.)
BRIDER SA COIFFE, V. 101. «Si Quanto avait bridé sa coiffe.»—Se cacher sous ses coiffes, ne pas se montrer.
Brider, dit Furetière, signifie quelquefois éteindre, serrer, cacher. Exemple: Ce justaucorps est mal taillé, il vous bride trop sur les épaules.
BRILLOTTER, VI, 7. «Il brillotte fort à nos Etats.»—Mot propre à Madame de Sévigné; briller en frétillant.
BUISSONS (battre les), VI, 136. «On bat les buissons et un autre prend les oiseaux.» Le mot buisson a pour origine, d'après Ménage, la clôture des jardins, autrefois en buis.