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BIBLIOBUS Littérature française

VOIX

VOIX, s. f. (Gram.) c’est un terme propre au langage de quelques grammaires particulieres, par exemple, de la grammaire grecque & de la grammaire latine. On y distingue la voix active & la voix passive.

La voix active est la suite des inflexions & terminaisons entées sur une certaine racine, pour en former un verbe qui a la signification active.

La voix passive est une autre suite d’inflexions & de terminaisons entées sur la même racine, pour en former un autre verbe qui a la signification passive.

Par exemple, en latin, amo, amas, amat, &c. sont de la voix active ; amor, amaris, amatur, &c. sont de la voix passive : les unes & les autres de ces inflexions sont entées sur le même radical am, qui est le signe de ce sentiment de l’ame qui lie les hommes par la bienveillance : mais à la voix active, il est présenté comme un sentiment dont le sujet est le principe ; & à la voix passive, il est simplement montré comme un sentiment dont le sujet en est l’objet plutôt que le principe.

La génération de la voix active & de la voix passive en général, si on la rapporte au radical commun, appartient donc à la dérivation philosophique ; mais quand on tient une fois le premier radical actif ou passif, la génération des autres formes de la même voix est du ressort de la dérivation grammaticale. Voyez Formation.

J’ai déja remarqué ailleurs que ce qu’on a coutume de regarder en hébreu comme différentes conjugaisons d’un même verbe, est plutôt une suite de différentes voix. La raison en est que ce sont autant de suites différentes des inflexions & terminaisons verbales entées sur un même radical, & différenciées entre elles par la diversité des sens accessoires ajoutées à celui de l’idée radicale commune.

Par exemple, ממז (mésar, en lisant selon Masclef,) tradidit ; כסמז (noumesar) traditus est ; הסמיו (hémésir) tradere fecit ; הסמז (hémesai) tradere factus est, selon l’interprétation de Masclef, laquelle veut dire effectum est ut traderetur ; התמסז (héthamésar, ou hethmésar) se ipsum tradidit.

« On voit, dit M. l’Abbé Ladvocat (Gramm. hebr. pag. 74.) que les conjugaisons en hébreu ne sont pas différentes, selon les différens verbes, comme en grec, en latin ou en françois ; mais qu’elles ne sont que le même verbe conjugué différemment, pour exprimer ses différentes significations, & qu’il n’y a en hébreu, à proprement parler, qu’une seule conjugaison sous sept formes ou manieres différentes d’exprimer la signification d’un même verbe ».

Il est donc évident que ces différentes formes différent entre elles, comme la forme active & la forme passive dans les verbes grecs ou latins ; & qu’on auroit pû, peut-être même qu’on auroit dû, donner également aux unes & aux autres le nom de voix. Si l’on avoit en outre caractérisé les voix hébraïques par des épithetes propres à désigner les idées accessoires qui les différencient ; on auroit eu une nomenclature plus utile & plus lumineuse que celle qui est usitée. (B. E. R. M.)