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BIBLIOBUS Littérature française

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NAVIRE. s. m. Terme de Marine, Vaisseau de haut bord pour aller sur la Mer avec des voiles; on le dit en général de toutes sortes de grands Vaisseaux, à la réserve des Galéres, on l'appelle aussi simplement Bord, ou Vaisseau, & ce mot est le plus en usage. Ce Port est capable de tant de Navires. Les Navires sont à l'ancre en une telle Rade. Navire de guerre, Navire marchand. On dit armer, équipper, fretter un Navire. La grandeur d'un Navire s'estime par son port, qui est de tant de tonneaux, dont chacun pese deux milliers. On distingue aussi les 186 Navires du premier, du second, du troisiéme, du quatriéme & du cinquiéme rang selon la grandeur de leur quille, leur port ou capacité, le nombre de leurs ponts, ou des canons dont ils sont montez. Les Navires sont réputez meubles par le titre dix du Livre second de l'Ordonnance de la Marine; ils peuvent être néanmoins vendus par decret, si leur port est au dessus de dix tonneaux, suivant les formalitez du tître quatorziéme du même Livre; ils ne laissent pas d'être réputez immeubles à l'égard des hypotecques seulement; mais ils ne doivent point de lods & ventes, & ils ne sont point sujets au retrait lignager, ni à la licitation à l'égard des combourgeois. Les affiches des criées s'appliquent au grand mast du Vaisseau, & au parquet de l'Admirauté. Tout Navire allant en guerre ou en long cours doit être consideré en ces trois parties, la Bourgeoisie à qui appartient le Vaisseau, qu'elle doit fournir avec bons apparaux, armes & artillerie; l'Equipage qui consiste aux gens de guerre & Mariniers, pages, garçons & gourmettes; le Victuailleur qui fournit les victuailles, les poudres, boulets, cloüages, chaînes, carreaux, grenades, & tout ce qu'on nomme armement, & chez les Levantins sartie. Le Navire est composé de plusieurs parties qui seront expliquées à leur ordre; ce mot vient du Latin Navis. Plusieurs croient que Janus a été l'inventeur des Navires, à cause qu'il y en avoit de marquées sur le revers des plus anciennes monnoyes de Gréce, de Sicile & d'Italie, suivant le témoignage d'Athenée.

On dit au feminin la Navire d'Argo, en parlant de ce fameux Vaisseau qui le premier traversa la mer de la Gréce pour aller à la conquête de la Toison d'or sous la conduite de Jason, & de cinquante-quatre Argonautes.

Le plus fameux Navire de l'Antiquité est celui de Ptolomée Philopator, qui étoit long de 280. coudées, large de 38. haut de 48. & qui du haut de la pouppe jusqu'à la mer en avoit 54. Il portoit 400. rameurs, 400. matelots, & 3000. soldats; celui qu'il fit pour naviger sur le Nil étoit long d'une demi stade, & large de 30. coudées, mais ce n'est rien en comparaison du Navire d'Hieron construit sous la conduite d'Archimede, de la fabrique duquel Moschion, au rapport de Snellius, a écrit un Livre entier; on y employa le bois destiné à faire 60. Galéres, & 300. Ouvriers sans les manœuvres; le dedans étoit si bien distribué, qu'il y avoit une loge particuliére pour chacun des rameurs, des matelots, des soldats & passagers: il y avoit aussi plusieurs salles à manger, chambres, promenoirs, galeries, jardins, viviers, fours, écuries, moulins, un Temple de Venus, des bains, des salles de conference, &c. Outre cela il y avoit un rempart de fer, huit tours, deux en prouë, deux en pouppe, les autres sur les côtez, avec des murs & bastions, sur lesquels il y avoit plusieurs machines de guerre, dont une entr'autres jettoit une pierre du poids de trois cens livres, ou une fléche de douze coudées, à la portée de six cens pas, avec plusieurs autres merveilles admirables dont Athenée fait mention.

En termes de blason on appelle un Navire équippé, & habillé d'argent ou de gueules, & de sable, quand les agreils sont de ces émaux.

NAZAL. s. m. Terme de Blason, qui s'est dit de la partie supérieure de l'ouverture d'un casque ou heaume qui tomboit sur le nez du Chevalier quand il l'abaissoit; il est opposé à ventaille, qui est la partie inferieure.

Nazard. s. m. C'est un des jeux de l'orgue dont les tuyaux sont de plomb, & d'environ cinq ou six pieds; ce jeu est bouché, & ses tuyaux sont à cheminée accordez à la douziéme de la montre. Il y a aussi un second nazard qui est à l'octave du précédent, & une quarte du nazard.

Nazard, ou nazillard, se dit d'une personne qui parle du nez, & sur le ton du jeu d'orgue qu'on appelle nazard.

Nazarde. s. f. Chiquenaude que l'on donne sur le bout du nez. On dit d'un homme ridicule & timide, qu'il a un nez à camouflets & à nazardes.

Nazarder. v. act. donner des nazardes. Les pages, les écoliers se nazardent les uns les autres.

Nazeaux. s. m. Ouvertures du nez des animaux, particuliérement des chevaux, qui leur servent à la respiration. On ouvre les nazeaux aux chevaux qui ont de la peine à respirer. Ovide dit, que les chevaux du Soleil soufloient le feu par les nazeaux. On appelle proverbialement un fanfaron, un fendeur de nazeaux.

Naziller. v. n. parler du nez, d'où vient le mot de nazillard, qui ne parle pas distinctement. Il y a des Ordres de Religieux qui affectent de naziller en chantant, qui croyent que cela est plus devot.

On dit en termes de chasse, que le sanglier se foüille, ventroüille & nazille dans la bouë.

NEPHRETIQUE. adj. & subst. Maladie causée ordinairement par quelque pierre ou gravier qui se forme dans les reins. La colique nephretique est une douleur qui provient de cette cause; on la sent dans les reins & sur les boyaux; & elle est plus cruelle que toutes les autres coliques: ce mot est dérivé du Grec nephros, qui signifie le Rein.

Nephretique, est aussi une pierre précieuse, ou espéce de jaspe, qui ordinairement est mêlée de blanc, de jaune, de bleu, & de noir, & en cela elle differe de l'heliotrope, parce qu'on y découvre ces couleurs quand on la veut polir; ce qui n'arrive pas à l'heliotrope.

Il y a aussi un bois qu'on appelle nephretique, qui vient des Indes, qui étant rappé ou fendu en petits morceaux, & infusé dans l'eau, la teint en sorte qu'elle paroît d'or à travers le jour, & d'un bleu foncé à contre jour. La pierre girasole fait le même effet.

NICOTIANE. s. f. Tabac, Petun, herbe à la Reine. Ce sont les noms qu'on donne à une herbe qui vient de l'Amerique, qui desseiche le cerveau, & fait éternuer, à qui on donne diverses préparations pour la prendre en poudre par le nez, ou en machicatoire par la bouche, ou en fumée avec une pipe. Nicod l'envoya en France pendant qu'il étoit Ambassadeur en Portugal en 1560. & il lui a donné son nom, comme il témoigne lui-même dans son Dictionaire. Il dit qu'elle a une merveilleuse vertu contre toutes les playes, dartres, ulceres, & Noli me tangere. Catherine de Medicis la voulut faire appeller Medicée, de son nom; de là vient qu'on l'appelle encore en plusieurs lieux herbe à la Reine. Elle étoit venuë originairement de la Floride, où quelques-uns disent qu'on l'appelloit Petun.

NIL. s. m. Fleuve qui traverse une grande partie de l'Afrique, il s'employe dans la langue en cette phrase proverbiale; c'est un homme obscur qui cache son logis, il est aussi inconnu que la source du Nil, parce que cette source a été inconnuë jusqu'à ce dernier siécle; elle est dans un territoire que les Habitans appellent abavi, ou sacahala, c'est à dire, le pere des eaux; ce Fleuve sort de deux fontaines éloignées de trente pas, chacune de la grandeur d'un de nos puits. Les Habitans qui sont Payens adorent la plus grande, & lui offrent plusieurs sacrifices de vaches, dont ils mangent la chair comme sainte, & ils laissent les os dans un endroit destiné pour cela, qui font maintenant une montagne assez considerable; ces Habitans s'appellent Agaus dans le Royaume de Goyam à douze degrez de latitude Septentrionale, & 55. de longitude; c'est dans une plaine d'environ trois quarts de lieuë, enfermée de montagnes; au sortir de là il entre en un petit lac, puis il se perd sous terre par l'espace d'une portée de mousquet, & à trois journées de sa source: il est assez large & profond pour porter des Vaisseaux, mais à cent pas plus loin il passe à travers des rochers, en sorte qu'on le passe aisément sans se moüiller le pied; on y navige avec des bateaux de natte bien serrées: il reçoit trois riviéres assez grandes nommées Gema, Linquetil & Brantil; & quand il est sorti du lac de Dambea, qui a cinquante lieuës de large, il reçoit de trés-grands fleuves, comme le Gamara, Abea, Baixo & Aquers; & enfin prés de l'Egypte le Tacase. Il y a deux principales cataractes ou saults; à la deuxième il tombe dans un profond abîme, le bruit s'en entend à trois lieuës de là. L'eau est poussée avec tant de violence qu'elle fait une arcade, sous laquelle elle laisse un grand chemin; où on peut passer sans être moüillé, & où il y a des siéges taillez dans le roc pour reposer les voyageurs. La premiére catadoupe ou cataracte du Nil est d'environ cinquante pieds; la seconde est trois fois plus haute. On dit qu'Albuquerque eut dessein de faire un traité avec les Abissins pour détourner le Nil, & le faire jetter dans la mer Rouge, afin de rendre les campagnes d'Egypte stériles, & que pour empêcher cela le Turc paye tribut au grand Negus; mais c'est une fable, & la chose est entiérement impossible. Alexandre consulta l'Oracle de Jupiter Ammon pour apprendre où étoit cette source, Sesostris, Ptolemée, la firent chercher inutilement. Cambises, à ce que dit Strabon, employa une armée pour la chercher. Lucain témoigne que Cesar disoit qu'il eût quitté la guerre Civile s'il eût été assuré de la trouver. Saint Augustin & Théodoret ont cru que c'étoit le Fleuve appellé Geon, qui arrousoit le Paradis terrestre, & qui alloit par dessous la mer Rouge renaître en Afrique. Ce que dessus est extrait de l'histoire écrite en Portugais par le Reverend Pere Balthasar Tellés Jesuïte. Isaac Vossius a écrit de l'Origine du Nil, & des autres Fleuves, & en attribuë la source & le débordement aux pluyes abondantes en ce païs là en Eté. Monsieur de la Chambre attribuë la cause de sa cruë au nitre dont le lit de ce Fleuve est plein, qu'il dit être cause d'une vehemente fermentation, mais il se trompe.

Nille, ou Nigle, ou Nelle, terme de blason, qui se dit d'une espéce de croix ancrée, beaucoup plus étroite & plus menuë qu'à l'ordinaire. Il y en a qui confondent Nille & Anille. Voyez croix Nillée.

NOLI me tangere, terme Latin. C'est un nom que donnent les Médecins à un ulcére malin qui vient au visage.

Nolis & Nolissement. s. m. Termes de Marine, ils signifient sur la Méditerranée la même chose que fret & affrettement sur l'Ocean. On dit aussi sur l'Ocean naulage, pour dire le fret des Navires qu'on louë pour aller en guerre, ou pour courir le bon bord; & on dit noliger & nauliser, pour dire loüer & fretter. Tout ces mots viennent du Latin naulum.

NOMBRE. s. m. quantité discrete, assemblage de plusieurs corps separez, considerez comme s'ils 192 occupoient une certaine étenduë. Euclide le définit une multitude composée de plusieurs unitez. La quantité continuë est l'objet de la géometrie, la quantité discrette, celui de l'Arithmetique, ou de la science des nombres: ce mot vient du Latin numerus.

Dieu a tout fait en nombre, poids & mesure. 2. Diophante a bien écrit des nombres. Il a été commenté par Gaspard Bachet de Meziriac, qui a fait aussi des problêmes pour deviner les nombres qu'un autre a pensé. Les mystéres des nombres de Pithagore avoient plus de vanité que de solidité, aussi bien que toutes les allégories que plusieurs Docteurs en ont voulu tirer. Voyez le traité des nombres du Sieur Freniel inseré dans les mémoires de l'Academie des sciences, où il en fait voir plusieurs belles propriétez.

Nombre, signifie particuliérement le premier caractére d'une suite de chifres, qui ne contient que des unitez; c'est un nombre simple. On commence à compter par nombre, dixaine, centaine, mille, &c. Le nombre binaire, ternaire, centenaire, se dit des caractéres qui marquent ces quantitez.

Nombre pair est celui qui se peut diviser en deux parties égales. Tout nombre pair multiplié par un nombre pair fait un nombre pair.

Nombre impair qui ne se peut diviser également sans fraction, qui est plus grand d'une unité que le pair. La somme de deux nombres impairs fait un nombre pair.

Nombre Pairement pair, est celui qu'un nombre pair mesure par un nombre pair, comme deux fois quatre c'est huit, ce huit est un nombre pairement pair.

7. Nombre pairement impair, celui qu'un nombre pair mesure par un nombre impair; quatre multiplié par cinq fait vingt, nombre pairement impair.

Nombre premier, ou primitif, est celui qui ne peut être mesuré que par la seule unité: comme 19. 29. dans la division desquels en quelque partie qu'on les divise, il reste toûjours une unité.

Nombre composé, est celui qui se peut diviser en plusieurs parties égales, qui peut être mesuré par d'autres nombres.

Nombre parfait, est celui qui est égal aux parties qui le composent, si on les ajoûte ensemble, comme 6. est parfait, parce qu'il égale la somme de 1. 2. 3. qui sont ses parties.

Nombre sourd, ou irrationnel, est un nombre qui n'a pas de proportion avec un autre.

Nombres cosiques. Terme d'Algebre: ce sont les diverses puissances d'un nombre multiplié plusieurs fois par lui-même. Racine, quarré, cubique quarré de quarré, cubo cubique, &c. sont des nombres cosiques.

Nombre entier, est celui qui n'est point divisé, qui est sans fraction.

Nombre rompu, c'est un nombre divisé en plusieurs parties, ou fractions, qu'on écrit avec deux rangs de chifres, divisez par une barre, dont celui de dessus est le numerateur, celui de dessous le dénominateur.

Nombre poligone, en termes d'algebre signifie un nombre à plusieurs angles qui se forme par des nombres en progression Arithmetique ou égale; en telle sorte que s'ils étoient arrangez & marquez en points, ils feroient une figure à plusieurs angles. Par exemple, si on marque un point en haut, & deux en bas, cela fera un triangle, & le nombre de trois fera un trigone: Si on marque deux en haut & deux en bas, cela fera un quadrangle, ou nombre quarré, qui fera quatre. Ce qui arrive quand la progression va seulement par un ou deux: mais si la difference des nombres est de trois, elle fera un pentagone, si elle est de quatre un exagone; si elle est de cinq un eptagone, & ainsi du reste. Voyez l'Algebre du P. Malebranche, où les propriétez de ces nombres sont bien expliquées.

Nombre, en termes de Palais, & en plusieurs Arts, se dit aussi d'une quantité incertaine, indéterminée. Quand on dit j'ai été mille fois chez lui, on prend un nombre certain pour un incertain; un nombre rond c'est cent ou mille, &c. Nous n'étions pas nombre, c'est à dire, nous n'étions pas assez pour juger, pour tenir Chapitre, & déliberer: il faut ceder au nombre, à la force, à la pluralité. Dans les grands Corps, la plûpart ne servent que de nombre. Il a nombre d'envieux: il a un nombre innombrable d'écus. On dit mettre au nombre, ou du nombre, pour dire dans le rang, dans la liste, dans le Catalogue; on l'a mis au nombre des Saints. Il est du nombre des exilez. Il s'est mis du nombre, pour dire il s'est mis dans la troupe. On dit aussi dans le blazon, des étoilles, des fleurs de lys sans nombre, quand l'écu en est chargé sans qu'il y ait de nombre prescrit.

Nombre en Musique, en Poësie, en Rhetorique, se dit de certaines mesures, proportions, ou cadences qui rendent agréable à l'oreille un air, un vers, une période. Il y a un certain nombre qui rend les périodes harmonieuses: les vers sont composez d'un certain nombre de pieds ou de syllabes. Toute musique a un certain nombre de notes.

Nombre en termes de Grammaire, se dit du singulier & du plurier, & du duel chez les Grecs & les Hebreux. Il faut que le substantif & l'adjectif s'accordent en genre, en cas, & en nombre.

Nombre d'or, est un terme du comput Ecclésiastique, qui est une période de dix-neuf ans, inventée par Methon Athenien, au bout de laquelle on void arriver les mêmes lunations, & la même Epacte, quoi que cette période ne soit pas tout à fait juste. Et on dit figurément en ce sens, qu'un homme entend le nombre d'or, quand il a trouvé l'art d'amasser beaucoup de bien.

En Théologie on appelle le Livre des Nombres un des Livres du Pentateuque, qui contient les cérémonies de la Loi de Moïse.

En agriculture on appelle un nombre de gerbes, douze gerbes: Il faut trois nombres de bled pour faire un septier de grain. On a fourni trente nombres de gluis pour recouvrir cette bergerie.

Nombrer. v. act. Compter sçavoir le nombre. Il y avoit une quantité de peuple si prodigieuse qu'on ne la pouvoit nombrer. On met dans tous les Contracts, cette somme a été comptée & nombrée en presence des Notaires.

Nombreux. euse. adj. en grand nombre. La France est habitée par un peuple fort nombreux; l'assemblée étoit fort nombreuse.

Nombreux, signifie aussi agréable à l'oreille, harmonieux. Cette période est fort nombreuse, ces vers sont fort nombreux.

Nombreusement. adv. en grand nombre. Le peuple vint nombreusement & en foule faire ses plaintes au Roi, &c.

Nombril s. m. C'est une partie du corps de l'animal composée de quatre vaisseaux umbilicaux, sçavoir une veine, deux artéres, & l'ouraque qui s'unissent ensemble, & sont renfermez comme dans un canal long, nerveux, tortillé; qu'on appelle cordon, lacet, ou petit intestin; c'est par où le fœtus prend sa nourriture dans le ventre de la mere, & quand l'enfant est né, ces quatre vaisseaux ayant fait leur fonction, dégénérent en 196 un ligament qui fait comme un nœud au milieu du ventre, qu'on appelle le nombril. La veine du nombril est le lien du foye, quand elle est coupée il tombe & tire quand & soi le diaphragme. Ce mot vient de umbilicus Latin, & celui-ci de umbo, qui signifie bouton, ou bosse qui est au milieu d'un bouclier.

Nombril de Venus, est une plante que les Grecs appellent cotyledon, les Latins umbilicus Veneris, myrepsus, cymbalium; d'autres cymbalaria, & d'autres scatuucellus.

En Botanique on appelle le nombril, ou l'œil, dans les poires, les pommes, & autres fruits semblables l'endroit où sont enfermez les pepins.

En termes de Blason, on appelle le nombril de l'écu un point qui est au milieu du dessous de la fasce, & qui la separe de la pointe. Il portoit d'or à un écusson de gueules mis au nombril.

NORD. s. m. Terme de Marine dont on se sert sur la mer Oceane pour signifier le pole arctique, ou Septentrional, qui est élevé sur nôtre horison. L'étoile du Nord est la derniére de la queuë de la petite ourse, qui est à deux degrez du pole. On a fait virer le cap au Nord. La boussole est ce qui marque le Nord. Depuis le Nord jusqu'au Sud. Le vent est tourné au Nord. Le Soleil revient en Eté vers le Nord.

Nord, signifie aussi la partie du monde qui est Septentrionale, à l'égard de quelque autre païs. L'Angleterre est au Nord de la France. Les Princes du Nord sont la Suéde, le Danemark, la Lapponie, &c. Les peuples du Nord aiment bien à boire. Les Navires Hollandois qui n'osent entrer dans la Manche sont contraints de prendre leur route par le Nord d'Ecosse.

Nord, est aussi le nom qu'on donne à un des quatre vents cardinaux, qui vient du côté du Septentrion, qu'on appelle autrement la bise, & sur la Mediterranée tramontane. Le Nord qui souffloit avec violence nous empêcha d'aborder; le Nord est un vent froid & sec. Ces mots de nord, sud, est, & oüest sont de vieux mots François dont on se servoit du temps de Charlemagne, qu'on dit être celui qui leur a donné ces noms; qui passent aujourd'hui pour Allemans.

Nordest, est un quart de vent entre l'Orient & le Septentrion, que sur la Mediterranée on appelle galerne: Nordoüest, est un quart de vent entre le Septentrion & l'Occident, sur la Mediterranée on l'appelle maëstral.

Nort nordest, nordnord quart au nordest, sont des subdivisions de vent entre l'Orient & le Septentrion; on fait la même subdivision à l'égard du Nordoüest.

Nordester. v. n. Terme de Marine qui se dit de l'aiguille aimantée, lors qu'elle décline du Nord vers l'Est, ou l'Orient; & Nordoüester se dit quand elle décline du même point vers l'Oüest, ou l'Occident.

NOTA. s. m. Terme Latin dont on use au Palais & dans l'Ecole, pour signifier une marque qu'on met en quelque endroit d'un livre ou d'un écrit, quand il y a quelque chose de remarquable, & dont on veut se souvenir.

Nota, se dit aussi d'une explication, d'une restriction, ou d'une observation que font les Auteurs d'un Livre, ou ceux qui en font faire l'édition, soit dans le texte, soit dans la glose, pour empêcher que le Lecteur ne se trompe: ou pour l'avertir de quelque chose. Cet article de compte est alloüé, mais il y a un nota qui montre qu'il en faut faire la reprise.

Nota, se dit dans le discours ordinaire pour tenir lieu de parenthese. Cet importun me vouloit 198 encore conter son procés, nota qu'il étoit deux heures, & que j'étois à jeun.

Notables. adj. m. & f. & s. qui est excellent, rare, singulier, remarquable, considerable; on le dit premiérement des personnes. L'élection des Echevins se fait par les notables Bourgeois qu'on mande à la Ville pour cet effet. On a fait autrefois une Assemblée des notables à Roüen, des personnes considerables de l'Etat.

On le dit aussi des choses. Nous avons eu un avantage notable sur les ennemis. Ce Marchand a fait une perte notable dans ce naufrage. Il est engagé pour une somme notable dans cette banqueroute. Plutarque a fait un traité des Dits notables des Lacedemoniens. Les Arrêts notables ont été recueillis par les Arrestographes.

Notablement. adv. d'une maniére considerable. On a interessé notablement ce Favori en une telle affaire, pour la faire réüssir. Cet homme a été notablement blessé dans une telle mêlée.

Notaire. s. m. Officier dépositaire de la foi publique, qui garde les nottes & minutes des Contracts que les parties ont passé par devant lui, & qui en delivre des expeditions qui sont authentiques & obligatoires, & portent hypotéques. Les Notaires du Châtelet ont maintenant la qualité de Conseillers du Roy & Gardenottes. Les Secretaires du Roy s'appellent Conseillers, Notaires & Secretaires du Roy. Il y a quatre Notaires & Secretaires du Parlement. Ragueau fait une distinction entre les Notaires & Tabellions, & dit qu'en plusieurs Villes les Notaires reçoivent & passent seulement les minutes & nottes des Contracts, & les peuvent délivrer aux parties en Brevet; mais qu'ils sont tenus de les porter aux Tabellions pour les garder & delivrer en grosse aux parties si elles le requérent pour avoir une execution parée; & il se fonde 199 sur des Edits de François Premier dés années 1542. & 1543. mais ces Tabellions ont été supprimez par le Roy Charles IX. en l'Ordonnance d'Orleans; & maintenant on appelle Notaires tous les Officiers Royaux qui reçoivent, & qui delivrent des grosses de toutes sortes de Contracts & conventions, & Tabellions ceux qui font la même chose dans les Seigneuries & Justices subalternes. On appelle maintenant l'étude des Notaires. On disoit autrefois boutique, & on le dit encore en plusieurs Provinces.

Les Notaires ont été ainsi appellez, parce qu'anciennement ils écrivoient par nottes ou écritures abregées, une lettre signifiant un mot entier; cela a donné occasion à Valerius Probus de travailler à l'explication des nottes des Anciens, comme il a fait trés-utilement. Magnon fit un traité des abbreviations du Droit dés le temps de Charles le Chauve; & Pierre Diacre en fit un plus ample au temps de l'Empereur Conrad; & Goltzius en a fait un pour l'intelligence des legendes des médailles.

Notaire Apostolique, est un Notaire qui reçoit & expedie des actes en matiére spirituelle & beneficiale, comme les résignations de Benefices, concordats de permutation, &c. Il a une commission du Pape confirmée & approuvée par l'Evêque diocesain, & il est opposé à Notaire Royal.

On dit proverbialement quand un homme est en réputation de garder sa parole, c'est autant que si tous les Notaires y avoient passé. On dit aussi Dieu nous garde d'un &c. de Notaires, parce qu'ils font quelquefois six rolles pour expliquer ces trois mots de leurs minutes, promettant, &c. obligeant, &c. renonçant, &c.

Notamment. adverb. particuliérement: On a donné ordre à ce Sergent de contraindre tous les cottisez, & notamment tels & tels.

Notariat. s. m. Qualité, charge, fonction de Notaire. On ne doit admettre au Notariat que des gens d'une vertu integre, d'une fidélité inviolable.

NOTTE. s. f. terme de pratique, minute d'un Acte qu'on passe chez un Notaire; il n'est plus en usage que dans le composé en cette phrase, les Notaires sont créez Gardenottes du Roy.

Notte, marque qu'on fait à quelque feüillet ou passage d'un livre pour le retrouver au besoin. J'ai lû ce livre, & j'ai fait des Nottes avec un crayon, avec des coups d'ongle. On met un, hic, ou une Notte à la marge d'un Contract pour en remarquer la clause décisive, ou importante.

Notte. Est aussi une remarque ou explication qu'on met à la marge, ou au bas de la page d'un livre, d'un écrit, pour en faciliter l'intelligence. Le textuaire de Droit avec les nottes de Godefroy est estimé. Les nottes de Dumoulin sur la Coûtume de Paris. Les nottes de Cujas, &c. Cette Bible est imprimée avec des nottes marginales.

Notte, se dit aussi de ce qui marque quelque défaut, ou imperfection. Dans un Dictionnaire on doit mettre une notte à un mot quand il est vieux ou particulier à quelque art ou science; quand il est dans l'usage commun il n'y faut point de notte. Cette fille a épousé un honnête homme, mais il est bâtard, c'est une grande notte. Quand quelqu'un est pendu, c'est une notte pour toute sa famille. On appelle aussi notte d'infamie, celle dont une personne est marquée par sa profession, ou par quelque jugement. Le métier de Comedien porte avec soi une notte d'infamie. Toute condamnation à peine afflictive emporte notte d'infamie.

Nottes. Sont aussi des caractéres ou abreviations qu'on fait, soit pour écrire promptement, soit pour signifier quelque chose. Herigone a fait cinq tomes d'un cours de Mathematique en nottes, qu'il prétend être une langue universelle, & pouvoir être entenduës de tout le monde. Les Jurisconsultes ont des nottes, comme §. paragrapho, ff. digestis. E. extra. Scto. senatus consulto. Les Romains avoient des nottes pour leurs inscriptions, S. P. Q. R. Senatus, populusque Romanus, p. p. pater patriæ. Ce sont ces nottes anciennes qu'a expliqué Valerius Probus. Les Chimistes ont leurs nottes a, a, a, Amalgamer, s, s, s, stratum super stratum. L'Algebre a aussi ses nottes expliquées à Algebre.

Les Medecins, Chirurgiens & Apoticaires se servent de nottes ou caracteres, pour marquer le poids & les doses de leurs Ordonnances.

NOTTE, en termes de Musique se dit des caracteres qui marquent les tons, les élevations ou les abaissemens de la voix, & ses mouvemens vîtes ou lents; enfin toutes les variations qui y doivent faire de l'harmonie.

La notte maxime est figurée par un quarré long avec une queuë, elle vaut 8 mesures, quoi que le Pere Mersenne la fasse de 12. La longue est un quarré avec une queuë qui en vaut la moitié, ou quatre mesures: la bréve est un quarré sans queuë, qui vaut deux mesures; la semi-bréve est un quarré sans queuë, qui est posé sur ses angles, ou en losange, qui vaut une mesure, ou le lever & le baisser de la main; la minime est une losange avec une queuë, qui vaut la moitié d'une mesure; la noire a la même figure; mais elle est pochée & vaut un quart de mesure; la crochuë est la même figure avec un croc par en bas, qui vaut un huitiéme de mesure, & la double crochuë un seiziéme.

Il y a aussi des nottes ou caracteres pour signifier les pauses, les repos ou silences qui marquent qu'il faut se taire aussi long-temps qu'on est à chanter la notte qui précéde; elles se font avec des points ou des lignes qui traversent d'un réglet à l'autre.

Les Grecs faisoient leurs nottes de musique avec des lettres simples ou doublées, droites ou renversées, comme on prouve par les Livres de Bacchius, d'Alipius, de Porphire & de Boëce.

On dit en ce sens qu'un homme chante sur la notte, pour dire à livre ouvert sur un Livre notté, ou qu'il fait des accords sur la notte, sans avoir étudié ce qu'il chante.

Note, se dit aussi pour signifier le ton. Il y a sept notes en Musique qu'on appelle ut, re, mi, fa, sol, la, si; les six premiéres ont été inventées en l'an 1024. par Guy Aretin Moine Benedictin, qui les trouva à Pompose dans le Duché de Ferrare, sous le Pape Jean XX. lequel les reçût avec si grand applaudissement, qu'il commanda de mettre cette maniére de chanter en usage; aussi est-elle si facile, qu'on apprend plus de Musique en un jour avec cette méthode, qu'on ne faisoit autrefois en un an avec celle des Grecs, dont on s'étoit servi jusques alors. Il intitula Micrologue le livre où il publia cette invention. Aretin a pris les nottes ut, re, mi, fa, sol, la, de l'Hymne des Vêpres de S. Jean Baptiste, Ut queant laxis, &c.

La septiéme notte a été inventée de nos jours par le Maire, qui est un, si, qui differe d'un demi ton du, la; il sert à éviter la difficulté des muances qui étoient restées dans la gamme de Guy Aretin; cette syllabe est plus haute d'un demi ton que le, la, & quand on voudra avoir un ton entier, on mettra une diése au dessous.

On peut faire 720 variétez des six nottes de Musique sans repeter la même deux fois; & on peut faire 40820 airs differens des nottes de chaque octave. Il y a des Organistes qui font 32 nottes dans la mesure binaire, qui dure seulement une seconde de minute.

Notte, se dit proverbialement en ces phrases: on dit d'un Menêtrier qu'il ne sçait qu'une notte, qu'il n'aura qu'un double, pour dire qu'il ne sçait qu'une chanson. On dit aussi qu'un homme change de notte, quand il parle d'une autre maniére qu'il n'avoit fait, quand il supplie au lieu de menacer. On dit aussi de celuy qui ne sçait rien de la matiére dont on l'interroge, qu'il n'en sçait notte, qu'il n'en a pas retenu une notte.

NYMPHE. s. f. Fausse divinité que les Payens croyoient présider aux eaux, fleuves & fontaines. Quelques-uns en ont étendu la signification, & les ont prises pour Déesses des montagnes, des forêts, & des arbres, qu'on appelle particuliérement, Oreades, Dryades, Hamadryades & Napées, la Nymphe de la Seine, de la Loire.

Nymphe. Dans les Romans se dit des Dames de condition qu'on introduit, à qui on donne un rang au dessus des Bergeres, comme dans l'Astrée la Nymphe Galathée.

Nymphe se dit en ce sens des Maîtresses, que chacun se fait, en une compagnie, ou qu'on meine en une promenade. En cette partie de divertissement chacun avoit sa Nymphe, chacun fit danser sa Nymphe à ce Bal.

Nymphes, en termes de Medecine sont de petits aîlerons, ou parties molles & spongieuses qui sortent & avancent hors les lévres de la matrice; elles servent à guider l'urine, & à la conduire comme entre deux parois, ce qui leur a donné le nom de Nymphes, comme qui diroit Dames 204 des eaux, ou du conduit d'où l'urine coule comme d'une source. On les appelle aussi aîles.

Les Naturalistes appellent Nymphe la petite coque des vers à soye qui reste aprés qu'on en a devidé le cocon; c'est une pellicule jaune dans laquelle sont enfermez leurs œufs; ils l'appellent en Latin nympha aurea, autrement chrysalis. Tous les insectes volans, comme papillons, mouches & chenilles ont de semblables nymphes, mais qui ne sont pas si sensibles. Voyez Swammerdam, qui en a fait un excellent volume.

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021