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BIBLIOBUS Littérature française

M

 

MAGDALLON. s. m. C'est ainsi qu'on appelle un rouleau ou petit cylindre de soulfre, d'onguent, &c. tels qu'on les vend chez les Epiciers & Apotiquaires: ce mot vient de Magdalis Latin, tiré du Grec Magdalis, signifiant la même chose.

MAGISTERE. s. m. Terme de Chymie & de Pharmacie: c'est la préparation d'un corps mixte par art de Chymie, par laquelle toutes ses parties homogenes sont exaltées en un degré de qualité ou substance plus noble qu'auparavant, en rejettant seulement ses impuretez externes sans faire aucune extraction. Le magistere differe de l'extrait, en ce que dans le magistere toutes les parties du mixte y demeurent, quoi qu'elles soient changées en des qualitez ou consistances plus exquises, & dans l'extrait on ne prend que la plus noble partie de la substance, qui est tout à fait séparée d'avec la plus grossiere & élementaire.

On fait des magisteres de tartre, de perles, de coraux. Des magisteres de lait, cremeur, ou beurre de soulfre. Des magisteres d'agaric, de turbit, d'hermodax, &c. L'effervescence de l'esprit de vitriol mêlé avec l'huile de tartre, leur a fait donner par quelques-uns le nom de magistere.

MAGNESIE. s. f. Est une pierre minerale, fossile, noire, opâque, tirant de la couleur de fer au pourpre, qui ne contient aucun métal; mais un soulfre fixe & un peu inflammable. Elle entre en la composition du verre, le purifie & le blanchit, si elle est en petite quantité. Autrement elle le rend bleu ou de couleur de pourpre; elle la donne aussi aux pots de terre si avant leur cuitte on les peint de cette magnesie dissoûte. C'est la même chose que le saffre; on l'appelle aussi manganese, & chez les artisans, perigueux.

MALACHITE. s. f. Est une pierre précieuse qui est d'une nature mitoyenne entre le jaspe & la turquoise, & qui est tout à fait opaque: Elle a des veines blanches mêlées de taches noires & de plusieurs autres couleurs qui en font faire plusieurs distinctions. La plus estimée est celle qui approche le plus de la turquoise, & qui a le plus de bleu.

MALTHE. s. f. Ciment dont on se servoit autrefois, qui étoit un mêlange de poix, de cire, de plâtre & de graisse. Dans le Pontificial il est parlé de ce ciment, dont on avoit besoin quand on faisoit la Dédicace des Eglises, en Latin malta; d'où quelques-uns prétendent qu'on a fait les mots de Smaltire, d'où viennent émailler, & émeutir.

MANDRIN. s. m. Est le principal outil d'un tourneur; l'arbre qui tourne dans la lunette, au bout duquel on monte ou on attache les piéces que l'on veut tourner en l'air & hors les pointes.

Mandrin, se dit aussi de plusieurs poinçons qui servent aux artisans à percer le fer ou les métaux sur lesquels ils travaillent.

MANICORDION. s. m. Instrument de Musique, fait en forme d'Epinette, qui a 49 ou 50 touches ou marches, & 70 cordes, qui portent sur cinq chevalets, dont le premier est le plus haut, les autres vont en diminuant. Il y a quelques rangs de cordes à l'unisson, parce qu'il y en a plus que de touches, chaque chevalet en contient divers rangs: Il a plusieurs petites mortaises pour faire passer les sautereaux armez de petits crampons d'airain qui touchent & haussent les cordes, au lieu de la plume de corbeau qu'ont ceux des clavessins & des épinettes; ce qu'il a de particulier: c'est qu'il a plusieurs morceaux d'écarlate ou de drap, qui couvrent les cordes depuis le clavier jusqu'aux mortaises, qui rendent le son plus doux, & l'étouffent tellement qu'on ne le peut entendre de loin; d'où vient que quelques-uns le nomment Epinette sourde ou muette; aussi est-il particuliérement en usage chez les Religieuses qui apprennent à en jouër, & qui craignent de troubler le silence du dortoir. Cet instrument est plus ancien que le clavessin & l'Epinette, comme témoigne Scaliger, qui ne lui donne que trente-cinq cordes.

On dit proverbialement & burlesquement qu'une fille a joüé du manicordion quand elle a eu quelque amourette, qui a duré long-temps sans faire bruit.

MANIPULE. s. m. Ornement Ecclesiastique que les officians Prêtre, Diacre & Soûdiacre portent au bras gauche: il est fait en forme de petite étolle, & de la même étoffe que les chasubles, & tuniques. Il signifie & represente un mouchoir que les Prêtres de la primitive Eglise portoient au bras pour essuyer les larmes qu'ils versoient continuellement pour les péchez du peuple, dont il reste encore une marque dans l'oraison que disent ceux qui s'en revêtent. Merear, Domine, portare manipulum fletus & doloris. En beaucoup d'endroits on l'appelle le fanon.

Manipule, en termes de Medecine est une mesure d'herbes, qui s'entend de ce que la main peut serrer, les Medecins le désignent dans leurs Ordonnances par M.

Manipule, signifioit encore chez les Romains une petite troupe ou compagnie de soldats, parce que chez eux le manipule signifioit au propre une poignée de foin qu'ils attachoient au bout d'une perche pour se reconnoître avant qu'ils eussent pris les aigles pour enseignes; de là vient que nous disons encore en ce sens une poignée de gens.

Manipule pyrotecnique, se dit à la guerre d'une certaine quantité de petards de fer ou de cuivre qu'on peut jetter à la main sur les ennemis, la maniére de les faire est enseignée par Casimir dans son Livre de l'Artillerie.

MANŒUVRE. s. m. Homme de peine qu'on prend à la journée dans les âteliers pour servir les Massons, & faire autres fonctions qui n'ont besoin d'aucun art ou apprentissage. Ce mot vient de manopera, ouvrage de main. Ménage.

On appelle proverbialement & ironiquement un homme fin & adroit, un rusé manœuvre.

Manœuvres, en terme de marine, ce sont les cordes qui servent à manier les voiles en diverses façons, comme les Issas ou Drisses qui sont le long des masts servent à les hausser. Les valencines servent à faire pancher les antennes d'un côté ou d'autre. Les bras tirent le bout des antennes vers la pouppe. Les escoutes, ou contre-escoutes tiennent le bout des voiles: les breuils ou martinets servent à embroüiller promptement les voiles, & les garcettes, à les ferler, les ralingues à les fortifier, les boulines ou boulinettes servent à ouvrir les bords des voiles pour recevoir le vent qui vient de biais: cela fait dix ou onze cordes qui sont le plus souvent doubles, & étant multipliées par les dix voiles, font plus de deux cens cordes, ou manœuvres. L'Itacle est la plus grosse des manœuvres, elle soûtient & éleve l'antenne passant à une poulie qui est sous la hune, & aboutit à un moufle de poulies où sont les Issas.

Il y a des manœuvres dormantes qui sont fixes, ausquelles on touche rarement, & d'autre coulantes qui sont presque en mouvement continuel, comme celles qui servent à manier les voiles.

Manœuvre, signifie aussi l'usage & le service de ce cordage, & le service des Matelots qui les font mouvoir. Les manœuvres sont en desordre pendant la tempête. Ce matelot entend bien la manœuvre, il execute soudain les commandemens.

MANNE. s. f. Terme de pharmacie, drogue médicinale, c'est un suc ou une liqueur blanche, douce, qui découle d'elle-même, par incision des branches & des feüilles même des frênes tant ordinaires que sauvages pendant la canicule, & un peu auparavant. On ne la trouve que sur ces arbres, encore n'est-ce pas sur tous, mais principalement en Calabre & aux environs de Briançon; c'est pourquoi ceux là se trompent lourdement, qui disent que c'est un miel de l'air, ou une espéce de rosée, qui vient d'une vapeur élevée de la terre & digerée dans l'air, condensée par le froid qu'on recuëille dans les païs chauds avant le lever du Soleil, tant sur les plantes & les arbres que sur les rochers & la terre même, qui disparoît lorsque la chaleur survient; car au contraire on l'amasse en plein Soleil, lequel la seche & la condense, de sorte qu'on la doit mettre au rang des gommes qui s'épaississent par la chaleur, & se résolvent dans l'humidité.

Les Italiens en connoissent de trois sortes, manna di corpo, qui sort d'elle-même des branches de l'arbre dés le mois de Juillet; la seconde manna forzata, ou forzatella, qui ne se recueille au mois d'Août qu'aprés l'incision de l'arbre, & lorsque la premiére a cessé de couler. La troisiéme manna di fronda, qui sort d'elle-même en forme de petites gouttes d'eau comme un espéce de sueur, de la partie nerveuse des feüilles du frêne, qui sont de la grosseur des grains de froment, & qui s'endurcissent au Soleil au mois d'Août; on voit quelquefois ces feüilles si chargées de ces grains qu'il semble qu'elles soient couvertes de neige. La manne est une medecine qui purge fort doucement, & qu'on prend dans les boüillons. Altomatus Medecin de Naples en a fait un traité exprés; & Joseph Donzellus confirme ce qu'il en a dit. La manne purge la bile, quoi qu'on la tienne une espéce de miel, & au contraire le miel ordinaire l'augmente. Fuchsius dit que les païsans du Mont-Liban mangent ordinairement la manne, comme ailleurs on fait le miel.

A Mexique ils ont de la manne que l'on mange comme on fait le fromage en Europe.

Manne en termes de l'Ecriture, est une viande miraculeuse que Dieu fit tomber du Ciel pour nourrir son peuple Hebreu dans le desert pendant quarante ans. La manne étoit en façon de coriandre. Les Israëlites murmurerent contre la manne, & en eurent du dégoût. La manne est une des figures de l'Eucharistie.

Manne, se dit figurément de toutes sortes de viandes & de fruits, principalement quand ils sont de garde, quand ils peuvent nourrir, & faire subsister une maison. C'est une bonne manne dans un logis qu'une provision de pois, de féves, de ris pour le Carême.

Manne est aussi un grand panier d'osier fait en quarré long, qui sert quelquefois de berceau pour coucher un enfant à la mammelle, quelquefois elle est plus petite, & elle sert à transporter les habits d'un ballet, ou le linge & la vaisselle pour mettre le couvert, &c.

On appelle aussi mannes sur la mer des paniers à rebords faits comme un chapeau.

Mannequin. s. m. Panier d'osier haut & assez étroit, plus large par en haut que par en bas, qui sert à differens usages. On a mis ces plantes dans un mannequin pour les transporter. Les marchands de fruits les transportent dans des mannequins: ce mot est diminutif de manne quand il signifie panier.

Mannequin, chez les Peintres se dit d'une certaine figure de bois qui a des charniéres en la plûpart de ses membres, par le moyen de quoi elle est mobile, & on la met en toute sorte de postures ou d'attitudes, elle leur sert pour disposer leurs drapperies en la revêtant d'habits tels qu'ils desirent. Borel dérive ce mot en ce sens de man, qui en Allemand & en vieux François signifioit un homme, dont il est diminutif, comme qui diroit petit homme.

MARESCHAL. s. m. Officier de la Couronne qui commande les Armées; on l'appelle par excellence Mareschal de France. Chez quelques étrangers il fait la même fonction. Le grand Mareschal de Pologne, de Lithuanie. L'Electeur de Saxe est grand Mareschal de l'Empire. On dit qu'on a donné à un homme le Bâton de Mareschal, ou simplement le Bâton, pour dire qu'on l'a fait Mareschal de France; c'est un Bâton fleurdelisé qui marque la dignité, & qu'il met en sautoir sous l'écu de ses armes. Ce sont les Mareschaux de France qui sont Juges du point d'honneur entre les Gentilshommes, qui accordent leurs querelles.

Les Prévôts des Mareschaux sont des Officiers Royaux & Juges d'épée établis pour la seureté de la campagne, pour prendre & juger les voleurs, vagabonds & gens non domiciliez; on leur a aussi attribué la connoissance des cas Royaux par prévention: ils sont reçûs à la Connestablie, & y ont attribution de Jurisdiction, & sont réputez du corps de la gendarmerie.

Mareschal de Camp, est le second Officier de l'Armée, le premier Officier aprés le Lieutenant général, c'est celuy qui ordonne du campement & du logement de l'Armée, & qui prend les devans pour la faire marcher en seureté, & reconnoître le terrain.

Mareschal de Bataille, étoit autrefois un Officier qui rangeoit les troupes en bataille, qui avoit soin de leur marche & de leur ordre; ce sont aujourd'hui les Mareschaux de camp, & les Majors généraux qui en font la charge.

Mareschal des Logis, est un Officier de guerre, qui a soin du logement des soldats. Il y a un Mareschal des Logis de l'Armée. Il y en a un dans chaque Régiment d'infanterie, & en chaque compagnie de cavalerie, deux en chaque compagnie de gend'armes & de chevaux legers, & six en chacune des compagnies des Mousquetaires.

Il y a aussi un grand Mareschal des Logis chez le Roi, qui marque les logemens de la suite de la Cour quand le Roi fait voyage; Il y en a aussi chez la Reine & chez les Fils de France.

Mareschal ferrant, ou simplement Maréchal, est un artisan qui ferre les chevaux, & qui les pense quand ils sont malades. En Espagne ce sont deux métiers separez, les premiers s'appellent herradores, & les autres alveytares.

Ce mot vient selon Nicod de Polemarchus, comme qui diroit Maire de camp; en vieux Gaulois & encore en Breton Mark signifioit cheval, comme on recueille de Pausanias, qui dit que ce mot étoit en usage chez les Celtes, mais c'est plûtôt un mot Allemand dont il est fait mention dans la loi salique, & dont on a fait marchal, pour dire celui qui commandoit la cavalerie. Ménage le dérive de Mareschalcus, qui se trouve dans les loix des Allemands, composé de Marck cheval, & de schalk signifiant serviteur; ce qui a donné ce nom à celuy qui pense les chevaux, & par succession de temps à celuy qui les commande. Borel dit qu'originairement Mareschal signifioit gouverneur de jumens, & que mark signifie jument, dont les anciens se servoient d'ordinaire pour épargner le fourrage, parce que les jumens gâtent moins de litiere, à cause qu'elles jettent en arriére leur urine. Il dit aussi que ce mot de mark, qui en vieux Gaulois & en ancien Allemand signifioit cheval, vient de l'Hebreu Ramak, où il veut dire une jument. Quelques-uns ont dit que le mot de mareschal étoit un abregé de mire cheval, car mire signifie Medecin, & les Rois en avoient autrefois pour leurs chevaux, comme témoigne Nicod. Pasquier fait distinction pour l'origine de Mareschal des logis, & Mareschal de camp, d'avec ceux de Mareschal de France, & Mareschal ferrant; A l'égard des premiers, il dit que ce mot vient de marche, ou marchir, qui signifioit marquer, limiter, & il prétend qu'il faut dire marchal, & non pas Mareschal. A l'égard des derniers, il dit que le mot est composé de maire, qui signifioit maître, & de chal qui signifioit cheval. Lecteur choisissez.

Mareschaussée. s. f. Jurisdiction des Prévôts des Mareschaux; il y a dans l'enclos du Palais la Connestablie & Mareschaussée de France, où sont des Juges de Robbe qui prennent connoissance de la réception des Officiers des autres Mareschaussées, & de leurs differens. Il y a d'ailleurs Mareschaussées en France, qui sont des siéges de Juges d'épée, qui instruisent les procés des voleurs & des vagabonds, & autres cas dont ils sont competens; qui les jugent souverainement avec sept Officiers du plus prochain Présidial. Le Prévôt qui tient à Paris cette Mareschaussée s'appelle le Prévôt de l'Ile.

On dit aussi que la Mareschaussée se tient chez un tel Doyen des Mareschaux de France, quand quelques Exempts & Gardes se trouvent chez luy pour executer les ordres qu'il aura à donner dans les occasions pour les querelles de la Noblesse.

Mareschaussée a signifié aussi en Lorraine, un grand lieu ou enclos, où on enferme le bêtail, d'où le Bon Medecin de ce païs-là trouve occasion de dériver le mot de Mareschaussée, parce que, dit-il, il y avoit plusieurs lieux marécageux qui obligeoient à faire des places relevées pour mettre à sec le bêtail, lesquelles on appelloit chaussées comme tout autre chemin levé & pavé; & parce que dans ces lieux on faisoit souvent des vols de bestiaux, on y établit un Juge qui jugeoit dans l'étenduë de la Mareschaussée, ou village; ce qu'on a depuis étendu à d'autres Officiers.

Dans plusieurs Coûtumes on appelle mareschaussée, les matériaux assemblez pour bâtir, comme en celles de Montreüil, Arthois, Bapaume, &c.

Marfil. s. m. est un nom que les marchands en gros donnent à l'yvoire, ils l'ont pris de l'Espagnol, où il signifie la même chose.

MARIN. ine. adj. qui vient de la mer, qui appartient à la mer. Les Anciens appelloient les Tritons des Dieux marins. Ce fut un monstre marin qui fit périr Hypolite. On peignoit le char de Neptune attelé de chevaux marins. Il y a des veaux marins; des chiens & des loups marins. Le sel marin est celui qui se fait de l'eau de la mer, qui est de figure cubique, & le plus fort de tous les sels.

La carte marine, ou hydrographique, est celle qui sert pour la conduite des vaisseaux, où sont marquez les rumbs des vents, les côtes, les rades, & les bancs de sable.

On dit qu'un homme a le pied marin, quand il est accoûtumé à l'air & à la fatigue de la mer, quand il a été long-temps sur les vaisseaux.

La trompette marine, est un instrument qui n'a qu'une grosse & longue corde de boyau, tenduë sur un chevalet, & qu'on touche avec un archet; elle a le corps triangulaire, & elle imite fort bien le son des trompettes ordinaires. Voyez trompette.

La Marine. s. f. est la science de la navigation, ou l'art de naviger dont les Anciens n'ont rien laissé par écrit avant l'invention de la boussole. On tient que la marine est la science qui approche le plus de la perfection. Pierre Nonius est un célébre Mathématicien Portugais, qui le premier en a écrit deux livres en l'année 1530. à l'occasion de quelques doutes que lui proposa Martin Alphonse Sosa: en suite Pierre Medina Espagnol; & en 1606. André Garcia Cespedes fit imprimer Regimiento de la navigation: en 1608. Simon Stevin Mathématicien du Prince d'Orange. En 1620. Willebrordus Snellius a fait imprimer son Typhys Batavus. En 1631. Adrianus Metius a écrit de l'art de naviger par le globe. En 1640. le Pere Fournier Jesuite a écrit de l'hydrographie. En 1661. le Pere Riccioli & le Pere Gaspard Schotus Jesuites en ont donné quelques traitez dans leurs Œuvres; & en 1666. le Sieur Denis Hydrographe & Professeur à Dieppe, Rodericus Zamoranus, Pierre Appian, Rodericus Crescentius, Augustinus Cæsareus, Robert Dutlé, Jacques Colomb, Jean Janson, & le Pere Mersene Minime en ont fait quelques traitez; le dernier qui en a écrit est le Pere Deschales Jesuite, des œuvres duquel ceci est tiré en faveur de ceux qui s'adonnent à la navigation, que maintenant on cultive heureusement en France. Les Livres ordinaires de marine qu'ont les pilotes sont les Routiers de Pierre de Medine, de Manuel Figueirido, le miroir, le tresor, la colomne de la mer, le flambeau de la navigation dressé par Guillaume Jeanszoon.

On appelle des marchandises marinées, lorsqu'elles sont imbuës & soüillées de l'eau de la mer.

Mariné. En termes de blason, se dit des animaux dépeints sur les écus, qui ont la moitié du corps de poisson. Il portoit de gueules au cerf estropié (ou qui n'a point de pieds) mariné d'or.

Marinette. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois la pierre d'aimant, & même la boussole qui en est touchée, parce qu'elle servoit principalement à la marine. Voyez Boussole.

MASCARET. s. f. terme de navigation: C'est un reflus violent de la mer qui remonte impetueusement dans la riviére de Dordogne, qui fait le même effet sur cette riviére que celui qu'on appelle la Barre sur la Seine. Les Naturalistes ont de la peine à expliquer cette sorte de reflus, qui est particulier à ces deux riviéres.

MASCARADE. s. f. Troupe de personnes masquées qui vont danser & se divertir, sur tout en la saison du Carnaval. Cette compagnie a fait une jolie mascarade, a dansé une espece de ballet. Ce mot vient de l'Italien mascarata, dérivé de l'Arabe Mascara, qui signifie raillerie, bouffonnerie. Ménage.

Mascarade est aussi un titre que quelques Poëtes ont donné à des vers qu'ils ont fait pour les personnages de ces petites danses ou ballets.

Mascarade, se dit aussi d'une personne mal mise, ou mal proprement ajustée, comme si elle vouloit se déguiser, & aller en masque. Cette femme affecte des ornemens, des parures extravagantes, & hors de mode; c'est une vraye mascarade. Les chevaux l'ont tellement éclaboussée qu'elle avoit le visage comme une vraye mascarade.

Mascarade, se dit aussi d'une vaine pompe & cérémonie, d'un appareil éclatant qui ébloüit le sot peuple, et dont les sages ne sont point touchez. Démocrite traitoit tout le genre humain de mascarade, se mocquoit de ses vanitez & mascarades. On le dit aussi de ceux qui trompent sous apparence d'honnêteté, qui déguisent leurs sentimens. Les hypocrites sont des continuelles mascarades.

MASSORE. s. f. Terme de Théologie. C'est un travail fait sur la Bible par quelques sçavans Rabbins pour en empêcher l'alteration. Buxtorfe la définie une Critique d'un texte Hebreu, que les anciens Docteurs Juifs ont inventée, par le moyen de laquelle on a compté les versets, les mots, & les lettres de texte, & l'on en a marqué toutes les diversitez; car le texte des Livres sacrez étoit autrefois écrit tout d'une suite, sans aucune distinction de Chapitres, ni de versets, ni même de mots; de maniére que tout un Livre n'étoit qu'un mot continu à la maniére des Anciens, dont on voit encore plusieurs manuscrits Grecs & Latins, écrits de cette sorte. Ce mot ne signifie que tradition, comme si cette critique n'étoit autre chose qu'une tradition que les Juifs avoient reçûë de leurs peres. On tient que ce sont les Juifs d'une école fameuse qu'ils avoient à Tiberiade qui ont fait, ou du moins commencé cette Massore, comme dit Elias Levita. Aben Esra les fait Auteurs des Points & des accens qui sont dans le texte Hebreu qu'on a aujourd'hui, qui servent de voyelles. Les Arabes ont fait aussi la même chose sur leur Alcoran, que les Massoretes sur la Bible. Il y a une grande & une petite Massore imprimées à Venise & à Bâle avec le texte Hebreu en different caractére. Voyez là-dessus le P. Morin & le P. Simon, Buxtorfe dans le Commentaire Massoretique qu'il a intitulé Tiberias. On appelle Massoretes ces Auteurs qui ont travaillé à la Massore, & l'exemplaire Massoretigue est le texte Hebreu dont on se sert aujourd'hui.

MAST. s. m. grand arbre posé dans les Vaisseaux, où on attache les vergues & les voiles pour recevoir le vent nécessaire à la navigation. Il y en a quatre dans les grands Vaisseaux, quelquefois on y en ajoûte un cinquiéme qui est un double artimon. Le grand mast, ou le mast de maître est le principal mast du Vaisseau; le second s'appelle de misaine, mast de bourset, ou mast d'avant, qui est entre le grand mast & la prouë; le troisiéme l'artimon, qui est entre le grand mast & la pouppe; & le quatriéme beaupré, qui est couché sur l'esperon à la prouë. Le mast de contremisaine, ou petit artimon est sur l'arriére dans les galions, Naos, ou grands Vaisseaux. Le grand mast jusqu'à la premiére hune est ordinairement égal à la quille du Vaisseau.

On appelle aussi mâts les brisures ou divisions des mâts qui sont posez les uns sur les autres: le grand mast & celui de misaine en ont chacun trois, le grand mast, le mast de hune, qui est au dessus & tout d'une piéce, & le mast de perroquet qui est sur celui de hune; & au dessus encore est le bâton du pavillon, ce qui fait quelquefois plus de trente-quatre toises. L'artimon qu'on appelle aussi mast de foule, & le beaupré n'ont qu'une brisure chacun, on l'appelle de perroquet, & non de hune. Le grand mast est posé au milieu du premier pont ou franc tillac, & descend au fond de cale, sur la contrequille; il n'est pas tout à fait perpendiculaire, mais il panche du côté de la pouppe à proportion de sa hauteur depuis deux jusqu'à six pieds. Sa plus grande grosseur est au franc tillac, & il va en diminuant par haut & par bas du tiers de sa grosseur. Le mast de misaine passe à travers le château d'avant au dessus de l'estrave, à l'extrêmité de l'escarlingue. Le mast de beaupré est enchassé par le bout d'embas sur le premier pont dans le mast de misaine. Le mot de mast en est François, en Allemand, en Flamand & en Anglois la même chose; l'Italien dit masto, & l'Espagnol mastel.

Mast gemellé ou jumellé, est celui qui est fortifié par plusieurs piéces de bois qui y sont étroitement jointes, qu'on appelle jumelles ou gaburons, ou costons. On l'appelle aussi mast reclampé, renforcé, ou surlié, & s'il est enté par le haut, on le nomme mast affusté, ajusté. On dit aller à mâts & à cordes, ou se mettre à sec, quand on a abaissé toutes les voiles & les vergues pour éviter la furie du vent.

Les bateaux navigeans sur les riviéres ont aussi un mast par où passe le cable, qui sert à les tirer avec des chevaux.

Mast, se prend quelquefois pour un Vaisseau. Il y avoit cent mâts dans cette armée, c'est à dire, cent vaisseaux. On voit une forest de mâts dans le port d'Amsterdam.

On appelle aussi mâts dans un camp les piéces de bois qui servent à soûtenir les tentes.

En termes de blason on appelle un mast desarmé, quand il est peint sans voiles.

MEDIASTIN. s. m. terme d'anatomie; c'est une continuation de la membrane qui s'appelle pleure, laquelle est tenduë sous toutes les côtes & enferme la région moyenne ou vitale, autrement nommée le thorax. Quand cette membrane est arrivée au milieu de la poitrine, elle se double de part & d'autre, & va de l'épine du dos au brechet séparant le côté droit d'avec le gauche, & c'est ce qu'on appelle vulgairement le mediastin, qui s'étend en longueur depuis les clavicules jusqu'au diaphragme, & en hauteur depuis l'os de la poitrine jusqu'au corps des vertebres, il soûtient les visceres, de peur qu'ils ne tombent d'un côté ni d'autre.

MEDIN, terme de relations, c'est une monnoye de Turquie, d'argent fin qui vaut dix-huit deniers monnoye de France, ou deux aspres de Turquie. Il y a aussi des Medins de Barbarie, qui est une monnoye Africaine dont Bodin fait mention.

MENEAU. s. m. terme d'architecture; c'est la séparation des ouvertures des fenêtres ou grandes croisées. Autrefois on faisoit de gros meneaux & croisillons de pierre au milieu des croisées qui défiguroient tout un bâtiment. Les meneaux ou croisillons doivent avoir quatre ou cinq pouces d'épaisseur.

MESOLABE. s. m. instrument de Mathematique inventé par les Anciens pour trouver méchaniquement deux moyennes proportionnelles, lesquelles on n'a pû faire encore géometriquement; il est composé de trois parallelogrames qu'on fait mouvoir dans une coulisse jusqu'à certaines intersections. Sa figure est décrite dans Eutocius en ses Comm. sur Archimede.

Mesplat. adj. Terme d'artisan, qui se dit des piéces des ouvrages qui ont plus d'épaisseur d'un côté que d'autre, & particuliérement des piéces de bois de sciage.

METACARPE. s. m. Terme d'anatomie. C'est une partie du squelet qui contient quatre os de la paume de la main, situez entre ceux du poignet & ceux des doigts: on l'appelle aussi avant-poignet, & c'est ce qui forme la paume de la main: les Latins l'appellent post brachiale.

METAPHYSIQUE. s. f. Derniére partie de la Philosophie dans laquelle l'esprit s'éleve au dessus des êtres créez & corporels, s'attache à la contemplation de Dieu, des Anges & des choses spirituelles, & juge des principes de toutes connoissances par abstraction & détachement des choses materielles. Aristote a écrit plusieurs Livres de Métaphysique. Descartes a laissé plusieurs méditations métaphysiques incomparables. On l'appelle aussi Théologie naturelle, & c'est comme le tronc ou la racine de toutes les sciences; son objet est l'être en général en tant qu'il est séparé de toute matiére, soit réellement, soit par la pensée. M. Duhamel prétend que ce nom a été forgé par les sectateurs d'Aristote, & qu'il lui a été tout à fait inconnu.

Metaphysiquement. adv. D'une maniére métaphysique élevée au dessus de la matiére & des êtres sensibles. Il y a des choses qu'on ne peut concevoir que métaphysiquement.

Metatarse. s. m. Terme de Medecine. C'est une partie du squelet de l'homme, qui compose la partie mitoyenne du petit pied, & qui contient cinq os entre le talon & les arteils.

METOPE. s. m. Terme d'Architecture. C'est l'intervalle ou quarré qu'on laisse entre les trigliphes de la frise de l'ordre dorique, il represente l'endroit où aboutissent les solives ou poutrelles d'un bâtiment: ces quarrez sont quelquefois emplis d'ornement, comme de têtes de bœuf, & autres choses qui servoient aux sacrifices des Payens.

Metopion. s. m. Est un arbre qui naît en Afrique vers l'Ethiopie, d'où, selon Pline, distile sur le sable la gomme de l'ammoniac; mais Pline se trompe, & l'ammoniac est un sel & non une gomme. Dioscoride dit que Metopion est une plante de Syrie, d'où distile le galbanum.

Metoposcopie. s. f. Art qui enseigne à connoître le temperament & les mœurs des personnes par la seule inspection des traits du visage. Ce n'est qu'une partie de la physionomie, parce que celle-ci fonde ses conjectures sur toutes les parties du corps. L'une & l'autre sont fort incertaines. Le mot est Grec & signifie inspection du visage.

MEZZANIN. s. m. terme de Marine. C'est un arbre ou troisiéme mast qu'on met quelquefois sur la Mediterranée, dans les Galeres entre l'arbre de mestre & la pouppe, qui est garni de sa voile.

Mezzanine. s. f. Est un terme qui se trouve employé par quelques Architectes, pour signifier une entre-solle.

Mezeline. s. f. Est une sorte d'étoffe mêlée de soye & de laine.

Mezeau. s. m. Vieux mot qui signifioit autrefois ladre, d'où on a fait mezelerie, qui a signifié ladrerie; il vient de l'Italien mezzo, qui veut dire pourri, gâté, corrompu, Ménage: d'autres le dérivent de miser & miseria, & de misellus.

Mezaraique. adj. Terme de Medecine, qui se dit des veines du mesentere qui succent le chyle des intestins pour le porter au foye: on les appelle aussi mesenteriques.

Mezail. s. m. Terme de Blason, qui se dit du devant, ou plûtôt du milieu du devant du heaume qui s'avance à l'endroit du nez, & comprend le nazal & le ventail; de là vient que les Princes & grands Seigneurs portent leurs timbres ayant le mezail tarré ou tourné de front, c'est à dire, le mezail paroissant également éloigné des oreilles. Ce mot vient du Grec messon. Borel.

Mezereon. s. m. terme de Pharmacie: c'est une plante medicinale qu'on appelle thimælea, qui porte le granum gnidium, que plusieurs confondent avec la laureole, dont les Apoticaires font des pilules qui sont si violentes & dangereuses dans les purgations, que les Arabes l'appellent lyon de la terre, ou herbe qui fait les femmes veuves: les Païsans appellent son fruit poivre de montagne, à cause qu'étant seche il ressemble au poivre, & qu'il est si piquant au goût qu'on ne le sçauroit souffrir tout seul.

Microscope s. m. Terme d'Optique. C'est une lunette qui sert à découvrir les moindres parties des plus petits corps de la nature, parce qu'elle grossit les objets extraordinairement. Il s'en fait de plusieurs façons, les uns avec quatre verres qui ont un tuyau long d'un pied; d'autres avec une petite lentille grosse comme une tête d'épingle qui font un fort bel effet. L'Inventeur du Microscope est le même que celui qui a inventé le Telescope, appellé Zacharias Jansen ou Joanides; on attribuë à M. Hugenes l'invention de celui qui est fait avec une petite lentille, & néanmoins on trouve que le Pere Maignan Minime en a parlé long-temps auparavant dans le 4. tome de son Cours Philosophique, &c.

 

 

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021