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BIBLIOBUS Littérature française

L

 

LABORATOIRE. s. m. terme de Chymie. C'est le lieu où les Chymistes font leurs operations, où sont leurs fourneaux, leurs drogues, leurs vaisseaux. Le Roy a deux beaux Laboratoires, l'un à sa Bibliotheque, l'autre à son Jardin des Plantes; on y enseigne la Chymie.

LAIE. s. f. terme de Chasse, la femelle d'un sanglier, ainsi nommée, parce que les Chasseurs la laissent pour faire des petits, ou de ce qu'on la laisse parmi des arbrisseaux qu'on appelle lais. On les distingue selon leurs âges, en jeunes, grandes & vieilles.

Laie en termes de Forêtier, est une route coupée dans une forest. Il est permis aux Arpenteurs de faire des laies de trois pieds pour porter leur chaîne, quand ils en ont besoin pour arpenter ou marquer les coupes. L'Ordonnance défend aux Gardes d'enlever le bois qui a été abattu pour faire des laies.

Laie en termes de Maçonnerie, est un marteau de Tailleur de pierre, brettelé & dentelé, qui laisse sur les pierres taillées des rayes ou brettures, qui s'appellent aussi laies.

LAIER. v. act. faire des routes dans une forest.

Laier signifie aussi, marquer les Lais, ou bois à réserver dans la coupe des taillis.

Laier signifie aussi, tailler une pierre avec une laie.

LAIS. s. m. jeune bailliveau de l'âge du bois, qu'on laisse quand on coupe le taillis, afin qu'il revienne en haute fûtaye. Toutes les Ordonnances sur le fait des Eaux & Forêts enjoignent de laisser par chacun arpent 16. bailliveaux de l'âge du bois, qu'on nomme des lais, outre les autres bailliveaux anciens & modernes.

LAMANEUR. s. m. Terme de Marine, pilote ou marinier qui fait le lamanage: c'est un homme qui réside dans un port, qui en connoit les entrées & les issuës, & qui conduit les vaisseaux étrangers dans les rades ou dans les ports, lorsque les parages sont dangereux & sont inconnus à ceux qui y abordent. On les appelle aussi locmans, ou lormans, ou lomens. Le titre 3. du 4. Livre des nouvelles Ordonnances de la Marine contient les réglemens faits pour les pilotes lamaneurs, ou locmans. Ils doivent avoir 25. ans pour être reçûs, aprés un rude examen en la Justice de l'Amirauté, où on leur taxe leur salaire; & si le vaisseau qu'ils conduisent, échouë par leur ignorance, ils sont condamnez au foüet, si c'est par malice, ils sont pendus à un mast. Les lamaneurs sont aussi des pilotes de riviéres vers leurs emboucheures, qu'on louë pour éviter les bancs, secques, syrtes & autres dangers, parce que l'Ocean & les eaux d'amont les font changer de place presque tous les ans, & sur tout vers Roüen, où il y a des lamaneurs jurez de deux lieuës en deux lieuës. Luitprandus dit que ce mot vient de lomen, ou guide; d'autres disent que lamaneur est dit quasi laborans manu, à cause qu'il se sert souvent de cordes, crocs, harpins & avirons pour mettre un vaisseau en rade ou en furin.

LANTERNE. s. f. vaisseau fait de matiére transparente servant à conserver la lumiére qu'on transporte, ou qui est exposée au vent & à la pluye. Lanterne de verre, de corne, de papier, de talc, de toile. On taxe pour les lanternes qu'on met la nuit dans les ruës. La lanterne d'Epictete fut venduë autrefois 3000. dragmes. La lanterne de Diogene étoit une piéce curieuse chez les Anciens. La lanterne de Judas se garde au Tresor de Saint Denys comme une piéce curieuse & antique. On fait commandement aux Bourgeois de mettre des lanternes aux fenêtres dans les réjouïssances publiques. Lanterne sourde est une lanterne de fer blanc ou noirci, qui n'a qu'une ouverture, qu'on ferme quand on veut cacher la lumiére, & qu'on presente au nez de ceux qu'on veut voir, sans qu'on en puisse être apperçû. On appelle soufflets à lanternes ceux qui representent une lanterne de papier dont l'ais superieur quand on le leve, demeure paralelle à l'inferieur.

Lanterne en termes de Guerre, c'est un instrument pour prendre la poudre, & en charger le canon: elle est faite en forme d'une longue cuillier ronde, & est attachée au bout d'un bâton.

Lanterne en termes d'Orfévres, est la partie d'une crosse d'Evêque ou d'un bâton de Chantre, qui est grosse & à jour, qui en quelque façon represente une lanterne. Les crosses & bâtons d'argent doivent être contremarquez aux vases, fonds de lanterne, dômes, douïlles & croisillons, suivant les Statuts des Orfévres.

Lanterne est aussi une construction de charpente qui se met au plus haut des dômes & des pavillons, où il y a d'ordinaire quelques fenêtres pour leur donner plus de jour.

Lanterne est aussi un petit cabinet de menuiserie qu'on éleve dans quelques auditoires, pour placer quelques personnes qui veulent écouter sans être vûës. Il s'étoit glissé dans la lanterne de la Grand'Chambre, quand on rapportoit son procés.

Lanterne de moulin est un certain pignon à jour fait en forme de lanterne, qui est composé de deux tourtes, ou piéces de bois rondes, au bord desquelles sont dix fuseaux où s'engrenent les dents de la rouë interieure du moulin qui fait tourner les meules.

Lanterne magique est une petite machine d'Optique, qui fait voir dans l'obscurité sur une muraille blanche plusieurs spectres & monstres si affreux, que celui qui n'en sçait pas le secret, croit que cela se fait par magie. Elle est composée d'un miroir parabolique qui refléchit la lumiére d'une bougie, dont la lumiére sort par le petit trou d'un tuyau, au bout duquel il y a un verre de lunette, & entre-deux on y coule successivement plusieurs petits verres peints de diverses figures extraordinaires & affreuses, lesquelles se representent sur la muraille opposée en plus grand volume. Le premier qui a enseigné la construction de la lanterne magique est Swenterus en son Livre Deliciæ Mathematicæ. Les Peres Kirker & Kestlerus Jesuites en ont aussi écrit, & avant tous Roger Bacon Anglois en avoit donné quelque idée.

Lanternes au plurier se dit des discours, des choses de néant. Tout ce que vous me dites, ce sont des lanternes, je n'y aurai point d'égard.

On dit proverbialement en parlant d'un sot & d'un crédule, qu'on lui feroit croire que des vessies sont lanternes, & que les nuées sont poëles d'airain.

LATITUDE. s. f. terme de Géographie. C'est la distance de l'Equateur au Zenit ou point vertical de quelque Ville ou autre endroit de la terre, qu'on compte sur les degrez du Meridien: on la nomme autrement l'élevation du Pole sur l'Horizon. Les paralelles de l'Equateur sont appellez Cercles de latitude, à cause qu'ils la marquent par leur intersection avec le Meridien. Paris a 48. degrez 50. minutes de latitude Boreale, ou Septentrionale, ou d'élevation de Pole. Quand on a passé l'Equateur, on l'appelle latitude Australe. On dit sur la mer, Bande du Nord, ou Bande du Sud, pour dire, deçà, ou delà la Ligne.

Latitude en termes d'Astronomie, est l'éloignement d'un astre de l'Ecliptique, ou de l'orbite du Soleil vers un des Poles du Zodiaque; & elle differe en ce point de la déclinaison, laquelle est un éloignement de l'Equateur vers un des Poles du monde: ainsi le Soleil n'a jamais de latitude; & on dit que les Planettes ont quelque latitude, quand elles s'éloignent de l'Ecliptique: & c'est pour cela que dans la sphere ordinaire on donne au Zodiaque quelque largeur. Les Anciens ne la faisoient que de six degrez de chaque côté de l'Ecliptique. Les Modernes l'ont étenduë jusqu'à neuf: car par les observations de Tycobrahé Venus a de latitude Boreale 9. degrez 2. minutes; Mercure trois degrez 33. minutes; la Lune dans son quadrat avec le Soleil cinq degrez 17. minutes, & en son opposition & conjonction quatre degrez 58. minutes; Saturne 2. degrez 48. minutes; Jupiter 1. degré 38. minutes; Mars 4. degrez 31. minutes. Cette latitude est quelquefois plus grande du côté du Midi. Quand les Planettes sont dans leurs plus grandes latitudes, on dit qu'elles sont dans le ventre de leur Dragon; quand elles n'ont aucune latitude, on dit qu'elles sont dans les nœuds de l'Ecliptique, ou dans l'intersection de leur orbite avec celle du Soleil qu'on appelle la tête & la queuë du Dragon: & c'est alors qu'elles causent ou souffrent l'éclipse. A l'égard des étoiles fixes, leur latitude peut aller jusqu'à 90. degrez, selon qu'elles sont éloignées de l'Ecliptique vers les Poles du Zodiaque. La latitude ortive d'un astre ou d'un degré de l'Ecliptique, est l'arc de l'Horizon compris entre le point du lever ou du coucher de l'Equateur, & le point du lever ou du coucher de cet astre; c'est ce qui fait connoître l'étenduë de l'arc diurne ou nocturne, ou la durée du jour & de la nuit, en telle sorte que plus cette latitude est grande, & plus il y a de difference entre les deux arcs, ou entre le jour & la nuit. Quand elle est Boreale, le jour est plus grand; quand elle est Australe, il est plus petit. On l'appelle autrement amplitude ortive.

LIGE. adj. m. & f. Vassal qui tient une certaine sorte de Fief qui le lie envers son Seigneur dominant d'une obligation plus étroite que les autres. Ce mot vient d'une cérémonie qu'on faisoit en rendant la foy & hommage, de lier le pouce au vassal, ou de lui serrer les mains dans celles du Seigneur, pour montrer qu'il étoit lié par son serment de fidélité. Il étoit obligé à servir son Seigneur tant en Guerre qu'en Jugement, c'est à dire, à servir d'Assesseur pour juger les causes. Par l'hommage lige le vassal étoit obligé de servir son Seigneur envers tous & contre tous, excepté contre son pere. Ce mot est opposé à l'hommage simple, qui obligeoit simplement à payer les droits & devoirs ordinaires, & non point au service contre l'Empereur, le Duc ou autre Seigneur superieur, en sorte que l'homme lige étoit comme donné & dévoüé au Seigneur, & étoit entiérement sous sa puissance. Le Seigneur lige est le Seigneur prochain & immédiat dont on releve nuëment, ligement & à ligence, c'est à dire, sans moyen. Tels étoient les hommages que le Roy d'Angleterre a rendus au Roy de France à cause du Duché de Guyenne, & les Comtes de Flandre & d'Artois pour leurs Seigneuries.

Homme lige, hommage, lige, Fief lige, garde lige, se dit en parlant de l'obligation qu'a le vassal à garder le Château ou la personne du Seigneur.

Lige est aussi un droit de relief qui se paye au Seigneur en cas de mutation de Fief. Il est fixé en quelques lieux à dix livres pour plein lige; en d'autres, à la moitié ou au quart de cette somme; & on le nomme alors demy lige ou quart de lige.

LIGEMENT. adv. d'une maniére lige. Il tient cette Terre ligement, avec la condition des Fiefs liges.

LIGNE. s. f. Terme de Géometrie. C'est une quantité étenduë en long. Euclide la définit, longueur sans largeur; Candale son Commentateur, l'écoulement d'un point. Ligne droite est celle qui est la plus courte entre deux points. Les lignes courbes réguliéres sont la circulaire, ecliptique, parabolique, hyperbolique, cycloïde, conchile, helice, spirale, asymptote. On dit aussi ligne paralelle, incommensurable, infinie, tangente, secante, qui sont définies à leur ordre. L'inclination de 155 deux lignes fait un angle. On n'a pû trouver encore deux lignes moyennes & continuellement proportionelles. Les Ouvriers parlant des lignes & des traits, quand elles sont paralelles, les nomment jaugées; & quand elles sont irréguliéres, ils les nomment tastées ou corrompuës.

Ligne signifie encore la premiére & la plus petite des longueurs, c'est la douziéme partie d'un pouce, & la cent quarante-quatriéme partie d'un pied de Roi: on l'appelle autrement grain d'orge. Cet ais a six lignes d'épaisseur.

Ligne de foi est un cheveu ou un petit fil d'argent le plus délié qu'on peut trouver, qu'on applique sur le verre d'une lunette, posée sur une alhidade ou un niveau pour faire de plus justes observations, soit au Ciel, soit sur la terre.

Ligne signifie aussi un trait de plume ou de pinceau fort délié, quoi qu'il ne contienne aucun caractére.

Ligne en termes d'Ecrivains & Imprimeurs, est une rangée ou suite de caractéres couchez sur du papier, du parchemin ou autre matiére propre, à côté les uns des autres, qu'on lit de gauche à droit. Les grosses des écritures d'Avocats doivent avoir vingt & une lignes à la page suivant l'Ordonnance. Il n'y a pas assez d'espace entre vos lignes. Ces lignes ne sont pas droites. Ce mot vient du Latin Linea.

Lignes se dit au plurier d'un écrit, d'une lettre. Je vous écris ces lignes pour vous donner avis que, &c. c'est à dire, je vous écris une lettre. Je vous demande deux lignes de vôtre main sur une telle difficulté.

On dit en ce sens, lors qu'on écrit en cérémonie: 156 Il ne lui a pas laissé la ligne. Il lui a donné la ligne, lors qu'on remplit ou qu'on laisse en blanc la premiére ligne aprés le mot de Monsieur. C'est une cérémonie que font les Grands, quand ils veulent faire distinction de la qualité des gens à qui ils écrivent.

On dit absolument à la ligne; lors qu'on veut marquer un nouvel article, pour dire qu'il faut recommencer une nouvelle ligne, & laisser la précédente imparfaite.

Ligne en termes d'Astronomie & de Géographie se dit par excellence de la ligne Equinoctiale ou de l'Equateur. Les Matelots baptizent les passagers la premiére fois qu'ils passent la Ligne. Cette Isle est sous la Ligne, à deux degrez de la Ligne: c'est là que commencent les latitudes Australes & Septentrionales.

En termes de Gnomonique on appelle la ligne de Midi, ou la ligne Meridienne, celle qui tend d'un Pole à l'autre, qui représente le cercle Meridien. Dans les cadrans verticaux la ligne de Midi est toûjours perpendiculaire à l'Horizon; Dans les horizontaux le stile ne fait point d'ombre vers l'Orient, ni vers l'Occident, quand il est sur la ligne de Midi.

En termes d'Escrime on appelle la ligne, celle qui est droitement opposée à l'ennemi, dans laquelle doivent être les épaules, le bras droit & l'épée, & sur laquelle sont aussi posez les pieds à la distance de 18. pouces l'un de l'autre; & ainsi on dit, être dans la ligne, sortir de la ligne.

En termes de Statique ou de Méchanique, la ligne de direction est celle qui passe par le centre de gravité du corps grave jusqu'au centre de la terre, laquelle doit passer aussi par le soûtien du corps pesant, autrement il est de nécessité qu'il tombe.

En termes de Pesche, on appelle aussi une ligne un hameçon attaché à une ficelle penduë au bout d'un bâton, qui sert à pescher de médiocre poisson. Ligne dormante est celle qu'on attache à un arbre pour pescher en secret. Elle est défenduë par l'Ordonnance. Ménage croit que ce mot de ligne a été dit à lino, à cause que les pescheurs faisoient leurs lignes de lin.

En termes d'Optique ou de Perspective, on appelle la ligne visuelle, la ligne ou le rayon qu'on s'imagine s'étendre depuis l'œil jusqu'à l'objet. La ligne de terre, est celle où l'on met le plan géometral qu'on veut tirer en perspective.

En termes de Chiromance, on appelle lignes les traits ou incisures qui sont marquez dans la main, dont les observations servent de fondement à cette vaine science. On en décrit ordinairement 14. dont il y en a trois principales. La premiére qui est au dessous du pouce, se nomme ligne de vie, ou la ligne du cœur, & la ligne de l'âge; la seconde s'appelle hepotique ou la ligne du foye, & naturelle, qui passe par le milieu de la paulme de la main, & qui la coupe en travers, & va jusqu'au mont de la Lune; la troisiéme qui va dans le même sens, & qui lui est paralelle, prend depuis l'indice jusqu'à l'autre bout de la main, & s'appelle mensale, thorale, ou la ligne de Venus.

En termes d'Architecture, d'Arpentage & de Jardinage on appelle ligne, le cordeau avec lequel on trace sur terre les desseins des bâtimens, on mesure les longueurs, on dresse les allées. Ces ruës sont tirées à la ligne. Voilà des arbres plantez à la ligne, en droite ligne.

En termes de Manége on appelle ligne du banquet, celle que les éperonniers s'imaginent en forgeant un mors pour déterminer la force ou la foiblesse qu'ils veulent donner à la branche, pour la rendre hardie ou flaque.

Ligne en termes de Guerre se dit de la disposition d'une armée rangée en bataille. L'avant-garde est placée en droite ligne, & se divise en plusieurs Bataillons & Escadrons postez sur le devant, & c'est la premiére ligne. Le corps de Bataille forme la seconde ligne, où est le poste du Général; & la troisiéme ligne est le corps de réserve ou l'arriére-garde. Il faut laisser 150. pas de terrain pour se rallier, entre la premiére & la seconde ligne, & deux fois autant entre la seconde & la troisiéme. Dans cette Bataille Navale tous les Vaisseaux étoient rangez sur une même ligne.

Ligne en termes de Fortification, est un travail fait de terres remuées, un fossé, un parapet, ou une couverture faite de rangées de fascines, gabions ou sacs à terre, pour défendre un camp, une place d'armes.

Lignes de circonvallation sont des fossez couverts de parapets, qui se font autour d'une place à la portée du Canon, pour se défendre du secours qu'on pourroit craindre; & parce que d'espace en espace elles sont fortifiées de forts & de redoutes, elles sont appellées de communication d'un quartier à l'autre.

Lignes de contrevallation sont de semblables lignes par lesquelles on se fortifie contre les assiégez, quand la garnison est trop forte. On les appelle aussi contrelignes.

Ligne de défense rasante ou flanquante est la ligne qui étant tirée le long de la face du bastion 159 aboutit à quelque point de la courtine. La ligne de défense doit être de 120. toises ou environ.

La ligne de défense fichante, est celle qui est tirée de l'angle, de la courtine, & du flanc, ou de quelque autre partie du flanc qui fait un angle avec la face, d'où les coups tirez peuvent entrer & se ficher dans la face du bastion opposé.

On appelle aussi lignes d'attaques, lignes d'approches, les tranchées, & semblables travaux qui sont faits pour s'approcher de la place & l'attaquer.

On appelle la ligne fondamentale, la premiére ligne, qu'on décrit quand on veut tracer le plan d'une place, & qui en figure toute l'enceinte. La ligne capitale est celle qui va du centre du bastion à sa pointe.

En termes de Marine, on appelle lignes plusieurs cordes qui servent à amarer, lier ou arrêter les manœuvres, comme les rabans, rides & garcettes. On appelle aussi ligne d'eau, la ligne que marque sur le bordage la surface de l'eau, quand le vaisseau est à flot. On appelle aussi la ligne de la seconde, le cordeau où est attachée la seconde.

Ligne blanche en termes de Médecine, est la termination des muscles de l'Epigastre continuée depuis le cartilage scutiforme jusqu'à l'os pubis. Elle est appellée blanche tant à cause de sa couleur, que parce qu'il n'y a point de parties charneuses, ni au dessus, ni au dessous d'elle.

En termes de Finance on appelle ligne de compte, les articles qu'on couche dans un compte; & on dit qu'une somme est tirée hors ligne, quand elle est mise en chiffre à la marge droite du compte, pour en faciliter le calcul.

En ce sens on dit au figuré, mettre en ligne de compte les graces qu'on reçoit de ses amis, les services qu'on leur rend, suivant qu'on en fait plus ou moins d'état. Cette faveur est trop legére, ne la mettez pas en ligne de compte.

Ligne en termes de Généalogie, est une suite de Parens en divers degrez descendans d'une même souche ou pere commun. La ligne directe est celle qui va de pere en fils, la collaterale est celle où sont placez les oncles, tantes, cousins, neveux. La ligne ascendante, la ligne descendante. Un lignager est celui qui est de l'estoc & ligne de quelqu'un. La ligne masculine a fini à un tel.

LITARGE. s. f. est la fumée du plomb évaporé dans l'affinement de l'or & de l'argent; c'est comme une suye qui s'attache à la cheminée du fourneau: celle d'or est jaune, & celle d'argent est blanche. C'est aussi l'écume du plomb brûlé, hors qu'il est fondu avec de l'argent: car cette écume étant ôtée, elle est de la couleur d'argent; mais si elle est poussée davantage au feu, elle devient de couleur d'or: de sorte qu'il n'y a que la difference de la cuisson, qui distingue la litarge d'or ou d'argent. Dioscoride en parlant des litarges d'argent qu'il appelle spuma argenti, dit qu'il y en a une faite de sablon plombin; l'autre d'argent & de plomb. La meilleure est de couleur d'or, qu'il nomme chrysitis. Celle de Sicile s'appelle argentine à cause de sa couleur; mais celle qui est faite d'argent, s'appelle Calabroise. Mathiole la définit plomb mêlé de vapeurs de bronze & d'argent; il dit aussi que la litarge est un poison.

LUNETTE. s. f. terme d'Optique, Instrument qui sert à grossir les objets, à conserver, à faciliter l'action de la vûë. Les Auteurs qui ont écrit des lunettes, & sur tout du Telescope, ont été entr'autres Kepler dés l'année 1611. Johannes Hevelius, Scheinerus, Emanuel Magnan, Galilée, Descartes, Sirturus, Maurolicus, Antonius de Dominis, Malapertius, Aquilonius, Vitellio, Tardeus, Fontana, le Pere Schot Jesuïte, le Pere de Rheita Capucin, & Pierre Borelli, dans divers Traitez d'Optique, de Perspective & d'Astronomie. Les Ouvriers fameux ont été Torricelli, Fontana, Ferrier, Chorez, Campani, Divini, & maintenant le Sieur Borelli Chymiste, qui est de l'Academie Royale des Sciences, qui a fait les verres de lunettes de l'Observatoire.

Le Telescope est une lunette à longue vûë, qui approche les espéces des corps éloignez, & qui les grossit. On l'appelle aussi une lunette d'Hollande, de Galilée. Il y a de ces lunettes simples à deux verres, qui sont l'objectif & l'oculaire, & d'autres à quatre verres. La lunette de l'Observatoire de Paris a septante six pieds de tuyau. Messieurs Descartes & Hook n'ont pas desesperé de pouvoir découvrir quelque jour des animaux dans la Lune par le moyen des grandes lunettes; mais Monsieur Auzout a prétendu qu'on n'en peut faire de plus longues que de trois cens pieds, & qu'en ce cas on ne pourroit voir la Lune que comme on la verroit de soixante lieuës loin sans lunettes, à laquelle distance on ne pourroit pas découvrir des animaux sur la Terre. Voyez Telescope.

Le Microscope est une autre lunette courte, qui sert à découvrir les plus petites parties des objets qu'elle grossit extraordinairement. Il s'en fait aussi à plusieurs verres. Il y a d'autres Microscopes si petits, qu'ils sont faits d'un verre qui n'est gros que comme la tête d'une épingle, & ils font des effets merveilleux. Gassendi dit avoir vû émeutir un ciron avec le Microscope. Il y en a aussi pour le Peuple qu'on appelle lunettes à puces, qui ne sont autre chose qu'une petite bouteille, dans laquelle on regarde par un fort petit trou.

Lunette Poliedre ou à Facette, est ce que le Peuple appelle lunette d'Avaricieux, qui se fait avec un verre taillé, qui multiplie autant de fois l'objet qu'il a de faces. Il se fait de belles perspectives de piéces rapportées avec des lunettes à Facettes, dont l'art est décrit par le Pere Niceron dans sa Perspective, & par le Pere Kircher en son Livre de la Magie, de la Lumiére, & de l'Ombre.

Lunettes au plurier, ce sont deux verres enchassez dans de la corne ou autre matiére qu'on applique sur le nez, & devant les yeux, pour aider aux vieillards & à ceux qui ont la vûë courte, à lire & à écrire, ou à découvrir mieux les objets. On les appelle aussi Besicles. Il y en a qui servent à grossir les objets, les autres à conserver seulement la vûë, qu'on appelle Conserves. On a fait aussi des lunettes à longue vûë, pour appliquer aux deux yeux qu'on appelle Binocles, dont a écrit le Pere Cherubin Capucin, & avant lui le Pere Rheita du même Ordre, en son Livre intitulé Oculus Enoch & Eliæ, lequel avoit trouvé aussi l'invention des lunettes à trois ou à quatre verres. Voyez Binocle.

Pour achever la perfection des lunettes, on a trouvé le moyen d'appliquer un treillis ou grille de filets trés-déliez sur le verre oculaire convexe, ce qui rend l'observation plus juste. On en voit la figure dans le Journal des Sçavans de l'année 1667.

Les lunettes ont certainement été inconnuës aux Anciens, mais aussi elles ne sont pas si modernes que le Telescope. Un Frere Alexandre Despina de l'Ordre des Freres Prêcheurs de Sainte Catherine de Pise, qui mourut dés l'an 1311. en communiqua l'invention, qu'il trouva de lui-même, aprés qu'il eut appris qu'un autre en avoit trouvé le secret, lequel il ne vouloit pas communiquer. Cela est écrit dans la Chronique de ce Convent; & il est fait mention de ces lunettes dans le Dictionaire de la Crusca au mot occhiale. Il en est fait aussi mention dans le Livre de Guy de Chauliac Professeur de Medecine à Montpellier, intitulé la Grande Chirurgie, composé dés l'année 1363. Il y a aussi un Arrest du 12. Novembre 1416, rapporté par Ménage en son livre Amœnitates Juris, qui fait mention de ces lunettes, & d'autres témoignages anciens citez par le sieur Comiers en son Traité des Lunettes.

On appelle aussi en Architecture des voutes à lunettes, lorsque dans les deux côtez du berceau d'une voute on y fait de petites arcades pour y pratiquer quelques jours ou veuës.

Lunettes se dit aussi par antiphrase en matiére de bâtimens, de ce qui bouche ou qui ôte la veuë. Cette maison avoit veuë sur plusieurs jardins; mais le voisin a élevé son mur, & il lui a donné des lunettes.

Lunette se dit aussi d'une petite ouverture qui se fait dans le toit d'une maison.

Lunette en termes de Menuiserie, est une planche de bois percée, qui sert de siége à un privé. On a commandé à ce menuisier une lunette pour un privé. On appelle aussi une lunette, cette ouverture qui est au derriere des soufflets, par où entre le vent, & qui se ferme en dedans par la souspape.

Lunettes en termes de fortifications, sont des enveloppes qui se font au devant de la courtine. Elles sont composées de deux faces qui font un angle rentrant, & se construisent ordinairement dans des fossez pleins d'eau, pour y faire l'effet d'une fausse braye. Elles ont cinq toises de large dont le parapet en a trois.

Lunettes en termes de Manége, sont deux petites piéces de feûtre relevées en bosse, qu'on applique sur les yeux d'un cheval vicieux, ou qui ne veut point se laisser ferrer ni monter.

On dit aussi ferrer un cheval à lunettes, ou à demi fer, c'est à dire, avec un fer dont on a retranché la partie des branches, qui est vers le quartier du pied, ce qu'on appelle les éponges.

On appelle aussi lunette le cercle de métail qui enferme & soûtient le crystal d'une montre.

Lunette chez les Tourneurs, est cette piéce de bois troüée qu'ils appliquent sur leur tour, pour faire diverses sortes d'ouvrages qui se tournent en l'air.

Lunette de volaille, est la partie du chappon qui est entre le col & l'estomac, qui est soûtenuë par deux petits os qui forment un angle aigu. On tient que la lunette est la partie la plus excellente du chappon.

On dit proverbialement à celui qui s'est trompé en regardant quelque chose: Prenez vos lunettes, chaussez vos lunettes. On dit aussi en se mocquant d'un grand nez: Voilà un beau nez à porter lunettes.

LUNETTIER. s. m. Ouvrier qui fait & qui 165 vend des lunettes. Les Miroitiers & les Lunettiers ne font qu'un Corps & une même Maîtrise.

LUT. s. m. En termes de Chymie, se dit de toute sorte de ciment ou d'enduit qui sert tant pour le bâtiment des fourneaux, que pour mettre autour des vaisseaux de verre & de terre qui doivent résister à un feu violent. On le fait de terre grasse, de sable de riviére, de fiente de cheval, de la poudre des pots de beurre cassez, de la tête morte du vitriol, du machefer, du verre pillé & de la bourre ou laine courte des Tondeurs, mêlez avec de l'eau salée ou sang de bœuf. Il y a aussi un Lut qui sert à luter les chappes avec les cucurbites ou recipiens, ou pour réparer les fentes des vaisseaux, qui se fait avec de l'amidon cuit, ou de la colle de poisson dissoute dans l'esprit de vin & des fleurs de soulfre, du mastic & de la chaux éteinte dans du petit lait. On appelle aussi lut de sapience le sceau hermetique qui se fait en fondant le bout d'un matras de verre au feu de lampe, & en le tortillant avec la pincette. Ce mot vient de lutum.

LUTH. s. m. Instrument de musique monté de cordes de boyau, qui n'avoit autrefois que six rangs de cordes; mais avec le temps on y a ajoûté quatre, cinq, ou six autres rangs plus bas. Le luth est composé de quatre parties, de la table de sapin ou de cedre, du corps composé de neuf ou dix éclisses, qu'on appelle aussi le ventre ou la donte; du manche qui a neuf touches ou divisions marquées avec des cordes de boyau; & de la tête ou de la crosse où sont les chevilles. Il y a aussi une rose au milieu de la table par où sort le son; un chevalet où sont attachées les cordes, & un fillet ou mourceau d'ivoire qui est entre le manche & la tête, sur lequel les cordes portent par l'autre extrêmité. On pince les cordes de la main 166 droite, & de la gauche on appuye sur les touches. On appelle le temperament du luth, l'alteration convenable que l'on est obligé de faire des intervalles tant à l'égard des consonances, que des dissonances, pour les rendre plus justes sur l'instrument. Les luths de Boulogne sont les plus estimez par la qualité du bois, qui est cause qu'on en tire un plus beau son. On est plus long-temps à accorder un luth qu'à en jouër. Les concerts se font avec des dessus & des basses de luths. On dit qu'un luth est bien monté quand on y a mis de bonnes cordes, qui sont bien d'accord & au ton convenable. Un Auteur digne de foy dit qu'on a vû à Paris un luth d'or, qui revenoit à trente-deux mille écus. Ce mot vient de laud Espagnol, qui est venu de allaud des Maures, qui signifie la même chose, comme témoigne Scaliger. Quand on le veut nommer en Latin, on l'appelle testudo, cythara, chelys.

LUTHÉE. s. f. Est une épithete qu'on donne à la Mandore, lors qu'elle a plus de quatre rangs de cordes, & qu'elle approche plus prés du luth.

 

 

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021