BIBLIOBUS Littérature française

R

 

Rr.—Les deux r se font entendre dans les mots qui commencent, 1o par err, comme errer, erreur, erroné et autres dérivés; 2o par irr, comme irraisonnable, irrasatiable, irrécusable, irrégulier, irréligion, irritabilité, etc.; 3o par horr, comme horreur, horrible, horripilation et aussi abhorrer.

2. Les deux r se prononcent également, 1o dans les futurs et les conditionnels des verbes mourir, acquérir, requérir, courir, et les dérivés; 2o dans aberration, concurrence, concurrent, corroder, corrosion, erratique, erre, errhin, errement, interrègne, inénarrable, myrrhis, narration, narrateur, narratif, narré, narrer, occurrence, terreur, terrible, torrent et le verbe errer à l'infinitif et au participe.—Les deux r se prononcent dans les noms propres Burrhus, Pyrrha, Pyrrhon, Pirrhus, Verrès, etc., et dans les mots dérivés pyrrhique, pyrrhonien, etc. (Hennebert.)

Rabattu.—Ne dites pas, c'est du rabattu pour c'est du rebattu, c'est du rebâché.

Raccroc, s. m., coup imprévu du jeu: il s'est sauvé par raccroc: prononcez racrô (ô long).

Raccuser.—Ce mot n'est pas français pour signifier redire par méchanceté, ce qu'on a vu ou entendu; il faut dire rapporter, rapporteur, dénoncer, dénonciateur:—c'est lui qui nous a rapportés; les enfants sont rapporteurs.

Rachever, n'est pas français: dites achever.

Raclée, s. f., volée de coups: recevoir une bonne raclée; ce terme est populaire.

Racoudre, n'est pas français: dites recoudre:—votre manche est décousue, faites-la recoudre; s'il s'agit de raccommodage, dites raccommoder.

Racquitter.—Ce verbe est français: il avait beaucoup perdu, mais j'ai pris son jeu et je l'ai racquitté; il avait perdu tout son argent, mais il s'est racquitté; essayez de vous racquitter; vous vous racquitterez une autre fois.

Radis, s. m., légume:—l's ne se prononce pas.

Rafistoler, n'est pas français; dites réparer, raccommoder, rarranger, retoucher.

Rafle, s. f., terme de jeu, enlever tout sans rien laisser;—au jeu des dés, rafle se dit quand les dés amènent chacun le même point: j'ai fait rafle de quatre.—Prononcez ra-fle et non rafe ni rafèle.

Rafraîchir.—Dans le sens de faire un repas, de boire un coup, etc.; il ne s'emploie que pronominalement: nous sommes allés nous rafraîchir à tel hôtel (et non rafraîchir).

Rahausse, ce qui sert à hausser; dites hausse: mettre une hausse à des souliers, à des bottes; mettre des hausses aux pieds d'une table, d'une armoire.

Raide, raidir, raideur, raidillon:—on écrit aussi roide, roidir, roideur, roidillon.—En conversation, dit l'Académie, et quelquefois dans le discours soutenu, on prononce rède, rèdir, rèdeur, rèdillon. Il résulte de cette observation que l'on peut aussi prononcer roide (roade), roidir (roadir), roideur, roidillon, mais seulement dans le discours soutenu.

Raie, s. f.; voyez ligne.

Raiguiser, n'est pas français; il faut dire aiguiser ou aiguiser de nouveau, selon le sens: allez aiguiser votre couteau; faites-le aiguiser de nouveau:—voyez aiguiser.

Rail, s. m. pl., rails, barre, barreau: raille.

Raillerie (entendre).—Voyez entendre.

Rail-way, s. m., chemin de fer: prononcez rail-wai.

Raison, s. f.—Ce mot ne s'emploie pas dans le sens de querelle, différend, démêlé;—ne dites donc pas: j'ai eu des raisons avec lui; dites, j'ai eu une querelle, un différend avec lui.—Mais on dit fort bien, conter ses raisons à quelqu'un, c'est-à-dire, l'instruire de ses affaires, de ses intérêts, lui explique les motifs de la conduite qu'on a tenue.

Raisonnable, adj.—Quelques personnes emploient à tort le mot raisonnable pour moyen, et le crieur d'une petite ville du Hainaut terminait de la manière suivante l'annonce d'une vente de porcs: il y en a des grands, des petits et des raisonnables. (Omnibus montois.)

Raja ou Rajah, s. m., prince indou: prononcez raja.

Rallargir, mot wallon: dites rélargir: il est obligé de faire rélargir tous ses habits.

Rallonge, Rallonger.—Ces mots sont français: mettre une rallonge à une robe, à une table; rallonger une jupe, une table.—On dit aussi dans le même sens allonge, allonger.

Ramonasse, mot d'origine flamande qu'il faut rendre en français par les mots rave, raifort ou radis, selon le sens.

Ramponeau, s. m., terme de cuisine; ce mot n'est pas français; dites filtre à café.

Rance, dans le sens de crêpe, est un mot wallon: il a mis un crêpe à son chapeau.

Rancuneux, euse, adj. qui garde rancune: ce mot n'est pas français: dites rancunier, ière.

Ranger (se), de, signifie se mettre de:—se ranger à, veut dire adopter: se ranger du parti, du côté de quelqu'un; se ranger à l'avis (et non de l'avis) de quelqu'un.

Râpe, s. f., Râper, v. a.: l'â est long comme dans pâté.

Rapêcher, retirer de l'eau: ce mot est wallon; dites repêcher: il était tombé au fond de la rivière, on l'a repêché à demi-mort.

Raphaël, n. pr.—Prononcez Raphaèle et non Rapha-yèle.

Rapiécer, Rapiéceter, Rapétasser.Rapiécer, c'est raccommoder en mettant une pièce ou des pièces;—rapiéceter, c'est remettre sans cesse de nouvelles pièces;—rapétasser, c'est raccommoder grossièrement de vieilles hardes.

Rappeler (se): on dit, se rappeler quelque chose et non de quelque chose:—je me le rappelle et non je m'en rappelle.—Il est toutefois d'usage de dire: je me rappelle d'avoir vu, d'avoir fait, d'avoir écrit. (Acad.), c'est-à-dire, je me rappelle le fait d'avoir vu, d'avoir fait, etc.

2. Rappeler (en), ne dites pas: j'ai été condamné, mais je vais en rappeler; dites, je vais en appeler, je vais en appel, je vais interjeter appel.

Rapport, s. m.—Ne dites pas: il m'en veut à rapport de vous, ou bien, à rapport que je suis riche; dites, il m'en veut à cause de vous, ou bien parce que je suis riche. (Wall.)

2. Ne dites pas, il dit cela par rapport à vous; dites, il dit cela à cause de vous, ou à votre adresse, selon le sens.

3. Ne dites pas: je ne suis pas venu à l'école, à rapport que j'ai été malade; dites, parce que j'ai été malade.

4. Ne dites pas: sur le rapport de la conduite, je n'ai que de bons renseignements à donner de mon domestique; dites, sous le rapport...

Rapt, s. m., enlèvement par violence; on prononce le p et le t, (rapte).

Rare, adj.—Dites, il est rare que je le fasse, que nous le fassions et non, que je le fais, que nous le faisons.

Ras, ase, adj., qui a le poil coupé jusqu'à la peau ou qui a le poil fort court, etc.—On dit au ras de l'eau, à ras l'eau, c'est-à-dire, presque au niveau de l'eau: cette embarcation est à ras l'eau:—on dit aussi à rase terre, c'est-à-dire, à fleur de terre, de niveau avec le sol environnant: dans la cour est un puits dont la margelle est à rase terre.

2. Ne dites pas, mesurer à rase; dites, mesurer à rase mesure.—Prononcez raze au masculin comme au féminin.

Rasibus, prép., tout près: la balle lui passa rasibus du front.—Prononcez rasibuce.

Rassercir ou Rassercer.—Ce mot n'est pas français; dites rentraire, s'il s'agit de l'action de coudre ensemble deux morceaux d'étoffe sans que la couture paraisse;—dites ravauder, pour signifier, raccommoder de méchantes hardes à l'aiguille, sans pièces: ravauder des bas, une veste; aiguille à ravauder.

Ratatouille, s. f., ragoût grossier, composé ordinairement de viande et de légumes: quelle ratatouille nous servez-vous donc là? ce traiteur ne donne que de la ratatouille. (Bescherelle.)

Râteau, Râteler, Râtelier, etc.—Prononcez l'â comme dans pâté: un râteau à dents de fer; râteler des foins, des avoines, manger à plus d'un râtelier.

Rattaquer.—Ne dites pas: il a rattaqué à Bruxelles; dites, il a appelé..., il a interjeté appel à Bruxelles.

Rattendre, n'est pas français; dites donc, attendez-moi, attendez un peu et non rattendez-moi; rattendez un peu.

2. Ne dites pas, on a rattendu un homme dans le bois; dites, on a attaqué...

Rature, Effaçure, s. f.—Les ratures consistent en quelques traits de plume qu'on passe sur ce qu'on écrit;—les effaçures se font à l'aide d'un grattoir; un écrit plein de ratures, chargé de ratures; l'effaçure n'empêche pas qu'on ne lise encore quelque chose de ce qui était écrit.—De même le verbe raturer a une toute autre signification que les verbes gratter, effacer, ôter: il est difficile d'avoir un style pur sans raturer (biffer, bâtonner) beaucoup.

Rauque, Enroué.Rauque ne se dit que de la voix et jamais des personnes;—enroué se dit également de la voix et des personnes, mais il n'exprime qu'un effet passager, inaccoutumé: une voix rauque; cet homme a une voix forte, mais le son en est rauque; un homme enroué (et non rauque); avoir la voix enrouée, parler enroué.

2. Prononcez roque (o bref).

Ravauderie, s. f., ne signifie pas vieillerie, gueuserie, bagatelle: on ne vend là que de la vieillerie; il ne se meuble que de vieilleries.—Ravauderie veut dire, bavardage, discours, plein de niaiseries, de bagatelles: il ne dit que des ravauderies; quelle ravauderie venez-vous nous conter.

Ravoir.—Ce verbe ne s'emploie qu'à l'infinitif; dans les autres temps, il faut se servir de l'un des mots: payer, se rétablir, avoir de nouveau, reposséder, regagner, retenir, récupérer, recouvrer, rattraper:—vous le payerez (et non je vous raurai); cette personne commence à se rétablir (et non à se ravoir); si je puis retenir mes papiers, je ne les lui donnerai plus;—je voudrais bien retenir l'argent que je lui ai prêté;—il voudrait bien retenir ce qu'il a dit;—je n'ai jamais pu récupérer mes déboursés dans cette affaire;—il a recouvré sa bourse;—il cherche à recouvrer son bien;—allez toujours devant, je vous aurai bientôt rattrapé;—il a si bien fait qu'il a rattrapé la montre qu'on lui avait volée; on ne m'y rattrapera plus;—bien fin qui m'y rattrapera.

Rawette, s. f., mot wallon qui se rend selon le sens par: et le reste, surcroît, cadeau ou une autre expression équivalente:—son emploi lui vaut par an mille francs et le reste (la locution haïe au bout a vieilli); après ma journée j'ai dû faire une course d'une lieue par surcroît; je vais vous acheter cette pièce d'étoffe, mais vous me donnerez ce foulard en cadeau, vous me ferez cadeau de ce foulard, vous me donnerez quelque chose en sus du marché.—Voyez dringuelle.

Rayé.—En parlant d'étoffes, on dit un dessin rayé et non un dessin à lignes.

Re.—Particule qui entre dans la composition d'un grand nombre de mots, et qui sert à indiquer un sens contraire, comme dans repousser, rejeter, renvoyer, etc.;—ou bien un sens itératif (de nouveau) comme dans redire, refaire;—ou un sens augmentatif comme dans relâcher, rendre plus lâche.

Rébarbatif, ive, adj., rude, repoussant: cet homme a toujours une humeur rébarbative.—Rébarbaratif n'est pas français.

Rebelle, adj. et s. Rebeller (se): prononcez re et non ni .—Prononcez et écrivez, au contraire, rébellion et non rebellion.

Rebiffade, s. f., mauvais accueil, refus avec mépris et paroles.—Rebuffade n'est pas français.

Rebiffer, v. a. et n., regimber, ne pas vouloir, refuser;—se rebiffer, est très-usité parmi le peuple, mais il ne figure pas dans les dictionnaires. (Bescherelle).

Rebours, s. m., sens contraire.—A rebours, au rebours, loc. adv. et prép., en sens contraire: il prend tout à rebours, au rebours de ce qu'on lui dit.—On ne prononce pas l's.—A la rebours n'est pas français.

Rébus, s. m., sorte de jeu d'esprit, allusion, équivoque: prononcez rébuce.

Rébutoire (vice).—Ce mot n'est pas français; dites vice, cas rédhibitoire: la pousse, la morve et la 412 courbature sont des cas rédhibitoires pour la vente d'un cheval.—Prononcez rédibitoire.

Récépissé, s. m., (au plur. récépissés), écrit par lequel on reconnaît avoir reçu des papiers, des pièces, etc.: ne dites pas récipissé.

Recette, s. f., se dit de la composition de certains remèdes ou médicaments ou bien d'un écrit enseignant la manière de faire cette composition; mais quand il s'agit de la prescription d'un médecin destinée au pharmacien, on se sert du mot ordonnance: portez cette ordonnance au pharmacien.

Rechanger (se), signifie, changer de linge: vous êtes mouillé, rechangez-vous.—Mais il n'est pas français dans le sens de se remplacer, se relever, faire quelque chose à tour de rôle, alternativement: cette besogne est très-fatiguante, mais nous pourrons la faire à tour de rôle.

Rèche, adj., ce mot est français: rude au toucher:—cette étoffe est rèche, il a la peau rèche;—aigre, rude au goût: pomme rèche, poire rèche.

2. Rétif, difficile à vivre: je lui trouve l'esprit un peu rèche.

Réchigner, est un verbe neutre qui signifie, témoigner par l'air de son visage la mauvaise humeur où l'on est, le chagrin, la répugnance qu'on éprouve: qu'avez-vous à réchigner? il réchigne toujours; il fait les choses de mauvaise grâce et en réchignant; c'est un homme qui réchigne à tout.—Mais il ne faut pas employer ce verbe activement ni pronominalement: il s'est fait réchigner, il s'est réchigné; dites, il s'est fait rabrouer, rembarrer; il réchigne.

Réciproquer, v. a., rendre la pareille, est familier et ne se dit que par plaisanterie. (Bescherelle).

Récit, réciter, récitation, etc.; écrivez et prononcez et non re.

Réclame, s. f., annonce pour recommander un ouvrage, tel ou tel genre d'industrie, de spéculation, etc.—N'employez pas ce mot dans le sens de réclamation: j'ai adressé une réclamation (et non une réclame) au bourgmestre.

Récolte, s. f.—Prononcez récolte et non recolte, récolle, r'colte;—prononcez de même les mots commençant par , comme réduire, réforme, réformer, réformation, répéter, etc.

Récompenser, n'est pas synonyme de dédommager; dites donc, si la nature l'a fait laid, elle l'a dédommagé (et non récompensé) en lui donnant de l'esprit.

Reconnaissant, te, adj.—On dit reconnaissant envers quelqu'un, envers son bienfaiteur; mais on ne dit pas reconnaissant à quelqu'un; c'est donc une faute de dire: je vous suis très-reconnaissant de ce service: dites, je vous suis fort obligé, bien obligé de ce service.

Recouper, signifie, couper de nouveau: cet habit avait été mal coupé, il a fallu le recouper; au jeu de cartes, lorsqu'on n'a pas coupé net, il faut recouper.—Mais n'employez pas ce mot dans le sens de rogner: il faut rogner ce bâton, il est trop long; rogner un manteau, les bords d'un chapeau; se rogner les ongles.

Recouvrer, Recouvrir.—Il ne faut pas confondre ces deux mots: recouvrer signifie rentrer en possession et recouvrir veut dire couvrir une seconde fois: dites donc, j'ai recouvré la santé, les biens que j'avais perdus, et on a recouvert mon toit.

Recréer, Récréer.—Ne confondez pas ces deux mots: recréer signifie créer de nouveau, donner une nouvelle existence, remettre sur pied;—récréer veut dire divertir, réjouir.—Prononcez recré-er, et non recré-i-er.

Recrue, nouvelle levée de gens de guerre;—soldat nouvellement arrivé au service;—gens qui arrivent inopinément; ce mot est féminin: nos recrues se sont comportées dans cette affaire comme de vieux soldats.

Recto, s. m., la première page d'un feuillet, se trouvant à droite, lorsqu'on ouvre le livre; il se dit par opposition au verso qui est la seconde page;—vous trouverez ce passage folio 24, recto.

Recul, s. m., mouvement d'une chose qui recule: on prononce l'l.

Recureur, euse, s.—Ce mot n'est pas français; il faut dire écureur, euse.—Cependant le verbe récurer existe, mais écurer est préférable et plus usité.

Reddition, s. f.—On dit la distribution des prix et non la reddition des prix;—on dit bien cependant reddition de compte, mais rendage de compte n'est pas français.

2. Ne dites pas: j'ai payé, j'ai reçu mes rendages; dites, ... mes fermages, mes rentes.

Rédempteur, rédemption, rédemptoriste:—dans ces mots on fait sentir le p.

Rédhibition, s. f., action pour faire cesser une vente; prononcez rédibition.—Voyez rebutoire.

Rédicule, s. m., petit sac dans lequel les femmes portent leur mouchoir, leur bourse, etc.; écrivez et prononcez ridicule.

Réel, réellement, réalité, réaliste, etc.—-Prononcez ré-el, ré-ellement, etc., et non ré-i-el, ré-i-ellement.

Reformer, Réformer.Reformer, c'est former de nouveau: reformer un régiment qu'on venait de licencier;—réformer, c'est opérer une réforme: réformer la société, une loi.

Refroidir, s'emploie neutralement pour, devenir froid: laissez refroidir le bouillon.—Ne dites pas réfroidir ni rafroidir.

Refuser, v. a.—Lorsqu'il est suivi d'un autre verbe à l'infinitif, il régit la préposition de: il refusa de manger, de se coucher.—On peut dire aussi: il refusa à manger, à coucher, mais dans le sens de 415 il refusa de donner à manger, à coucher, et alors manger et coucher sont pris substantivement.—Se refuser, suivi d'un infinitif, demande la préposition à: il se refusa à le suivre.

Refuge, Réfugier.—Écrivez et prononcez re dans refuge et dans réfugier.

Regarder, v. a.—Ne dites pas: regarder hors de la fenêtre, mais, par la fenêtre.

2. Ne dites pas, regardez voir, mais simplement, regardez.

3. Ne dites pas: après quoi regardez-vous? je regarde après mon canif; dites, que cherchez-vous? je cherche mon canif.

4. Regarder large, dans le sens de, être étonné, être stupéfié, stupéfait, est un grossier wallonnisme.

Regimber, ruer, en parlant des animaux; au fig., refuser d'obéir:—ce verbe est neutre et ne s'emploie pas pronominalement: un inférieur qui regimbe (et non qui se regimbe) contre son supérieur.

Registre, s. m.—Quelques-uns prononcent et écrivent regître, dit l'Académie, qui dans tous les exemples qu'elle donne, écrit registre;—d'où il suit que cette dernière orthographe est préférable: prononcez r'gis'-tre et non regisse, registère (ni régître).

Règlement, s. m., règle, statuts: écrivez et prononcez règlement et non réglement.

Régler, v. a.—Régler un cahier, c'est tracer des lignes avec une règle;—ne dites pas ligner.

Réglisse.—Ce mot est féminin: la réglisse est adoucissante.

2. On appelle racine de réglisse ou simplement réglisse, la racine de cette plante, et jus de réglisse, le suc de la même plante préparé: mettre de la racine de réglisse ou de la réglisse dans une tisane; du jus de réglisse anisé; un bâton de jus de réglisse—Prononcez réglisse et non régli.

Régnicole, adj. et s. m., habitant naturel d'un pays, ou étranger naturalisé: prononcez le g dur, regh'nicole.

Regret, s. m.—Être aux regrets que ou de, n'est pas français;—il faut dire, avoir regret, avoir du regret, regretter: j'ai regret que vous ne puissiez m'accompagner; j'ai du regret de vous voir malade; je regrette qu'il soit parti seul.

2. A regret, est une locution adverbiale qui signifie avec répugnance: cet enfant obéit à regret.

Reguérir (se), n'est pas français; dites guérir ou se guérir: il est guéri, il se guérira bientôt.

Reguiser ou Raiguiser, n'est pas français; dites simplement aiguiser ou aiguiser de nouveau, selon le sens.

Reine, s. f., femme du roi: prononcez rène et non rain-ne.

2. Reine-Claude, s. f., espèce de prune très-estimée: prononcez comme c'est écrit, reine-Claude et non reine glaude.

3. L'Académie écrit des reines-Claude:—quelques grammairiens prétendent que ce mot doit rester invariable et ils écrivent des reine-Claude, en sous-entendant des prunes de la reine Claude;—d'autres enfin, et nous nous rangeons à leur avis, soutiennent qu'il faut pluraliser les deux mots et écrire des reines-claudes;—il nous semble en effet que par suite d'un long et fréquent usage le mot Claude a perdu sa qualité de nom propre et est devenu bel et bien nom commun; voilà pourquoi nous voudrions également voir, écrire ce dernier mot avec un c minuscule.

Relâche, interruption, discontinuation; ce mot est masculin: sa maladie commence à lui donner du relâche.

Rélargir, v. a. Rendre plus large et se rélargir, sont français: faire rélargir ses habits.

Relaver, v. a.—Dites un évier ou pierre d'évier, pierre à laver, et non pierre à relaver: voyez lavier.

Reléguer, relation, rejaillir, rehausser:—écrivez et prononcez re et non .

Rèler, dans le sens de se couvrir de givre ou de bruiner, n'est pas français;—rèler signifie se fendre de haut en bas sous la forme d'une vis: le suif se rèle.

Relevailles, cérémonie qui se fait à l'église, lorsqu'une femme y va la première fois après ses couches pour se faire bénir par le prêtre; ce mot est féminin et n'a pas de singulier: le jour de ses relevailles; c'est le curé qui a fait les relevailles de ma tante.

Relevée, s. f., le temps de l'après-dînée: à deux heures de relevée; l'audience de relevée; vacations de relevée.

2. Ce mot est un terme de procédure (Académie) qu'il faut bannir du langage ordinaire en le remplaçant par les expressions après-dînée ou après-midi, soir.

Relieur, s. m.—Dites simplement un relieur et non un relieur de livres.

Religion, religieux, etc.: prononcez religi-on, religi-eux et non religeon, religeux.

Reliquat, s. m., ce qui reste: le reliquat d'un compte de tutelle;—prononcez relika; prononcez de même reliquataire.

Reluquer, v. a., lorgner curieusement du coin de l'œil; au fig., avoir des vues sur une chose, la désirer;—reluqueur, euse, s., celui, celle qui reluque:—ces mots sont français, mais très-familiers.

Remaigrir, n'est pas français; dites ramaigrir, v. a. et n., rendre maigre de nouveau ou redevenir maigre.

Remarquer, v. a.—Ne dites pas: je vous remarquerai que vous êtes dans l'erreur; dites, je vous ferai remarquer, comme on dit je vous ferai observer: voyez ce dernier mot.

Remerciement, remercîment, s. m., discours par lequel on remercie:—la seconde orthographe est la plus usitée.

Remercier, v. a.—On remercie de quelque chose et non pour quelque chose: je vous remercie de vos bontés et non pour vos bontés.

2. Remercier s'emploie pour, congédier, révoquer: remercier un employé;—mais se remercier, dans le sens de donner sa démission d'un emploi, d'une charge, etc., n'est pas français.

3. Prononcez remerci-er et non remerci-ier.

Remolade, rémoulade, s. f., espèce de sauce piquante;—le second vieillit.

Remords, s. m.—On ne prononce ni le d ni l's; cette dernière lettre se fait sentir, lorsqu'elle est suivie d'un mot commençant par une voyelle. Les poètes retranchent quelquefois l's, mais cette licence n'est point permise en prose.—Remords ne peut pas se dire pour exprimer le mauvais goût qui reste de quelque liqueur après qu'on l'a bue; il faut dire arrière-goût, déboire:—ce vin laisse un arrière-goût; du vin qui a du déboire, quelque déboire.—Déboire s'emploie aussi au figuré: les plaisirs ont leur déboire; il a éprouvé bien des déboires.

Rémouleur ou Émouleur, s. m., celui dont le métier consiste à émoudre, à aiguiser les couteaux, les ciseaux, etc.; ce mot n'a pas de correspondant féminin;—écrivez et prononcez rémouleur, émouleur et non remouleur, emouleur.—Rémouler, émouler ne sont pas français; c'est émoudre ou rémoudre qu'il faut dire.

Remuement ou remûment, s. m., action de ce qui remue: prononcez remû-ment, remuer et non remu-wement, remu-wer.—Voyez ue.

Remplir, v. a.—Ne dites pas remplir un but, mais atteindre un but: voyez ce mot.

Rendre, v. a.—Ne dites pas, maison à rendre, c'est-à-dire, à prendre sur rente; dites maison à arrenter.

2. Ne dites pas non plus: on a bien rendu cette comédie; dites, on a bien joué, bien représenté cette comédie.

3. Ne dites pas: nous rende-rions, vous ren-de-riez, mais, nous ren-drions, vous ren-driez.

Renonce, s. f., terme dont on se sert, à certains jeux de cartes pour exprimer qu'on n'a point d'une certaine couleur; renon, n'est pas français;—il faut dire renonciation pour exprimer l'action de renoncer à quelque chose: je viens d'envoyer ma renonciation à mon propriétaire.

Renoncer, v. n. et a.—Ne dites pas d'un malade: il est renoncé des médecins; dites, il est abandonné des médecins, les médecins ne répondent plus de lui.

Rentraire, v. a., coudre, joindre bord à bord, etc.;—ne le confondez pas avec rentrer qui signifie entrer de nouveau. Voyez rassercir.

Renverser, v. a.—Ne dites pas: il a renversé son vin sur la table; dites, versé, si c'est à dessein et répandu, si c'est par étourderie ou par maladresse;—renverser se dit du contenant: il a renversé le verre, la bouteille, l'encrier, la table, etc.

Renvoi, s. m., en terme de médecine se dit, surtout au pluriel, des gorgées de substances gazeuses ou liquides, qui remontent de l'estomac ou de l'œsophage dans la bouche, sans être accompagnées des efforts qui caractérisent les vomissements. (Acad.)—Aigreur, s. f., se dit des rapports que causent quelquefois les aliments mal digérés; et, dans ce sens, on l'emploie plus ordinairement au pluriel qu'au singulier: cela donne des aigreurs, cause des aigreurs. (Acad.)—Ainsi, quoi qu'en disent certains auteurs, renvoi est tout aussi français qu'aigreur, avec cette différence toutefois que le premier semble plutôt être un terme technique.

Repartie, s. f., réplique, réponse prompte; prononcez reparti et non répartî ni réparti-ïe.

Repartir, Ressortir.Repartir (re), partir de nouveau ou répliquer, et ressortir, sortir de nouveau, se conjuguent comme partir et sortir:—mais répartir (), partager, distribuer, et ressortir, être du ressort ou de la compétence de quelque juridiction, se conjuguent comme finir:—je repartis, je ressortis, nous répartissons, nous ressortissons, etc.—On dit ressortir à et non de: cette affaire ressortit au juge de paix; les tribunaux de première instance ressortissent aux cours d'appel.

Repasser, v. a.—On dit repasser le linge et non polir le linge; l'instrument qui sert à repasser le linge se nomme fer à repasser et non polissoir:—ce dernier mot s'emploie pour signifier un instrument propre à polir, à l'usage des relieurs, des doreurs, des cordonniers, etc.

Repasseur, s. m., ouvrier qui repasse, aiguise les lames, couteaux, etc.—Ce mot figure dans le dictionnaire de Bescherelle et dans celui de Poitevin;—on dit très-bien repasser des couteaux, rasoirs, etc.; mais plusieurs grammairiens, à la suite de l'Académie, disent que repasseur n'est pas français.

Repasseuse, s. f., ouvrière qui repasse le linge; ce mot n'a pas de correspondant masculin.

Répété.—Il ne faut pas dire répété au lieu de réputé: il est réputé fort riche, il est réputé pour un homme de bien.

Répliquer, Répondre.—Ces verbes ne peuvent pas avoir un nom de personne pour régime direct, et ce serait une faute très-grave de dire: ne le répondez pas, ne le répliquez pas; je ne les ai pas répondu; il ne répond personne; dites, ne lui répondez pas, ne lui répliquez pas; je ne leur ai pas répondu; il ne répond a personne.

Répondre la messe.—On ne dit pas répondre à la messe, mais répondre la messe, c'est-à-dire, prononcer à haute voix les paroles que doit dire celui qui sert la messe. (Acad.)

2. Prononcez répondre, répliquer et non repondre, repliquer.

Repos, s. m.—Ne dites pas, il n'est jamais de repos; dites, il n'est jamais en repos.

Reprendre, v. a.—Ne dites pas, on l'a repris du collége; dites, on l'a retiré du collége.

Représaille, s. f., vengeance; ce mot s'emploie plutôt au pluriel qu'au singulier.—Prononcez reprézailles (ll mouillées) et non repressaille.

Réprimable, adj., qui doit ou peut être réprimé: abus réprimable.

Réprimandable, adj. qui peut ou doit être réprimandé.—Ce mot, quoique figurant dans certains dictionnaires, nous paraît hasardé; nous préférons, selon le sens, les mots réprimable, blâmable, repréhensible, etc.

Répugner, demande la préposition à devant un infinitif: il répugne à faire cela. (Acad.)

Requiem, s. m., prière pour les morts: messe de requiem;—au pluriel requiem. Prononcez recui-ème et écrivez requiem.

Réquisition, s. f.—Ne confondez pas ce mot avec conscription:—une réquisition est une levée extraordinaire d'hommes destinés à l'armée;—la conscription est la levée annuelle qui se fait en Belgique, en France, etc.—Voyez conscription.

Réséda, s. m.—Écrivez et prononcez réséda;—et non résida;—résette n'est pas français.

Résilier, v. a.—Ne dites pas: il a résilié sa place; dites, il a renoncé à sa place, il a donné sa démission.

2. Résilier signifie, casser, annuler, invalider et se dit d'un contrat, d'une vente, d'un bail, d'un marché, etc.: les juges ont résilié ce contrat.

Résoudre, v. a., a deux participes, résolu et résous.—Celui-ci n'a pas de féminin et ne se dit que des choses qui se changent, qui se convertissent en d'autres: brouillard résous en pluie.—Mais on ne pourrait pas dire: j'ai résous de partir; je me suis résous à plaider; il faut dire, j'ai résolu de partir, je me suis résolu à plaider.

2. Résoudre, employé activement, prend la préposition de devant un infinitif: j'ai résolu de vendre ma maison; cependant, s'il est précédé de son régime direct, il prend la préposition à: je me suis résolu à vendre ma maison.

Respect, s. m.—L'Académie cite les locutions suivantes: sauf le respect, sauf respect, sauf votre respect, sauf le respect que je vous dois, avec le respect que je vous dois.—Ce sont des termes d'adoucissement dont on se sert dans le style familier, quand on veut dire quelque chose qui pourrait choquer ceux devant qui l'on parle;—populairement on dit: sauf le respect que je dois à la compagnie et parlant par respect; mais il serait incorrect de dire, sous votre respect ou sur votre respect.

2. C'est mal connaître la valeur des mots que de terminer ainsi une lettre: j'ai l'honneur d'être avec respect; dites simplement, je suis avec respect.

3. Prononcez respèk; quelques-uns pourtant prononcent respè: voyez ct.

Respectif, ive, adj.—Ne dites pas avec les billets de part: époux, père, frère respectif, etc.; retranchez le mot respectif, car il va de soi que le défunt n'a pas été de son vivant époux, père, frère des mêmes personnes.

Ressembler, v. neutre, ne peut pas avoir de régime direct; ne dites donc pas: la fille ressemble la mère, mais ressemble à la mère.—Prononcez reçambler, reçamblance et non res'sembler, res'semblance; 423 prononcez de même: ressort, ressortir, ressaisir, ressasser, ressentiment, ressentir, resserrer, ressource, ressouvenir, ressouvenance, ressuer, etc.

Ressortir, v. n.: voyez repartir.

Ressusciter, v. a. et n., ramener ou revenir à la vie: prononcez réçucité.

Restaurant, s. m., se dit de l'établissement d'un restaurateur; restauration n'est pas français dans ce sens;—le restaurateur est le traiteur chez qui on peut prendre ses repas à toute heure; ainsi vous direz: je dîne au restaurant et non chez le restaurant;—chez le restaurateur et non au restaurateur.

Reste (au), du reste, loc. adv.—Au reste s'emploie quand, après avoir exposé un fait ou traité une matière, on ajoute quelque chose qui a du rapport avec ce que l'on vient de dire: c'est là ce qu'il y a de plus sage; au reste, c'est aussi ce qu'il y a de plus juste.—On emploie du reste, quand ce qui suit ne complète pas le sens de ce qui précède ou lorsque ce qui suit n'a pas une relation essentielle avec ce que l'on a déjà dit: il est capricieux; du reste, honnête homme. (Acad.)—Prononcez res'te et non res'se.—Voyez finales, 2.

Rester, v. n., suit la même règle pour l'emploi de l'auxiliaire que le verbe demeurer; c'est-à-dire, qu'il se conjugue avec avoir ou avec être selon que le sens permet de répondre à l'une ou l'autre de ces deux questions: qu'a-t-il fait? ou bien, où est-il?On l'attendait à Liége, mais il est resté à Mons; quand j'ai voulu prendre cet outil, le manche m'est resté dans la main; il a resté deux jours à Tongres.—Voyez demeurer.

2. Rester dîner, rester loger, etc., quelque part, est un flandricisme; vous direz donc: le roi a logé au palais ou bien le roi a resté au palais et y a logé, et non le roi est resté loger au palais;—j'ai dîné chez un tel, un tel m'a retenu à dîner, je suis resté à dîner chez un tel, et non je suis resté dîner chez un tel.

Restituer, v. a., rendre ce qu'on a pris: restituer le bien d'autrui.

2. Ne dites donc pas, restituer un livre à sa place; dites, remettre un livre à sa place.

3. Prononcez restitu-er et non restitu-wer.—Voyez ue.

Résulter, v. n. s'ensuivre, ne s'emploie qu'à l'infinitif et à la 3e personne des autres temps: il résulte de cette discussion; les maux qui résultèrent de la guerre.

2. Il se conjugue avec avoir ou avec être: qu'a-t-il résulté de là? ou qu'en est-il résulté?

Résurrectionner, n'est pas français: dites ressusciter.

Rétamer, enduire la surface intérieure d'une couche d'étain fondu; ce mot n'est pas français; dites étamer.

Rétention, s. f.: dites une rétention d'urine, et non une détention...

Retirer, v. a.—Ne dites pas: cette entreprise était difficile, mais il s'en est bien retiré; dites, il s'en est bien tiré.

Retour, s. m.—Avoir de retour, donner de retour, dans le sens de rendre, remettre, faire remettre, renvoyer, n'est pas français;—dites donc, prêtez-moi ce livre, je vous le renverrai ce soir, etc., et non, vous l'aurez de retour...

2. Ne dites pas: il y a longtemps qu'il garde mon livre; tâchez de l'avoir de retour; dites, tâchez de le ravoir.

3. Ne dites pas: il a quitté le pays et demeure de tour chez ses parents; dites, est retourné chez ses parents.

4. Ne dites pas non plus: je lui ai envoyé un chien, et il m'enverra de retour, un dindon; dites, il m'enverra un dindon en échange.—De retour, dans le cas précédent, signifierait ce qu'on ajoute, ce qu'on joint 425 à la chose qu'on troque contre une autre pour rendre le troc égal: voulez-vous troquer votre dictionnaire contre le mien? je vous donnerai cinq francs de retour.

Retourner, v. n.—Pour savoir si l'on doit dire retourner ou s'en retourner, il suffit de voir si l'on dirait aller ou s'en aller:—il est temps que nous nous en retournions (et non que nous retournions); il s'en retourna comme il était venu; elle s'en est retournée; retourne-t-en; retournez à l'ouvrage.

2. On ne dit pas se retourner sur quelqu'un, mais vers quelqu'un.—Comme on ne dit pas, avancez en avant, on ne doit pas dire, retournez en arrière; il en est de même du verbe reculer.

Retrancher.Retrancher de, c'est ôter quelque chose d'un tout: retrancher un couplet d'une chanson;—retrancher à, c'est priver quelqu'un de quelque chose: retrancher le vin à un malade; on lui a retranché sa pension.

Rets, s. m., filet pour prendre des poissons, des oiseaux; ce mot s'écrit au singulier comme au pluriel.—Prononcez .

Réunir, v. a., dans le sens de posséder en même temps, n'admet qu'un complément direct composé, et ne doit jamais être suivi de à ni de avec: Turenne réunissait la prudence et la hardiesse.—Unir veut un régime direct et un régime indirect précédé de à: Turenne unissait la prudence à la hardiesse. Voyez unir.

Revanche, s. f.—Écrivez et prononcez revanche et non revange ni revenge;—dites de même revancheur, revancher, se revancher et non revengeur, revenger, revanger, se revenger ni se revanger:—courage, je vais te revancher; pourquoi ne te revanches-tu pas?

Revenir, v. n., retourner à l'endroit d'où on était sorti: je reviens au gîte; je reviens d'un long voyage.—Mais 426 on ne peut pas dire: je reviens de la messe, je reviens de Bruxelles; dites, je viens de la messe, je viens de Bruxelles.

2. Ne dites pas: revenir sur l'eau, sur la terre pour, revenir par eau, par terre.

3. Ne dites pas non plus: je ne puis revenir sur son nom; dites, je ne puis me rappeler son nom.

Rêver à, Rêver de, Rêver sur.Rêver à, c'est penser à quelque chose étant éveillé: rêver à une affaire;—rêver de, c'est penser à quelque chose étant endormi: rêver de combats, de naufrages, de quelqu'un;—rêver quelqu'un n'est pas français;—on dit j'ai rêvé de vous et non je vous ai rêvé; cependant on peut dire: vous avez rêvé cela, rêver combats, rêver naufrages.—Réver sur, c'est méditer profondément sur quelque chose: rêver longtemps sur une affaire.—On ne dit pas rêver après les honneurs, pour, désirer vivement, avec passion; on dit rêver les honneurs, la fortune.

Réverbère, s. m., lanterne; prononcez réverbère, et non reverbère.

Revêtir, se conjugue comme vêtir; il faut donc dire: les formes dont la pensée se revêt et non, se revêtit.

Reviser, v. a., examiner de nouveau.—On écrit reviser, mais révision, réviseur ont un accent aigu.

Revoici, Revoilà, prép.—Ces mots sont français: le revoici, le revoilà.

Revoir, v. a.—A revoir est une locution dont on se sert pour dire qu'il faut faire un nouvel examen d'un compte, d'un écrit, etc.: à côté de chaque article douteux de ce compte, j'ai mis: à revoir; revoir un manuscrit, revoir des épreuves.—Au revoir (adieu), est une expression de civilité dont on se sert en prenant congé de quelqu'un et alors le mot revoir est pris substantivement: au revoir, jusqu'au revoir; il ne lui a pas seulement dit au revoir:—à revoir dans ce cas n'est pas français.

Rez, prép. qui signifie, tout contre, joignant; il ne se dit plus que dans ces locutions, rez pied, rez terre, à fleur de terre, au niveau du sol: couper des arbres rez terre.—Au rez:—cette expression n'est pas française, et se traduit par contre, jusque contre, jusque, joignant, rasibus: le coup lui passa rasibus du nez.

Rh.—Ces deux lettres se prononcent comme s'il n'y avait qu'une r: le h qui suit l'r est purement étymologique.

Rhum, s. m., eau-de-vie de sucre; quelques-uns écrivent rum, dit l'Académie, qui cependant dans tous les exemples qu'elle donne, écrit rhum.—Prononcez rome.

Rhumatique, n'est français qu'en style de médecine et est synonyme de rhumatismal: goute rhumatique;—dites donc, cette maison est insalubre, malsaine, humide et non rhumatique.

Rhume, s. m.—Dites, j'ai un rhume, ou je suis enrhumé et non j'ai le rhume;—dites de même j'ai un rhume et non j'ai un froid.

Ric-à-ric, signifie tout juste, rigoureusement: je le ferai payer ric-à-ric; on lui a payé ric-à-ric tout ce qu'on lui devait; compter ric-à-ric.

Richard, s. m., celui qui, dans une condition médiocre, a fait fortune; ce mot n'a pas de correspondant féminin.

Ride, pli qui se fait sur le front, sur le visage; ce mot est féminin: il a soixante ans et il n'a pas encore une seule ride.

Ridicule, adj., ne peut pas s'employer pour, entêté, d'un avis différent, difficile à contenter:—allons, ne soyez pas entêté (et non ridicule) et entendez raison. (Fland.)—Prononcez et écrivez ridicule et non rédicule.—Voyez rédicule.

Rien, s. m.—Ne dites pas: cela n'est de rien, ne me fait de rien; dites, cela n'est rien, ne me fait rien. (Fland.)

2. Ne dites pas: je n'ai rien d'autre à lui dire; dites, je n'ai rien autre chose à lui dire. (Wall.)

3. Ne dites pas, il passe le jour à rien faire, mais, à ne rien faire.

4. Rien moins, précédé du verbe être et suivi d'un adjectif, a le sens de la négation: il n'est rien moins que sage (il n'est pas sage).—Suivi d'un substantif ou accompagné d'un verbe, il peut avoir le sens positif ou négatif, selon la circonstance: vous lui devez de la reconnaissance, car il n'est rien moins que votre bienfaiteur (il est votre bienfaiteur); il n'aspire à rien moins qu'à prendre votre place (il aspire à prendre votre place ou bien il n'aspire pas le moins du monde à prendre votre place). (Acad.)

5. Servir à rien, servir de rien: voyez servir.

6. La prononciation du mot rien est soumise à quelques règles qui sont également applicables au mot bien.—On doit faire sentir l'n et faire la liaison dans ces mots, lorsqu'ils sont suivis immédiatement de l'adjectif ou de l'adverbe ou du verbe qu'ils modifient, si cet adjectif, cet adverbe ou ce verbe commencent par une voyelle en une h muette: un homme bien honorable, bien aimable; rien à dire; rien à vous écrire.—Mais si les mots bien et rien sont suivis de tout autre mot que de l'adjectif, de l'adverbe ou du verbe qu'ils modifient, la consonne n, quoique placée devant une voyelle, aura un son nasal et on ne fera pas la liaison, comme dans: il parlait bien et à propos; il ne voyait rien et n'entendait rien.

Rifflard, s. m., vieux parapluie qu'on ne peut pas porter comme une canne: ce mot est familier.

Rincée, s. f., volée de coups de bâton, correction manuelle: recevoir une fameuse rincée:—ce mot est populaire.

Riole, pour rigole, est un mot flamand (riool).

Ripopée, s. f., signifie, mélange que les cabaretiers font de différents restes de vin; il se dit également du mélange de différentes sauces: ce vin n'est que de la ripopée; quelle ripopée faites-vous là?—Mais il ne doit jamais s'employer comme synonyme de ribambelle: il m'a dit une ribambelle d'injures; il amena une ribambelle d'enfants.

Rire, v. n.—Ne dites pas: nous avons ri avec cela, avec cet homme; dites, nous avons ri de cela, de cet homme.

2. On ne dit pas, rire à larmes, mais, rire aux larmes.

3. Ne dites pas, il en rit dessous son nez; dites, il en rit sous cape.

4. Écrivez et prononcez: je ris, tu ris, il rit, et non je rie, tu rie, il rie. (Wall.)

Risibel, pour érésipèle, est un grossier flandricisme.

Risquant, Risqueux.—Ces mots ne figurent pas dans les dictionnaires et doivent se traduire par risquable, dangereux, hasardeux:—une affaire, un projet risquable; cela est bien hasardeux, bien risquable; une entreprise hasardeuse.—Risquable signifie aussi, qu'on peut risquer avec quelque chance de succès: cette entreprise n'est pas sûre, mais elle est risquable.

Robe, s. f.—On dit, une robe de dentelle, de velours, de taffetas, de satin, etc., et non une robe en dentelle, en velours, etc.; dites de même un chapeau garni de, une robe garnie de...

Rochet, s. m.: voyez surplis.

Roide, roideur, roidir.—On prononce et on écrit généralement aujourd'hui raide, raideur, raidir.—Voyez raide.

Ronde, s. f., chanson qu'une personne chante seule, et dont le refrain est répété par tous en dansant en rond: danser une ronde; ronde villageoise. (Acad.)—On 430 dit aussi branle (s. f.) dans le même sens.—C'est le cramignon liégeois.

Rosbif ou Roastbeef, s. m., bœuf rôti; prononcez ross'bif.

Rose, affection aiguë, inflammatoire, caractérisée par rougeur; ce mot est wallon et se rend en français par érésipèle, s. masculin: érésipèle dartreux.—Voyez ce mot.

Rossignol, s. m., oiseau; prononcez ros'signol et non rozignol.

Rôti, Rôtir, etc.; prononcez roti, rotir (o bref): voyez o.

Roué, ée, adj., dans le sens de finaud, retors, n'est pas français.

Rougeaud, eaude, adj., qui a naturellement le visage rouge: un gros rougeaud, une grosse rougeaude;—ne dites pas rougeot ni rouget.

Rouille, ée, adj.—Dites un fusil rouillé, un pistolet rouillé et non, enrouillé;—mais on dit également bien: l'humidité enrouille et rouille le fer; le fer s'enrouille et se rouille.

Roulette, s. f., machine roulante où un enfant se tient debout sans pouvoir tomber, et qui l'aide à marcher.

Royal, ale, adj.—Prononcez roi-ial et non ro-ial ni roi-al;—prononcez de même royaume, royauté, royalement.

Rude, adj.—Ne dites pas, ce maître est trop rude avec ses ouvriers; dites, à ses ouvriers ou envers ses ouvriers.

Rue, s. f.—Ne dites pas: votre fils est toujours sur la rue; je vous ai rencontré en rue; dites, votre fils est toujours dans la rue; je vous ai rencontré dans la rue.

2. Rue sans fin, rue sans bout: ces mots ne sont pas français; dites cul-de-sac et mieux impasse.

3. Prononcez et non ru-we: voyez ue.

Rumb, s. m., nom que l'on donne à chacune des trente-deux parties de la boussole de l'horizon desquelles part un des trente-deux vents: prononcez le b, rombe.

Ruse, s. f., dans le sens de querelle, dispute, réprimande, n'est pas français.

2. Il n'est pas français non plus dans le sens de peine, mal, embarras: il s'est donné beaucoup de mal (et non de ruses) pour conclure cette affaire; vous vous donnez beaucoup d'embarras (et non de ruses).

Russie, russe: l'u est bref; ne dites donc pas Rûcie, Rûce: voyez Prusse.

Rustaud, Rustre, adj.—On est rustaud, faute d'éducation, faute d'usage;—on est rustre par humeur, par rudesse de caractère: les manières du rustaud sont ses formes; elles déplaisent, mais elles n'offensent pas; les manières du rustre sont ses mœurs, elles choquent et elles offensent.

Rustique, Grossier, Impoli.—C'est un plus grand défaut d'être rustique que d'être simplement impoli; et c'en est encore un plus grand d'être rustique.—L'impoli manque de belles manières, il ne plaît pas; le grossier en a de désagréables, il déplaît; le rustique en a de choquantes, il rebute.—L'impolitesse est le défaut des gens d'une médiocre éducation; la grossièreté l'est de ceux qui en ont une mauvaise; la rusticité, de ceux qui n'en ont point eu.—On souffre l'impoli dans le commerce du monde; on évite le grossier; on se lie point du tout avec le rustique. (Girard)

 

 

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021