BIBLIOBUS Littérature française

M

 

Mm.—Les deux m se font sentir dans imm au commencement des mots: immense, immortel, immoler, etc., de même que dans commensurable, incommensurable, commutation, commuer, commotion, commémoration, commémoraison, commensal, droit de committimus, lemming, lipogrammatique, mammaire, mammifère, et dans les noms propres Ammon, Ammonites, Emma, Emmanuel, Emmaüs, Grammont, Jemmapes, Mummius.—Les personnes qui parlent bien ne font entendre qu'une m dans grammaire, 273 grammairien, grammatical, grammaticalement, etc.; ainsi que dans inflammation, ces mots étant usuels. (Hennebert.)

Macaroni, s. m., pâte sèche et cylindrique des italiens; le pluriel est macaronis; manger des macaronis.

Mâchefer, s. m., scorie qui sort du fer à la forge, au fourneau et lorsqu'on le bat rouge sur l'enclume: le mâchefer pilé est très-bon à faire du ciment.—Ce mot se dit encore des scories à demi vitreuses qui s'agglomèrent dans les foyers et forment le résidu combustible de diverses houilles.

Machiavel, célèbre écrivain italien: prononcez Makiavel;—mais dans machiavélique, machiavéliquement, machiavélisme, machiavéliste, le ch se prononce doux comme dans chimère, déchirer.

Machin, s. m.—Ce mot, qui n'est pas français, est quelquefois employé pour désigner ce dont on ne connaît pas le nom; dites une chose, un objet et selon le sens, un outil, un instrument, un meuble, une machine, etc., quand il s'agit de ces sortes d'objets.—Machine, dans ce sens, n'est pas français non plus.

Mâchurer, barbouiller de noir, est français: mâchurer du papier, des habits, le visage, etc.;—prononcez mâchurer (â long).

Madame: voyez monsieur et époux.

Mademoiselle, s. f., titre qu'on donne ordinairement aux filles.—C'est aussi le titre qu'on donnait anciennement à toute femme mariée qui n'était pas noble.—Le mot mademoiselle, employé absolument (seul) désignait autrefois la fille aînée de Monsieur, frère du roi de France, ou bien de la première princesse du sang, tant qu'elle n'était pas mariée.

2. Quand on parle de plusieurs demoiselles ou qu'on leur adresse la parole, l'usage veut qu'on les désigne par le mot dames; j'ai rencontré les dames Lambert en 274 ville; bonjour, au revoir, Mesdames.—Prononcez mademoiselle et non mamzelle ni mane-moiselle.—Voyez monsieur et époux.

Magnanime, magnétisme, magnétique, magnétiser, magnifique, magnificence:—prononcez gn comme dans agneau, gagner, etc., et non magh-nanime, magh-nétisme, etc. ni magne-nanime, magne-nifique, ni mananime, manifique, ni mahe-nanime, mahe-nifique.

Magnat, s. m., grand en Hongrie: prononcez magh-nat, (g dur).

Magnificat, s. m., cantique de la Sainte-Vierge: prononcez magh-nificate (g dur).

Mai, s. m., ou arbre de mai, arbre orné de rubans et de guirlandes qu'on plante devant une porte le premier jour de mai ou le jour de l'installation d'un fonctionnaire, d'un curé, etc.

2. Mai, se dit également en Belgique des branches ou rameaux au moyen desquels on décore les rues ou les chemins par où passe une procession ou un cortége triomphal.

Maigrir, Amaigrir.Maigrir, v. n., c'est devenir maigre; amaigrir, v. a., c'est rendre maigre: une personne maigrit; l'usage de certains aliments amaigrit.

Maille, Chique, Marbre, pour signifier de petites boules de pierre ou de marbre qui servent à des jeux d'enfants, d'écoliers, ne sont pas français; il faut dire bille: jouer aux billes (ll mouillées).

Mailloter, v. a., mettre un enfant dans le maillot; ce mot n'est pas français, il faut dire emmailloter.

Main, s. f.—Ne dites pas: il a toujours la canne en main; dites, à la main.—Voyez bouche.

Main-d'œuvre, s. f., travail, façon de l'ouvrier; main-forte, s. f., assistance donnée à l'autorité:—ces mots ne s'emploient pas au pluriel.

Maint, te, adj. (au masc. prononcez min devant une consonne).—Malgré l'idée de pluralité que renferme cet adjectif, il s'écrit au singulier ainsi que le substantif qu'il qualifie et le verbe dont celui-ci est sujet, excepté dans quelques locutions où on l'emploie indifféremment au singulier et au pluriel: maint homme, mainte femme, mainte fois, ou maintes fois; par maints et mains travaux; il m'a fait mainte et mainte difficulté.—Ne prononcez pas mai, maite.

Maintenant, adv., à présent: prononcez mintenant et non mè-tenant.

Mairie, librairie, seigneurie: ne dites pas, mairerie, librairerie, seigneurerie.

Mais, conj.—C'est un flandricisme de l'employer pour seulement; ne dites donc pas: il a mais peu de revenus; il nous a montré mais une petite partie de sa bibliothèque; dites, il n'a que peu de revenus; il nous a montré seulement une petite partie de sa bibliothèque.—Prononcez mai et non min.

Maïs, s. m., blé de Turquie: prononcez ma-ï-ce.

Maison, s. f.—Il serait ridicule d'employer ce mot pour désigner la première pièce d'une maison, c'est-à-dire, la cuisine. (Wall.)

2. Maison, Famille.Famille, se dit plus particulièrement de la bourgeoise et maison, de la noblesse: ce jeune homme est d'honnête famille; ce gentilhomme est de bonne maison.

3. Maison, Hôtel, Palais, Château.—La classe moyenne habite des maisons;—les grands habitent des hôtels;—les princes, des palais;—enfin les habitations des gens riches, situées à la campagne au milieu de leurs terres, portent le nom de château.—Autrefois l'architecture seule établissait la différence; aujourd'hui, on la base sur le rang et la fortune.

Maître, fait au féminin maîtresse: madame est la maîtresse de la maison; cette femme est maîtresse (et non maître) de ses passions, de ses sentiments; maîtresse d'école, de piano; la maîtresse branche d'un arbre.

2. Lorsque, par le mot maître pris substantivement, on veut exprimer une idée de suprématie, d'omnipotence, il s'emploie au masculin même lorsqu'il se rapporte à un substantif féminin: la Providence est le maître; la Providence est notre maître.—C'est donc dans ce sens qu'une femme pourra dire: le maître ici, c'est moi.

3. Maître, en termes de Palais, est un titre qu'on donne aux avocats, aux avoués et aux notaires, lorsqu'il s'agit de l'exercice de leurs fonctions: maître N.; par-devant maître N.—On écrit par abréviation Me N., par-devant Me N.

4. Maître d'hôtel, Maître ès arts: l'Académie écrit ces mots sans traits d'union.

Majesté, s. f., titre particulier qu'on donne aux empereurs, aux rois et à leurs épouses; on dit en leur parlant: Votre Majesté, Vos Majestés (deux majuscules), et en parlant d'eux, Sa Majesté, Leurs Majestés (deux majuscules); Votre Majesté, Sire, a ordonné..., Sa Majesté a décrété; Leurs Majestés sont arrivées à Liége.

2. Par abréviation on écrit: V. M. (Votre majesté); VV. MM. (Vos Majestés), S. M. (Sa Majesté); LL. MM. (Leurs Majestés).

3. Les adjectifs et les participes qui se rapportent à ce mot se mettent au féminin, même lorsque Sa Majesté, Votre Majesté, désigne un roi, un empereur et non une reine, une impératrice; on dit: Votre Majesté est jalouse du bonheur de ses peuples; Sa Majesté est aimée de ses sujets. Les substantifs au contraire sont du masculin: Votre Majesté est le père 277 et le protecteur de ses sujets; et non pas, est la mère, la protectrice, etc.—En conséquence les mots qui peuvent s'employer substantivement et adjectivement, tels que maître, ami, ennemi, etc., devront être du masculin, lorsqu'ils figurent dans la phrase comme substantifs, c'est-à-dire, lorsqu'ils sont accompagnés de l'article ou d'un adjectif, et ils prendront la forme du féminin s'ils font la fonction d'adjectif. On dira donc: Sa Majesté est le maître d'y aller ou de ne pas y aller; et absolument: Sa Majesté est le maître, l'ami du peuple; est un ennemi redoutable.—Mais nous croyons qu'il faudra dire: Sa Majesté est maîtresse de telle ville; Sa Majesté est amie du bien, ennemie du mal.—On peut dire: Votre Majesté est le plus éclairé des rois, parce qu'il y a ellipse du substantif (Votre Majesté est le roi le plus éclairé des rois). Cependant il vaut peut-être mieux prendre une autre tournure et dire par exemple: Vous êtes, Sire, le plus éclairé des rois.

4. Sa Majesté Impériale (S. M. I.), se dit d'un empereur quelconque; autrefois, il se disait en particulier de l'empereur d'Autriche que l'on qualifiait aussi de Sacrée Majesté, mais seulement quand on lui parlait.

5. Sa Majesté Très-Chrétienne (S. M. T. C.), se disait des rois de France.

6. Sa Majesté Catholique (S. M. C.), le souverain d'Espagne.

7. Sa Majesté Très-Fidèle (S. M. T. F.), le roi de Portugal.

8. Sa Majesté Belge, Britannique, Hollandaise, etc., le roi des Belges, de la Grande-Bretagne, de Hollande, etc.

Major, (quinte).—On disait autrefois et l'on dit encore quelquefois quinte major (Acad.): nous pensons qu'aujourd'hui on nomme toujours quinte majeure, les cinq cartes de suite à commencer par l'as.

Majorer, Majoration.—Ces mots ne sont pas français; dites augmenter, payer une surtaxe, enfler, selon le sens: les lettres chargées en sus du port des lettres ordinaires, paient une surtaxe fixe de vingt centimes; on ne peut donc pas dire, les lettres chargées sont soumises au port des lettres ordinaires, majoré d'une taxe fixe de vingt centimes.—Dites de même mes appointements ont été augmentés et non majorés; mon compte a été enflé et non, majoré; j'ai obtenu une augmentation de traitement et non, une majoration.

Majuscule, s. f. ou adj., lettre capitale ou simplement, capitale: ne dites pas majescule.

Mal, subst. m. ou adv.: prononcez l'a bref et non mâl, ce qui serait insupportable.

2. Ne dites pas: ce vin n'est pas mal; dites, ce vin n'est pas mauvais;—mal, ancien adjectif, ne s'emploie plus dans ce sens, que dans quelques locutions particulières: à la male heure, mourir de la male faim; partout ailleurs on dit mauvais.

3. Ne dites pas: il a des maux à la figure; dites, il a du mal à la figure, il a des boutons, des humeurs..., à la figure.

4. Ne dites pas non plus: j'ai un mal à un doigt; dites selon le sens, j'ai du mal à un doigt, j'ai une plaie, une coupure, un petit abcès à un doigt, j'ai un panaris...

5. Avoir mal, faire mal.—Ces locutions ne doivent jamais être suivies d'un régime direct, et ce serait une faute grave et même ridicule de dire: j'ai mal la tête, les dents, les pieds; faire mal quelqu'un, au lieu de dire, j'ai mal à la tête, aux dents, aux pieds; faire mal à quelqu'un.—De même on doit dire: j'ai de mauvais pieds, j'y ai souvent mal; on m'a arraché la dent à laquelle j'avais mal; prenez garde, vous allez faire du mal à cet enfant; je ne lui ai pas fait mal, et non pas: je les ai souvent mal, la dent que j'avais mal, etc.

6. Il serait encore plus ridicule de dire: j'ai mal à ma tête ou ma tête, à mes dents ou mes dents, etc.

7. Ne dites pas: j'ai mal aux dents, c'est un mauvais mal; dites, c'est un vilain mal, car y a-t-il un mal qui soit bon?

8. Ne dites pas: je m'ai fait mal; dites, je me suis fait mal.

9. Ne dites pas: je me suis fait mal de ce pauvre; dites, j'ai eu pitié, compassion de ce pauvre.

10. Ne dites pas de quelqu'un qui vient d'échapper à un danger: il ne peut plus mal; dites, il est hors de danger.

11. Ne pouvoir mal. (Wall.)—Cette expression ne devrait jamais sortir de la bouche d'une personne qui tient tant soit peu à parler correctement; il faut dire n'avoir garde, se garder de:—il n'a garde (et non il ne peut mal) de tromper, il est trop honnête homme; irez-vous dans cette maison? je n'ai garde (et non je ne peux mal), on s'y ennuie trop; je me garderai bien (et non je ne peux mal) d'en manger.—Rendez encore cette locution selon le sens par: il n'y a pas de risque, il n'y a pas de danger:—prenez garde de tomber: il n'y a pas de danger (et non je ne peux mal); ne parlez pas de telle chose: il n'y a pas de risque (et non je ne peux mal).—Voyez pouvoir.

12. Mal parler et parler mal: voyez parler.

Malade, adj.—Faites les deux a brefs.

2. Ne dites pas: il fait malade aujourd'hui; dites, il fait malsain ou ... étouffant, s'il s'agit d'un temps chaud.

3. Ne dites pas non plus: il se fait malade; dites, il se rend malade:—se faire malade signifie feindre une maladie.

Maladieux.—Ce mot n'est pas français; dites, maladif, valétudinaire.

Malcomplaisant: ce mot n'est pas français; dites, peu complaisant.

Malcontent, Mécontent.—Ces deux mots expriment le déplaisir que nous éprouvons, lorsque quelque chose ne réussit pas au gré de nos espérances ou de nos désirs; mais mécontent dit plus que malcontent, en ce sens qu'il exprime l'humeur, le dépit, le ressentiment contre la cause de ce déplaisir.—Un maître est malcontent (peu content) d'un domestique qui le sert maladroitement; un maître est mécontent (pas du tout content, fâché contre) d'un domestique qui le trompe, qui le vole, qui lui manque de respect, qui fait mal son service, par négligence ou par paresse;—un domestique est malcontent d'un maître qui ne lui donne pas des gratifications qu'il avait espérées; il en est mécontent, s'il ne lui paie pas ses gages;—nous sommes malcontents, lorsqu'après avoir conçu un dessein, formé un plan, le succès ne répond pas à nos espérances, sans qu'il y ait de la faute de personne; nous sommes mécontents des autres ou de nous-mêmes, si c'est par la faute des autres ou par la nôtre.

Malentendu, Quiproquo.—Un quiproquo consiste à prendre une chose pour une autre; un malentendu vient de ce qu'on a mal compris.—Un sourd qui n'entend pas distinctement répond à une question sur son père, en parlant de son chien: c'est un quiproquo. Un ami à qui l'on donne rendez-vous à une heure, n'arrive qu'à deux heures, parce qu'il a mal compris: c'est un malentendu.

Malfaire, v. n., faire de méchantes actions; il n'est usité qu'à l'infinitif: il ne se plaît qu'à malfaire.

Malgré, Quoique.Malgré est une préposition qui demande un régime direct (un substantif, pronom, etc., mais jamais un verbe ni une proposition);—quoique est une conjonction qui ne peut pas avoir de régime direct et qui régit toujours un verbe ou une proposition.—Ne dites donc pas: quoique ça, mais malgré ça; ne dites pas, malgré qu'il soit pauvre, mais quoiqu'il soit pauvre.

2. Malgré que dit l'Académie, ne s'emploie qu'avec le verbe avoir et dans ces sortes de phrases seulement: malgré que j'en aie, malgré qu'il en ait, etc., c'est-à-dire, malgré moi, malgré lui, en dépit de moi, en dépit de lui: malgré qu'il en ait, nous savons son secret, c'est-à-dire, en dépit de lui ou quel que soit le mal (mauvais) gré qu'il en ait: le que de malgré que est donc ici pronom relatif et complément direct de aie, ait, etc., et non la conjonction que.

Malhonnête, adj.—Il a deux sens différents et se dit des personnes et des choses.—Appliqué aux choses, il se met toujours après le substantif; avec un nom de personne, il précède ou il suit le substantif selon le sens: un malhonnête homme, est un homme qui manque d'honneur, de probité; un homme malhonnête est un homme impoli, incivil, grossier.—Voyez honnête.

Malin, adj., fait au féminin maligne et non maline.—Ce mot signifie proprement méchant, mais il peut aussi s'employer dans le sens de rusé, adroit: il est trop malin pour se laisser attraper.—Mais appliqué aux personnes, dans le sens de, qui a de l'esprit, des moyens intellectuels, il n'est pas français; ne dites donc pas: cet enfant n'est pas malin; dites, cet enfant a peu d'esprit. (Wall.)

Malle, et mieux Mallette, s. f., se dit de l'espèce de giberne en cuir où les écoliers serrent leurs livres, cahiers, etc.:—couverte, couverture, portefeuille, ne sont pas français dans ce sens.

Malle-poste, s. f., voiture qui transporte les lettres et les dépêches; le pluriel est malles-poste.

Maltraiter, traiter mal.—Maltraiter, v. a., c'est traiter durement en paroles et en actions, ou bien faire préjudice à quelqu'un: il l'a maltraité de coups, de paroles; cet homme a fort maltraité son fils dans son testament.—Traiter mal signifie, mal régaler quelqu'un ou bien en user mal avec lui. Aux temps composés, le 282 génie de la langue exige que l'adverbe mal passe avant le participe: il m'a mal traité;—de sorte qu'à la prononciation, cette expression peut se confondre avec celle-ci, il m'a maltraité.—Pour éviter l'équivoque, il suffira d'ajouter un modificatif, tel que bien, fort, assez, à l'adverbe mal, qui alors pourra se placer après le participe: il m'a traité fort mal.

Maman, s. f., mère, terme enfantin: prononcez maman et non man-man.

Mameluk, s. m., cavalier égyptien: prononcez mam'louk.

Mamezelle.—Ce mot ne se trouve pas dans les dictionnaires; il faut dire mademoiselle. Voyez ce mot.

M'amie, abréviation de mon amie; ce mot s'écrit avec une apostrophe.

Manche.—On dit le manche pour désigner la poignée de tout instrument, et la manche, quand il s'agit du vêtement du bras; dites donc, le manche d'un couteau, la manche d'un habit.—Mais ne dites pas, le manche ou la manche du panier, de la marmite; dites l'anse.

2. Ne dites pas: je n'étais pas dans sa bonne manche; dites, dans ses bonnes grâces, ou, je n'étais pas bien sur ses papiers, dans ses papiers.—L'Académie fait remarquer que être bien, être mal sur les papiers, dans les papiers de quelqu'un, est une locution familière.

Manchette, Garde-manche.—Une manchette est un ornement de mousseline, de dentelle qui se met au bras, au poignet.—Un garde-manche ou bout de manche, est une fausse manche que l'on met par-dessus la manche de l'habit, ou même de la chemise, quand on fait un travail qui peut les salir.

Mânes, s. m. pl., âmes des morts: les mânes plaintifs (et non plaintives) de nos ayeux: il est masculin et n'a pas de singulier.—Prononcez mânes (â long).

Manger, v. a.—Ne dites pas, manger un fruit, un raisin; dites, manger du fruit, du raisin.

2. Ne dites pas, si l'on vous consulte à table sur votre goût, je mange tout; ce serait annoncer un appétit de Gargantua; dites, je mange de tout.

3. Ne dites pas: nous avions dix personnes à manger; dites, nous donnions à manger à dix personnes. L'équivoque ici est mauvaise.—Cependant on dit très-bien: nous avions dix personnes à dîner.

4. Les locutions, venez manger ma soupe, j'irai demain manger votre soupe, sont familières et la bonne compagnie n'en fait point usage.

Mange-tout, s. m., celui qui dissipe follement tout ce qu'il a, tout ce qu'il gagne.

2. Les wallons désignent par ce mot une espèce de haricot, mais il n'est pas français dans ce sens.

3. Le pluriel s'écrit comme le singulier: prononcez man-ge-tout et non man-che-tout.

Mangeure, s. f., endroit mangé d'une étoffe, d'un pain, etc.: mangeure de vers, mangeure de souris: prononcez manjûre.

Manier, manière, maniéré, etc.—Prononcez ces mots comme ils sont écrits et non ma-gnier, ma-gnière, ma-gniéré.—Voyez ni.

Manique, s. f., morceau de cuir que les cordonniers mettent à leur main pour qu'elle résiste au travail; ne dites pas manicle.

Manne, s. f., nourriture que Dieu fit tomber du ciel pour nourrir les Israélites dans le désert;—espèce de suc concret qui découle naturellement ou par incision de certains végétaux et entre autres du frêne à fleurs et du frêne à feuilles longues; dans ces deux acceptions, on prononce mâne (â long).—L'a, au contraire est bref, lorsque manne désigne une espèce de panier à deux anses dont on se sert pour mettre du linge.—Ne dites pas mande (Flandr.)

Manœuvre, Manouvrier.—Le premier est l'homme de peine qui sert un autre ouvrier: le maçon ne travaille pas sans un manœuvre;—le second se dit de tout homme de peine travaillant au compte d'un entrepreneur.

Manquer, v. a. et n.—On peut dire manquer la messe, l'école, ses prières: voyez le Dictionnaire de l'Académie au mot messe.

2. Manquer, signifie aussi courir quelque risque, être sur le point d'éprouver quelque accident: nous avons manqué de verser; il a manqué d'être tué.—Il est familier. (Acad.)

Manuel.—Prononcez manu-èle et non pas manu-wèle ni manu-éle.

Manufacture, s. f.: ne dites pas manifacture.

Manus (in), s. m.—Dire son in-manus, recommander son âme à Dieu avant de mourir: prononcez ine-manuce.

Maquée, s. f., est un mot wallon, qu'il faut rendre par caillebotte, fromage blanc, fromage mou.

Maraîcher, ère, jardinier qui cultive un de ces terrains qu'on appelle marais, où l'on fait venir des légumes, des herbages; ne dites pas maraîchier.

Maraude, s. f., pillage clandestin des soldats; se dit aussi des écoliers qui vont à la picorée: on dit: aller à la maraude et mieux, en maraude; mais on ne dit pas: aller à maraude, (Acad.)—Prononcez marau-de et non marau-te.

Maravédis, s. m., petite monnaie d'Espagne: prononcez maravédi et non maravédice, encore moins maradévice.

Marbre, s. m., pierre calcaire: prononcez mar-bre et non mar-pe ni mar-bère.

Marc, s. m., poids;—résidu de fruits d'herbes ou d'autres substances pressurées;—du marc d'huile, du marc de café (et non de la marc de café): on ne 285 prononce pas le c, mais on le fait sentir dans Marc, nom d'homme;—le c est muet dans la place St-Marc (mar), le lion de S.-Marc (mar), à Venise, au marc (mar) le franc.—Voyez c final.

2. Une mare, est un amas d'eau dormante.

Marchand, s. m.—Ne dites pas: il fait le marchand de toiles; je fais le marchand, je fais le brasseur; dites il est marchand..., je suis marchand, je suis brasseur.

2. Ne dites pas non plus: j'ai marchand, pour signifier que vous savez à qui vendre; dites, j'ai acheteur, chaland, acquéreur.

Marché.—Ne dites pas: le marché de grains, de légumes, etc., mais, le marché aux grains, aux légumes.

2. A bon marché, loc. adv.—On dit acheter, vendre à bon marché, à trop bon marché, à meilleur marché, et non, acheter, vendre bon marché, trop bon marché, meilleur marché.—Il n'est pas plus permis de supprimer la préposition à devant bon marché que devant bon compte, bas prix: avoir une chose à bon marché (et non bon marché); donner sa marchandise à bon marché, à trop bon marché; je l'ai eu à meilleur marché.—Cependant on peut dire: cela ne vous coûte que dix francs, c'est bon marché, c'est grand marché; le bon marché m'a tenté, tout comme on dirait, c'est un bas prix, le bas prix m'a tenté.

Maréchal, s. m.—Maréchal de France, maréchal-ferrant; prononcez maréchal (é fermé) et non marchal ni marichal, marèchal.

Marguerite, s. commun et nom pr. de femme: écrivez et prononcez marguerite et non marguérite.

Marguillier, s. m., celui qui a soin de tout ce qui regarde la fabrique et l'œuvre d'une paroisse ou les affaires d'une confrérie; mais il ne se dit pas du clerc, sacristain ou chantre d'une église.—Prononcez et écrivez marguillier et non marguèillier.

Margotte, s. f., branche qu'on met en terre pour qu'elle y prenne racine; ce mot n'est pas français: dites marcotte.

Mari, s. m., époux.—Mon époux, mon épouse, ne sont admis à aucun titre par les gens de bon ton; on dit simplement ma femme, mon mari, ou bien avec un peu plus de cérémonie, monsieur ou madame, suivis toujours du nom de famille (ce sont les domestiques seuls qui désignent leurs maîtres par monsieur et madame);—mais mon mari, ma femme, sont préférables parce qu'ils sont plus simples.

Marier, v. a., ne s'emploie jamais pour, prendre en mariage.—Ainsi au lieu de dire: il a marié une telle, dites, il a épousé une telle.—Marier, signifie unir un homme et une femme par le lien conjugal, selon les lois de l'État ou en leur administrant le sacrement de mariage. Dans cette acception il ne se dit que du prêtre ou de l'officier de l'état-civil qui remplit l'une ou l'autre de ces fonctions: l'échevin N. les a mariés à défaut du bourgmestre; c'est le vicaire qui les a mariés. (Acad.)—Il se dit aussi de ceux qui font ou procurent un mariage, soit par autorité paternelle, soit par office d'amitié: son père l'a marié à la fille, avec la fille d'un de ses amis; cet homme a la manie de marier tout le monde. (Acad.)

2. Marier, joint au pronom personnel, signifie, lorsqu'on parle d'un homme, prendre une femme, et lorsqu'on parle d'une femme, prendre un mari: il est d'âge à se marier; il s'est marié richement; il ne se mariera pas.

3. Il s'emploie aussi dans le sens réciproque: quand se marieront-ils? ils se sont mariés l'an dernier. (Acad.)

4. Cependant on peut dire: cette demoiselle s'est mariée (a épousé) à un étranger; mais c'est une faute grossière de dire: cette demoiselle s'est mariée avec un étranger.—Avec s'emploie en prose pour les choses: sa voix se marie bien avec ou à son instrument.

Marmelade, s. f., confiture de fruits presque réduits en bouillie: marmelade d'abricots.—Cela est en marmelade (famil.), se dit d'une chose trop cuite et presque en bouillie: et, figurément, de ce qui est fracassé, broyé: il a reçu un coup qui lui a mis la mâchoire en marmelade.—Ne dites pas marmolade.

Marmiton, Mirmidon, Mirliton.—On appelle marmiton, celui qui est chargé du plus bas emploi d'une cuisine.—Mirmidon se dit, par mépris, par raillerie, d'un jeune homme de très-petite taille et figurément, de ceux qui ont des prétentions exagérées et ridicules.—Un Mirliton est une espèce de flûte formée d'un bout de roseau, de sureau, de branc-ursine, et bouché par les deux bouts, avec une pelure d'oignon ou un morceau de baudruche: il est sale comme un marmiton; voilà un plaisant mirmidon; ces mirmidons prononcent sur ce qu'ils ne connaissent pas; les enfants jouent du mirliton.

Marmonner, v. n., signifie murmurer à voix basse; ne dites pas, avec le peuple, marronner qui signifiait autrefois, friser les cheveux en grosses boucles.—Quelques dictionnaires emploient aussi marronner pour errer dans les bois en volant comme les nègres marrons:—il est vieux dans ce sens.

Marquer.—Ne dites pas: il est marqué sur la gazette, sur une lettre de...; dites, on lit dans la gazette, dans une lettre de..., etc., ou employez une phrase équivalente.

Marraine, s. f., celle qui tient un enfant sur les fonts: prononcez mârène (â long).

Marron, Marronnier; prononcez mâron, mâro-nier (â long) et non maro-gnier.—Voyez ni.

Mars, dieu de la guerre; 3e mois de l'année;—il signifie également, au pluriel, les menus grains qu'on sème au mois de mars, tels que les orges, les avoines, les millets, etc.; le temps a été bon pour les mars cette 288 année; s'il ne pleut pas, tous les mars sont perdus.—Quelques auteurs disent que mars, dans cette dernière acception, peut aussi se rendre par marsèche (la marsèche) ou par marsage; mais nous pensons que mars est préférable.—Dans toutes ces acceptions, prononcez marce et non mâre.

2. Ne dites pas: mars en carême; dites, marée en carême.—Cette expression signifie à propos: arriver comme marée en carême.

Marteau, s. m.—Ne dites pas, jeter la cognée après le marteau; dites, jeter le manche après la cognée, ce qui signifie renoncer de dépit ou de désespoir à une entreprise. (Acad.)

Martyr, Martyre.Martyr, s. m., (au féminin martyre), est celui qui a souffert pour la foi chrétienne, pour une doctrine ou une foi quelconque;—martyre, s. m., est la mort ou les tourments qu'endurent celui qui est martyr: un évêque martyr, une vierge martyre; le martyre de saint Laurent.

Masque, Mascarade.—Ne dites pas un masqué, pour indiquer une personne déguisée; dites un masque.—Une mascarade se dit d'une réunion de masques, c'est-à-dire, de gens déguisés: une troupe de masques, un joli, un vilain masque; il faut laisser entrer les masques; venez voir une belle mascarade.

Massacrante, adj. fém.—Il n'est usité que dans cette locution familière: humeur massacrante, c'est-à-dire, humeur bourrue, maussade, grondeuse, menaçante.—Cette expression est approuvée par l'Académie; cependant elle n'est pas jolie, mais elle est énergique.

Masse, s. f.—Une masse de monde, est une expression triviale; dites, une grande foule, une grande multitude, une grande quantité de monde.

Mastic, est masculin: du mastic; et non de la mastic.

Mastouche.—On donne abusivement ce nom à la capucine; dites donc, une belle capucine, couleur capucine.

Mat, Mate, adj., qui n'a point d'éclat: argent mat, couleur mate: le masculin se prononce mate.—Mat, s. m., terme du jeu d'échecs, coup où le roi, mis en échec, ne peut bouger sans être pris: voilà un beau mat, être échec et mat.—Prononcez également mate.

2. Mât, s. m., pièce de bois longue, ronde et droite qui porte la voilure d'un navire: on ne prononce pas le t.

3. Mate, adj., humide, un peu mouillé:—ce mot est wallon; dites, moite pour les deux genres: il a le front moite; ces draps ne sont pas bien séchés, ils sont encore moites.

Mater, v. a., rendre mat, mortifier: prononcez mater (a bref);—mâter, v. a., garnir de mâts: prononcez mâter (â long).

Matériaux, s. m. pl., les différentes matières qui entrent dans la construction d'un bâtiment; il n'a pas de singulier.—Ne dites pas matéréaux.

Mâtin, s. m., gros chien de garde: l'â est long;—matin, s. m., la première partie du jour; l'a est bref.

2. Matin.—On dit très-bien, hier matin, demain matin, demain soir; on peut dire aussi demain au matin, demain au soir; cependant par une singulière bizarrerie, on doit dire hier au soir et non hier soir.

3. Ne dites pas: au matin, je prends une tasse de café; dites, le matin et mieux chaque matin, tous les matins...—Voyez soir.

Matinal, Matineux, Matinier, adj.—Matinal, qui s'est levé matin: vous êtes bien matinal aujourd'hui; l'Académie ne donne aucun exemple du pluriel masculin; nous pensons qu'il est inusité.—Matineux, matineuse, qui est dans l'habitude de se lever matin: il faut être plus matineux que vous n'êtes.—Matinier, matinière, qui appartient au matin; il n'est guère usité que dans cette expression: l'étoile matinière.—Prononcez mati-nière et non mati-gnière.—Voyez ni.

Matou, s. m., chat mâle; ne dites pas marou ni marcou.

Maudire, v. a., fait à la 2e pers. du près. de l'indic. et de l'impér., maudissez, et non maudisez, maudites.

Mauvais, e, adj.,—Ce mot peut s'employer dans le sens de méchant, mais jamais comme synonyme de fâché: que cet enfant est mauvais (méchant)! oh! le mauvais; oh! la mauvaise;—il était si fâché, je suis fâché et non mauvais. (Wall).

2. Mauvais mal, mauvaise maladie, ne peuvent pas se dire pour cruel mal, cruelle douleur, cruelle, dangereuse maladie:—vous avez mal aux dents, c'est un cruel mal, et non un mauvais mal; le typhus est une dangereuse maladie et non une mauvaise maladie.

3. Ne dites pas, un mauvais doigt, une mauvaise jambe, pour indiquer que vous y éprouvez un mal quelconque; dites j'ai mal au doigt, à la jambe, et non j'ai un mauvais doigt, une mauvaise jambe.

4. Mauvais air, air ignoble;—air mauvais, air terrible.—Prononcez mo-vai (o bref) et non mó-vai (ô long).

Maximum, s. m., le plus haut degré: prononcez mak-cimome et non mak-zimome;—en terme technique, on dit au pluriel maxima et minima.

Me, le.—Les personnes ignorantes seules disent: donnez-mê-le pour donnez-le-moi.

Méchant comme la gale.—Dites, mauvais comme la gale: la raison de ce choix est évidente; on dit que la gale est mauvaise, mais on ne dit pas qu'elle est méchante.

2. Une méchante épigramme, est une épigramme sans sel, sans mérite, mal faite;—une épigramme méchante, est une épigramme mordante: il en est de même de méchants vers et de vers méchants, etc.

Mécontent, e, adj.—On est mécontent de quelqu'un et non après, sur ou contre quelqu'un: il est mécontent de vous, de son fils.—Voyez malcontent.

Mécredi, s. m., barbar.:—écrivez et prononcez mercredi.

Médical, Médicinal, adj.—Médical, qui appartient à la médecine considérée comme science: l'art médical, instrument médical;—Médicinal, qui a la vertu d'une médecine, d'un médicament: plante médicinale.

Médire, v. n., fait au présent de l'indicatif et à l'impératif, médisez et non médites.

Méfaire, v. n., faire le mal, ne s'emploie qu'à l'infinitif et au participe passé, méfait, qui se construit toujours avec l'auxiliaire avoir.

Mégarde (par), loc. adv., par inadvertance: je me suis blessé par mégarde;—ne dites pas par mégard (mégar).

Meilleur, e, adj. comp.—Ne dites pas: vous chantez meilleur que moi; dites, vous chantez mieux que moi:—meilleur équivaut à plus bon et mieux à plus bien. (Fland.)

2. Ne dites pas, j'ai meilleur que vous; dites, je suis mieux que vous (Wall.)—Voyez bon.

3. Dites, je suis arrivé de meilleure heure que vous et non de plus bonne heure.—Voyez heure.

Mélanger:—voyez mêler.

2. Mêler à, mêler avec.—Dans l'acception de mettre ensemble plusieurs choses, les confondre, on dit mêler avec: l'Ourthe mêle à Liége ses eaux avec celles de la Meuse; mêler de l'eau avec du vin.—Mais au figuré on dit mêler à: il sait mêler la douceur à la sévérité; mêler les affaires aux plaisirs. (Acad.)—Voltaire a dit cependant: les anciens Romains étaient trop austères pour mêler leurs plaisirs avec leurs affaires: cet exemple n'est pas à imiter.

3. Mêler, mélanger.—Mêler signifie mettre ensemble, confondre;—mélanger, signifie, assembler, assortir; en mêlant les choses, on les dénature, on les brouille;—en les mélangeant, on les combine dans le but d'obtenir de leur composition un résultat avantageux, un produit nouveau.

Mélisse, s. f., plante, boisson: ne dites pas milisse.

Melon, s. m.—Ne dites pas mélon ni mèlon.

Membour, ne peut pas se dire pour tuteur ni membournie pour tutelle: cet enfant a perdu son tuteur et non son membour; cet homme est en tutelle et non, en membournie. (Wall.)

Membré, Membru, adj.—Membré ne s'emploie guère qu'avec l'adverbe bien et signifie, qui a des membres bien faits, bien proportionnés: il est bien membré.—Membru, qui a les membres fort gros: il est bien membru.—Il s'emploie aussi substantivement: un gros membru, mais il est familier dans cette dernière acception.

Même, adj. et adv.—Ne dites pas: j'entreprendrai tout de même ce long et pénible travail; dites, j'entreprendrai néanmoins, toutefois, malgré ça, ce long et pénible travail.

2. Ne dites pas: cette nouvelle paraît certaine, mais elle est tout de même étrange; dites, elle est pourtant, néanmoins étrange;—tout de même signifie de la même manière: mon bureau est fait tout de même que le vôtre.

3. Ne dites pas: est-ce tout de même d'aller jouer; dites, est-ce que je peux, est-il permis d'aller jouer, me donnez-vous la permission de... (Wall.)

4. Ne dites pas: c'est tout de même pour moi, ou c'est pour moi le même, c'est moi le même; dites, ça m'est égal, indifférent, m'importe peu ou peu m'importe.

5. Ne dites pas: il a le même caractère de son frère; dites, que son frère.

6. Ne dites pas: voulez-vous venir avec nous?—Tout de même;—dites, volontiers, avec plaisir.

7. Tout de même, tout le même.—Pour savoir laquelle de ces deux expressions il faut employer, il suffit de voir si, en supprimant tout, ou emploierait de même ou le même: il est tout le même qu'il y a dix ans;—ces deux robes sont faites tout de même l'une que l'autre.—Prononcez mê-me et non min-me.

Mémento, s. m., marque pour se souvenir.—L'Académie ne donne point d'exemple de pluriel; quant à nous, nous écririons des mémentos, parce que l'accent sur l'é donnant à ce mot le caractère de mot français, il doit être soumis aux règles de la langue française et prendre une s au pluriel.—Prononcez méminto.

Menacer, v. a.—Ne dites pas: il menace une maladie, une étisie, mais, il est menacé d'une maladie, d'une étisie ou il couve une maladie, une étisie.

2. Prononcez menacer (e muet) et non mènacer.

Mener, v. a.—Prononcez mener (e muet) ou m'ner et non mèner.—Il en est de même des mots amener, emmener; cependant dans les temps où l'n est suivi d'un e muet, le premier e devient grave et se prononce comme dans père: je mène, je mènerai (ne prononcez pas je min-ne, je min-nerai).

2. Ne dites pas: mener du bruit, mener du train; dites faire du bruit, faire du train:—ces enfants font beaucoup de bruit, font du train dans la classe.

Menotte, s. f., main d'enfant; liens de fer ou de corde cadenassés qu'on met aux poignets de certains prisonniers pour leur ôter l'usage des mains; dites menotte et non mènotte ni manotte ni minotte.

Menteur, fait au féminin menteuse et non menteresse: elle est menteuse comme un laquais.

Mentor, s. m., gouverneur, guide: prononcez mintor et non mantor, mennetor.

Menu, s. m.—Le menu d'un repas est la note de ce qui doit y entrer et non les mets comme on le pense assez généralement: il y aura demain vingt personnes à la table, il faut dresser le menu.

Menuisier, s. m.—Prononcez menu-isier (ui diphth.) et non menouisier ni mènuisier.

Méphitique, adj., qui a une odeur fétide; qui produit des exhalaisons nuisibles: air méphitique:—ne dites pas méphétique.

Mercredi, s. m.—Ne dites pas mécredi ni mercrédi, mercrèdi.—Voyez jour, 11.

Mérelle, s. f., jeu d'enfants où l'on pousse un palet (caillou, pierre) avec le pied dans des cases tracées d'avance sur le sol: on dit aujourd'hui marelle: jouer à la marelle.

Mérinos, s. m. (on prononce mérinoce); mouton de race espagnole, sa laine ou étoffe faite avec sa laine.—Il se prend aussi adjectivement et s'écrit mérinos pour les deux genres: bélier mérinos, brebis mérinos.—Ne prononcez pas mèrinos.

Méritant, te.—On dit très-bien: c'est une personne bien méritante (qui a du mérite). (Acad.)

Mérite, s. m., s'emploie généralement au singulier: il ne faut pas être fier de son mérite et non de ses mérites; cet homme a beaucoup de mérite et non de mérites; son mérite est au-dessus de tout éloge et non ses mérites.

Mésange, s. fém., petit oiseau: voilà une jolie mésange: prononcez mézange et non messange ni mézanche.

Mésentendu, n'est pas français; dites malentendu: voyez ce mot.

Messe, s. f.—On dit messe basse (et non basse messe) ou petite messe, qui se dit sans chant;—messe haute, ou grande messe ou grand'messe, (et non messe à chanter), qui est chantée: grand'messe fait au pluriel grand'messes.

2. On dit: servir la messe et non servir à la messe. (Acad.)

3. On dit, aller à la messe et non aller à messe; mais on dit, aller à vêpres et non aller aux vêpres.

4. On dit, manquer la messe et non à la messe; (Acad., au mot messe);—on dit un livre de messe, un livre de prières et non un livre à prières; (Acad., aux mots messe et prière).

5. Faire la messe, lire la messe, pour dire la messe, célébrer la messe, est un flandricisme;—faire une messe, se dit d'un musicien qui compose une messe.

6. Messe, pour signifier le fruit du néflier, n'est pas français; il faut dire nèfle: une grosse nèfle:—prononcez nè-fle et non nèfe ni nèfèle.

Messieurs, s. m. pl.—Ne dites pas: les messieurs furent obligés de rester debout pendant toute la séance; dites, les hommes...—Mais on peut dire ces messieurs, en parlant d'hommes désignés ou présents: je vais me promener, quant à ces messieurs (présents), ils resteront ici si bon leur semble:—cependant, il est impoli de dire ce monsieur.

Mesurer, v. a. et pr.—On dit se mesurer (lutter) avec quelqu'un et non contre quelqu'un.

Métal, Métail, s. m.—Métail est une composition de métaux;—métal indique un pur minéral: l'or est un métal, le bronze est un métail.—Quoique métail n'ait pas été admis par l'Académie, il figure pourtant dans plusieurs dictionnaires.

Métallique, adj., de métal; on prononce les deux ll: métal'lique.

Métier, Profession, Art.Métier, profession d'un état manuel;—profession, carrière que l'on suit, emploi que l'on occupe;—art, talent qu'on cultive:—il a embrassé la noble profession des armes; puisque vous voulez faire apprendre un état manuel à votre fils, que ne choisissez-vous le métier de tailleur; l'art fait l'artiste.

Métis, Métisse, adj. et subst., né de deux espèces: on prononce l's de métis.

Mets, s. m., aliment préparé pour un repas; on l'écrit avec une s, même au singulier et on prononce ;—l's se fait sentir devant une voyelle: un mets exquis.

Mettre, v. a.—Ne dites pas: mettre ou jouer dans la loterie; dites, mettre ou jouer à la loterie. (Fland.)

2. Ne dites pas: il a mis ces pierres sur un; dites, il a mis ces pierres les unes sur les autres. (Fland.)

3. Ne dites pas non plus, avec les flamands: tout est sous un; dites, tout est sens dessus dessous.

4. Ne dites pas: mettre quelqu'un en bas de sa charge; dites, déposer quelqu'un de sa charge ou le destituer. (Fland.)

5. Ne dites pas, comme c'est généralement l'usage à Mons, à une personne qui vous rend visite et que vous invitez à s'asseoir: veuillez vous mettre; dites, veuillez vous asseoir, ou servez-vous de toute autre phrase équivalente.

6. Ne dites pas au condit.: nous metterions, vous metteriez; dites, nous mettrions, vous mettriez.

Meublé, garni de meubles, ne peut pas s'employer pour tapissé:—aussitôt que ma chambre a été tapissée, je l'ai meublée.

Meubler, v. a.—Ne dites pas papier à meubler; dites, papier peint, papier-tenture, papier de tapisserie;—tapis, dans ce sens, n'est pas français.—Voyez ce dernier mot.

Meulière, Molière, s. f., Molaire, adj. et s. f.—La meulière est une pierre fort dure dont on fait les meules de moulin;—une molière est une carrière d'où l'on tire ces pierres; on appelle aussi terre molière une terre grasse et marécageuse.—On appelle enfin molaires ou dents molaires, les grosses dents qui servent à broyer les aliments.

Meurir pour Mûrir.—Ne dites pas: les fruits ne meuriront pas cette année; dites, ne mûriront pas...

Meurtre, Assassinat.—Le meurtre est un homicide commis avec violence;—l'assassinat est le meurtre commis avec préméditation, de guet-apens.

Mévendre, v. a., vendre une chose moins qu'elle ne vaut; il y a des temps ou les marchands sont obligés de mévendre.—Il a vieilli. (Acad.)

Mezzo-termine, s. m., (littér., moyen-terme), parti moyen pour concilier; le pluriel s'écrit comme le singulier:—prononcez med'zotèrminé.

Mi.—Abréviation du mot demi, mi-chemin, mi-corps, etc.—Quand on le joint au mot corps, jambe, chemin, mur, terme, sucre, et côte, on ne l'emploie qu'adverbialement avec la préposition à et sans article: il n'y a de l'eau qu'à mi-jambe; cette poutre ne va qu'à mi-mur; des confitures à mi-sucre, etc.—Joint au mot carême et au nom des mois, il fait partie du substantif et doit être précédé de l'article la, quoique les substantifs soient du masculin: la mi-carême, la mi-mai;—excepté toutefois dans cette locution proverbiale, mi-mai, queue d'hiver.

2. Mi-parti est un adjectif dont le féminin est mi-partie: les opinions ont été mi-parties; cette robe est mi-partie de blanc et de rouge.

Miche, s. f., pain d'une grosseur médiocre, pesant au moins une livre et quelquefois deux; il se dit aussi des pains ronds d'un poids plus considérable: une miche de douze livres. (Acad).

Micheau, s. m.—Ce mot n'est pas français:—au lieu de dire, je vais faire un voyage, je vous rapporterai votre micheau, il faut dire: je vous rapporterai quelque chose, je vous rapporterai un cadeau. (Wall.)

2. Micheau, n'est pas français non plus pour désigner de petits pains au beurre; dites simplement petit pain ou bien miche au beurre.

Micmac, s. m., est un mot français qui signifie intrigue (et non pêle-mêle), manigance, pratique secrète dont le but est blâmable: il y a eu bien du micmac dans cette affaire.

Midi, s. m., Minuit, s. m.—Ces deux mots sont du singulier et du masculin; dites donc, à midi précis, à minuit précis, et non pas à midi précise, à minuit précise.

2. Dites de même, sur le midi, sur le minuit, midi a sonné, à minuit sonnant, vers midi, vers minuit, etc., et non pas sur les midis, sur les minuits, midis ont sonné, à minuits sonnants ou sonnantes, vers les midis, 298 vers les minuits.—Cependant, on dit très-bien vers les dix heures, vers les onze heures, etc.

3. Ne dites pas non plus avec les flamands et les wallons: il est douze heures; dites, il est midi, il est minuit.—Prononcez minu-it (ui diphth.) et non minouit.

4. Ne dites pas: c'est midi, il est temps que je sorte; dites, il est midi...—Mais à la question: quelle heure sonne? il faudra répondre: c'est midi, c'est-à-dire, ce (l'heure) qui sonne est midi, puisqu'on dit, voilà midi qui sonne. (Acad.) Ces observations s'appliquent également au mot minuit.

5. Ne dites pas: je vous verrai ce midi; dites, à midi.

6. Ne dites pas: il rentre toujours sur le midi; dites à midi, vers midi; dites de même, avant midi, après midi, avant minuit, après minuit, vers minuit.

7. Ne dites pas: midi et quart, minuit et quart; dites, midi et un quart, minuit et un quart. Voyez quart et liaisons affectées.

8. Ne dites pas: avez-vous fait midi, avez-vous mangé le midi, dites, avez-vous dîné?

9. Après-midi, s. f.: je vous ai attendu toute l'après-midi.—Plusieurs, dit l'Académie, le font du masculin;—le pluriel s'écrit comme le singulier: il passe toutes ses après-midi à étudier, c'est-à-dire, toutes ses heures de l'après-midi.

Mier, v. a., mettre le pain en miettes, n'est pas français; dites émier ou émietter.

Miette, Mie, s. f.—Miette signifie petite partie, petit morceau;—mie ne se dit que de la partie du pain qui se trouve entre les deux croûtes: des miettes (et non des mies) de sucre; donnez m'en une miette; vous ne lui en avez donné qu'une miette;—il n'a plus de dents, il ne mange plus que de la mie (et non de la miette).—Prononcez miette (iette diphth.) et non mi-ette ni mi-iette.

Mieux, adv. comp.—Dites, c'est ma mère que j'aime le mieux, le plus, et non, la mieux, la plus: le mieux est ici superlatif et conséquemment invariable.

2. Lorsque mieux est suivi de deux infinitifs, on met ou l'on supprime la préposition de devant le second: j'aime mieux vous déplaire que vous tromper, ou que de vous tromper.—L'emploi de la préposition de est néanmoins préférable.

3. Aimer mieux et il vaut mieux, suivis d'un infinitif, ne doivent pas être suivis des prépositions de ni à: j'aime mieux étudier, il vaut mieux étudier, et non d'étudier ni à étudier.—Voyez aimer et valoir.

4. Ne dites pas: il chante, il joue des mieux; dites, très-bien, parfaitement:—des mieux n'est pas français dans ces sortes de phrases.

5. Ne dites pas: il chante plutôt mieux que mal; dites, bien que mal, en opposant l'adverbe positif bien à l'adverbe positif mal.

6. Ne dites pas: le temps s'est radouci, il fait mieux qu'hier; dites, il fait meilleur qu'hier, en sous-entendant le mot temps, comme on dit, il fait chaud, il fait froid, il fait bon, etc.

7. Il ne faut pas employer l'un pour l'autre mieux et plus: mieux exprime la perfection, l'idée d'une supériorité de manière;—plus exprime l'extension, l'idée d'une quantité supérieure.—On ne doit pas dire: j'ai gagné mieux de cent francs, mieux que cent francs; il faut dire, plus de cent francs.

8. Mieux, se met après les verbes dans les temps simples et entre l'auxiliaire et le participe dans les temps composés: j'aime mieux, j'ai mieux aimé.

Mille, adj. num. card.—Ne dites pas: le premier mille francs est le plus difficile à gagner; dites, les premiers mille francs sont...; francs étant substantif, impose le genre et le nombre.

2. Ne dites pas: il m'a comblé de mille éloges; dites simplement, ... d'éloges.

3. Mille est adjectif numéral et substantif commun.—Comme adjectif, il s'écrit de deux manières (et est naturellement invariable): 1o mille, pour exprimer le nombre dix fois cent: mille francs, dix mille francs. 2o Mil, dans l'expression des dates: Léopold premier, roi des Belges, est monté sur le trône l'an mil huit cent trente et un. Cependant on écrit mille dans l'expression des dates antérieures à la naissance de Jésus-Christ: le temple de Salomon fut achevé l'an mille cinq cent avant Jésus-Christ.—Comme substantif commun, c'est-à-dire, employé pour représenter une mesure de chemin, mille s'écrit avec une s au pluriel: trois milles d'Angleterre font près d'une lieue de France.—Ne confondez pas dans la prononciation l'adjectif mil (qui se prononce mile) avec le substantif mil (millet) où l'l est mouillée comme dans babil, péril.

Millésime, s. m., date de monnaie; millénaire, adj., hérétique ou qui contient mille; millimètre, s. m., millième partie d'un mètre:—dans ces mots on prononce les deux ll.

Milliaire, milliard, milliasse, millième, millier, million, millionnaire, millionnième, billion, trillion, etc.:—dans tous ces mots les ll sont suivies d'un i et on ne prononce qu'une l.

Minable, adj., misérable, qui fait pitié: air minable;—qui indique une grande misère: vêtements minables.—Cette expression populaire est mauvaise sous tous les rapports, puisqu'elle ne tient à aucune racine française ni étrangère qui puisse en faire comprendre le sens et la rendre claire. (Bescherelle.)

Minéral, Minerai, Mine, Minière, Carrière.—On donne le nom de minéraux (é fermé) aux substances inorganiques qui entrent dans la constitution de la terre; ils ne vivent pas et ne se reproduisent pas, ce qui les distingue des végétaux et des animaux.—On donne le nom de minerais (e muet) aux minéraux 301 que l'on utilise pour en extraire les métaux, tels que le fer, le zinc, le cuivre, le plomb, l'argent, l'or, etc.—On appelle mines les exploitations de minéraux: la loi distingue les mines, les minières et les carrières. Les mines s'exploitent dans la profondeur pour l'extraction des minerais et de quelques autres substances, telles que la houille, le soufre, le sel, etc. Les minières sont des exploitations superficielles ou très-rapprochées de la surface, et d'où l'on retire des minerais, de la tourbe, etc. Les carrières s'exploitent à la surface ou dans la profondeur pour les matériaux de construction, calcaire, grès, ardoise, argile, sable, pierre à plâtre, etc.

Miniature, s. f., peinture délicate: on prononce ordinairement mignature, dit l'Académie; cette prononciation vicieuse n'est donc pas de rigueur, et l'on doit approuver ceux qui disent mi-niature.

Minimum, s. m., le moindre degré: prononcez minimome.—Voyez maximum.

Minou, minet, minette, petit chat: le minet joue avec le chien; voilà une jolie petite minette.—Minou n'est pas français.

Minuit: voyez midi.

Minute, s. f.—Ne dites pas: en une minute de temps; si vous avez une minute de temps; dites simplement, en une minute; si vous avez une minute.—Voyez heure.

Minutie, s. f., bagatelle; minutieux, adj.—Prononcez minucie, minucieux.

Mi-parti, mi-partie: voyez mi.

Miracle, Miraculeux: l'a est long dans le premier et bref dans le second.

Mirmidon: voyez marmiton.

Misérable, adj.—Ne dites pas: faites-lui l'aumône, c'est une misérable femme, un misérable homme; dites, c'est une femme, un homme misérable 302 et mieux, malheureux.—On emploie mieux cet adjectif, en l'appliquant à la condition: être réduit à un état misérable; son sort est misérable; car, en général, appliqué aux personnes et employé substantivement, il veut dire malhonnête, vicieux, débauché: c'est un misérable, un grand misérable.—Il n'y a que quelques exemples, pris dans le style élevé, où il emporte l'idée de misère: il ne se faut jamais moquer des misérables; les misérables et les malheureux méritent des secours.

Miserere, s. m., psaume, colique: prononcez mi-zéréré.

Mite ou Teigne, s. f., insecte qui ronge les vêtements: ne dites pas motte.

Mitouche: voyez nitouche.

Mixte, adj., mêlé, mélangé: prononcez miks-te et non mixe.

Mixtion, s. f., mélange de drogues; mixtionner, faire ce mélange.—Dans ces deux mots, ti conserve sa prononciation naturelle, c'est-à-dire, celle qu'il a dans les mots menti, parti: miks-thion, miks-thioner.

Mode, s. f.—Prononcez mo-de et non mo-te ni môde: un habit à la mode.

Modeste, adj.—Quoi qu'en disent certains grammairiens, modeste se dit bien des choses et signifie médiocre, simple, sans éclat: avoir un train, un équipage modeste, une table modeste; faire une dépense modeste; il s'est borné à conserver le modeste héritage de ses pères. (Acad.)—Toutefois, nous croyons qu'on ne peut pas dire un prix, une somme, une taxe modeste, mais bien, un prix, une somme, une taxe modique.

Moelle, s. f., substance molle dans les os, dans les bois; moellon, pierre de construction: moelleux, rempli de moelle, souple, gracieux:—dans tous ces mots oe est diphthongue; prononcez moèle, moèlon, moèleux; quelques-uns prononcent moale, moa-lon, etc.

Mœurs, s. f. pl.; il n'a pas de singulier.—Prononcez meurce et non meure, soit seul, soit devant une consonne.

Moi, pr. pers.—Ne dites pas: donnez-moi-le; donnez-moi-la; dites, donnez-le-moi, donnez-la-moi.

2. Ne dites pas: mène-moi-z-y, amuse-toi-z-y; donne-moi-z-en, sers-toi-z-en, quoiqu'on puisse dire mène-nous-y, amusez-vous-y, donnez-nous-en, servez-vous-en:—la vraie construction est mène-m'y, amuse-t-y, donne-m'en, sers-t'en.—Cependant, comme ces finales sont trop dures, il vaut mieux employer une autre tournure: mène-moi dans cet endroit, amuse-toi dans cette société, etc.

3. Ne dites pas: un ami de moi me l'a assuré; dites, un de mes amis....

4. Dites, c'est moi qui ai, qui suis; c'est nous qui sommes, qui avons; c'est vous qui êtes, qui avez: et non pas, c'est moi qui est, qui a; c'est nous qui sont, qui ont; c'est vous qui est, qui a, qui sont, qui ont, etc.

5. Ne dites pas: il a la jambe plus grosse que moi; dites, que la mienne.

6. Ne dites pas: le maître ne me refuserait pas cette permission, moi:—moi, est ici un régime indirect, il faut donc dire à moi ou prendre une autre tournure, comme: quant à moi, le maître, etc.

7. Ne dites pas: moi, je me vengerais; moi, je vais jouer; dites plutôt: pour moi, je me vengerais, pour moi, je vais jouer; ou bien, je me vengerais, moi; je vais jouer, moi.

8. Ne dites pas: c'est moi, c'est vous la cause de son malheur; dites, c'est moi qui suis, c'est vous qui êtes la cause de son malheur.

Moindre, est le comparatif de petit; ne dites donc pas: sa position est plus moindre que la mienne ou est la plus moindre de toutes; dites, sa position est moindre que..., est la moindre de toutes.

2. Le moindre est le superlatif de petit; vous ne direz donc pas: il a relevé le moindre petit de mes défauts; petit est de trop; dites, le moindre de mes défauts.

3. Ne dites pas: j'en ai moindre, je ne le donnerai pas à moindre; dites, j'en ai moins, je ne le donnerai pas à moins.—Moindre est adj. et ne peut pas s'employer pour moins qui est adverbe.—Prononcez moin-dre et non mointe ni moandre, moindère.

Moins, adv.—Au moins signifie pour le moins; du moins exprime une correction, une restriction: comment, vous n'êtes pas au moins général? vous êtes du moins colonel?

2. Ne dites pas: vous ne l'aurez pas, à moins que le demander; dites, à moins de le demander, ou à moins que de le demander:—à moins devant un infinitif veut la préposition de seule ou précédée de que; la forme à moins que de est plus ancienne.

3. Ne dites pas: je ne le ferai pas à moins que de mille francs; dites, à moins de mille francs.

4. Ne dites pas: il est moins bon qu'il en a l'air; dites, qu'il n'en a l'air.

5. Ne dites pas: le moins que possible, le moins tard que possible; supprimez le que et dites, le moins possible, le moins tard possible.

6. Ne dites pas: à moins que vous jugiez à propos; dites, à moins que vous ne jugiez à propos:—à moins que est toujours suivi de la négation.—Prononcez moins et non moans.

Mois, s. m., douzième partie de l'année.—Les noms des mois s'écrivent avec une petite lettre: février, mars, avril, et non Février, Mars, Avril. (Acad.)

Moitié, s. f.—Ne dites pas: la moitié de six est de trois; dites, est trois.—Voyez quart, tiers.

2. On dit plus d'à moitié et non plus qu'à moitié: ce vase est plus d'à moitié plein.—Prononcez moiti-é et non moi-tchié.—Voyez ti et di.

Mon, Ton, Son, etc., adj. pos.—Ne dites pas: j'ai mal ma tête ou à ma tête; Pierre s'est cassé sa jambe; dites, j'ai mal à la tête; Pierre s'est cassé la jambe.

2. Prononcez mon, ton, son, devant une voyelle ou une h muette, en conservant à ces mots leur prononciation propre et en ajoutant une n au mot suivant: mon âme (mon n'âme), ton âge (ton n'âge), son ouvrage (son n'ouvrage) et non mo n'âme, to n'âge, so n'ouvrage.

Monnaie, monnayer, monnayeur: on a abandonné l'ancienne orthographe, monnoie, monnoyer, monnoyeur.

Mons, s. m., abréviation du mot monsieur.—Le roi de France écrivant à un archevêque ou à un évêque disait: mons l'Archevêque, mons l'Évêque; mais entre particuliers, cette expression est méprisante: mons un tel, mons Remy.—Prononcez monce.

Monseigneur, s. m., titre d'honneur, s'écrit en un mot.—Le pluriel est messeigneurs; on l'emploie en parlant ou en écrivant collectivement à plusieurs des personnes qui ont droit au titre de monseigneur.—On disait autrefois nosseigneurs dans les requêtes présentées au conseil du roi, aux cours du parlement et aux autres cours souveraines. (Acad.)—Cependant on ne tient généralement pas compte de cette décision de l'Académie et l'on dit aujourd'hui nosseigneurs aussi bien et même mieux que messeigneurs: nosseigneurs les évêques de Belgique;—on écrit aussi Nos Seigneurs en deux mots et avec des majuscules.

2. Mon seigneur, s'emploie dans les prières: mon seigneur et mon Dieu;—le vassal voulant désigner quel était son suzerain, disait aussi: un tel est mon seigneur, vous êtes mon seigneur.

Monsieur, s. m.—Prononcez mocieu (en ne faisant sentir ni l'n ni l'r; cependant en poésie on fait quelquefois sentir l'r) et non m'cieu, mon-cieu ni mon-cieure;—le pluriel est messieurs qu'on prononce mècieu (en supprimant l'r et l's) et non mècheu ni mècieurce.

2. Si, vous adressant à un homme, vous lui parlez de sa femme, ne dites pas simplement madame, mais ajoutez le nom de famille: madame Durand, madame la comtesse de Vergy, ou bien dites, madame votre femme.—De même si vous parlez à madame Durand de son mari, ne dites pas, par exemple: comment se porte monsieur? dites, comment se porte monsieur Durand?—Un enfant, une femme, en parlant de son père ou de son mari, ne dira pas non plus: monsieur est sorti, mais mon père, mon mari, est sorti.

3. Si vous parlez à un domestique de ses maîtres, vous direz simplement monsieur, madame, mademoiselle, sans y ajouter le nom: monsieur est-il à la maison? et non monsieur Durand est-il à la maison?

4. Les mots monsieur, madame, mademoiselle, sont de rigueur pour toutes les célébrités vivantes; on dira donc: monsieur de Lamartine, monsieur Guizot, et non Lamartine, Guizot tout uniment.—Les acteurs seuls peuvent faire exception.

5. Ce, cette, devant monsieur, dame, demoiselle, ce monsieur, cette dame, cette demoiselle, est impoli; dites simplement monsieur, madame:—dites bonjour à monsieur, à madame, à mademoiselle, et non à ce monsieur, etc.

6. Abstenez-vous de même, quand il s'agit de personnes présentes ou respectables, de ces locutions: cet homme, cette femme, cet individu, celui-ci, celle-ci, cet homme-là, cette femme-là, cet individu-là, lui, elle, etc.; les gens bien élevés ne suppriment jamais les mots monsieur, madame, mademoiselle, quand ils parlent d'un tiers, absent ou présent:—cependant il faut éviter, en écrivant aussi bien qu'en parlant, de répéter trop souvent ces mots: on se rendrait insupportable.

7. Il est contraire au bon usage d'apostropher une personne par son nom à la suite du mot monsieur, 307 madame, mademoiselle; ainsi en parlant à monsieur Durand, dites simplement, monsieur: oui, monsieur; non, monsieur; dites de même, oui, madame; oui, mademoiselle—et non oui, monsieur Durand; oui, madame Durand; oui, mademoiselle Durand.

8. On donnait le titre de monsieur (absolument) au frère du roi de France qui n'était pas destiné à occuper le trône.—Voyez mademoiselle.

Monter, v. n.—Les temps composés se conjuguent avec l'auxiliaire avoir, lorsqu'on veut exprimer l'action, et avec être, si l'on veut exprimer l'état, ou bien, en d'autres mots, selon que l'on peut répondre à l'une ou l'autre de ces questions: qu'a-il-fait?où est-il, qu'est-il devenu?il a monté (qu'a-t-il fait) quatre fois à sa chambre pendant la journée;—il est monté (où est-il) à sa chambre depuis une heure et il y est resté.—Lorsque monter est employé activement, il prend toujours avoir: il a monté l'escalier en courant.

2. Monter en haut, descendre en bas, sont généralement des pléonasmes vicieux; dites simplement monter et descendre.—Voyez haut.

Monteuse, une ouvrière en modes, une modiste: monteuse de bonnets, monteuse de modes. (Poitevin).

Monticule, petite montagne, est masculin: un monticule.

Moquer (se), v. essentiellement pronominal;—ne dites donc pas: il me moque toujours; dites, il se moque toujours de moi.

2. On dit indifféremment: tu te ferais moquer de toi ou tu te ferais moquer. (Acad.)

3. Le participe passé moqué s'emploie aussi dans un sens passif avec le verbe être: il fut moqué de tout le monde. (Acad.)

Mordicus, adv., avec ténacité:—soutenir son opinion mordicus: prononcez mordicuce.

Mordre, v. a.—Il mord à belles dents: prononcez il mor à et non il mor t'à belles dents.—Dans les mots terminés en ord ou ort le t final ne se lie point avec la voyelle ou l'h muette qui suit.

2. Ne dites pas: les cousins m'ont mordu à la joue; dites, m'ont piqué... (Acad.)

More, s. m., peuple africain; moresque, adj.; moricaud, aude, adj. et s.;—on écrit aussi maure, mauresque, mauricaud.—L'Académie ne donne point le féminin correspondant de maure; quelques-uns disent, une maure, d'autres, une mauresque.

Morigéner, v. a., corriger;—ne dites pas moriginer ni morigérer.

Mors, s. m., frein:—on ne prononce pas l's excepté devant une voyelle: prendre le mors aux dents; cependant beaucoup de personnes ne font pas cette liaison.

Mort, s. m.—Ne dites pas un billet de mort; dites une lettre de faire part, un billet d'enterrement, un billet d'obsèques.

2. Mort, morte, adj.—Dans quelques locutions, il a un sens différent, selon qu'il précède ou qu'il suit le substantif.—Mort-bois, les espèces de bois de peu de valeur, comme les ronces, les genêts;—bois mort, arbre séché sur pied, branches qui ne reçoivent plus de sève.

3. Morte-eau se dit des marées les plus faibles;—eau morte, qui ne coule point.

4. Mort-ivre se dit d'un homme; mais en parlant d'une femme, il faut dire ivre-morte: voyer ivre-mort.

5. Mort-gage, s. m.: le pluriel est morts-gages.

6. Mort-né.—Mort est invariable; il fait au féminin mort-née et au pluriel mort-nés, mort-nées: une fille mort-née, des enfants mort-nés.

7. Morte-paye, s. f.: le pluriel est mortes-payes.

8. Morte-saison, s. f.: le pluriel est mortes-saisons.

9. Ne dites pas du mort-papier, pour désigner du papier non collé propre à faire sécher l'encre; dites du papier brouillard.

Mortuaire, adj.—Ne dites pas un service mortuaire; dites un service funèbre.

2. Ne dites pas une carte, un billet mortuaire; dites, une lettre de faire part, un billet de faire part, un billet de part, s'il s'agit de la lettre destinée à annoncer le décès;—dites billet d'enterrement, billet d'obsèques, s'il s'agit du billet destiné à être lu au prône à l'église.

3. Domicile mortuaire, terme de jurisprudence, lieu où une personne avait son domicile légal au moment de son décès; dans le langage ordinaire, on ne dit pas domicile mortuaire ni maison mortuaire: on dit, domicile du défunt, de la défunte; maison du défunt, de la défunte.

4. Mortuaire, adj., veut dire qui appartient au service, à la pompe funèbre: un drap mortuaire. (Acad.)

5. Registre mortuaire, registre où l'on inscrit les noms des personnes décédées.—Extrait mortuaire, extrait qu'on tire de ce registre.

6. Droits mortuaires, droits perçus pour les cérémonies funèbres.

7. Mortuaire, comme substantif, n'est pas français; ne dites donc pas la mortuaire, pour la maison, le domicile du défunt, de la défunte.

Mot, s. m.: prononcez et non mote.

Mote, s. f., petit insecte; ce mot n'est pas français; dites mite, s. f: ce fromage est plein de mites.

Motus, interj., silence!—prononcez motuce.

Moucher, v. a. et pr.—Ne dites pas: je mouche vingt fois en une heure, mais, je me mouche.

2. Ne dites pas non plus: mouchez votre nez, mais simplement, mouchez-vous.

3. Pourtant, on peut dire absolument, dans le même sens que s'il était accompagné du pronom: si cet enfant pouvait moucher, il serait soulagé; il ne mouche presque point. (Acad).

4. On peut encore dire dans le sens absolu, moucher, fatiguer: cet enfant mouche beaucoup; ce cheval fatigue beaucoup.

5. Ne dites pas: moucher une lumière, mais moucher une chandelle;—ne dites pas émoucher.

Moucheron, s. m., bout de la mèche d'une chandelle allumée;—mouchures, s. f. pl., ce qu'on a retranché ordinairement avec les mouchettes.—Moucheron se dit aussi de toute espèce de petite mouche, mais mouchette, pour moucheron, n'est pas français.

Mouchettes, s. f. pl., n'a pas de singulier: dites donc les mouchettes et non la mouchette ni l'émouchette ni les émouchettes.

Mouchoir, s. m., carré de toile qui sert à se moucher.—Mouchoir de cou se dit du fichu d'une femme; mais quand on parle d'un homme il faut dire cravate et non mouchoir ni mouchoir de cou.

Moudre, v. a.—Dites, nous moulons, vous moulez, ils moulent, je moudrai, il faut que je moule, il fallait que je moulusse.

Moufle, s. f., gros gant de cuir ou de laine où il n'y a pas de séparation pour les doigts, excepté pour le pouce; prononcez mou-fle et non moufe, moufèle.

Moule, s. f., mollusque bon à manger;—moule, s., est masculin, quand il signifie un modèle creux donnant la forme déterminée à la matière que l'on moule: retirer un vase du moule.

Moulin, s. m.—Ne dites pas: moulin à filer; dites, rouet:—prononcez rou-et et non rou-wet.

Mourir, v. n.—Ne dites pas: il a été fait mourir; dites, il a été exécuté, mis à mort; on l'a fait mourir.

2. Dites, je meurs d'envie d'aller revoir mon pays, et non, je meurs d'aller revoir mon pays.

Mouron, s. m., plante que l'on donne aux oiseaux; ne dites pas moron.

Moussu, Mousseux, adj.—Moussu se dit de ce qui est couvert de mousse;—mousseux, de ce qui mousse: il a jeté une bouteille de champagne mousseux sur ce rocher moussu.

Moustache, s. f.—Ce mot s'emploie généralement au singulier; ne dites donc pas: cet homme porte de longues moustaches, mais, une longue moustache; il relève sa moustache et non ses moustaches; sa moustache grisonne et non ses moustaches...

Moyen, s. m., se dit, au pluriel seulement, des richesses, des facultés pécuniaires: je ne connais pas ses moyens; ses moyens ne sont pas considérables. (Ac.)

2. Ne dites donc pas avec les wallons: ce fermier a bien le moyen; tu as bien le moyen de faire cette dépense; dites, ce fermier est riche, a de la fortune; tes moyens te permettent de faire cette dépense.—Prononcez moi-ien et non moi-en ni mo-ien.—Voyez fortuné.

3. Ne dites pas: les étrangers sont admis au moyen d'une légère rétribution; dites, moyennant une légère rétribution.

Moyennant que, est une mauvaise expression qu'il faut remplacer par pourvu que, à condition que;—on vous donnera ce livre, pourvu que vous soyez sage et non moyennant que vous soyez sage.—Prononcez moi-iènant et non moi-ènan, ni mo-iènan, moi-ien-nan.

Moyenné, ée, adj.—Ne dites pas un homme moyenné, un homme qui n'est pas moyenné; dites, un homme riche, qui a de la fortune, qui n'a pas de la fortune.—Voyez fortuné.

Muffle, s. m.—Ne dites pas: c'est un muffle; dites, c'est un orgueilleux, un vaniteux.—Muffle est une expression de bas étage.

Mufti, s. m., le chef de la religion mahométane; on écrit aussi muphti.

Mur, s. m., clôture de pierres: prononcez l'u bref;—mûr, adj. (fruit), bon à cueillir; prononcez l'u long; écrivez et prononcez de même mûrir, mûrement.

Murailler: voyez emmurailler.

Mûre, s. f.—Ne dites pas: feuilles de mûre; dites, feuilles de mûrier, comme on dit feuilles de chêne, de noyer, de vigne, etc.—Voyez orange.

Muséum, s. m., musée; l'Académie ne donne pas d'exemple du pluriel, mais nous pensons qu'il faut écrire des muséums avec l's comme on écrit des factums: prononcez muséome et non musé-i-ome.

Mustache, n'est pas français; dites, moustache: une moustache noire.—Voyez ce mot.

Mutuellement, adv.—Ne dites pas: ils se sont entre-nui, entraidés mutuellement; dites simplement, ils se sont entre-nui, ils se sont entraidés. (Pléon. vicieux).

Myope, Presbyte.—Une personne qui voit de près et non de loin, est myope;—une personne, au contraire, qui voit de loin et non de près, est presbyte.

 

 

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021