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BIBLIOBUS Littérature française

J

 

J.Je ne doit pas se prononcer che; où suis-je, que dis-je, j'ai jeté, se déjeter, etc., et non, où vais-che, que dis-che, j'ai cheté, se décheter. (Wall.)

Jaconas, s. m., espèce de mousseline: une robe de jaconas; l's ne se prononce pas.—Jaconade n'est pas français.

Jadis, adv., autrefois.—Il s'emploie quelquefois adjectivement avec le mot temps: les bonnes gens du temps jadis; cela était bon au temps jadis: cet emploi est familier. (Acad.)—Prononcez jadice.

Jais, s. m., bitume d'un noir luisant.—Ne dites pas: cela est noir comme un geai, mais, comme jais ou comme du jais.—Voyez geai, jaune et lait.—Prononcez (long).

Jalouser.—Ce verbe est actif et il faut dire: ce marchand jalouse ses concurrents (et non contre, ou sur ses concurrents); les gens du même métier se jalousent entre eux (et non jalousent l'un contre l'autre, l'un sur l'autre).

Jalousie.—Gardez-vous bien d'écrire ou de prononcer jalouserie.

Jamais.—Prononcez jamais et non jamain.

Jambe.—Ne dites pas: mettre la jambe à quelqu'un pour le faire tomber; dites, donner le croc-en-jambe à quelqu'un...—Le c de croc se prononce fortement; prononcez jambe et non jampe.

Jambonneau, s. m., petit jambon: jambonnet n'est pas français.

Jarreté, qui a les jambes de derrière tournées en dedans et si peu ouvertes que les jarrets se touchent presque en marchant: je ne veux point de ce mulet, il est jarreté.—Ne dites point jarreteux ni jerreteux.

Jauger, mesurer un vase pour voir s'il est de la mesure dont il doit être; ne dites ni jaucher ni gauger.

Jaune.—Ne dites pas: il est jaune comme un safran, mais, comme safran ou comme du safran.

2. Ne dites pas: ces poires sont jaunes, mais, sont mûres.

Je.—Lorsqu'on élide l'e, il faut se garder de prononcer je comme che: il faut que je fasse mes devoirs et non, que ch'fasse mes devoirs.

Jésus.—Voyez antechrist et Christ.

Jet d'eau, eau qui jaillit d'un tuyau; ne dites pas jeu d'eau, qui est français, mais qui a un sens plus particulier.

2. Jet, dans le sens de levure, n'est pas français.

Jeter.—Ne prononcez pas le j placé devant un e muet comme un che: je l'ai jeté (jeté et non ch'té) par la fenêtre; nous jetons (et non nous ch'tons), vous jetez (et non vous ch'tez), je jetterai (et non je ch'terai).—Il en est de même du substantif jetée et des dérivés de jeter.—Voyez je.

Jeu, s. m.—Ne dites pas: je ne puis plus jouer qu'un jeu; dites, je ne puis plus jouer qu'une partie.

Jeune, peu âgé: prononcez jeune (eu bref);—jeûne, abstinence, prononcez jeûne ( long);—prononcez de même jeûner, jeûneur, déjeuner (déjeuner s'écrit sans accent circonflexe.)

2. Quand l'adjectif jeune est précédé de l'article, on ne peut pas le placer indifféremment devant ou après le substantif: le jeune Pline signifie que Pline n'est pas âgé, tandis que Pline-le-Jeune se dit pour le distinguer de Pline-l'Ancien.

3. On dit jeune homme au singulier et jeunes gens au pluriel; quand il s'agit de filles, on dit mieux aujourd'hui jeune personne, jeunes personnes que jeune fille, jeunes filles.

4. Ne dites pas, un vieux jeune homme, pour désigner un homme d'un certain âge qui vit dans le célibat; dites, un vieux garçon, un vieux célibataire; dites de même une vieille fille, une vieille demoiselle:—célibataire ne se dit pas des femmes.

5. Ne dites pas: du fromage jeune, du beurre jeune; dites, du fromage, du beurre frais, nouveau.

6. Jeune, employé comme substantif, ne peut pas se dire d'un animal nouvellement né; il faut se servir du mot petit dans cette acception: les petits (et non les jeunes) d'une chatte, d'un pigeon, d'un corbeau.—Cependant en parlant de grives, de perdrix, par exemple, on pourrait dire: les jeunes sont tendres et délicates, tandis que les vieilles sont plus coriaces.—Ici jeune est pris comme adjectif et est opposé à vieux.

Jeunesse, s. f.—Ne dites pas: laissez rire ces jeunesses, c'est leur âge; dites, laissez rire ces jeunes gens, ou bien, ces jeunes personnes, selon le cas.

Joailler, s. m., qui fabrique et vend des joyaux; ne dites pas jouailler:—jouailler, c'est jouer petit jeu.

Jockey, s. m., mot anglais.—Prononcez jokè.

Jointée, s. f., autant que les deux mains rapprochées peuvent contenir: une jointée d'orge, une jointée d'avoine.

Joli, Beau.Joli, offre l'idée de quelque chose de gentil, qui plaît; beau se dit de ce qui est grand, de ce qui inspire de l'admiration.—D'où il suit que joli ne peut pas se dire d'une composition large et sérieuse ou d'une scène grandiose de la nature; ne dites donc pas: Athalie est une jolie tragédie; la mer, le lever du soleil est une jolie chose, etc.; dites, Athalie est une belle tragédie... Mais vous direz très-bien: Perrault a écrit de jolis contes; Lafontaine a fait de jolies fables, etc.

2. Ne dites pas: voilà un joli enterrement;—joli en effet exclut toute idée de tristesse, de douleur; dites, un bel enterrement.

Joliment, adv., se dit dans un langage très-familier pour beaucoup, extrêmement: il l'a joliment puni; vous vous êtes joliment trompé. (Acad.)—Beaucoup de personnes font un étrange abus de ce mot et disent par exemple: il a joliment neigé, j'ai joliment dormi, j'ai joliment faim, etc. Nous pensons qu'il faut rejeter ces sortes de locutions.

Jouer.—Ne dites pas, jouer avec les cartes ni jouer une carte, mais, jouer aux cartes. (Flandr.)—Voyez jeu.

2. Ne dites pas d'un musicien: il joue si bien sur le piano, sur le violon, etc.; mais, il joue si bien du piano, du violon.

3. Ne dites pas: jouer banqueroute, mais faire banqueroute. (Flandr.)

4. Ne dites pas: jouer dans la tête, en parlant d'idées, de chimères, de ce qu'on appelle faire des châteaux en Espagne; dites, passer par la tête:—ce sont de vaines idées qui vous passent par la tête.

5. Jouer, est un mot générique qui se dit de tous les instruments de musique, et dans cette acception il est 240 neutre et doit être accompagné de la préposition de: jouer de l'orgue, du piano, du violon, etc.

6. On bat la caisse, le tambour, les timbales.—On donne du cor.—On sonne du cor et de la trompette.—On pince la harpe, la guitare, le luth, le téorbe.—On touche l'orgue, le piano, l'harmonium.

7. Prononcez jou-er et non jou-wer; je joue, (je joû, long), et non jou-we; je jou-ais, et non je jou-wais; je jouerai (je joûrai, long), et non je jou-we-rai, etc.—Prononcez de même jou-eur, et non jou-weur.

Jouereau, s. m., qui joue mal à quelque jeu ou qui hasarde peu au jeu; prononcez joûrau.

Joueur de tours, se dit aussi bien que faiseur de tours.

Joug, s. m.—Prononcez jougue, en faisant sentir le g même devant une consonne: un joug pesant, un joug honteux, un joug honorable.

Jouir.—On jouit de quelque chose d'agréable, d'avantageux;—ne dites donc pas: il jouit d'une mauvaise santé, d'une mauvaise réputation; dites, il a une mauvaise santé, une mauvaise réputation.

2. Prononcez: jou-ir, je jou-is, je jou-issais, jou-issance et non jou-wir, je jou-wis, je jou-wissais, jou-wissance.

Jour.Faire son bonjour, faire ses dévotions, sont des locutions françaises. (Acad.)

2. On dit, jour ouvrable, jour ouvrier, et non jour d'ouvrier.

3. Ne dites pas: c'est mon jour aujourd'hui, demain; dites, c'est ma fête aujourd'hui, demain. (Flandr.)

4. Ne dites pas: cela est arrivé un jour au matin, un jour au soir; dites, ... un matin, un soir.

5. On dit indifféremment: vivre au jour le jour et vivre au jour la journée, c'est-à-dire, s'inquiéter peu du lendemain, être sans prévoyance. (Acad.)

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6. Ne dites pas: au jour d'aujourd'hui l'instruction est bien répandue; dites, aujourd'hui ou à présent ou au siècle où nous sommes, ou bien, selon le sens, à l'heure qu'il est, l'instruction est bien répandue.

7. Ne dites pas: quel jour avons-nous? dites, quel jour est-il, quel jour sommes-nous, quel jour est-ce aujourd'hui?

8. Ne dites pas: jour bien employé, mal employé; dites, journée bien employée...La journée est le jour par rapport à la manière dont il s'est passé.

9. Jour civil, espace de vingt-quatre heures qui se prend de minuit à minuit.—Jour naturel, temps qui s'écoule entre le lever et le coucher du soleil.—Jour astronomique, espace de vingt-quatre heures solaires moyennes, d'un midi à l'autre.—Jours complémentaires, dans le calendrier républicain, se disait des cinq ou six jours que l'on comptait à la fin de l'année, pour compléter le nombre de trois cent soixante-cinq ou de trois cent soixante-six jours, les mois de ce calendrier n'étant chacun que de trente jours.

10. Jours gras, les derniers jours du carnaval qui sont le jeudi, le dimanche, le lundi et le mardi.

11. Les noms des jours de la semaine s'écrivent sans majuscules: dimanche, lundi, mardi, etc.—Voyez calendrier républicain.

Jourd'hui, le jour actuel, appartient au vieux langage; il ne s'employait qu'avec le ou ce.—Ce jourd'hui est encore usité au palais.

Journal.—Ne dites pas: j'ai lu cette nouvelle sur le journal, sur la gazette, etc., mais, dans le journal, dans la gazette, comme on dit, j'ai lu dans tel livre.

Journellement, tous les jours, chaque jour: il étudie journellement cinq heures consécutives.—Journalièrement n'est pas français.

Jubé, s. m., espèce de tribune élevée dans une église; ne dites pas doxal ni toxal.

Juge.—Prononcez ju-ge, je ju-ge, je ju-gerai, jugement et non ju-che, je ju-che, je ju-cherai, ju-chement.

Juger, v. a. et n.—Ne dites pas: il juge tout ou sur tout à tort et à travers; dites, il juge de tout ou il tranche sur tout...

2. Juger quelqu'un ou quelque chose, c'est décider comme juge ou arbitre, ou bien exprimer d'une manière tranchante, une opinion, un avis: juger un procès (comme juge); jugez-nous (comme arbitre), je vous prie; vous jugez (décidez sur le mérite de) cet homme trop sévèrement.

3. Juger de, c'est avoir, énoncer une opinion; cette forme est plus vague et surtout moins pédantesque: juger sainement des choses; juger de la pièce par l'échantillon; il ne faut pas juger des gens sur l'apparence. (Belgicismes, par M. J. Benoit.)

Juif, fait au féminin juive et non juifresse ni juivresse.—Faites sentir l'f de juif au singulier et au pluriel; prononcez ju-if, ju-ive, et non jou-if, joui-ve (ui diphth. et non oui).

Juillet.—Prononcez ju-illet (ui diphth.) et non jou-illet, ni ju-let, julette: on mouille les ll.

Juin.—Prononcez ju-in (ui diphth.) et non jeun, jun ni jou-in.

Jujube, est féminin: de la jujube.—Prononcez juju-be et non juju-pe.

Jumeau, Jumelle, se dit de deux ou de plusieurs enfants nés ensemble.—Ne le confondez pas avec gémeau, subst. masculin, qui n'est usité qu'au pluriel Gémeaux, pour signifier l'un des douze signes du zodiaque.

Junte, s. f., nom que l'on donne à différents conseils en Espagne et en Portugal: la junte du commerce. Prononcez jonte.

Jurer, se dit pour blasphémer; jurement se dit également dans le sens de blasphème, imprécation, exécration. (Acad.)

Jury, Juré, Juriste.—Le jury est le corps, la réunion des jurés;—le juré est un membre du jury;—le juriste est celui qui écrit sur des matières de droit.—Quelques-uns écrivent juri, dit l'Académie, qui cependant a adopté jury.—Beaucoup de personnes confondent les deux mots jury et juré.

Jus, s. m.—Ne dites pas: cet enfant tousse, il faut lui donner du jus; dites, ... du jus de réglisse.

Jusque, prép., exige toujours à sa suite une préposition avec son complément: jusque dans les enfers, jusque par-dessus la tête, jusqu'à nouvel ordre.

2. On écrit quelquefois jusques avec une s à la fin, lorsque ce mot est suivi d'un autre mot commençant par une voyelle; alors on fait sentir la liaison entre jusques et le mot suivant: jusques au ciel, jusques à quand.

3. Jusque, suivi de , adverbe, prend toujours un trait d'union: ils en vinrent jusque-là, et non jusqu'à-là qui n'est pas français.

4. On dit jusqu'à hier, jusqu'à demain, jusqu'à midi, jusqu'à Paris, jusqu'à Namur, et non pas jusque Paris, jusque Namur.—On peut dire jusqu'aujourd'hui et jusqu'à aujourd'hui, mais le premier est préférable.—Prononcez jusque (e muet) et non jusquè.

Juste.Comme de juste est une expression aussi vicieuse que le seraient comme de vrai, comme de faux; dites comme de raison, comme il est juste.

2. Ne dites pas: il est sept heures justes; dites, il est sept heures précises.—Mais on dira bien: il est arrivé juste à l'heure du dîner; juste, est ici adverbe et signifie justement, exactement. Prononcez jus-te et non jusse.

Justement.—Dites, ce chasseur tire juste; peser juste; cela entre juste; chanter juste; il a deviné juste; il raisonne juste, etc., et non justement.

2. Justement signifie avec justice: il a été condamné justement.

3. Il signifie aussi la même chose que précisément: je suis arrivé justement quand on se mettait à table.

4. Ne dites pas: vous venez à propos, il est justement arrivé; dites, il vient d'arriver, il ne fait que d'arriver.—Voyez faire.

 

 

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021