Créer un site internet
BIBLIOBUS Littérature française

F

 

F.—Quand elle est finale, elle se prononce presque toujours, même devant une consonne: vif désir, soif brûlante, un bœuf très-maigre, une soif ardente, etc. Il faut en excepter quelques mots, tels que clef dont l'f ne se prononce ni au singulier ni au pluriel; œuf frais (), œuf dur (), nerf-de-bœuf (nèr-de-beufe); cerf-volant (cère), cerf-dix-cors (cèr), chef-d'œuvre (chè), bœuf-gras (beû). Le mot neuf forme aussi une exception: voyez ce mot.

2. Les flamands doivent se garder de prononcer f finale ou la syllabe fe comme v ou ve: un parafe et non un parave; un bref et non un brève; un if (arbre) et non ive; une griffe (ongle crochu) et non une grive (oiseau); ce cheval piaffe et non piave; piaffement et non piavement.

Fabricant, s. m.—Quelques-uns écrivent fabriquant (Acad.) Il nous semble que l'on doit réserver cette seconde orthographe pour le participe présent du verbe fabriquer: un fabricant d'étoffes; un ouvrier fabriquant des étoffes.

2. Le subst. fabricant n'a pas de correspondant féminin; ne dites donc pas: Madame N., fabricante de corsets; dites, faiseuse de corsets.

Fabricien et Fabricier: on dit plus ordinairement marguillier (marguillier et non margueiller).

Face, se dit du visage entier et ne doit pas s'employer comme synonyme de joue: une face de carême; avoir une grosse face, une face rubiconde;—avoir une fluxion à la joue; joue droite, joue gauche.

2. Ne dites pas: en face le palais, mais en face du palais.—Prononcez face et non faze.

160

Facétie, s. f., plaisanterie: prononcez facécie;—ti se prononce également ci dans les dérivés facétieux, facétieusement.

Fâcher.—On doit dire; se fâcher, être fâché contre quelqu'un et non à, sur, ou après quelqu'un: il est horriblement fâché contre vous et non à vous, sur vous, après vous; je me suis fâché contre lui (et non sur lui, après lui, à lui). Prononcez fâcher (â long) et non facher (a bref).

Facile.—Ne dites pas: j'ai facile, j'ai bien facile; vous avez bien facile; j'ai facile d'apprendre mes leçons; vous avez facile de faire ce problème; mais dites: il m'est facile, c'est bien facile, cela m'est bien facile, bien aisé; cela vous est bien facile, bien aisé; vous avez de la facilité pour apprendre vos leçons ou vous apprenez facilement vos leçons; vous ferez facilement ce problème, etc., ou une autre tournure;—mais avoir facile, avoir difficile, sont des locutions véritablement wallonnes et qu'il faut proscrire du langage correct. Voyez difficile.

Façon, s. f.: voyez compliment.

Façonneur, Façonneux, qui fait trop de façons; ces mots ne sont pas français; dites façonnier: que vous êtes façonnier; cette femme est trop façonnière.

Fac-simile, s. m., imitation parfaite; prononcez fac-similé: au pluriel, des fac-simile (invar.)

Facteur.—Ne dites pas le porteur de lettres, mais le facteur de la poste ou simplement, le facteur.

Factieux, adj., séditieux; prononcez fac-cieux; ti se prononce de même dans faction, factionnaire.

Factotum, s. m., qui se mèle de tout; prononcez factôtome: on prononçait autrefois factoton.

Factum, s. m., mémoire pour un procès; prononcez factome.

Faculté, s. m.; ne dites pas fagulté.

Faible, adj.: ce mot et ses dérivés s'écrivaient autrefois foible; l'Académie a adopté exclusivement faible, faiblesse, faiblir, etc. Prononcez fè-ble et non fèpe ni fèbelle.

2. Faible, fort.—Cela est faible, cela est fort, sont des exclamations dont les flamands abusent et qu'il faut rendre presque toujours par un équivalent.—Cela est fort, est français dans certains cas et se dit d'une chose qui étonne désagréablement, qui paraît extraordinaire, ou difficile à croire: cela est fort, paraît fort; voilà qui est fort.—Cela est faible pour exprimer le contraire de, cela est fort, ou pour signifier que tel propos qu'on vous tient ou telle réponse qu'on vous fait, ou telle action dont on vous parle, n'a pas grande importance ou est blâmable: dans ces diverses acceptions cette locution n'est pas française.

3. Ne dites pas non plus: cette viande est faible pour signifier, qu'elle a peu de goût; dites, cette viande est fade.

Faiblir, tomber faible.—Ne dites pas: cette femme est tombée faible, a faibli à l'église; dites, s'est trouvée mal, est tombée en faiblesse, en syncope, en pamoison; s'est évanouie; il lui a pris une faiblesse; elle est tombée en faiblesse.

Faïence, Faïencier, Faïencerie: on écrivait autrefois fayence, fayencier, fayencerie.

Faillir.—Devant un infinitif il demande à ou de, mais de est plus en usage: j'ai failli de tomber, à tomber; j'ai failli de l'oublier, à l'oublier; cet événement faillit de retarder, à retarder notre départ. Néanmoins on supprime souvent toute préposition, surtout dans le langage familier: il faillit être assassiné; il a failli nous arriver un malheur.

Faim, s. f.—Si et très ne peuvent modifier des substantifs, et par conséquent ne peuvent se placer devant faim, soif, peur; ne dites donc pas: j'ai si faim, 162 si soif; très-faim, très-soif, etc.; dites, j'ai grand'faim, grand'soif; fort faim, fort soif; mourir de faim, avoir une faim dévorante, etc. Voyez très et si.

Faîne, s. f.: prononcez fène et non fa-ïne: de l'huile de faîne, ramasser des faînes.

Fainéant, e, subst.—Ne dites pas fainiant, ni féniant, ni fègnant.

Faire.—Ne dites pas à table: j'ai bien fait, pour signifier que vous n'avez plus d'appétit: dites, j'ai assez mangé, je n'ai plus besoin de rien.

2. Ne dites pas: deux et deux fait quatre, mais, font quatre.

3. Faire avec.—Ne dites pas pour inviter quelqu'un à partager votre repas: voulez-vous faire avec nous; dites, voulez-vous partager notre repas; voulez-vous dîner, manger avec nous; voulez-vous prendre un verre de vin?

4. Ne dites pas non plus pour inviter quelqu'un à se mettre de la partie: voulez-vous faire avec? dites, voulez-vous être des nôtres, venir avec nous, faire la partie avec nous?

5. Faire dans telle ou telle chose pour, faire le commerce de telle ou telle chose, est une locution vicieuse; ne dites pas: il fait dans le papier, dans les draps; dites, il fait le commerce du papier, des draps; il vend du papier, des draps, etc. (Wall.)

6. Ne dites pas: cela ne me fait de rien; dites, cela ne me fait rien, m'importe peu, ne m'importe guère, m'est bien égal.

7. Ne dites pas: je ne fais rien qui ne soit de faire; dites, qui soit blâmable, condamnable, répréhensible.

8. Ne dites pas: ça je fais, ça je ne fais pas; dites, je fais ça et je ne fais pas ça. (Fland.)

9. Ne dites pas: j'ai fait mes trois cafés ce soir; dites, j'ai été dans trois cafés, ou bien, dans mes trois cafés, si c'est affaire d'habitude.

10. Faire tourmenter, est un wallonisme; ne dites pas: mon camarade me fait tourmenter; dites simplement, me tourmente:—faire tourmenter signifierait charger quelqu'un de tourmenter, comme, faire battre, faire rendre. (Wall.)

11. Faire pour rendre.—Ne dites pas: l'oisiveté nous fait vicieux; la vertu nous fait aimables; dites, l'oisiveté nous rend vicieux; la vertu nous rend aimables.

12. Ne dites pas: je ne sais quoi faire, je ne sais quoi dire, quoi répondre; dites, je ne sais que faire, que dire, que répondre.

13. Ne dites pas: je ne sais que faire avec cela; dites, je ne sais que faire de cela.

14. Ne dites pas: vous êtes dans l'embarras, savez-vous ce que vous faites ou ce que vous fassiez; dites, savez-vous ce qu'il faut faire.

15. Faire la messe, lire la messe, pour, dire la messe, célébrer la messe est un flandricisme.—faire une messe se dit d'un musicien qui compose une messe.

16. Faire une somme, pour, faire une addition, etc.; ne dites pas: faites-moi cette somme; dites, faites-moi cette addition, cette soustraction, etc.

17. Se faire.—Ne dites pas: il s'est fait fatigué; vous vous ferez malade; dites, il s'est fatigué; vous vous rendrez malade.

18. Il fait.—Ne dites pas: il fait beau de se promener; dites, il fait beau pour se promener.

19. Faire, se met souvent pour un autre verbe qu'on ne peut pas répéter: cet homme n'aime pas tant le jeu qu'il faisait (et non qu'il le faisait); nous nous entretînmes de cette nouvelle, comme nous aurions fait de toute autre (et non comme nous l'aurions fait) (Acad.)

20. Ne faire que, ne faire que de.—Ne faire que, marque ou une action fréquemment répétée: cet enfant ne fait qu'aller et venir; ou une action instantanée: attendez-moi, je ne fais qu'aller et revenir, c'est-à-dire, 164 je vais et reviens en un moment.—Ne faire que de, marque une action qui vient d'avoir lieu: il ne fait que d'arriver, c'est-à-dire, il vient d'arriver.

21. Faire excuse.—Voyez excuse.

22. On dit, avoir affaire et non à faire à quelqu'un: avoir affaire à plus fort que soi; si vous ne vous corrigez pas, vous aurez affaire à moi. Voyez affaire.

23. Faire les cartes.—Voyez écarter.

24. Se faire prêtre, religieux, pour, embrasser l'état ecelésiastique ou religieux, sont des expressions françaises.

25. L'Académie écrit, faisant, nous faisons, je faisais, ainsi que les dérivés faisable, bienfaisant, bienfaisance, contrefaisant; mais il faut prononcer ai comme si ces mots étaient écrits avec un e: fesant, nous fesons, je fesais, fesable, bienfesant, bienfesance, contrefesant. Il faut donc condamner l'orthographe que Voltaire avait mise à la mode et d'après laquelle on écrivait, fesant, je fesais, bienfesance, etc. Voyez e pour ai.

26. Fait-à-fait, à fait, fait et à mesure.—Ces expressions ne sont pas françaises; il faut dire, à mesure, au fur et à mesure, à fur et mesure, successivement, tour-à-tour:—on vous paiera à mesure que vous travaillerez; vous n'avez qu'à travailler et on vous paiera à mesure; travaillez, vous serez payé au fur et à mesure, à fur et mesure; vous serez payé à mesure de votre travail. Il faut préférer à mesure, à au fur et à mesure, fur et mesure.

27. Être au fait, mettre au fait, se mettre au fait, c'est-à-dire être bien instruit de, s'instruire de... sont des expressions françaises: quand vous serez au fait de votre métier; cette jeune fille est bien au fait du ménage; il se fut bientôt mis au fait de son nouvel emploi.

28. Au fait.—Ne dites pas: au fait de la comète, je vais vous conter une histoire; dites, à propos de la comète....

29. Ne dites pas non plus: c'est au fait de rire, de plaisanter, etc.; dites, c'est pour rire, c'est pour plaisanter.

Faisan, (coq sauvage), faisandeau, faisanderie, faiseur (ouvrier): prononcez fesan, fesandeau, fesanderie, feseur.

Fait, s. m.—Dans voies de fait, (violences) prononcez fête.

Falloir, v. n.—Ne dites pas: voilà ce qui nous faut, ce qui nous fallait; dites, ce qu'il nous faut, ce qu'il nous fallait.

2. Ne dites pas: il faut mieux étudier que jouer; dites, il vaut mieux...

Fameux, adj., renommé, célèbre, insigne dans son genre: fameux orateur, siège fameux, fameux voleur; c'est un fameux imbécile; voilà une fameuse bêtise.

2. Les wallons abusent de ce mot en l'appliquant à des choses d'une importance médiocre; ainsi ils diront: c'est un fameux, vous êtes un fameux, etc., au lieu de: c'est un espiègle, vous êtes un original, etc.;—on nous a servi un fameux jambon, (ou un terrible jambon); dites, un grand, un très-grand, un énorme jambon.

3. Ne dites pas non plus: goûtez-moi ce vin.—Fameux! dites, excellent, délicieux.—Vin fameux, pour vin renommé, est trivial.

Faner, v. a., signifie étendre l'herbe pour la faire sécher: faner le foin.—Faner ne peut pas s'employer neutralement; ne dites pas: ces fleurs commencent à faner; dites, ... à se faner.

Fange, s. f.—Beaucoup de wallons désignent, fort improprement, par ce mot une grande étendue de terrain inculte et couvert de bruyère; le mot fange a une tout autre signification. Traduisez par bruyère, lande, ou même par fagne qui figure dans quelques dictionnaires.

Faon, (petit d'une biche), faonner: prononcez fan, faner.

Faquin, est un terme de mépris qui signifie, homme de rien, qui fait des actions basses: ce n'est qu'un faquin; on l'a traité comme un faquin; c'est un métier de faquin: fieffé faquin.—Il ne faut donc pas employer ce mot dans le sens de, freluquet, coquet, pimpant, élégant: il était extrêmement pimpant; vous voilà bien pimpant aujourd'hui; faire le pimpant; etc.

Farce, se dit des actions qui ont quelque chose de plaisant, de bouffon ou de ridicule: faire une farce, des farces; faire une farce à quelqu'un; une bonne farce; quelle farce! il nous a donné la farce; c'est une farce que cela; c'est une vraie farce. (Acad.)—Faire ses farces (expression populaire), c'est se divertir d'une manière bouffonne: ces jeunes gens font leurs farces, ont fait leurs farces. (Acad.)

2. Farceur, se dit d'un homme qui fait des bouffonneries, qui est dans l'habitude d'en faire: un farceur insipide. (Acad.)—Il suit de là que les mots français farce et farceur ne correspondent pas exactement aux mots wallons farce et farceur; ceux-ci en effet ont une acception un peu détournée et se disent ordinairement d'un tour, d'une plaisanterie, d'une mystification, d'une espièglerie: cet écolier ne pense qu'à jouer des tours; je lui ai joué un bon tour; on m'a fait une méchante plaisanterie; vous avez fait là une dangereuse espièglerie.

3. Rendez le mot farceur par plaisant, qui aime les tours, espiègle, etc., selon le sens.

4. Ne dites pas farce pour farceur: cet homme est farceur; oh! que c'est farce! Cependant ce mot peut se dire des choses: une action farce, une parole farce, un maintien farce. (Bescherelle.)

5. Le verbe farcer, faire une farce, figure dans les dictionnaires de Bescherelle et de Poitevin.

Fashion (mode), Fashionable (à la mode), mots anglais: prononcez fachion, fachionable; néanmoins plusieurs prononcent fassion, fassionnable.

Fastes, s. m. pluriel, histoire; ce mot est masculin: les fastes glorieux de l'empire.

Fat, adj., impertinent; prononcez fate.

Fatal, ale, adj.—Le pluriel est fatals, mais il est peu usité.

Faubourg.—Prononcez fôbour.—Bourg final, ne fait pas entendre le g; Limbourg, Luxembourg, Cobourg; tandis que bourg, gros village, se prononce bourke.

Faubourien, ienne, adj. et s., homme du faubourg ou qui appartient au faubourg; ne dites pas faubourier, ni faubourtier.

Faute.—Ne dites pas: c'est de ma faute, si tu as perdu ton procès; dites, c'est ma faute ou c'est à moi la faute, si, etc.

2. Ne dites pas non plus: une faute d'attention; il faut dire, une faute d'inattention ou simplement, une inattention, une inadvertance: c'est une inadvertance; pardonnez-lui ses inadvertances; c'est une pure inattention, une faute d'inattention.—On dira très-bien au contraire: cet élève s'est trompé faute d'attention (l'attention lui a fait défaut).

Faux, s. f., instrument d'agriculture: la faux du temps.—On écrivait autrefois faulx.

Faux, fausse, adj.—Une fausse corde est une corde qui n'est pas au son voulu; une corde fausse est celle qui donne toujours un son faux.

2. Une fausse porte est une porte ignorée des importuns; une porte fausse est une porte figurée.

3. Un faux jour est un jour mauvais pour un tableau; un jour faux est un jour mal distribué dans le tableau.

Féconder, Fécond, etc.: prononcez fékonder, fékond, etc., et non fégonder, fégond.

Femme.Ma femme, mon mari; voyez époux.

Fenaison, s. f., action de couper le foin; temps où on le coupe: on dit aussi, mais moins souvent, fanaison: pendant la fanaison; on dit également fanage et fauchaison.

Fénelon, n. pr.—On écrit et on prononce communément aujourd'hui en France, Fénelon et non Fénélon.

Fenêtre, Croisée: voyez croisée.

Fenil, s. m., lieu où l'on serre le foin; prononcez fenile.

Fer à cheval, fer de cheval.—On dit fer à cheval, quand il s'agit d'une table, d'un escalier ou de tout autre objet qui a la forme d'un fer qu'on met sous le pied d'un cheval: préparez une table de 30 couverts et disposez-la en fer à cheval.—On dit fer de cheval, quand il s'agit du fer même qu'on met au pied du cheval.

Férir, v. déf., frapper; vieux mot qui n'est plus usité que dans cette locution: sans coup férir.

Ferlaté, falsifié; dites frelaté: du vin frelaté.

Ferraille, Ferrure, Ferronnerie.—Le premier se dit collectivement d'une certaine quantité de vieux morceaux de fer usés ou rouillés: ce n'est que de la ferraille; vendeur de vieille ferraille.—Ferrure signifie garniture de fer: ferrure d'une porte; ferrure bien faite; la ferrure de ces roues n'est pas assez forte; la ferrure d'un vaisseau; les ferrures d'un gouvernail.—Ferronnerie, s'emploie pour désigner les ouvrages de fer en général;—le marchand qui vend de la ferronnerie prend le nom de ferronnier: acheter des chenets chez un ferronnier.

Ferré ou Ferret, perche munie d'un crochet de fer, à deux branches, l'une droite et l'autre courbe, dont on se sert pour pousser une barque; ces mots ne sont pas français; dites gaffe: pousser la barque au large avec la gaffe.

Fertin, menu poisson ou choses de peu de valeur; dites fretin.

Fesser, ne signifie pas clisser, entrelacer, ficeler; vous direz donc: une bouteille clissée, et non ... fessée.

Festival, s. m., grande fête musicale: le pluriel est festivals.

Feu.—Ne dites pas: le feu est dehors, ou est déteint; dites, est éteint.

2. Ne dites pas: il y a eu feu, ou le feu cette nuit-ci; dites, il y a eu un incendie.

3. Feu, Feue. adj.—Feu s'accorde avec son substantif, lorsqu'il le précède immédiatement: la feue reine, sa feue tante; mais il reste invariable, quand il en est séparé par l'article ou par un adjectif possessif: feu la reine, feu sa tante.

Fève, s. f., Féverole, s. f.: prononcez fè-ve, fé-v'role et non fè-fe, fé-f'role.

Fiacre, s. m., voiture de place; prononcez fia-cre (ia diphth.) et non fiaque, fiakère.

Fibre, filament délié des chairs, des plantes, est féminin: la fibre charnue, les fibres ligneuses. Prononcez fi-bre et non fi-pe ni fibère.

Ficelle, s. f.—Ne dites pas; cet homme est un peu ficelle; dites, est sujet à caution, est un fripon, un friponneau.

Ficher.—Ne dites pas, je m'en fiche; dites, je ne m'en soucie pas, je m'en moque: ficher, dans ce sens, n'est pas français.

2. Ne dites pas non plus: il lui a fiché ou fichu un soufflet; dites, il lui a donné, appliqué, administré un soufflet.

Fichu, ue, est un terme de mépris, bas et populaire, dont on ne doit pas se servir: voilà un fichu compliment.

Fief, s. m., domaine noble: prononcez fièfe.

Fiente, s. m., excrément de bête: prononcez fiante (ian diphth.)

Fier, ère. adj. hautain.—Fier homme (iron.), homme de peu de mérite;—homme fier, qui a de la fierté.—Prononcez le masc. fier comme le fém. fière.

Fier, v., commettre à la fidélité: prononcez fié, confié, défié, méfié ( diphth.)

2. Ne dites pas: cet homme n'est pas à fier (flandr.); dites, cet homme n'est pas sûr, ne mérite pas confiance; ou bien, on ne peut pas se fier à cet homme.

Fièvre, s. f.—Ne dites pas: j'ai eu les fièvres; dites j'ai eu la fièvre. Prononcez fiè-vre et non fiévre ni fiè-fe ni fièvère.

Fignoler, v. n., faire l'élégant; ce mot est populaire.

Figue (faire la), mépriser quelqu'un, le braver, le défier, se moquer de lui: il fait la figue à tous ses ennemis. (Acad.)

Fil, de lin, de soie, etc.; prononcez file (l non mouillée).

2. Fil d'arka: écrivez et prononcez fil d'archal.

Filial, ale, adj.—Il n'y a point d'exemple du pluriel dans l'Académie: respect filial, piété filiale. Des grammairiens lui donnent le pluriel filials; Boinvilliers a dit, des sentiments filiaux.

Fille, s. f., filleul, fillette: mouillez les il, et ne dites pas file, fileul, filette.—Il en est de même de: anguille, bastille, camomille, cédille, charmille, chenille, cheville, coquille, esquille, étrille, famille, faucille, goupille, grille, guenille, lentille, pacotille, pastille, peccadille, quille, roquille, souquenille, vanille, vétille, vrille, etc. Voyez époux et demoiselle.

Filosenne, est un mot wallon qui se traduit par cordon, cordon de coton, cordon de soie.—Filoselle, dont on serait peut-être tenté de se servir, est un substantif féminin qui sert à désigner une espèce de grosse soie ou de fleuret, provenant de la bourre de la bonne soie et des cocons de rebut: des bas de filoselle;—comme on le voit, filoselle n'est pas du tout le filosenne wallon.

Filou, n'a pas de féminin; ne dites donc pas filoute.

Fils, s. m.—Quoique les grammairiens ne soient pas d'accord, nous pensons qu'il faut prononcer fice même devant une consonne; le repentir est fils de la vertu.

Fin.—Ne dites pas: vous avez pris la bille trop fine; dites, ... trop fin.

Finales (syllabes, lettres).—Nous ne saurions trop appeler l'attention des professeurs et des élèves sur la nécessité de bien prononcer les lettres et syllabes finales des mots. Les flamands aussi bien que les wallons ont à se mettre en garde contre plusieurs fautes; les premiers adoucissent généralement les fortes, tandis que les derniers renforcent les douces: les f, les p, les k, les ch, les t deviendront des v, des b, des g, des d dans la bouche d'un flamand; tandis que les wallons sont portés à faire des f, des k, des ch, des p, des t, là où il n'y a que des v, des g, des b, des d: donnons quelques exemples: un flamand prononcera parave pour parafe; attague pour attaque; vage pour vache; une pombe pour une pompe; il écoude pour il écoute. Le wallon à son tour dira: brafe pour brave; fromache pour fromage; une blaque pour une blague; une bompe pour une bombe; la bisse pour la bise, etc.—Ces défauts de prononciation, outre qu'ils prêtent au ridicule, donnent toujours une pauvre idée de l'éducation de celui qui n'a pas su s'en corriger; les professeurs donc ne sauraient y veiller de trop près, d'abord en prêchant d'exemple, et ensuite en se montrant d'une sévérité inexorable à l'encontre de ces défauts de prononciation de terroir.

2. Les wallons ont également beaucoup de peine à bien faire sentir les deux consonnes de certains mots, comme: est, ouest, tact, contact, lest, exact, infect, casque, secte, texte, prétexte, mixte, reste, il résulte, il inculque, liste, moraliste, burlesque, kiosque, etc.; généralement, ils négligent la dernière consonne et prononcent: esse, ouesse, take, contake, lesse, exake, infèke, casse, sèke, texe, mixe, resse, etc.

3. Il y a d'autres finales que les wallons et les flamands ne prononcent pas mieux: ce sont les ble, les ple, les gle, les dre, les tre, etc.—Supposons les mots: 172 aimable, exemple, règle, vendre, ventre, etc.: un flamand prononcera aimabèle, exempèle, règuèle, vendère, ventère, tandis qu'un wallon dira, aimape, exempe, rèke, vente, vente.—Ces vices de prononciation, pourtant si communs même chez les personnes les plus instruites, proviennent en très-grande partie de ce que les instituteurs et les professeurs n'ont pas assez exercé, n'ont pas brisé leurs élèves à la bonne prononciation. Nous recommandons beaucoup, comme un moyen de se corriger de ces sortes de défauts, la lecture ou la déclamation faite en commun et à haute voix; deux jeunes gens, vraiment désireux de se défaire de cette rouille de naissance ou de terroir, se réunissent: l'un fait la lecture et l'autre exerce charitablement l'office de censeur, mais d'un censeur impitoyable; et nous leur garantissons qu'en peu de temps ils parviendront à se faire une prononciation correcte.—Il y a encore d'autres finales que les wallons ou les flamands massacrent sans pitié: nous avons eu soin de les signaler en leur lieu et place.

4. Final, ale, adj., qui finit, qui termine.—L'Académie ne donne point d'exemple du pluriel masculin; de bons grammairiens disent finals.—Ce mot s'emploie substantivement, au féminin, pour signifier la dernière syllabe d'un mot: la finale de ce mot est longue.

5. Finale, terme de musique, morceau d'ensemble qui termine un opéra, un chœur, etc.; il est masculin: il y a du brio dans ce finale.

Finalement, signifie la même chose qu'enfin; ne dites donc pas, enfin finalement; un seul de ces mots suffit.—Ne dites pas non plus, en fin finale.

Finard, adj., fin, rusé dans les petites choses; ce mot n'est pas français; dites, finaud, finaude;—ce dernier mot est familier et ne se dit qu'en mauvaise part; il se prend aussi substantivement.

Finaud, e, qui est fin, rusé dans de petites choses: c'est un finaud.—Finard n'est pas français: voyez ce mot.

Finir.—Ne dites pas: je suis fini, pour exprimer que vous avez gagné: dites, j'ai fini.

2. C'est fini avec moi, disent les flamands, lorsqu'ils se croient sur le point de mourir; dites, c'est fini de moi, c'est fait de moi.

3. Ne dites pas: Nous avions fini avec lui; dites, nous en avions fini avec lui; je suis pressé d'en finir avec cet homme.

4. Ne dites pas: la fête finit avec un feu d'artifice; dites, ... par un feu d'artifice.

5. Finir, devant un infinitif, demande la préposition de: avez-vous fini de parler et non à parler?

Fisc, s. m., trésor de l'État; prononcez fis'que.

Fiscal, ale, adj.; le pluriel est fiscaux: droits fiscaux. (Acad.)

Fixement, adv., d'une manière fixe: regarder fixement:—prononcez et écrivez fixement et non fixément.

Fixer, signifie arrêter, attacher; jamais il ne veut dire regarder quelqu'un ou regarder fixement; dites, dans ce sens, fixer les yeux, la vue, ses regards sur quelqu'un ou quelque chose; ne dites pas: il nous a longtemps fixés; dites, il nous a longtemps regardés ou regardés fixement; il a longtemps fixé les yeux sur nous, et mieux, il a eu longtemps les yeux fixés sur nous.

2. Fixer les regards de quelqu'un, c'est devenir l'objet de son attention.

Flairer, Fleurer.Flairer, c'est sentir par l'odorat: flairez cette rose.—Fleurer, c'est répandre une odeur: cela fleure bon.—Flairer ne signifie jamais puer. (Wall.)

Flamber, v. n., jeter de la flamme; ne dites pas flammer ni blamer.

Flanquer, dans le sens de jeter, lancer, est français, mais populaire: flanquer un soufflet, un coup de poing, une assiette à la tête de quelqu'un. (Acad.)

Flegme, s. m., sang-froid; prononcez fleghme en faisant sentir un g dur.—Ne dites pas: il est flegme, mais, ... flegmatique....

Fleuraison, s. f., le développement et l'épanouissement des fleurs; l'époque où les plantes fleurissent; l'état des plantes en fleur. L'Académie donne aussi le mot floraison, et renvoie à fleuraison.—Quoi qu'il en soit, le mot floraison nous paraît être aujourd'hui plus usité que fleuraison.

Fleur de lis: voyez lis.

Fleur d'orange.—Quoique, à la rigueur, on peut dire fleur d'oranger, la première expression est pourtant reçue et consacrée par l'Académie: un médecin, un pharmacien pourront néanmoins dire fleur d'oranger, mais dans le style ordinaire et dans le style de la conversation, on dit fleur d'orange.

2. Le mot fleur seul, ne signifie pas farine; dites donc, allez m'acheter une livre de fleur de farine; et non, ... une livre de fleur.

Fleurir.—Au propre, il signifie, être en fleur: les pêchers fleurissaient déjà, lorsque la gelée est survenue; les prés fleurissants, les plaines fleurissantes.—Employé au figuré, c'est-à-dire, lorsqu'il signifie, être dans un état de prospérité, de splendeur; être en crédit, en honneur, en réputation, il fait florissant, florissante; les lettres étaient alors très-florissantes. Lorsqu'on parle d'une personne ou d'une collection de personnes, comme d'une ville, d'un peuple, d'un état, il fait toujours florissait à l'imparfait de l'indicatif: Athènes florissait sous Périclès; ces empires florissaient alors.—Mais quand on parle de choses, il fait fleurissait et florissait: les sciences fleurissaient ou florissaient sous le règne de ce prince. (Acad.)

Flic-Flac, bruit de plusieurs coups de fouet, de plusieurs soufflets donnés coup sur coup.

Floche pour signifier houppe, gland, n'est pas français; il a un gland à son bonnet et non, ... une floche.

Floquet, mot wallon; dites nœud, boucle: nouer à boucles; un beau nœud.

Flouer, Floueur, Flouerie, sont des termes populaires: dites plutôt tromper, trompeur, tromperie; duper, dupeur, duperie, etc.

Fluide, adj., qui coule aisément; prononcez flui-de (ui diphth.) et non flu-ide ni flu-wide, ni fluite.

Flume ou Flimme, humeurs que l'on jette en crachant; ce mot n'est pas français; dites flegme, crachat.

Flux, s. m., mouvement de la mer, dévoiement; prononcez flu, l'x, dans flux et reflux, ne se prononce pas devant une consonne et il prend le son de z devant une voyelle: le flux (z) et le reflux de la mer.

Foible: voyez faible.

Foie, viscère, est masculin: pâté de foie gras; prononcez foî et non foye.

Fois.—Ne dites pas: une fois pour tout, mais, une fois pour toutes.

2. Ne dites pas: je lui avais dit ça l'autre fois; dites, l'autre jour.

3. Ne dites pas: toutes fois qu'il vient, je m'en vais; dites, toutes les fois ou chaque fois qu'il vient.

4. De fois à autres, de temps en temps, est une locution française.

5. Les flamands emploient très-mal l'expression une fois; dites une fois, venez une fois, laissez-moi voir une fois, etc.—Il faut absolument bannir ce flandricisme du langage correct et le supprimer entièrement, ou bien, lorsque le sens le permet, le rendre par ça! donc, un peu: ça! dites-moi, venez-donc, laissez-moi voir un peu.—Il en est de même du mot seulement que les flamands emploient si souvent d'une manière impropre 176 et à peu près dans le même sens qu'une fois: courez seulement, aidez-moi seulement; etc. Remplacez ce ridicule seulement par le mot que le sens vous indiquera, comme çà, donc, un peu, etc.

Foison, s. f., ne prend pas l'article et n'a point de pluriel: il y aura foison de fruits cette année;—on l'emploie aussi comme adverbe, précédé de la préposition à: il y a de tout à foison. Prononcez foizon et non foisson.

Folio, s. m.; mot emprunté du latin et qui signifie feuillet: folio 4, au folio 20.—On appelle folio recto ou simplement recto, la première page du feuillet, et folio verso ou simplement verso, le revers ou la seconde page;—au pluriel folios.

2. In-folio, se dit du format d'un livre où la feuille est pliée en deux: saint Thomas a écrit vingt volumes in-folio; au pluriel des in-folio.

Foncer, v. a.—Ne dites pas, foncer une porte; dites, enfoncer une porte: foncer, c'est mettre un fond: foncer un tonneau.

Fond, Fonds, Fonts.Fond s'écrit sans s toutes les fois qu'il signifie l'endroit le plus bas, le plus intérieur, le plus éloigné de l'entrée, de l'abord, de l'ouverture d'une chose creuse; le fond d'un puits, d'un tonneau, d'un sac, d'un abîme, d'une boutique, d'un cachot, d'une haie, d'un port; le fond d'un chapeau, d'un coffre.—Fond (sans s) se dit aussi d'un terrain considéré surtout par rapport à son degré de fermeté, à sa qualité, à sa composition: bâtir sur un fond peu solide; vous avez choisi là un bien mauvais fond; un fond d'argile.—Fond, en parlant d'étoffes, signifie la première ou la plus basse tissure sur laquelle on a fait quelque dessin ou quelque ouvrage; il se dit aussi de l'étoffe même sur laquelle on brode, du champ sur lequel les figures d'un tableau sont peintes, des plans 177 plus reculés d'un tableau: velours à fond d'or, broderie sur fond de satin; un paysage sert de fond au tableau.—Au figuré, fond signifie ce qu'il y a d'essentiel dans une chose, et il est opposé à l'accessoire, à l'apparence, à la forme: le fond d'une doctrine, le fond d'un ouvrage, le fond d'une histoire, le fond d'un procès, un fond de raison, la forme l'emporte sur le fond.

2. Fonds (avec une s) signifie le sol d'une terre, d'un champ, d'un héritage, somme d'argent plus ou moins considérable: cultiver un fonds, bâtir sur son fonds, sur le fonds d'autrui; le fonds de la banque; fonds social; bailleur de fonds; être en fonds; les fonds publics; le fonds (le capital) et le revenu; fonds de commerce; fonds de magasin.—Au figuré, on le dit de la capacité, du savoir, de l'esprit, de la probité: cet homme a un fonds de vertu, un grand fonds d'esprit.—Biens-fonds se dit des biens immeubles.—Le fonds et le très-fonds, c'est le fonds (le sol, la propriété, etc.) et tout ce qui en dépend: on écrit aussi tréfonds.

3. Fonts, s. m. pluriel (on ne prononce ni le t ni l's): c'est le bassin où l'on conserve l'eau dont le prêtre se sert pour baptiser: les fonts baptismaux; tenir un enfant sur les fonts.

Fondation, s. f., Fondement, s. m.—Fondation signifie l'ensemble des ouvrages nécessaires pour asseoir les fondements d'un édifice; on l'emploie ordinairement au pluriel. Les fondations d'un édifice comprennent l'excavation du terrain, et, lorsqu'il est nécessaire, le pilotis à établir pour affermir le sol: faire les fondations d'un bâtiment. L'Académie fait remarquer que ce mot s'emploie quelquefois abusivement pour les fondements mêmes.—Fondation signifie encore le fossé, la tranchée qu'on fait pour y placer des fondements: creuser la fondation, les fondations.—Fondement se dit quelquefois au pluriel du fossé que 178 l'on creuse pour commencer à bâtir; cependant, le mot fondation est préférable dans ce sens.—Fondement signifie encore, et c'est là son acception ordinaire, la maçonnerie qui sert de base à un édifice, à une construction, et qui se fait dans la terre jusqu'au rez-de-chaussée; il s'emploie surtout au pluriel: poser, jeter les fondements d'un édifice. (Acad.)

Force, s. f.—Ne dites pas: il y avait force de monde; dites, beaucoup de monde.

2. Ne dites pas: il a force d'argent, force de bijoux, force d'amis; retranchez de et dites, force argent, force bijoux, force amis.

3. De force que.—Ne dites pas: elle est tombée de force qu'elle riait; dites, elle est tombée à force de rire. On peut aussi remplacer de force que par tant, comme dans ces phrases: il a fallu me porter, tant j'étais faible; il tremblait de tous ses membres, tant il avait peur (et non de force que j'étais faible ou qu'il avait peur.)

Forceps, s. m., instrument de chirurgie: prononcez forcep-ce, en faisant sentir le p et l's.

Forcer.—Ne dites pas: on lui a forcé de se taire; dites, on l'a forcé de se taire; forcer est un verbe actif.

2. Ne dites pas: il fut forcé malgré lui; dites simplement, il fut forcé, car c'est toujours malgré soi qu'on est forcé.

3. Forcer, suivi d'un infinitif, prend la préposition à ou de: il fut forcé de partir; on le força à signer. (Acad.)

Forcettes, n'est pas français; dites forceps.

Format, d'un livre: voyez in-douze.

Fort.Cela est fort, Flandr.:—voyez faible.

2. Fort en et fort sur. On dit: cet élève est fort sur la philosophie, sur l'histoire; elle est très-forte sur le piano, sur la harpe; mais on dit: il est fort aux échecs, au piquet. (Acad.)

3. Fort (se faire).—Dans l'expression verbale se faire fort, c'est-à-dire, s'engager à quelque chose, fort est toujours invariable: elle se fait fort de l'obtenir; ils se faisaient fort d'une chose qui ne dépendait pas d'eux. (Acad.)

4. Il est fort et hardi:—ne prononcez pas for-té hardi mais for-é hardi.—Dans fort, adj., le t ne se lie pas avec la voyelle qui suit; il en est de même des mots en ard, ord, ort, comme hasard, abord, port, sort, mort, etc.; et des verbes terminés en ert, ort.—Mais le t final de fort adverbe, se lie avec le mot suivant dont il détermine le sens: homme fort habile, fort incommode, fort à l'aise.

Fortement, adv.—Ne dites pas: il pleut fortement, il gèle fortement; dites, il pleut fort, il gèle fort.

2. Ne dites pas: sa perte sera fortement ressentie; dites, sera vivement ressentie, parce qu'il s'agit ici d'un sentiment; fortement (avec énergie, au figuré) ne se dit en effet que de l'esprit et non du cœur: c'est un ouvrage fortement pensé; il a parlé fortement. (Acad.)

Fortifier, v. ac.—Ne dites pas: cet enfant a beaucoup fortifié depuis un an; dites, s'est beaucoup fortifié.

Fortuné, adj., signifie heureux; c'est à tort donc que quelques-uns l'emploient dans le sens de riche, qui a de la fortune: un homme fortuné; dites, un homme riche ou qui a de la fortune.

Forum, s. m., place où le peuple discutait les affaires publiques à Rome: prononcez forome.

Fosse, s. f.—Ne dites pas: il a la fosse au menton; dites, ... la fossette...

Fou, signifie quelquefois, excessif, prodigieux: il y avait à la fête un monde fou; un luxe fou; il en demandait un prix fou (et non de fou).

Foudre, est masculin, lorsqu'il désigne, 1o une certaine représentation de la foudre: les armes de 180 l'empire français sont un aigle tenant un foudre dans ses serres; 2o une grande tonne propre à contenir les liquides: le célèbre foudre d'Heidelberg: et dans les deux expressions suivantes: un foudre de guerre, un grand capitaine, comme Napoléon 1er; un foudre d'éloquence, un grand orateur, comme Bossuet.—Il est féminin, quand il désigne le tonnerre: être frappé de la foudre; la foudre sillonne les nues. Cependant, dans ce sens, il est quelquefois masculin en poésie et dans le style soutenu: être frappé du foudre; expirer sous les foudres vengeurs. (M. l'abbé Péters, Grammaire.)—Prononcez fou-dre et non fou-de, fou-te ni foudère.

Fouet, Fouetter: prononcez fouè, fouèter.

Fouine, s. f., grosse belette: prononcez fouine (oui diphth.) et non fou-ine ni fouwine.

Fouir, signifie creuser la terre avec un instrument: il faut fouir bien avant pour trouver de l'eau dans cet endroit.—Mais si l'on veut parler du travail du sanglier, du cochon, de la taupe, etc., on se sert du verbe fouiller: les sangliers, les cochons fouillent; la taupe a fouillé là.—Enfin on dira bècher, et non fouir, un jardin, une terre.—Prononcez fou-ir et non fou-wir.

Fourche (à la), négligemment, grossièrement; cette locution est française: cela est fait à la fourche.

Fourchu.—Ne dites pas: pied fourchu, mais pied fourché, pied fendu en deux; on dit aussi chemin fourché quand il se divise en deux.—Fourchu a le même sens, mais il ne s'emploie que dans certaines locutions comme menton fourchu, barbe fourchue, faire l'arbre fourchu (mettre la tête en bas, les pieds en haut, écartés l'un de l'autre.)

Fourmille.—Ne dites pas: une fourmille d'enfants, pour indiquer un grand nombre d'enfants; dites, une fourmilière d'enfants, une marmaille d'enfants.

Fournil, s. m., lieu où est le four; prononcez fourni.

Fouter (se), est un terme ignoble et sévèrement proscrit; les auteurs par pudeur dissimulent ce mot par la lettre initiale suivie de points suspensifs: f.....

Frac, redingotte, est masculin: un beau frac; prononcez fraque.

Fragment, s. m., morceau: prononcez le g dur.

Fraîchir, ne signifie pas mouiller: il craint de se mouiller (et non de se fraîchir) les pieds.

Frais, féminin fraîche (il faut se garder de dire fraîche au masculin).—Ce mot signifie, un peu froid, récent, non salé, brillant, vigoureux: il fait froid en hiver; il fait frais dans les belles nuits d'été; un vent frais (un peu froid); une nuit fraîche; avoir les mains fraîches (froides); du pain frais (nouveau); du porc frais (non salé); mettre des fleurs dans un vase avec de l'eau pour les tenir fraîches; ce vieillard est encore très-frais (vigoureux).

2. Frais, ne peut pas s'employer dans le sens de mouillé, trempé, humide: je suis mouillé (et non frais) comme un canard; il est tout trempé (et non frais) de sueur; il a pleuré, il a encore les yeux tout humides (et non tout frais); la terre est encore tout humide (et non toute fraîche). (Wall.)

3. Faire frais, signifie faire un peu froid et non faire humide, faire mouillé.—Ne dites jamais frisse pour frais: frisse est wallon.

Fraisil, s. m., cendre du charbon de terre dans une forge: prononcez fraisi et non fraisile.

Franc, adj., ne peut pas s'employer dans le sens de hardi, effronté, qui a de l'assurance; ne dites donc pas: ce déclamateur est franc devant le public; dites, ce déclamateur a de l'assurance, etc.

2. Un franc menteur est un menteur avéré; un homme franc est un homme sincère.

3. Franc de port.—Dans cette expression, l'adjectif franc, est invariable, quand il précède le substantif qu'il modifie: vous recevrez franc de port (franco) la 182 lettre que je vous envoie. Il s'accorde, quand il vient après ce substantif: la lettre que j'ai reçue était franche de port.

4. Le c de franc ne se prononce que devant une voyelle: un franc animal (fran-k'animal).

5. Franc, s. m.—Ne dites pas: un franc et demi, un franc et quart; dites, un franc et cinquante centimes, un franc et vingt-cinq centimes.

Frangipane, s. f., sorte de pâtisserie; écrivez et prononcez frangipane et non franchipane.

Frappant neuf.—Ne dites pas, un habit tout frappant neuf, mais, tout battant neuf.

Frayeux, pour coûteux, dispendieux, dépensier, n'est pas français: les voyages sont coûteux (et non frayeux); une femme très-dépensière (et non très-frayeuse).

Fredaine, s. f.—Écrivez et prononcez fredaine et non frèdaine, ni ferdaine.

Freluquet, s. m., damoiseau;—écrivez et prononcez freluquet et non fréluquet ni ferluquet.

Frères, consanguins, utérins, germains: voyez germain.

Fret, s. m., louage d'un vaisseau; prononcez frète.

Friand, de, adj., qui aime la chère fine et délicate: prononcez fri-an et non fri-ian.

2. Friand, Gourmand, adj.—Friand se dit de celui qui aime, recherche, connaît et savoure les morceaux délicats.—Le gourmand aime à faire bonne chère; le glouton et le goinfre semblent, dans leur voracité, vouloir tout engloutir dans leur estomac.

Fricandeau.—C'est du veau lardé; ne dites pas, un frécandeau.

Fricassée, ne se dit que des viandes fricassées: manger d'une fricassée de poulets; une fricassée de pieds de mouton.—Fricassée, dans le sens que les wallons lui donnent, c'est-à-dire du lard ou du jambon cuit dans la poêle avec des œufs battus, se rend en français par le mot omelette.

Fricasser, Frire.Fricasser, c'est faire cuire dans la poêle, dans une casserole, etc., quelque chose après l'avoir coupé par morceaux: fricasser des poulets, des navets, des carottes, des pommes de terre, etc.

2. Frire, c'est faire cuire dans une poêle avec du beurre roux ou du sain-doux ou de l'huile: frire des oeufs, des côtelettes; le beurre frit dans la poêle; poisson frit, artichauts frits, pommes de terre frites.

Fricot, signifie ragoût, viande fricassée, toute sorte de mets, régal, bon repas, etc., mais il est populaire.

Frileux, euse, adj.: les vieillards sont frileux; ne dites pas frilieux ni fruleux.

Frimousse, s. f., mine, visage: quelle frimousse!—Ce terme est méprisant et populaire.

Fringale, s. f.—Ce mot n'est pas français; dites faim canine.

Friper, dans le sens de manger avec avidité, goulûment, est français, mais il est bas.

Frisquin (saint), tout ce qu'on possède: on doit dire frusquin, saint-frusquin, saint-crepin: il a perdu tout son frusquin, son saint-frusquin; perdre son saint-crepin; porter tout son saint-crepin;—saint-frusquin se dit principalement de l'argent et des nippes et saint-crepin, de la fortune en général.—Écrivez et prononcez crepin et non crépin ni crespin.

Froc, s. m., habit de moine: prononcez froke.

Froid.—On ne dit pas avoir froid (ou avoir chaud) des pieds, des mains, etc.; on ne dit pas non plus avoir froid (ou avoir chaud) les pieds, les mains, etc.;—on doit dire: avoir froid (ou avoir chaud) aux pieds, aux mains, etc. Par conséquent on doit dire en parlant des mains, des pieds, etc.: j'y ai eu froid (ou chaud) et non j'en ai eu froid.

2. Ne dites pas: j'ai gagné un froid qui me fait tousser; dites, j'ai gagné un rhume; je suis pris, j'ai été pris, saisi d'une fraîcheur, d'un rhume, d'un refroidissement.

3. Froid (battre), v. n., est français et signifie recevoir une proposition d'une manière à faire voir qu'on n'est pas disposé à l'accepter.

4. Faire froid, et plus souvent, battre froid à quelqu'un, c'est le recevoir avec moins d'empressement, avec un visage moins ouvert qu'à l'ordinaire. (Acad.)

Froidir, v. n. et pronom., devenir froid: il a laissé froidir son dîner: ce mot est vieux, on dit plutôt refroidir, se refroidir.

Froidure, froideur, froid. Froidure se dit uniquement du froid répandu dans l'air: j'ai supporté la froidure des climats.—Froideur s'emploie toujours au figuré et signifie indifférence, insensibilité: je n'ai pu endurer la froideur des grands.—Beaucoup de personnes emploient abusivement ces expressions pour le mot froid.

Fromage.—Dites un fromage d'Edam (espèce de fromage de Hollande fabriqué à Edam) et non fromage de dames.—Prononcez froma-ge et non froma-che.

Frugale, ale, adj., qui vit de peu; ce mot n'a pas de pluriel masculin (Acad.)—Quelques grammairiens disent frugals, d'autres, frugaux. Cette dernière forme serait préférable, si le plur. masc. devenait nécessaire.

Fruit, s. m.—On ne dit pas: manger un fruit, mais, manger du fruit.—Ne dites pas non plus: il lui a donné un fruit pour son goûter; dites, il lui a donné du fruit ou bien, il lui a donné une pomme, une poire, un raisin.

Fumé.—Ne dites pas, de la viande enfumée, un jambon enfumé, mais, de la viande fumée, un jambon fumé.

Funéraire, adj.—Ne dites pas: un service funéraire, un service mortuaire; dites, un service funèbre.

2. Funèbre, est un adjectif propre à dépeindre tout ce qui accompagne les funérailles, et par extension tout ce qui a un air de mort: pompe, appareil, honneurs, ornements, chant, convoi funèbres; images funèbres; oiseaux funèbres...

185

3. Funéraire est, comme mortuaire, un terme abstrait, de légiste, d'homme d'affaires, d'intendant, qui convient surtout, sinon uniquement, dans la locution, frais funéraires; on dit un drap mortuaire, registre mortuaire, extrait mortuaire, droits mortuaires.

Fur.Au fur et à mesure, à fur et mesure: ces deux expressions signifient à mesure, à proportion: je travaillerai au fur et à mesure que vous m'apporterez de l'ouvrage; voyez fait-à-fait.

Furieux, furieusement.—Ces mots s'emploient figurément et familièrement dans le sens de prodigieux, qui est excessif et extraordinaire dans son genre, et alors il précède toujours le substantif: c'est un furieux mangeur, un furieux menteur; voilà un furieux travail; il s'est donné un furieux coup, une furieuse entorse; il fait une furieuse dépense; voilà un furieux poisson; il est furieusement grand, il est furieusement riche; il ment furieusement; elle est furieusement laide. (Ac.)—Voyez terrible et terriblement.

Fusil, s. m.—L'l finale ne sonne pas (fuzi), non plus que dans les mots baril, chenil, coutil, fenil, outil, persil, sourcil.

 

 

G

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021