BIBLIOBUS Littérature française

E

 

E.—L'e muet doit conserver son son naturel dans la prononciation; c'est donc une faute grossière de le prononcer comme un è ouvert; dites, petit, peser, peler, lever, le livre, brevet, cerise, demander, etc., et non pètit, pèser, pèler, lèver, lè livre, brèvet, cèrise, dèmander, etc.

2. L'é fermé, suivi d'un e muet, se prononce très-long; il faut donc bien se garder d'intercaler dans la prononciation un i ou un y entre l'é et l'e: fumée, aimée, blâmée, levée, etc.; prononcez fumé, aimé, blâmé, levé (é très-long pour le distinguer d'un é isolé ou du masculin, par exemple, fumé, aimé, etc.); mais ne prononcez pas: fuméïe, aiméïe, blâméïe, levéïe.

3. E pour ai, dans le verbe faire et ses composés; quoiqu'on écrive très-bien je ferai, je ferais, écrivez cependant, faisant, nous faisons, je faisais, bienfaisant, bienfaisance, et prononcez cet ai comme un e muet.

Eau, s. f.—Avoir l'eau, est une locution vicieuse; dites, être hydropique, avoir une hydropisie; prononcez ô (ô long en serrant les lèvres et non o, o ouvert, en desserrant les lèvres.)

Ébène, s.—Ce mot est féminin: ébène grise; prononcez ébène et non ébin-ne.

Ébouler (s'), Écrouler (s').—La terre s'éboule; les murailles et les bâtiments s'écroulent; ne dites donc pas: la terre s'écroula sous nos pieds; dites, s'éboula...

Écaille.—Ne dites pas: les écailles d'un pot, d'un vase (brisé); dites, les têts.

2. Ne dites pas: des écailles de noix; des écailles d'œufs, de pois, de fèves: dites, des écales de noix, d'œufs. Dites au contraire des écailles et non des écales de poissons.—Brou est synonyme d'écale; cale dans ce sens n'est pas français.

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Écaler, Écosser, Écorcer, Écorcher, Écailler, Peler, Éplucher.Écaler, signifie ôter l'écale des noix, des œufs: il faut écaler ces noix, ces œufs.—Écosser se dit particulièrement des pois, des fèves et de quelques autres graines: elle écosse des fèves; vendre des pois écossés.—Écorcer veut dire ôter l'écorce du bois: on écorce le bois au printemps (le bois écorcé se nomme bois pelard.)—Écorcher, c'est ôter la peau d'un animal, le dépouiller: écorcher un cheval; il s'est écorché la main.—Écailler se dit des poissons dont on ôte les écailles: on n'a pas bien écaillé ce brochet.—Peler, c'est ôter la peau d'un fruit: peler une pomme, une poire; peler des pommes de terre; la peau, que l'on a ôtée de dessus les choses qui se pèlent, se nomme pelure.—Éplucher, c'est nettoyer des herbes, des graines, etc., en ôter les ordures et ce qu'il y a de mauvais, de gâté: éplucher des herbes, de la salade, éplucher du riz. Il se dit aussi en parlant des étoffes, des laines, des soies, etc. et signifie en enlever ce qu'il peut y avoir de faux, de mauvais, de reprochable en quelque chose: éplucher des draps, des laines, des soies. (Acad.)—C'est donc une faute de dire, éplucher des pommes de terre, pour, peler des pommes de terre.

Écarter, signifie rejeter les cartes dont on ne veut pas se servir, comme au jeu de piquet; faire les cartes ou donner les cartes, exprime la distribution que l'un des joueurs fait des cartes après les avoir battues (et mieux mêlées) et lorsqu'elles ont été coupées: ne confondez pas ces termes.

Échalasser, mettre des échalas à une houblonnière, à une vigne; ne dites pas échalader.

Échange et Change, sont masculins: vous n'avez pas gagné au change; vous avez fait un échange avantageux.—Prononcez chan-je, échan-je et non chan-che, échan-che.

Échapper à, Échapper de.Échapper à signifie se soustraire, se dérober à, être préservé de: échapper 132 à la fureur des ennemis, à la tempête, au danger, à la mort.—Échapper de, signifie cesser d'être où l'on était, sortir de: échapper des mains des ennemis, du naufrage, du feu, du danger.

2. Échapper se conjugue avec être, lorsqu'il se dit d'une chose dite ou faite par imprudence, par indiscrétion, par mégarde, par négligence: à peine cette parole me fut-elle échappée que je sentis mon imprudence; son secret lui est échappé.—Échapper se conjugue avec avoir, quand il se dit d'une chose qu'on a oublié de dire ou de faire ou qu'on n'a pas remarquée: ce mot, cette date, son nom m'a échappé; cette observation lui a échappé; j'ai eu beau lire attentivement, cette faute m'a échappé.

3. L'échapper belle, c'est éviter heureusement un péril dont on était menacé: tu l'as échappé belle.

Écharde, petit éclat de bois, une épine, un piquant de chardon qui entre dans la chair; ne le confondez pas avec écharpe, bande d'étoffe.

Échasse, n'est guère usité qu'au pluriel; prononcez échâce (â long). (Acad.)

Échauffourée, s. f., action téméraire; écrivez et prononcez échauffourée et non échaffourée.

Èche. Les mots terminés en èche sont marqués d'un accent circonflexe ou d'un accent grave: calèche, flamèche, flèche, mèche, sèche, bêche, dépêche, pêche, prêche, etc.

Échec, s. m.—Faites sentir le c, excepté lorsqu'il s'agit du jeu des échecs: tant d'échecs (échek) ne découragent pas cet auteur; jouer aux échecs (échè).

Écheveau, s. m., assemblage de fils de chanvre, de soie, de laine, repliés en plusieurs tours, afin qu'ils ne se mêlent point: prononcez écheveau, et non échefeau.—Échet, pour écheveau, n'est pas français. Voyez cheval.

Échevin. s. m., magistrat municipal: prononcez 133 échevin et non ej'vin ni échefin; prononcez de même achever, cheville, cheval, etc. Voyez cheval.

Écho, s. m., son réfléchi: prononcez ékô (ô long) et non éko (o bref).

Éclabousser, faire jaillir la boue; ne dites pas esclabousser.

Éclair, est masculin: un éclair et non une éclair.

Éclairer.—On dit maintenant: éclairer une personne qui descend l'escalier; éclairez monsieur; vous l'éclairez mal; autrefois dans le même sens, on disait éclairer à. (Acad.)

Écolier: voyez élève.

Écorces, Écosses, de pois, de fèves; ces mots ne sont pas français; dites cosses. Voyez écaler.

Écoute.—Ne dites pas: donner écoute aux médisances; dites, prêter l'oreille aux...; écouter les médisances.

Écran, Paravent.—On se sert de l'écran pour garantir de la chaleur du feu; le paravent, garantit contre le vent ou l'air extéreur. Voyez brise-feu.

Écraser, v. a., aplatir et briser; prononcez écrâser (â long).

Écrémer, v. a.: voyez crémer.

Écreper, Écrepure.—Ces mots, fort en usage dans le Hainaut, pour signifier ratisser, ratissure, ne sont pas français.

Écrevisse.—Écrivez et prononcez écrevisse, et non écrévisse, écrèvisse, égrevisse.

Écritoire, Encrier.L'écritoire est un petit meuble qui contient ou renferme les choses nécessaires pour écrire, encre, papier, plume, canif, etc.; ce mot est féminin: écritoire bien garnie; une écritoire de bureau.—Il ne faut pas confondre l'écritoire avec l'encrier, qui est un petit vase de verre, de porcelaine, de plomb, etc., dans lequel on met uniquement l'encre: encrier de verre, de plomb.

Écrivain.—La signification la plus ordinaire, est celle d'auteur de quelque ouvrage de littérature, et dans ce sens il est toujours masculin, même lorsqu'il se dit d'une femme: cette femme est un écrivain de mérite. Écrivain se dit plus rarement dans le sens d'employé, de commis, d'expéditionnaire, qui tient les écritures.

Écrou, s. m., trou dans lequel entre la vis; ne dites pas égrou.

Écrouelles, s. f., humeurs froides; ne dites pas égrouelles.

Écrouler (s'): voyez ébouler.

Écuelle, s. f., pièce de vaisselle, d'argent, d'étain, de bois, de terre, etc., qui sert le plus communément à mettre du bouillon, du potage; prononcez ékwelle (uel font une seule syllabe) et non écu-elle; prononcez de même écuellée, (plein une écuelle).

Écumoire, s. f., ustensile qui sert à écumer le bouillon, etc.; écumette n'est pas français.

Éden, s. m., paradis terrestre; prononcez édène.

Éduquer, est un mot populaire; dites donc: cet enfant est bien élevé et non bien éduqué.

Effendi, s. m., titre des fonctionnaires turcs; prononcez éfindi. Quelques-uns écrivent éfendi. (Acad.)

Effets, s. m. pl.—Ne dites pas: vous allez à la promenade, ayez soin de vos effets; dites, ayez soin de vos habits, de vos vêtements. Les effets sont les objets, les meubles à l'usage d'une personne: emporter ses effets; il ne se dit pas des vêtements en particulier.

Effort, s. m.—Ne dites pas: il s'est fait un effort dans les reins; dites, il s'est donné un tour de reins.

Égal, e, adj.—Ne dites pas: cela est égal pour moi; cela m'est tout égal; dites, cela m'est égal, parfaitement égal; cela m'importe peu.

2. Ne dites pas: voulez-vous jouer avec moi?—Cela m'est égal; dites, volontiers, comme vous voudrez.

Égaler, Égaliser.Égaler se dit des personnes et des choses: la mort égale tous les hommes, tous les rangs.—Égaliser ne se dit que des choses: égaliser les lots d'un partage, un terrain. (Acad.)

2. Lorsqu'on dit: cinq multiplié par quatre égale vingt, le mot égale est la 3e personne du présent de l'indicatif du verbe égaler et non un adjectif; en conséquence, il faut écrire égale et non égal.

Ége.—Tous les mots terminés en ége portent un accent aigu et non un accent grave, sur l'e qui précède le g: barége, collége, cortége, Liége, manége, piége, siége, abrége, assiége, protége, etc.—Cependant il est généralement d'usage de prononcer ces sortes d'é comme s'ils étaient marqués d'un accent grave: barège, collège, cortège, Liège, manège, etc.; et cet usage est fondé sur cette grande loi de la prononciation qui veut qu'une syllabe muette soit précédée d'une syllabe grave. Malgré notre respect pour l'autorité de l'Académie, nous regrettons vivement qu'elle n'ait pas adopté cette dernière orthographe, comme elle l'a fait pour les finales en èche et en êche; nous sommes convaincu qu'elle devra un jour se déjuger, parce que l'usage est plus fort que les règles faites d'autorité.

Éger.—Les verbes en éger conservent l'accent aigu dans tous les temps et dans toutes les personnes.

Égnime, Égnimatique: écrivez et prononcez énigh-me, énigh-matique (g dur).

Égoïste.—Prononcez égoïs-te, et non égoïce; prononcez de même catéchis-te, sophis-te, pos-te, Égyp-te, pis-te, cul-te, cuis-tre, fich-tre, mons-tre, ellip-se, éclip-se, etc.—Voyez st et finales.

Égratigner.—Dites, le chat a égratigné cet enfant, et non, a gratté; dites également, égratignure et non gratte.

Éhonté,—On dit aussi déhonté. (Acad.) Voyez ce dernier mot.

Élaguer, Émonder.Élaguer un arbre, en retrancher les branches superflues et nuisibles, soit à son développement, soit à la nourriture des branches fécondes.—Émonder un arbre, le rendre propre et agréable à la vue, par la soustraction de tout ce qui le gâte et le défigure.

Élancer, Élancement: voyez lancer, lancement.

Élève, Disciple, Écolier, Étudiant.—Un élève reçoit les leçons de la bouche même du maître; il se dit aussi cependant des enfants et des jeunes gens qui fréquentent une école, un collége ou qui y vivent en pension.—Le disciple suit les doctrines d'un savant mort ou vivant: les disciples de Socrate, les disciples de N. S. J.-C., les disciples de St.-Simon.—L'écolier étudie dans une école, un collége ou une pension: il y a des écoliers qui sont mauvais élèves, et qui ne sont jamais disciples des grands écrivains.—L'étudiant suit les cours d'une université ou d'une école publique: un étudiant en droit, en médecine.

Élever, Lever.—On lève, en dressant ce qui est couché, en haussant; dites donc, levez les mains, les yeux au ciel et non élevez... On élève, en plaçant dans un lieu ou dans un rang plus éminent: élever sa pensée vers le ciel.

Élixir, liqueur spiritueuse, est masculin: excellent élixir; ne dites pas élexir.

Elles, pluriel de elle: elles sont bavardes; prononcez elles et non elses.

2. Ne dites pas, elle l'est si bonne, mais elle est si bonne.

Embarbouiller, n'est pas français; dites barbouiller.

Embarlificoter, Emberlificoter, sont des expressions absurdes.

Embarras.—Ne dites pas: cet homme fait bien son embarras ou de ses embarras ou ses embarras; pour signifier qu'il se donne de grands airs, qu'il fait l'important; il faut dire: cet homme fait de l'embarras, ou fait l'important.

2. Ne dites pas avec les wallons: ce n'est pas l'embarras, mais je voudrais bien le voir; dites, malgré cela, quoi qu'il en soit, je voudrais... Prononcez ambarâ (â long).

Emberlucoquer (s'), v. a. et pron., se coiffer d'une opinion, s'en préoccuper tellement qu'on en juge aussi mal que si on avait la berlue; ne dites pas emberticoquer.

Embêter.—Ce mot est bas et populaire; on peut le rendre par ennuyer, fatiguer, tuer, impatienter, scier, scier le dos: cela m'ennuie; vous m'impatientez par vos discours; il me scie; cette affaire me scie le dos.

Emblaver.—Ne dites pas: vous emblavez toute la table; dites, vous embarrassez...

Emblève, rivière: voyez Amblève.

Embonpoint, s. m.—Ce mot est un de ceux où, par exception, n se trouve devant p.

Embouchoir, s. m., terme de bottier; c'est un instrument de bois en forme de jambe dont on se sert pour élargir les bottes, ou pour empêcher qu'elles ne se retrécissent; on dit plus communément embauchoir. (Acad.)

Embouler.Un écheveau de fil emboulé, barbar.; dites, mêlé; embouler n'est pas français.

Embrasement, s. m., grand incendie; prononcez embrazement; un embrassement est l'action d'embrasser et se prononce embracement.

Embrouillamini, s. m., désordre, confusion; ce mot n'est pas français; dites brouillamini.

Embûches, s. f. pl.: voyez tendre.

Éminent, Imminent, péril éminent, péril imminent.—Éminent donne l'idée d'un mal, d'un péril qu'on peut regarder comme très-grand, mais dont on a le temps d'examiner la grandeur; et imminent donne l'idée d'un mal, d'un péril qu'on peut regarder comme présent et où le hasard nous engage; l'un s'envisage avec crainte; l'autre, avec effroi. On dira d'un 138 malheureux qui doit expier son crime sur l'échafaud, qu'il est dans un péril éminent; mais d'un criminel qu'on mène au supplice ou d'un homme surpris par les voleurs, on dira qu'il est dans un péril imminent.

Emmalgame, Emmouracher, Ennuiter: écrivez et prononcez amalgame, amouracher, anuiter.

Emmancher, mettre un manche; ne dites pas amancher.

Emment (terminaisons en); se prononcent a-ment et non an-ment: prudemment, ardemment.

Emmurailler, Murailler, entourer de murs, ne sont pas français; dites murer ou entourer, fermer de murs.

Émoluments, s. m. pl.: voyez gage.

Émoucher la chandelle.—Dites moucher la chandelle; émoucher veut dire chasser les mouches.

Émouchettes, Épinces.—On ne dit ni l'un ni l'autre dans le sens de pinces, mouchettes (ce dernier ne s'emploie qu'au pluriel).

Émoudre, v. a., aiguiser sur une meule: émoudre des couteaux, des ciseaux; les verbes émouler, remouler ne sont pas français.—Cependant on dit également bien émouleur et rémouleur, pour désigner celui qui fait profession d'émoudre, de rémoudre, d'aiguiser les couteaux, les ciseaux. (Acad.)

Empêche, n'est pas français; dites empêchement.

Empêché, Occupé.—Il ne faut point confondre ces deux mots: empêché se dit d'une personne qui a de l'embarras, un empêchement; occupé se dit d'une personne qui a de l'occupation, qui travaille à quelque chose; ne dites donc pas: j'ai été ce matin voir mon ami, il était empêché à rendre ses comptes; la servante est empêchée à faire le dîner; il faut dire, il était occupé à rendre ses comptes; la servante est occupée à faire le dîner. Mais l'on dira bien: s'il me vient une visite, dites que je suis empêché, c'est-à-dire, que j'ai de l'empêchement.

Empêcher.—Ne dites pas: Victor voulait se battre, je l'ai empêché; dites, je l'en ai empêché.

2. Ne dites pas non plus: je lui empêcherai bien de sortir; dites, je l'empêcherai bien de sortir.

3. Empêcher quelque chose à quelqu'un, est une locution vicieuse; il faut dire, empêcher quelqu'un de faire quelque chose.

Empereur, s. m.: prononcez emp'reur, et non empèreur ni empéreur.

Emplâtre, est masculin: appliquer un emplâtre; quel emplâtre que cet homme-là! prononcez emplâ-tre et non emplâ-te, ni emplâ-tère.

Emplette, est féminin et ne se dit que d'un achat de petits meubles ou de certaines marchandises vendues en détail: on fait emplette d'une boîte, d'un couteau et non d'une maison, de cent kilogrammes de café.

Employé.—Ne dites pas: le voilà ruiné, c'est bien employé; dites, il le mérite bien; il a ce qu'il mérite; c'est bien fait; il paie sa faute.

Empocheter, mettre en poche; dites empocher: à mesure qu'il gagne de l'argent au jeu, il l'empoche.

Empois, colle d'amidon, est masculin: de l'empois épais.

Emporter, v. a.—Ne dites pas: cet élève a emporté tous les prix de sa classe; dites, a remporté...

Empresser (s'), prend la prép. à devant un infinitif, lorsqu'il signifie, agir avec une ardeur inquiète, se donner du mouvement pour réussir: celui qui paraît le plus empressé à nous plaire, est plus occupé de lui que de nous. Il prend de, lorsqu'il veut dire simplement se hâter: s'empresser de parler; je m'empresserai de l'avertir.

Emprunter.—Il prend à et de devant le nom de la personne qui prête, lorsqu'il signifie, demander et recevoir en prêt: emprunter de l'argent à quelqu'un ou 140 de quelqu'un; emprunter une pensée à un auteur ou d'un auteur; emprunter un mot au latin ou du latin. Cependant, dans le sens de tirer, recevoir, devoir à, il prend toujours de: ce raisonnement emprunte (tire) de la circonstance présente une nouvelle force; la lune emprunte (reçoit) sa lumière du soleil. Voyez prêter.

En.—Ne dites pas: en Féronstrée, en Vinave-d'Ile, mais, dans la rue Féronstrée, dans la rue Vinave-d'Ile.

2. Ne dites pas: je n'en ai qu'un de canif; dites, je n'ai qu'un canif; en est de trop.

3. Ne dites pas: avoir part en l'amitié de quelqu'un, mais, à l'amitié de quelqu'un.

4. Ne dites pas: une robe garnie en argent, en or, en dentelle, mais, une robe garnie d'argent, d'or, de dentelle. On dit au contraire, une montre en or, une chaîne en argent, une fourchette en argent et non une montre d'or, une chaîne, une fourchette d'argent.

5. On dit en l'honneur et non à l'honneur: on fait à la paroisse une neuvaine en l'honneur de St Roch; j'ai donné un dîner en l'honneur de Pierre.

6. Ne dites pas: je n'irai pas à Verviers en semaine; dites, dans la semaine. (Fland.)

7. Ne dites pas: les oignons sont bons en salade; dites, dans la salade, à moins que vous ne vouliez indiquer une salade faite aux oignons.

8. Ne dites pas: fait en l'hôtel de ville; dites, fait à l'hôtel de ville ou dans l'hôtel de ville. On dit cependant bien, fait en séance ou en la séance de...

9. Ne dites pas: je l'ai rencontré en bourse, en foire; dites, à la bourse, à la foire. (Fland.)

10. Ne dites pas: cet enfant est toujours en rue; dites, dans la rue.

11. Ne dites pas: il a toujours la pipe en bouche, une canne en main; dites, à la bouche, à la main.

12. Ne dites pas: il s'ensuit de là, j'en conclus de là; dites, il s'ensuit, j'en conclus ou bien, il suit de là, je conclus de là.

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13. Ne dites pas: je m'en vais voir; dites, je vais voir; en est de trop. Ne dites pas non plus: je me suis en allé; dites, je m'en suis allé.

14. Plusieurs grammairiens prétendent qu'il faut remplacer son, sa, ses, leur, leurs par l'article le, la, les et le pronon en lorsque l'objet possesseur et l'objet possédé se trouvent dans des propositions différentes; d'après eux, il faudrait dire: j'ai parcouru la ville de Liége, les rues en sont belles; et ce serait une faute de dire: j'ai parcouru..., ses rues sont belles.—M. l'abbé Péters (Grammaire, no 325) a fait bonne justice de cette prétendue règle, et a démontré, par des exemples tirés des meilleurs auteurs, que l'on peut, dans ce cas, faire usage de l'adjectif possessif.

15. En agir: voyez agir.

Encatharré, n'est pas français; dites enrhumé.

Encensoir, est masculin: un encensoir d'argent.

Enchifrené, enrhumé du cerveau; enchifrènement, rhume de cerveau; ne dites pas, enchiferné, enchifernement.

Enclos, s. m., enceinte, espace clos: prononcez anclô (ô long.)

Encoignure, s. f., angle de deux murs; on prononce et plusieurs écrivent encognure (Acad.): on a placé une armoire dans cette encoignure.

Encombre, embarras, est masculin; prononcez encom-bre et non encom-pe ni encombère.

Encore pas, est un barbarisme; dites pas encore: avez-vous déjeuné? pas encore (et non encore pas).

2. Ne dites pas: cela m'est encore arrivé; je l'ai encore vu; dites, cela m'est déjà arrivé, je l'ai déjà vu: encore n'a pas le sens de déjà.

3. Ne dites pas: cette personne est encore aimable; dites, cette personne est assez aimable.

4. Ne dites pas: il est encore toujours au lit; dites, il est encore au lit.

5. Ne dites pas: j'entendis hier quelqu'un, et encore un homme d'esprit, qui soutenait cette erreur; dites, et même un homme d'esprit.

Encourir.—Ne dites pas: je m'encours à l'école; je m'encours pour ne pas être aperçu; dites, je cours à l'école; je m'enfuis pour ne pas être aperçu.

En débit, n'est pas français; dites en détail: ce marchand vend en gros et en détail.

Endêver, avoir grand dépit de quelque chose: il endêve de cela; faire endêver quelqu'un: il est familier.

Endormir, est français dans le sens d'engourdir: cette attitude forcée m'a endormi la jambe; avoir un bras endormi.

Endroit, signifie le beau côté d'une étoffe, celui qui est opposé à l'envers: voilà l'endroit de ce drap; quel est l'endroit?

2. A l'endroit de quelqu'un, ne signifie pas, vis-à-vis de quelqu'un, mais, à son égard, envers lui: cette manière de parler à vieilli. (Acad.)

En exprès, A l'exprès, Par exprès: voyez exprès.

Enfant, est masculin: cette fille est un enfant gâté; cette mère a perdu tous ses enfants (toutes filles); il est quelquefois féminin au singulier en parlant d'une très-jeune fille: c'est une belle enfant; la pauvre enfant. (Acad.) Il est encore féminin: 1o lorsque, employé comme terme d'amitié, il se dit d'une fille ou d'une femme: ma chère enfant, ne craignez rien; 2o dans cette phrase: c'est une bonne enfant, c'est-à-dire, une personne, fille ou femme, d'un caractère doux et facile. (M. l'abbé Péters).

2. Ne dites pas: j'ai levé cet enfant, mais, je suis parrain, marraine de cet enfant, ou, je l'ai tenu sur les fonts baptismaux.

Enfantise, n'est pas français; dites enfantillage.

Enfiler, dans le sens de tromper, enjôler, est tout-à-fait populaire.

Enfin.—Évitez de multiplier cette expression dans une narration; ne l'employez pas non plus quand vous êtes gêné pour vous rappeler ou dire quelque chose: enfin.... enfin...: dans ces sortes de cas, enfin n'a pas de sens.

Enflammation, Enflammable, ne sont pas français; il faut dire inflammation, inflammable.

Enforcir, v. a., rendre plus fort: la bonne nourriture a enforci ce cheval; enforcir un mur. Il ne se dit guère en parlant des personnes.

2. Il s'emploie aussi avec le pronom et signifie, devenir plus fort: il s'enforcira; ce vin s'enforcit à la gelée.—Il s'emploie comme neutre dans le même sens: ce cheval enforcit tous les jours. (Acad.)

Enfuir (s'): prononcez enfu-ir et non enfou-ir; enfouir, c'est cacher sous terre. Voyez ui.

Engager, S'engager, devant un infinitif, demandent la préposition à: je l'ai engagé à dîner; il s'est engagé à venir nous voir.

Engeler, n'est pas français; dites geler: je suis gelé de froid; le vin gèle; la Meuse est gelée. Prononcez geler et non gèler.

Engelure, s. f., est français: avoir des engelures aux pieds, aux mains; ses engelures lui démangent beaucoup.

Engouer, embarrasser le gosier: prononcez engou-er, et non engou-wer.—Engouement, état engoué, passion: prononcez, engoûment, ( long) et non engou-wement.

Engrais, s. m.—Dites, mettre des bœufs, des moutons à l'engrais et non, en graisse ni sur graisse.

Engraisser, Graisser.—Ces verbes correspondent respectivement aux substantifs engrais et graisse; on doit donc dire: engraisser une terre, un animal; cette personne a beaucoup engraissé depuis un an;—et en se servant du verbe graisser: graisser des bottes, des souliers; graisser les roues d'une voiture; graisser son linge, ses habits.

Engrener, engrenage, engrenure; prononcez engrener, engrenage, engrenure, et non engrèner, engrènage, engrènure.

Engueuler, n'est pas français; on peut le rendre par huer, accabler, poursuivre de huées, d'injures: il se fit huer de tout le monde; la canaille le poursuivit de ses huées.

Énigme, est féminin: prononcez énigh-me (g dur) et non énime, enih'me, énihe, énik.

En imposer: voyez imposer.

Enivrer, enivrant, enivrement: prononcez an-nivrer, an-nivrant, an-nivrement, et non énivrer, énivrant, énivrement.

Enjeu, ce qu'on met au jeu pour commencer à jouer; ne dites pas mettre au pot; dites, faire l'enjeu.

Enjoué, enjouement: prononcez enjou-é, enjoû-ment ( long) et non enjou-wé, enjou-wement.

Ennemi: prononcez ènemi, et non ain-nemi.

Ennoblir, v. a.: voyez anoblir.

Ennui, ennuyer, ennuyant, ennuyeux: prononcez an-nui (ui diphthongue et non oui); an-nuyer, an-nuyant, en-nuyeux.

Ennuyant, Ennuyeux.Ennuyant, qui chagrine, qui importune ou qui contrarie actuellement, dans le moment même: quelle soirée ennuyante; quel temps ennuyant!

2. Ennuyeux, euse, signifie, qui a la qualité d'ennuyer, qui est propre à ennuyer, qui ennuie habituellement: temps ennuyeux, livre ennuyeux; cet homme est bien ennuyeux.

Enorgueillir, rendre, devenir orgueilleux; prononcez an-norgheuillir et non énorgheuillir, ni énorgheillir.

Enregistrer, Enregistrement: prononcez enregis'tré, enregis'treman et non enrégis'tré, enrégistrement.

Enrouer, Enrouement: prononcez enrou-er, enroûment, ( long) et non enrou-wer, enrou-wement. Voyez rauque.

Enrouiller, est français; mais ou dit plus ordinairement rouiller (ll mouillées). (Acad.): l'humidité enrouille et mieux, rouille le fer.

Enseigne, est masculin, lorsqu'il désigne un grade: un enseigne de vaisseau; il est féminin, quand il désigne l'emblème d'un commerçant: une belle enseigne.

Enseigner.—Ne dites pas: cet enfant a été bien enseigné; dites, bien instruit; prononcez ensei-gner, ensei-gnant, ensei-gnement, et non enseign'ner, enseign'nant, enseign'nement.—Voyez gn.

2. Enseigner, dans le sens d'indiquer, faire connaître quelque chose que ce soit, est français: enseignez-moi sa maison, enseignez-nous le chemin.

Enserrer, dans le sens de enfermer, enclore, est vieux; ne dites pas: j'ai enserré le chien; dites, ... enfermé. (Acad.) Mais on dit bien, enserrer des fleurs, c'est-à-dire, les mettre en serre.

Ensevelir: prononcez encev'lir et non encèv'lir ni ensèvélir.

En sorte.—Ne dites pas: il a fait si bien en sorte qu'on lui a pardonné; dites, il a fait si bien qu'on lui a pardonné.

Ensuite, suivi de la prép. de, ne s'emploie guère que dans ces deux phrases: ensuite de cela, ensuite de quoi (Acad.), et dans ce cas il est préposition.

Ensuivre (s'), v. essent. pron.—Il ne se dit qu'à la 3e pers. tant du sing. que du pluriel, et s'emploie le plus souvent impersonnellement: il s'ensuit que vous aviez tort. L'Académie ne donne qu'un seul exemple de ce verbe à un temps composé et c'est une phrase de barreau: le tribunal cassa la procédure et tout ce qui s'était ensuivi. Dans le langage ordinaire, on met généralement le verbe être entre la préposition en et le participe suivi: il s'en est suivi de grands maux; et tout ce qui s'en est suivi.

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2. Il s'ensuit veut l'indicatif après lui; il ne s'ensuit pas, veut le subjonctif.

3. Il s'ensuit de cela, est un pléonasme vicieux; dites, il s'ensuit ou bien il suit de cela.

Entendre.Entendre la raillerie, c'est avoir le talent de railler: peu de personnes entendent la fine et innocente raillerie.—Entendre raillerie, c'est ne point s'offenser d'une raillerie: vous entendez très-bien raillerie, quand d'autres que moi vous font la guerre sur vos petits défauts.

2. Ne dites pas: j'ai entendu de mon voisin que Paul vient de mourir; dites, j'ai appris de...; j'ai ouï dire, j'ai entendu dire... (Fland.) Prononcez enten-dre et non enten-te ni enten-tre ni entendère.

3. S'entend (et non c'entend, ni sentant) a à peu près le même sens que c'est-à-dire, je veux dire, bien entendu: vous aurez tous une récompense, s'entend, ceux qui l'auront méritée.

En-tête, ce qui s'écrit au-dessus d'une lettre, d'un tableau; ce mot est français et masculin: écrire un en-tête à un tableau; écrire des en-têtes de lettres. (Bescherelle.)

Entièreté, n'est pas français; dites, la totalité, le tout, le montant: il paya le montant, le total de la dépense ou toute la dépense.—Prononcez enti-er et non entchi-er, Voyez ti.

Entre.—L'e final de entre ne s'élide que dans la composition des mots devant une voyelle; on écrit entre eux, entre elles, entre autres et entr'actes, s'entr'aider, s'entr'aimer, s'entr'égorger, entr'ouvrir, etc. Si le mot suivant commence par une consonne, on réunit les deux mots par un trait, d'union: s'entre-déchirer, s'entre-nuire, etc. On écrit cependant en un seul mot: s'entremettre, s'entretenir, s'entrevoir.

2. Entre les deux, médiocrement; dites, entre-deux: fait-il froid? entre-deux.

3. Entre, Parmi.—Entre signifie au milieu de; c'est pour cela qu'en général il ne se dit que de deux objets ou de deux sortes d'objets: entre eux deux; entre la crainte et l'espérance; entre les hommes et les animaux.—Parmi signifie dans le nombre de, et c'est pour cette raison qu'il ne s'emploie qu'avec un pluriel indéfini signifiant plus de deux ou avec un collectif: parmi eux, parmi les élèves, parmi le peuple.—Cependant entre se dit quelquefois pour parmi: entre les merveilles de la nature; il fut trouvé entre les morts; la sainte Vierge Marie est bénie entre toutes les femmes. (Acad.)

Entrefaites, s. f., ne s'emploie guère qu'au pluriel et dans ces locutions adverbiales; sur ces entrefaites, dans ces entrefaites, pendant ce temps-là. On dit cependant quelquefois au singulier: dans l'entrefaite, dans cette entrefaite. (Acad.)

Entreprendre (s').—Ne dites pas: il vient de s'entreprendre avec son ami; dites, il vient d'avoir querelle ou de se quereller avec son ami.

2. On dit très-bien pourtant: entreprendre quelqu'un, c'est-à-dire, se mettre à le poursuivre, à le tourmenter, à le persécuter, à le railler: si j'entreprends cet homme-là, je lui ferai voir du pays.

Entrer, prend l'auxiliaire être; je suis entré; nous sommes entrés.

2. On peut dire par hypallage: ce chapeau n'entre pas dans ma tête; enfoncer son chapeau dans sa tête; ces bas n'entrent pas dans mes jambes. (Acad.)

Entretemps, est un substantif et non un adverbe: ne dites donc pas: écrivez votre lettre, entretemps je lirai; dites, dans l'entre-temps je lirai.

2. Ce mot est peu usité et ne se dit pas au pluriel. (Acad.); entre-temps s'écrit avec un trait d'union.

Envenimer, infecter de venin, aigrir; prononcez envenimer et non envènimer, m'envénimer.

Envergure, s. f., étendue des ailes; ne dites pas enverjure.

Envers, prép., à l'égard: voyez vis-à-vis. Prononcez envers eux, (envèreux) et non envèrz'eu.

Envier, Porter envie.Envier, se dit des choses et quelquefois des personnes: je ne lui envie point son bonheur; tout le monde l'envie (Acad.); les gens en place sont ordinairement enviés (id.)—Porter envie, ne se dit que des personnes: Caïn portait envie à Abel.

Environ six ou huit, est un pléonasme; car environ et ou ont la même signification; dites, six ou huit, ou bien environ six à huit.

En voie: voyez voie.

Envoyer.—Ne dites pas: j'ai envoyé ce ballot avec la diligence; dites, par la diligence.

Épais, adj., fait au féminin épaisse et non épaise.

Épargner: voyer éviter.

Épaule, s. f.: prononcez épôle (ô long).

Épeautre, espèce de blé, est masculin.

Épellation, s. f., action d'épeler; prononcez épèl'lation.

Éperon, (et non épron), s. f., fer pour piquer le cheval; prononcez ép'ron et non épéron ni épèron.

Épidémie, Contagion.Épidémie, désigne une maladie qui se communique par l'air; contagion, une maladie qu'on gagne par le contact: jusqu'à présent les médecins sont partagés sur la question de savoir si le choléra est épidémique ou contagieux.

Épiderme, première peau, est masculin.

Épincette, n'est pas français; dites pincettes.

Épine, Noble épine, pour signifier un arbrisseau à fleurs blanches, n'est pas français; dites aubépine.

Épion, Épionner, sont des barbarismes; dites espion, espionner.

Épisode, action incidente liée à l'action principale, est masculin: un triste épisode; prononcez épizo-de, et non épizo-te.

Épitaphe, inscription de tombeau, est féminin: une glorieuse épitaphe.

Éplucher: voyez écaler.

Époux, s. m.—Dans la conversation, il est contraire au bon usage de dire: mon époux, son époux; mon épouse, son épouse; sa dame, sa demoiselle; dites, mon mari, son mari; ma femme, sa femme; ma fille, sa fille. Ces mots époux, épouse, dame, demoiselle, ne peuvent être précédés de l'adjectif possessif, sans trahir, chez les personnes qui les emploient ainsi, une éducation peu relevée.

Équateur, Équation: prononcez écouateur, écouation.

Équerre, est féminin: une fausse équerre.

Équestre, équiangle, équidique, équidistant, équilatéral, équilatère, équimultiple, équipollence, équiries, équitation: prononcez écues-tre, écui-angle, écuidique, écuitation,... et non, ekestre, ekiangle, ekidique, ekitation,... ni écouestre, écouiangle, écouidique, écouitation....

2. On ne saurait trop s'attacher dans la prononciation à bien distinguer ui, ues de oui, oues; beaucoup de personnes, ne soupçonnant pas même cette différence, prononcent généralement et impertubablement les ui comme des oui, et font, par exemple enfouir (se cacher sous terre) de s'enfuir (prendre la fuite): voyez aiguiser et ui.

Équinoxe, équinoxial, équerre, équivaloir, équivalent; prononcez ékinoxe, ékère, ékivaloir, etc.

Er final.—Dans le discours soutenu, et surtout dans les vers, l'r finale dans l'infinitif des verbes en er se lie avec la voyelle du mot suivant; er se prononce alors ère et non ére: aimer à jouer; folâtrer et rire. Dans la conversation, ces sortes de liaisons seraient affectées et ridicules. (Hennebert.)

Érésipèle, tumeur inflammatoire sur la peau, est masculin, érésipèle dartreux; on disait autrefois érysipèle, ce qui est plus conforme à l'étymologie.

2. Ne dites pas résipèle: mon frère à la résipèle; ne dites pas non plus la rose pour l'érésipèle.

Ergot: voyez argot.

Ériger.—Ne dites pas: le canal a été érigé en 1850; dites, ... creusé.—Ériger, signifie élever: ériger un monument, une statue.

Ermite, ermitage, erminette (sorte de hache): on écrit aussi, mais moins souvent, hermite, hermitage, herminette.

Errer, errant, erratum, errata, erratique, errements; erreur, erroné: faites sentir les deux r, et prononcez er'rer, er'rant, er'ratum, etc.

Errière: voyez arrière.

Éruption, Irruption.Éruption, se dit de l'évacuation subite d'un liquide et de toute sortie prompte et avec efforts.

2. Irruption, au contraire, signifie, entrée soudaine et imprévue des ennemis dans un pays. Il faut donc dire: le Vésuve vient de faire une éruption; les ennemis ont fait une irruption dans notre pays.

Escadre, s. f., flotte de guerre; prononcez escâ-dre (â long) et non escate ni escadère.

Escalier.—Ne confondez pas ce mot avec marche, degré: l'escalier est l'ensemble des marches qui conduisent d'un étage à un autre; ne dites donc pas monter les escaliers, s'il ne s'agit que d'un étage; dites monter les degrés ou l'escalier; ne prononcez pas escayer.

Escarole, s. f., espèce de chicorée à larges feuilles; on écrit aussi, mais moins souvent, scariole.

Escient (à mon, à ton, à son, etc.), sciemment, avec connaissance; prononcez ècian et non èci-in.

Esclabousser, n'est pas français; dites éclabousser.

Esclandre, malheur avec éclat, est masculin: il est arrivé un grand esclandre dans cette famille. Prononcez esclan-dre et non esclante ni esclandère.

Esclopé, n'est pas français; dites éclopé (qui marche avec peine).

Escouer, n'est pas français; dites secouer.

Escroc: prononcez escrô: un vil escroc. V. c final.

Espace, est masculin, excepté lorsqu'il désigne ces petites pièces de métal que, dans les imprimeries, on met entre les caractères pour séparer les mots l'un de l'autre: un long espace de temps; mettre une forte espace entre deux mots.

Espadon, s. m., épée grande et large; dites espadon, espadonner, et non espadron, espadronner.

Espèce: toute espèce, voyez sorte.

Espérer, Promettre, Compter, doivent être suivis d'un futur: voyez compter.

2. Espérer, suivi d'un infinitif, ne régit point de préposition, lorsque l'espérance paraît fondée, et il demande la préposition de, si l'on espère avec quelque doute: j'espère le revoir aujourd'hui; peut-on espérer de vous revoir aujourd'hui? Voilà pourquoi avec un adverbe qui exprime la certitude, on dit: j'espère bien partir demain et non j'espère bien de partir.—Espérer, à l'infinitif, suivi d'un verbe aussi à l'infinitif, régit toujours la préposition de, parce qu'alors l'espérance est vague, incertaine: on m'a fait espérer de le revoir.

Espiègle, adj. et subst. des deux genres; prononcez espiè-gle et non espiégle ni espièk, ni espièguèle; ne dites pas non plus, un spiègle, c'est un spiègle.

Esquelette.—Ne dites pas un esquelette, mais un squelette; squelette est masculin.

Esquinancie, s. f., inflammation du gosier; on écrit aussi, mais plus rarement, squinancie; ne dites pas esquilancie.

Essart, s. m., Essartage, s. m., Essarter, v. a.—Ces mots figurent dans les dictionnaires de Bescherelle et de Poitevin.

2. Essart se dit d'un terrain inculte, qui peut ou doit être essarté, défriché; l'essartage (ou essartement) est l'action d'essarter, la manière d'essarter, l'effet de cette action; essarter, c'est défricher en arrachant les bois, les épines, etc.

3. On dit également écobuer qui signifie proprement écroûter la surface du sol, et brûler sur place les tranches de gazon ainsi enlevées.—Les mots sart, sartage, sarter, sartager, ne sont pas français.

Essayer, dans le sens de goûter, savourer, déguster, n'est pas français: goûtez ce vin (et non essayez); goûtez cette viande (et non essayez).

2. Essayer, devant un infinitif, prend la préposition à, lorsqu'il signifie s'exercer à: un enfant essaie à marcher; dans les autres acceptions, il prend de: j'ai essayé de le persuader.—S'essayer veut toujours la préposition à: s'essayer à nager.

3. Essayer, signifiant tâcher, faire ses efforts, demande un régime indirect: essayez-y (et non essayez-le); je ne sais si j'en viendrai à bout; je n'y ai pas essayé (et non je ne l'ai pas essayé).

Est, s. m., Orient: on prononce le t: es-te.

Est-ce.—Ne dites pas: plus savant est-on, plus est-ce qu'on aime l'étude; plus vous en dites, moins est-ce qu'on vous croit; dites, plus on est savant, plus on aime l'étude; plus vous en dites, moins on vous croit.

Estaminet, Café chez Hubert; c'est une mauvaise locution; dites, estaminet, café tenu par Hubert ou bien simplement, estaminet-Hubert, café-Hubert.

Estoc, s. m., longue épée ancienne; ne dites pas: frapper de stoc et de taille, mais, d'estoc et de taille; prononcez estok.

Estomac, s. m.—Prononcez estoma et non estomak.

2. Ne confondez pas estomac avec poitrine: il a une large poitrine; je lui ai frappé sur la poitrine (et non estomac); estomac ne se dit que de la poche qui sert à digérer et qui se trouve au-dessous du thorax ou de la poitrine proprement dite.

Estomaquer, ne s'emploie que pronominalement, et signifie se tenir offensé de ce qu'une personne a dit ou fait, s'en formaliser; mais il ne signifie jamais surprendre, stupéfier, interdire, comme dans l'idiome wallon: il s'est estomaqué (formalisé) de ce que je ne lui ai pas rendu sa visite assez tôt; il n'a pas sujet de s'en estomaquer;—je fus bien surpris de sa réponse; cette nouvelle l'a stupéfié (et non estomaqué).

Estompe, s. f.; dessin à l'estompe; ne dites pas estombe.

Étable, est féminin: prononcez éta-ble.

Étal, Étau.—Un étal, est une sorte de table chez les bouchers; plur. étaux;—un étau, est une machine de serrurier, à tenir, à serrer les objets que l'on travaille; plur. étaux.

Étiquet, n'est pas français; dites étiquettes.

Étiqueter: on ne double jamais le t: les apothicaires étiquètent leurs fioles. (Acad.)

Étisie et Phthisie, étique et phtisique, se disent indifféremment; cependant on dit plus ordinairement phthisie que étisie, et étique que phthisique.

Étonner.—Il faut dire: je m'étonne, je suis étonné que... et non, ça m'étonne que...

2. Ne dites pas: je m'étonne ce qu'il a pu faire; je m'étonne s'il a fait sa besogne; dites, je suis curieux de savoir, je désire vivement savoir, etc.

Étouffe, Touffe, pour étouffant, sont des barbarismes: il fait étouffant, on étouffe de chaleur, et non, il fait touffe, étouffe.

Être, v. s.: prononcez ê-tre et non ê-te ni êtère.

2. Ne dites pas: cela est-il à votre goût; dites, cela est-il de votre goût?

3. Être chaud, être froid, au lieu de avoir chaud, avoir froid, sont des flandricismes.

4. Être en voie, chasser quelqu'un en voie, jeter quelque chose en voie, sont des wallonismes: dites être parti; chasser quelqu'un; jeter quelque chose: voyez voie.

5. Être fâché à quelqu'un ou sur quelqu'un; dites, être fâché contre quelqu'un. (Wall.)

6. Être gagné, pour avoir gagné: ne dites pas, si vous avez gagné au jeu, je suis gagné; dites, j'ai gagné.

7. Être perdu: ne dites pas: vous avez mal joué, vous êtes perdu; dites, vous avez perdu.

8. Être quitte d'une chose, pour avoir perdu cette chose.—Être quitte de..., ne se dit que d'une chose que l'on est bien aise de ne plus avoir: je suis quitte de la fièvre. Mais quand on regrette une chose, on ne peut pas dire qu'on en est quitte. Bien des gens disent abusivement: je suis quitte de mon enfant, pour dire: il est mort;—je suis quitte de ma montre, de mon parapluie, pour, ma montre m'a été volée, j'ai perdu mon parapluie.

9. Être vice d'une personne, d'une chose, pour, en être dégoûté:—ne soyez pas dégoûté (et non vice) de moi, buvez hardiment dans mon verre. (Fland.)

10. Ne dites pas: est-ce là votre livre? oui, c'est lui; dites, oui, ce l'est, ou bien c'est mon livre.

11. Ne dites pas: sont-ce là vos parents? oui, ce les sont; dites, oui, ce sont eux; ne dites pas: sont-ce là vos nièces? oui ce les sont; dites, oui, ce sont elles. Quand on parle de choses inanimées, on doit répondre: ce l'est, ce les sont; mais il faut répondre: c'est lui, c'est elle, ce sont eux, ce sont elles, quand on parle de personnes.

12. Ne dites pas: vous savez ce qui en est; dites, ce qu'il en est.

13. Ne dites pas: où est l'affaire; où sont les actions du chemin de fer? dites, où en est l'affaire, où en sont les actions...?

14. Ne dites pas: nous sommes à trois; ils sont leurs deux; dites, nous sommes trois, ils sont deux.

15. Ne dites pas: six et six sont douze, mais, font douze.

16. Ne dites pas: c'est à vous à qui je parle; dites, c'est à vous que je parle.

17. Je fus, se dit très-bien pour j'allai: voyez aller.

18. C'est à vous, c'est à vous de: voyez à.

19. Être à la campagne, en campagne: voyez campagne.

Étudiant, s. m., se dit de celui qui suit les cours d'une université ou d'une école publique: un étudiant en droit, en médecine; il y a beaucoup d'étudiants à cette université. Il ne se dit pas pour les élèves d'une école, d'un collége. Voyez élève.

Étudier.—Ne dites pas: mon fils étudie avocat ou l'avocat; dites, étudie le droit ou pour être avocat.

Étuve, Poêle.—Une étuve est un lieu clos dont on élève assez la température pour faire transpirer; un poêle (ou poile) est un fourneau de fonte, de tôle, etc., à l'aide duquel on échauffe les chambres, escaliers, etc.; ne dites donc pas: j'ai fait mettre une étuve dans ma chambre; dites, ... un poêle.

Eucharistie, eucologe, Eugène, Eulalie, Euphémie, euphémisme, Euphrate, Europe, Eustache, Euterpe, etc.: prononcez eu et non u ni é; Europe et non Urope, ni Erope, ni Eurôpe.

Eux: prononcez , et non eûce.

Évaluer,(u-er et non u-wer) et estimer, devant ou après un nom de nombre, ou un adverbe de quantité, peuvent être accompagnés de la préposition à ou employés sans préposition: à combien ou combien a-t-on évalué votre maison? sa propriété fut évaluée cent mille francs ou à cent mille francs; cette terre a été évaluée tant ou à tant.

Évangile, est masculin: le saint Évangile; le premier, le dernier Évangile...

Éventaire, s. m., plateau d'osier sur lequel sont placés les noix, les légumes, etc., que vendent certains marchands en parcourant les rues. Ne confondez pas ce mot avec inventaire, état détaillé des meubles, des marchandises, etc.

Évêque: prononcez évêque, (ê long).

Évier, s. m., pierre d'une cuisine, d'où s'écoulent les eaux; ne dites pas levier ni lévier ni pierre à relaver; on dit pourtant pierre à laver.

Éviter, Épargner.Éviter ne veut pas dire épargner; ne dites donc pas: je vous éviterai cette peine; je veux vous éviter ce désagrément; dites, je vous épargnerai cette peine; je veux vous épargner ce désagrément, (littéralement, je vous ferai éviter, je veux vous faire éviter;—mais ce n'est pas moi qui éviterai, c'est vous qui devez éviter).

Évoquer, Invoquer: voyez invoquer.

Ex.—Cette particule, dans la composition de certains mots, se prononce toujours eks: ex-ministre, ex-législateur, il faut se garder de prononcer èce ni ek: voyez x.

Exact, adj.: prononcez èkzak-te, et non èkza, ni èkzak.

Examen, s. m.: prononcez ègzamin; quelques-uns disent ègzamène.

2. Ne dites pas: j'ai fait mes examens à Liége; dites, j'ai subi, j'ai passé mes examens...

Excellent, n'admet ni comparatif, ni superlatif; ne dites donc pas plus excellent, très-excellent.

Excepté, passé, supposé, y compris, vu, approuvé et quelques autres participes, employés sans auxiliaire, s'accordent avec le substantif qui les précède immédiatement, parce qu'on sous-entend l'auxiliaire être: mes amis (étant) exceptés; cette époque (étant) passée; ces faits (étant) supposés; cette somme y (étant) comprise; les pièces (ayant été) vues et approuvées.—Mais 157 ils sont invariables, quand le substantif les suit immédiatement, parce qu'alors on sous-entend l'auxiliaire avoir: excepté mes amis; passé cette époque; supposé ces faits; y compris cette somme; vu et approuvé l'écriture ci-dessus; reçu cent francs; c'est-à-dire, ayant excepté mes amis; ayant passé cette époque; ayant supposé ces faits; y ayant compris cette somme; j'ai vu et j'ai approuvé l'écriture ci-dessus; j'ai reçu cent francs.

Excessivement, adv.—Ne dites pas, excessivement beau, joli, agréable; dites, extrêmement.—Excessivement, est l'adverbe d'excessif, et ne peut s'appliquer à une qualité qu'on regarde actuellement comme bonne.

Exclu, part. passé de exclure, fait au féminin exclue et non excluse: prononcez eks'-clu, eks'-clure, etc. et non esclu, esclure.

Excusable, Inexcusable: voyez impardonnable.

Excuse.—On dit: je vous fais excuse, je vous fais bien excuse, je vous en fais mille excuses, ou je vous demande pardon; mais, demander excuse, est une locution vicieuse.—Prononcez ègs'-cu-ze et non es-cuze, ni ègs'cuce; prononcez de même excuser, excusable, etc.

Exemple.—Ce mot est masculin, excepté lorsqu'il désigne un modèle d'écriture; dans ce dernier cas, il est masculin et féminin, mais l'Académie semble préférer le masculin: vous avez un bel exemple devant les yeux; son maître de calligraphie lui donne tous les jours de nouveaux exemples.

2. On dit très-bien: suivre ou imiter l'exemple de quelqu'un; suivez son exemple; imiter l'exemple, la conduite de quelqu'un. (Acad.) Prononcez egzam-ple et non ekçample ni egzampe ni egzampelle: prononcez de même exemplaire, exempt, exempter, exemption, exorde.

Exempt, Exempter, Exemption: le p ne se prononce pas dans les deux premiers, mais il se fait sentir dans le dernier: exemp'tion.

Exigu, exil, exhaler, exhalaison, exeat, exequatur, exarchat: prononcez èg'zigu, èg'zile, èg'zaler, èg'zéat (x douce) et non èg'cigu, èg'cile, èg'çaler, èg'céat.

Exorde, commencement d'un discours, est masculin: cet exorde est trop long.

Expert, expertiser, expliquer, explication, explicite, exprès, expressément, exploiter, expédient, expirer, exposer, exterminer, extravagant, expérience, explosion, exploit, extérieur, extraire, extrait, etc.: prononcez èkspert, èkspliquer, èksplication, etc. en faisant sentir l'x et non simplement une s, espert, espliquer, esplication, esprès, esploit, estravagant, etc.

Expirer, v. n., signifiant mourir, et passer, dans le sens de être admis, prennent toujours avoir: dès qu'il eut expiré (Acad.); ce mot a passé dans notre langue. (Acad.)—Voyez Auxiliaire.

Explicitement, Explicite: voyez implicitement.

Exporter, Exportation: voyez importer.

Exprès, Expressément.—On entend assez souvent confondre ces deux adverbes, et cependant ils sont loin d'avoir le même sens. Exprès veut dire à dessein et expressément signifie formellement, explicitement, au moyen d'expressions claires, en toutes lettres: il le fait exprès (et non expressément) pour me fâcher; il a fait bâtir cet appartement exprès pour ses amis; il est venu exprès, tout exprès (et non expressément) pour demander cette place;—cela est énoncé expressément (en toutes lettres) dans le contrat; je lui avais commandé, défendu expressément (clairement) de faire telle chose.

2. A l'exprès, en exprès, par exprès, sont des barbarismes; dites simplement exprès et prononcez ègs'prè et non es'prè.

 

 

 

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021