BIBLIOBUS Littérature française

D'anciennement transposé (I et II)


J'ai triste d'une ville en bois,

- Tourne, foire de ma rancœur,

Mes chevaux de bois de malheur -

J'ai triste d'une ville en bois,

J'ai mal à mes sabots de bois.

 

J'ai triste d'être le perdu

D'une ombre et nue et mal en place,

- Mais dont mon cœur trop sait la place -

J'ai triste d'être le perdu

Des places, et froid et tout nu.

 

J'ai triste de jours de patins

- Sœur Anne ne voyez-vous rien ? -

Et de n'aimer en nulle femme ;

J'ai triste de jours de patins,

Et de n'aimer en nulle femme.

 

J'ai triste de mon cœur en bois,

Et j'ai très triste de mes pierres,

Et des maisons où, dans du froid,

Au dimanche des cœurs de bois,

Les lampes mangent la lumière.

 

Et j'ai triste d'une eau-de-vie

Qui fait rentrer tard les soldats.

Au dimanche ivre d'eau-de-vie,

Dans mes rues pleines de soldats,

J'ai triste de trop d'eau-de-vie.


D'anciennement transposé (II)

Je n'ai plus de ville, Elle est soûle

Et pleine de cœurs renégats,

Aux tavernes de Golgotha,

J'en suis triste jusqu'à la mort ;

Je n'ai plus de ville, Elle est soûle.

 

Mon Dimanche est mort pour de bon ;

Dans les armoires de mes torts

Mes robes ont changé de ton,

Vides, les robes de ma mort

Sont mortes et pour tout de bon.

 

Et sont mortes les bien-aimées ;

Et ma seule religion,

Aux huiles d'extrême-onction,

Va mourir loin des bien-aimées ;

La mort meurt et les bien-aimées.

 

Et tout vit, pour que bien s'annule

La chair dans les robes qui brûlent,

Où les baisers même sont mal ;

Et tout vit, pour que bien s'annule

La chair dans les robes qui brûlent.

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021