BIBLIOBUS Littérature française

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A répété mal à propos : Ce n'est qu'à sa mère à qui je dois parler (J.-B. Rousseau). C'est à sa table à qui l'on rend visite (Molière). C'est à vous à qui je veux parler (Boileau. Pl. v. ou Sol. — On reconnaît dans ces deux vers deux rapports d'attribution; c'était assez d'un, et la correction grammaticale voulait : C'est sa mère, c'est sa table, c'est vous à qui…; ou bien : C'est à sa mère, c'est à sa table, c'est à vous que

A et , Pl. v. Est-ce à la ville où vous allez? C'est à Paris où vous demeurez, etc.; dites : Est-ce à la ville, c'est à Paris que…; ou bien : Est-ce la ville, C'est Paris où

A aujourd'hui (On a remis l'affaire), Pl. v. L'Académie admet cette expression; mais elle n'est pas bonne : à ne peut pas se placer élégamment devant au, qui en est composé. Il faudrait dire : On a remis l'affaire au jour d'hui (en séparant les éléments), ou à ce jour, si l'on craint une équivoque. Voy. Jusqu'aujourd'hui.

A mon père (la maison), Sol. La possession après un substantif s'exprime par de et non par à. Dites : La maison de mon père, et non pas la maison à mon père.

A rien faire (Il est toujours, on le voit souvent), Sol. Dites : à ne rien faire, ou sans rien faire.

A langui et même tombé (le commerce) sous son administration, Sol. Dites : Le commerce a langui, il est même tombé, etc. Le verbe avoir ne peut se sous-entendre avec tombé.

Abajoue ou abat-joue. Partie de la tête du cochon qui s'étend depuis l'œil jusqu'à la mâchoire, B. Dites. La bajoue

Abîmer une robe, un chapeau. Dites plutôt froisser, salir, gâter une robe, un chapeau. Il ne faut pas croire toutefois qu'abîmer une robe soit un barbarisme, c'est seulement une expression trop forte et qui n'est pas justifiée par la chose dont il s'agit.

Acabit (Poires d'une bonne), Sol. Dites d'un bon acabit. Ce mot est du masculin.

Acculés (Des souliers), B. Dites des souliers éculés.

Aéromètre, s. m., Aréomètre, s. m., Par. L'aéromètre est un instrument pour mesurer la condensation ou la dilatation de l'air; l'aréomètre ou pèse-liqueur est un instrument pour déterminer la densité des liquides.

Affiler, v., Effiler, v., Par. Affiler, c'est donner le fil au tranchant d'un couteau; effiler, c'est défaire un tissu fil à fil.

Ages (on n'est pas heureux à nos), Sol. Dites : On n'est pas heureux à notre âge, et non pas à nos âges, quoique les âges puissent être fort différents. Le pluriel n'est pas usité dans cette locution.

Agiographe, B. Celui qui écrit la vie des saints. Ecrivez hagiographe.

Agir (en), L. v. Il en bien ou mal agi envers ou avec moi. Dites : Il a bien ou mal agi, ou il en a bien ou mal usé. On ne dit pas agir de quelque chose

Agoniser quelqu'un, L. v. Agoniser, c'est être à l'agonie. Ne dites pas il l'a agonisé d'injures, mais il l'a accablé.

Aides (Je connais les), L. v. ou barbarisme ridicule. Il faut dire je connais les êtres.

Aigledon, B. Duvet très-fin et très-léger; c'est édredon qu'il faut dire.

Ainsi par conséquent, Pl. v. Dites ainsi ou par conséquent. Un de ces termes suffit.

Air, s. m.; Aire, s. f.; ère, s. f.; erre, s. f. et v., Par. L'air est ce fluide au sein duquel nous vivons; une aire est une surface plane sur laquelle on bat le grain; en géométrie, c'est une surface surtout en ce sens qu'elle peut être mesurée. Une ère est une époque à partir de laquelle on compte les années : l'ère chrétienne; — erre est l'impératif du verbe errer; c'est aussi un substantif féminin signifiant marche, allure; suivre les erres de quelqu'un. On voit combien il importe de ne pas confondre ces différents mots.

Air (aller grand), L. v. Aller vite, aller bon train. Dites aller grand'erre. Erre est un nom féminin qui signifie train, allure. Pour grand’, Voy. Grand.

Aire. S. f. Voyez Air.

Airé, B. Qui a de l'air, exposé à l'air. Dites aéré : un lieu bien aéré, une chambre bien aérée.

Ajamber un ruisseau, B. Dites enjamber

A la noix (Cresson), L. v. cresson alénois.

Alargir, B. Rendre plus large. Dites élargir : élargir un corset, une manche de robe.

Alevin, s. m. Voy. Levain

Alentour de la ville, L. v. Dites autour de la ville. Alentour ne prend pas de complément.

Allé (je me suis en), Sol. Dites : J'ai à aller dans plusieurs endroits. Aller ne peut régir le complément direct plusieurs endroits.

Allocation, s. f., Allocution, s. f. Par. Allocation se dit, en terme de finances, d'une somme qu'on alloue; l'allocution est un discours adressé par un général à ses soldats, par un maître à ses élèves, etc.

Allocution, s. f. Voy. Allocation.

Allumer de la lumière, Pl. v. Dites allumer une bougie, une chandelle, ou donner, apporter de la lumière

Alluré C'est un jeune homme bien alluré, B. C'est-à-dire qui a de l'allure, qui va bien. Dites qu'il est bien dégourdi.

Amadoue, B. Ecrivez sans e à la fin et faites ce mot du masculin : du bon amadou

Amasser, v. Ramasser, v., Par. Amasser, c'est mettre en tas, en amas : amasser de l'argent; — ramasser, c'est prendre à terre ce qu'on a laissé tomber : j'ai ramassé mon gant, et non pas j'ai amassé mon gant.

Amende (Serge d'), L. v. Etoffe de laine qui se fabrique à Mende. Dites serge de Mende.

Amnistie, s. f., Armistice, s. m. Par. L'amnistie est l'oubli des crimes commis contre l'État; l'armistice est une suspension d'armes.

Anche, s. f., Hanche, s; f., Par. La hanche est la partie du corps humain où la cuisse s'emboîte dans le tronc; une anche est une lame de roseau que l'on presse entre les lèvres en soufflant dans le bec auquel elle s'adapte, et dont les vibrations déterminent le son musical dans le hautbois, le basson, la clarinette et autres instruments du même genre.

Âne, s. m., Anne, s. f., Par. L'âne est une bête de somme bien connue; l'â doit être prononcé long et fermé. — Anne est un nom de femme; l'a doit y être ouvert et bref comme dans Suzanne, dont l'orthographe est la même. C'est par une confusion très-fâcheuse qu'on s'est habitué à prononcer sainte Anne comme saint âne.

Angélus (sonner les), B. Dites sonner l'Angelus; dire l'Angelus. Ce mot ne se prend pas au pluriel.

Angoisses, B. Chagrin, serrement de cœur. Il faut dire angoisses.

Angola, s. m., Angora, s. m. Par. Angola est un royaume d'Afrique; Angora est une ville de l'Asie Mineure d'où sont venus les chats et les lapins dont le poil est soyeux, et qu'on nomme des angoras, et non pas des angolas.

Angora, s. m. Voy. Angola.

Anne, s. f. Voy. Ane.

Anoblir, v., Ennoblir, v., Par. Anoblir c'est conférer un titre de noblesse, créer quelqu'un comte ou baron, etc.; ennoblir, c'est donner de l'éclat, rendre plus distingué, plus illustre. La vertu ennoblit un homme, on s'anoblit quelquefois à prix d'argent.

Anormal, le, B.. C'est une situation anormale. Dites anomale — L'adjectif normal est français, il vient du latin normalis, qui veut dire fait à l'équerre, à la règle, régulier. On dit, en conséquence, qu'une situation est normale quand elle est régulière; mais anormal est un barbarisme, car il est formé de la lettre a qui n'a un sens privatif qu'en grec, et qu'on place ici devant un mot qui n'est pas grec du tout. Le véritable mot est anomal; il est tiré immédiatement du grec, et signifie qui ne ressemble à rien, qui n'a aucune analogie. C'est un sens à peu près équivalent, et c'est pour cela qu'à cause de la ressemblance du son, de prétendus beaux parleurs ont forgé ce barbarisme anormal; mais le substantif anomalie ne permet pas de s'y tromper.

Aparoi (L'). Dites la paroi, une paroi.

Apointer une boule, L. v. Dites pointer.

Apointeur (Un bon), B. Dites un bon pointeur.

Apparution, B. Dites apparition

Apprentisse (une), B. Dites une apprentie. Le masculin est un apprenti, qui ne saurait former son féminin en isse.

Après la porte (la clef est), L. v. Dites est à la porte; dites de même il est à lire et non il est après lire.

Apurer, v., épurer, v., Par. Apurer est un terme de finances : Apurer un compte, c'est s'assurer que toutes les parties en sont exactes, et que le comptable doit en être déclaré quitte; épurer, c'est rendre pur, au physique, et au moral.

Arche de triomphe, L. v. Dites un arc de triomphe

Aréchal (Fil d') B. dites fil d'archal

Aréole, s. f., Auréole, s. f. Par. L'aréole est une petite aire, une petite surface; l'auréole est ce cercle lumineux, cette gloire dont on entoure la tête des saints.

Aréolithe, B. Pierre qui tombe de l'air. Dites un aérolithe

Aréomètre, s.m. Voy. Aéromètre.

Aréonaute, B. Homme ou femme qui voyage dans l'air, c'est-à-dire en ballon. Dites aéronaute, m. et f.

Argot, s. m., Ergot, s. m., Ergo, adv., Par L'argot est un langage particulier aux gens de certains états vils, comme les gueux et les filous de toute espèce. Obligés de s'entendre entre eux sans être compris des gens honnêtes qui les approchent, ils conviennent du sens de certains mots qui reviennent fréquemment dans leur conversation, et se font ainsi une langue inintelligible pour tout autre. — L'ergot est une espèce d'ongle pointu qui vient derrière le pied de quelques animaux. — Ergo est un mot latin qui signifie donc, et dont on se sert dans le langage familier pour conclure un raisonnement.

Arguillon, B. Pointe de métal servant à fixer la courroie qu'on passe dans une boule. C'est un barbarisme : il faut dire un ardillon.

Aricot, B. Ecrivez haricot et aspire l'h.

Arjolet, B. Petit bouton qui vient aux paupières. Dites orgelet, c'est-à-dire grain d'irge, à cause de sa forme. Voy. Orgueilleux.

Armistice, s. m. Voy. Amnistie.

Arpent, s; m., empan, s. m; Par. L'arpent est une mesure agraire qui vaut cent perches carrées anciennes, environ un demi-hectare; l'empan est la longueur que l'on peut atteindre avec les doigts les plus écartés l'un de l'autre, c'est-à-dire environ deux décimètres.

Arquebusade, s. f., Arquebuse, s. f., Par. L'arquebuse est une arme à feu; l'arquebusade est un coup d'arquebuse. Il faut dire eau d'arquebusade, c'est-à-dire une eau composée pour guérir les blessures faites par un coup de feu, et non eau d'arquebuse, comme si cette arme exigeait l'emploi d'une eau particulière.

Arquebuse (Eau d'), L. v. Voy. Arquebusade.

Arrière grand-père, L. v. Dites bisaïeul. On peut dire arrière-petit-fils, parce que les fils et petits-fils viennent après le père; mais, le grand-père venant avant et le bisaïeul avant le grand-père, on voit que ce mot forme non seulement un barbarisme, mais un contre-sens.

Aspic, s; m. Voy. Spic.

Assassin (commettre un), L. v. Pour assassiner, tuer en trahison. Dites commettre un assassinat.

Assassineur, B., Celui qui assassine. Dites un assassin.

Assez satisfaisant (Son travail est), Pl. J'en suis assez satisfait. Dites est satisfaisant, j'en suis satisfait. — Le mot satis, qui commence ces mots, est un adverbe latin qui signifie assez; satisfaire signifie donc proprement faire assez, et assez satisfaisant, faisant assez assez. C'est évidemment un mauvais pléonasme.

Assez suffisantes (Ces preuves sont), Pl. Dites suffisantes ou assez fortes.

Autant pour lui comme pour moi, Pl. v. dites autant que pour moi. Autant indique l'égalité; il n'est pas nécessaire de l'indiquer de nouveau par comme.

Assis-toi, B. dites assieds-toi.

Assomption (L') de la sainte vierge, B. Ecrivez et prononcez l'assomption, en faisant sentir le p comme dans consomption, présomption. Le p ne se prononçait pas autrefois dans ces mots; de là vient l'habitude conservée par quelques-uns de ne le pas faire sonner.

Assurer quelqu'un que, Sol. dites assurer à quelqu'un que, etc. Assurer quelqu'un pour lui affirmer une chose est un solécisme. On dit bien tu m'assures, je t'assure, on nous assure, je vous assure, etc.; mais ici me, te, nous, vous sont compléments indirects; à la troisième personne on dirait je lui assure, je leur ai assuré, etc.

Astérisque, B. Petite étoile indiquant un renvoi dans un livre. Dites un astérisque.

Atmosphère (L') est pur, Sol. Dites est pure. Atmosphère est du féminin.

Atôme, B. Ecrivez et prononcez un atome comme dans cette épigramme de Piron :

Rousseau de Genève est un fou,

Rousseau de Paris un grand homme,

Rousseau de Toulouse un atome.

Atout (il a reçu un fameux atout), L. v. C'est-à-dire un fameux coup. Ce mot n'est pas français dans ce sens, quoiqu'il soit employé dans le langage populaire : l'atout est, aux jeux de cartes, une carte de la même couleur que la retourne, qui emporte toutes les autres, et qui, par conséquent, a tout. Il n'y a donc aucune analogie entre cette expression et ce que l'on veut dire; elle ne peut avoir été introduite que par une de ces confusions nombreuses et détestables qui déshonorent et corrompent notre langue.

Auban, s. m., Autan, s. m., Auvent, s. m., Haubans, s. m. Par. L'auban est un droit sur les boutiques; l'autant, le vent du midi; un auvent, un toit ou une saillie servant d'abri; les haubans sont les gros cordages attachés à la tête des mâts et qui les soutiennent contre la force des vents.

Aujourd'hui, B. Dites aujourd'hui, c'est-à-dire au jour d'hui. Si l'on n'avait pas pris l'habitude de réunir les éléments de ce mot, il n'y aurait aucun doute sur sa prononciation.

Auparavant lui, Sol. Dites avant lui. Auparavant ne prend pas de complément.

Auparavant de partir, Sol. Dites avant de partir.

Auprès de. Voy. Près de.

Auréole, s. f. Voy. Aréole.

Aurez besoin (Je donnerai ce que vous), Sol. Avoir besoin exige la préposition de : J'ai besoin d'un habit. Les mots relatifs en et dont sont bien régis par ce verbe : J'en ai besoin, je vous donnerai tout ce dont vous aurez besoin. Tout ce que vous aurez besoin est un grossier solécisme.

Aussi (je ne l'ai pas fait); L. v. Dites je ne l'ai pas fait non plus. Dans le sens de également, pareillement, on emploie aussi dans les propositions affirmatives, et non plus dans les propositions négatives. Aussi ente dans les phrases négatives, avec le sens de en conséquence, et alors il se met au commencement : Vous l'aviez défendu, aussi je ne l'ai pas fait.

Aussitôt vous (Il est parti), L. v. Dites il est parti aussitôt que vous et non aussitôt vous; aussitôt après votre départ et non pas aussitôt votre départ. Aussitôt ne prend pas de complément immédiat.

Autant, s. m. Voy. Auban.

Autographe, adj. Voy. Olographe.

Autrefois (vous n'écrivez pas si bien que les), L. v. Écrivez autres fois en deux mots. Autrefois, dans le sens adverbial, ne peut être précédé de l'article.

Auvent, s. m. Voy. Auban.

Avalange, B. Chute de neige durcie qui se détache en grandes masses du sommet des montagnes. Ce mot, usité autrefois, ne l'est plus aujourd'hui : on dit une avalanche

Avaloir (un), B. Grand gosier. Dites une belle avaloire. Ce mot est du style familier.

Avant, devant, Par. Ces deux prépositions expriment toutes les deux une idée d'antériorité; mais avant exprime un sens plus général, il se rapporte surtout au temps, et devant a rapport au lieu, à la situation : Il est arrivé avant vous; les hommes sont égaux devant Dieu.

Aveuglement, s. m. Aveuglément, adv. Par. Ce dernier est adverbe, il vient d'aveuglé; l'autre est substantif : il signifie, mais seulement au figuré, l'état de celui qui ne voit pas.

Aveuglément, adv. Voy. Aveuglement.

Avoir, impersonnel. Il n'y a qu'à pleuvoir, mauvaise expression. On dirait très-bien : Il n'y a qu'à faire une croix, il n'y a qu'à sauter, etc. Tous ces mots indiquant une action ou une qualité applicable au sujet il et possédée par lui, le verbe il y a s'emploie fort bien; mais l'idée d'avoir s'accorde mal avec un verbe impersonnel comme pleuvoir, neiger, falloir, etc. Dites donc s'il vient à pleuvoir, à neiger, etc.

Avoir, auxiliaire. J'ai été deux fois à Paris et vu toute la cour (Molière, La Comtesse d'Escarbagnas), L. v. One peut pas placer ainsi l'auxiliaire "avoir" devant deux verbes d'un sens si différent, il faut le répéter devant le second : J'ai été à Paris et j'ai vu; quoiqu'on pût ne le mettre qu'une fois devant deux verbes transitifs directs, comme j'ai vu votre père et reçu ses conseils.

 

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021